mercredi 28 mai 2014

Sur la justice économique



Qu’est-ce qu’une société juste ?

Les revendications sociales pour une société ‘juste’ sont permanentes .Et pourtant les contours de ce que pourrait être une société juste restent flous . Ce texte vise à les préciser , à analyser les contraintes, à envisager la possibilité d'une société juste .

Qu’est ce qu’une société juste ?

Du point de vue économique , une société juste se définirait comme une société dans laquelle l’égalité vis a vis de l’effort réalisé dans le travail serait reconnue .
Chaque individu ayant travaillé une heure devrait recevoir un bien ou un service ayant exigé pour être produit une heure de travail .
On reconnaîtra là l’une des caractéristiques fondamentales des utopies communistes . Les échanges devraient ,en effet, dans ce cadre s’effectuer sur la base de bons de travail indiquant le temps de travail réalisé pour la production des biens et des services échangés. Ce temps de travail incluerait le temps de formation . Un travailleur réalisant un travail d’une heure n’ayant exigé aucune formation préalable devrait échanger deux heures de travail pour obtenir un bien ou un service ayant exigé une heure de travail et une heure de formation .

Qu’est ce qu’une société injuste ?

De l’affirmation précédente, il infère que tout échange effectué dans lequel une personne obtient en travaillant une heure, un bien ou un service dont la production a exigé plus d’une heure de travail se trouve dans une position privilégiée .
En somme , l’économie dans ce type de société fonctionne sur le principe suivant : ‘nous échangeons ; je t’exploite ou tu m’exploites’ .

Comment ce processus permanent et général est-il possible ?

Nous essaierons de démontrer qu’il s’effectue par le mécanisme des prix .

Les prix

Le prix est un concept central de la science économique .
Or , en analysant la pensée des économistes , on aurait le plus grand mal à trouver un accord sur ce concept.
Le prix est une constatation chez les empiristes, l’expression monétaire de la valeur d’usage chez Condillac , Say et les marginalistes , la transformation de la valeur travail chez Marx, la résultante du concours de l’offre et de la demande chez les néo-classiques .
Les manuels d’économie, embarrassés sur le sujet, exposent en général la question en deux parties : la première , les ‘théories’ vise à exposer l’ensemble des débats sur cette question depuis deux siècles , puis la ‘pratique’ vise à montrer comment se fixent concrètement les prix dans les entreprises , en oubliant totalement ce qui a été exposé en première partie .

Notre point de vue est que la question du prix ne peut pas être résolue par la science économique parce que , pour l’essentiel, ce concept n’est pas du domaine de l’économie .
Nous appellerons économie l’ensemble des actes humains vus du point de vue de la production et de l’échange des richesses.
Nous appellerons richesses les biens et services susceptibles de satisfaire des besoins humains .

L’ensemble des analyses économiques des prix donnent ceux ci comme des données qui s’imposent aux agents économiques par des mécanismes : loi de l’offre et de la demande chez les classiques et néo-classiques ; transformation des valeurs en prix par la péréquation des taux de profit chez Marx .
L’agent économique est , dans ces deux analyses une ‘limaille’ influencée par des courants qu’il ne maîtrise en rien .
Notre point de vue est que la fixation du prix est pour l’essentiel un phénomène social . (Nous appellerons ‘social’ les phénomènes qui résultent des rapports des individus entre eux )

Pour nous , le prix est une convention sociale, imposé par le vendeur, accepté par l’acheteur, dans un contexte social de rapport de force .

La fixation d’un prix est l’aboutissement d’un processus d’estimations par des agents économiques actifs .
Le vendeur ‘tente le coup’, l’acheteur accepte ou refuse .
Dans ce processus de fixation , la prise en compte des temps de travail du vendeur (combien de temps a-t-il fallu pour fabriquer l’objet ? ) et de l’acheteur (combien de temps ai-je travaillé pour l’obtenir ?) est inexistant . Dans un échange immédiat dans lequel les agents économiques ont un rôle actif dans la fixation des prix , le taux d’échange (la valeur d’échange chez Smith , Ricardo, Marx ) n’est jamais le rapport des temps de travail .
Ce constat n’est pas contradictoire avec l’analyse de Ricardo pour deux raisons : pour lui, en effet, cette affirmation n’est vrai que dans deux situations : premièrement les biens doivent être ‘reproductibles’ ; deuxièmement , ce constat n’est valable qu’à ‘long terme’.
Analysons le premier point . Ricardo fait la distinction entre les biens non-reproductibles (tableau, vins fins) qui ont un prix sans rapport avec la valeur en temps de travail et les biens reproductibles dont le prix relatif dépend des quantités de travail . Dans la réalité ,ces deux cas sont des situations extrêmes . La quasi totalité des biens sur le marché sont à la fois ‘reproductibles’ mais aussi ‘rares’ .
Le second point peut être considéré comme un constat d’échec . Le lecteur est d’ailleurs toujours étonné de voir Ricardo poser le principe que ‘la valeur d’une marchandise dépend de la quantité relative de travail nécessaire pour la produire’ (chap 1 des Principes de l’économie politique et de l’impôt) pour démontrer dans les chapitres suivants que cela n’est pas le cas . Si ce constat à long terme (qu’est ce que le long terme ?) était vrai, il n’est cependant d’aucun secours pour ce qui nous occupe, la fixation des prix en ‘instantané’ .

Parce que l’analyse de Ricardo ignore les situations de marché concrètes qui sont à peu prés toutes des situations de monopole , le taux d’échange entre deux biens n’est pas celui des temps de travail mais celui des prix .

La voie de la valeur travail nous paraît probablement sans issue . Les interrogations de Ricardo , les brouillons de Marx sur la question , les débats sans fin sur la transformation des valeurs en prix , l’inutilité de ces questions sur le plan empirique (la planification soviétique ne s’est jamais servi de ces recherches !) ne sont certes pas des preuves de cet échec mais témoignent ,au moins , du fait que la question n’est pas encore résolue .
S’engouffrant dans ces difficultés , la pensée ‘libérale’ en a profité pour jeter l’apport pour nous décisif de Ricardo et de Marx : une analyse de l’économie avec un seul facteur de production (le travail ) , thèse défendue incidemment par Keynes sans que jamais celui ci n’en tire toutes les conséquences .

En somme ,nous pensons qu’il y a deux analyses de la valeur travail : celle selon laquelle les biens s’échangent sur la base du temps de travail (qui nous paraît sans issue) ; celle qui considère le travail comme seul facteur de production , tout à fait fondée .
La première est rejetée par l’analyse libérale en même temps que la seconde. Ce ‘non-dit’ , ce ‘refoulé’ de la pensée libérale sur la seconde s’explique par ce qu’elle dévoile du fonctionnement de la société capitaliste .


Une économie à un seul facteur.

Nous appellerons ‘richesses’ l’ensemble des biens et services mis à la disposition des hommes pour satisfaire leurs besoins . Ces richesses peuvent être naturelles (le soleil….), sociales (amitié..), produites par du travail humain .
La distinction richesses non-produites/richesses produites est fondamentale .
Les premières ont éventuellement un prix lorsqu’elles sont accaparées par un groupe ou un individu . Les secondes ont un prix parce qu’elles ont exigé pour exister un travail .
Prenons un cas limite pour expliciter la distinction . Un groupe de cultivateurs est installé en aval d’une source d’eau . Il dispose gratuitement de cette eau comme il dispose gratuitement des services du soleil . Un individu s’approprie cette source et fait payer pour l’usage de l’eau . Le prix qu’il fait payer n’indique en rien un accroissement de richesses pour la collectivité. Nous qualifierons ce prix de ‘rente d’accaparement’ . Ceux qui achètent cette eau verront leur richesses diminuer . On assiste à un transfert de richesses non à une création . Cette distinction entre ce que Marx appelle sphère de la production et sphère de la circulation est fondamentale . Sur un marché , si j’achète un produit 1 euro et que je le revende dans la minute qui suit 2 euros grâce à une opportunité ,la richesse de la collectivité n’aura pas changé .
Les richesses produites correspondent à des actes (donc à une dépense de travail) qui visent à mettre à la disposition du consommateur des biens ou des services .

Une partie des richesses créées par le travail sont aussi accaparées par le mécanisme des prix .Dans la mesure où les échanges sont inégaux chaque acte d’échange est en même temps accaparement d’une fraction du travail d’autrui .

Revenons donc à notre formule de départ : ‘nous échangeons ; je t’exploite ; tu m’exploites’ pour l’expliciter .

Considérerons un salarié. Son salaire est le prix auquel son employeur paie le produit de son travail . Ce salaire dépend du rapport de force social et économique entre l’employeur et le salarié . Pour une heure de travail, admettons que le salarié ait perçu 10 euros . Ce salarié part déjeuner dans un restaurant dans lequel le prix du repas, compte tenu de la concurrence, est de 20 euros. La préparation du repas a exigé une heure de travail . Le salarié échangera donc deux heures de travail pour acheter le produit d’une heure de travail . Nous qualifierons cet échange d’’inégal’ et nous considèrerons donc que ce salarié est ‘exploité’ dans cet échange . A la sortie du restaurant, il achète une chemise pour 10 euros ayant exigé 2 heures de travail . Dans cet échange nous le considèrerons comme ‘exploiteur’ .
Les prix étant indépendants des quantités de travail , chaque individu est dans l’échange tour à tour ‘exploiteur’ et ‘exploité’ .

L’exploitation provient de l’échange qui ne s’effectue pas suivant les conditions de l’échange égalitaire (1H contre 1H).

Cette conception de l’exploitation diffère de celle de Marx puisqu’elle n’est pas préexistante à l’échange et qu’elle ne provient pas de l’achat de la force de travail .

Nous appellerons ‘rente en temps de travail’ la part du temps de travail accaparé par un échangiste dans un échange inégal . Si j’échange une heure de travail contre deux heure, ma rente en temps de travail sera d’une heure .

Par le jeu des échanges inégaux une partie de la population s’accapare en biens et services des équivalents d’heures de travail . Nous avions résumé cette analyse dans la formule : ‘nous échangeons ; je t’exploite ou tu m’exploites’.

Gros , moyens et petits exploiteurs.

Les échanges sont inégaux parce qu’ils mettent en œuvre l’ensemble des mécanismes de domination sociaux .
Nous qualifierons de ‘rentiers’ les agents économiques qui s’approprient dans le mécanisme de l’échange inégal le travail d’autrui . La rente peut provenir soit de l’accaparement , soit de l’échange inégal . Dans le premier cas on retrouve l’analyse marxienne. Ces rentiers obtiennent des ressources grâce à l’appropriation privée . Ils s’accaparent le produit des heures de travail des autres sans travail . On reconnaîtra là tous les propriétaires des formes de capitaux les plus diverses .

Mais il existe une seconde catégorie de ‘rentiers’.
En effet des salariés , des petits producteurs par le jeu des subventions peuvent s’accaparer par le jeu de l’échange inégal le produit du travail d’autrui. Il existe donc toute une gamme d’exploiteurs de celui qui s ‘accapare’ un peu du travail d’autrui à celui qui s’en accapare beaucoup . Ce processus est rendu possible par les rapports de force obtenus sur le marché du travail par certaines catégories de salariés .
Le fonctionnement de l’économie concrète est la recherche par chaque agent économique des situations de rente soit individuellement , soit collectivement .

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Ce que nous pensons avoir démontré

Le travail est seul créateur de richesses
Le seul échange juste est celui qui s’effectue une heure de travail (inclus le temps de formation) contre une heure de travail
Les prix étant le reflet des inégalités des rapports de force sociaux , les échanges sont inégaux ( 1 h de travail ne s’échange pas contre 1 heure)
Les ‘rentiers’ obtiennent des biens et des services par accaparement du travail d’autrui .
Les rentes peuvent être absolues (j’obtiens des biens et des services sans contrepartie d’aucun travail) , soit relatives (j’obtiens dans l’échange une contrepartie en biens et services calculée en temps de travail supérieure à mon temps de travail)

Les conséquences de notre point de vue sur l’analyse des sociétés contemporaines

La distinction production/circulation (on pourrait y ajouter financiarisation ) permet de détruire l’idée de la création de richesses par les activités de commercialisation et celles des finances . Les activités liées à la commercialisation des biens très bien payées le sont parce qu’elles sont créatrices de rentes sur les marchés en créant des situations de monopoles . Quant aux ACTIVITES FINANCIERES ELLES N’ONT JAMAIS CREEES LA MOINDRE RICHESSE. Les marchés financiers sont alimentées par des flux de monnaie issue d’une activité de production de biens et de services .Dans le cas ou il n’y a pas cet apport, l’activité financière est pure piraterie où les plus malins saisissent les cargaisons des autres . L’alimentation de ces marchés n’est possible que parce que les revenus issus de l’exploitation sont gigantesques . La prospérité des uns (les marchés financiers) a pour contrepartie la misère des autres (les salariés flexibles).
La science économiques dominante qui se donne pour tâche d’expliquer le réel a pour rôle principal de camoufler le mécanisme de l’exploitation. . Reconnaître que l’ensemble des revenus financiers sont les revenus du travail non-payé est une vérité que les classes dominantes (petites et grandes ) préfèrent refouler !

       Venu des terres de France , cruel , ambitieux et dénué d’honneur , il tenta de se faire couronner Prince de Galles dans le château de Caernavon.


 Lors du siège de Caernavon  au Pays de Galles par les troupes béarnaises , je suis obligé de morigéner un porte drapeau béarnais.


  Je sais recevoir mes amis en toute simplicité .

                                                   Dans un pub gallois , j'exprime toute ma béarnitude .