jeudi 10 mars 2016

                           De la démocratie en Haut-Béarn 
                                Chap I  De l’économie.
        Dans les textes  officiels  et la presse,  l’expression  «Haut Béarn »  couvrait  les  vallées d’Aspe, d’Ossau, de  Barétous, de  Josbaig,  les  coteaux de Lasseube et de Lucq de Béarn.
    Les habitants  étaient attachés à cette qualification  qui était fort valorisante.
Les palois et les habitants du nord du département, étaient moins enthousiastes car, ayant  subi pendant des décennies  l’opprobre d’être « bas-pyrénéens », ils craignaient d’être qualifiés désormais de   « bas- béarnais ». 
    Il y avait peu de territoires au sein de la République aussi bénis des Dieux : un climat  changeant mais tempéré, des paysages qui allaient du grandiose au charmant, une économie  combinant harmonieusement  une industrie ouverte sur  l’étranger et des activités agricoles  et pastorales.
 Deux grands chantiers d’infrastructure avaient marqué et marquait encore  l’aménagement de ce  territoire. 
      Les élus locaux  se battirent durant des années pour l’ouverture du  tunnel  routier du Somport  qui devait,  par la  magie du désenclavement,  apporter emplois, richesses, progrès et même réouverture des écoles en Vallée d’Aspe.  
        Pour les habitants d’Oloron et des villages situés sur  la RN 134, le bruit et la pollution atmosphérique  étaient jusqu’à maintenant le résultat le plus concret.
     Le duc d’Aquitaine propriétaire d’une bergerie en lescunois était fort attaché à la réouverture de la ligne  ferroviaire  Pau -Canfranc.                     Des travaux de remise en état  furent donc entrepris entre Oloron et Bedous.  On aurait pu quasiment les  qualifier de pharaoniques,  mais  cette qualification était quelque peu inadéquate,  Khéops  Kephren et Mykerinos  étant   plus intéressés par la construction de  pyramides que par celle  de  chemins de fer.
     Le Duc  décida de  cette réouverture espérant qu’elle serait la première étape d’une  ligne  Pau-Saragosse  reliant le nord de l’Europe à l’Espagne.
     Si les choses  ne se déroulaient pas selon ces espérances, cette réouverture risquait d’être un beau gâchis d’argent public.                                            Cette décision était donc  un pari sur l’avenir.   
 L’industrie locale vivait de la vente de roues d’aéronefs et de chocolat dont le fumet embaumait Oloron par temps de pluie.
     Le chocolat était considéré  par l’opinion générale  comme réduisant les tensions psychologiques insupportables. Il fallait donc s’attendre à ce que la demande mondiale fut en constante augmentation.
      L’emploi semblait donc d’une solidité certaine. Cependant  le risque existait que les actionnaires fort lointains décidassent de produire du chocolat dans des nations où le  coût   des salariés étaient moins élevé.
   Il en était de même  de toutes les activités locales.
     Les «  savoir-faires »  locaux   était probablement la seule voie pour maintenir les emplois : ceux  des  ouvriers, techniciens, cadres  de l’industrie,  des vignerons du Jurançon, des bergers de montagne, des éleveurs, des agriculteurs  et de tous les acteurs économiques  et sociaux étaient les garants de la réussite collective locale.
   La nature avait offerte à cette contrée des montagnes vertigineuses où  purent se développer les  pratiques des sports d’hiver.  La saison de ski oscillait en permanence entre le trop et le pas-assez de neige.
          Le « panem » étant ainsi à peu près fourni les  « circenses »  embellissaient  les jours et les soirées des habitants.
    On concourait pour la meilleure garbure, le chien de berger le plus futé, les polyphonies les plus complexes. On soutenait  les équipes sportives, on chantait et on dansait dès que l’occasion se présentait.  
      Certes les inscrits  au pôle emploi, les bénéficiaires des restaus du cœur étaient  fort nombreux en ce territoire mais moindre en proportion que dans d’autres lieux  de la République. 
            Si quelque géographe avait voulu figurer en rose sur un planisphère les régions du monde où régnait un certain bonheur de vivre, nul doute que le Béarn y fut représenté, non en  rose vif  certes,  mais en  rose tout de même.

    
                              Colloques  religieux en Haut  Béarn 

       Il y a quelques années  furent organisé en Haut Béarn des rencontres entre les diverses religions. Nous avons retrouvé les carnets de l’Abbé François R  qui racontent ces journées.

Lundi   2 juillet 
 Quelle joie de rencontrer nos amis juifs et musulmans pour pouvoir vivre dans l’échange et la fraternité notre foi !  Nous adorerons  notre créateur miséricordieux. Nous évoquerons  les saintes et  glorieuses figures de Moïse et d’Abraham.
Mardi 3  juillet
  David est arrivé. Il était fort fatigué et  je lui ai montré sa chambre.  Dès le matin, il est passé aux cuisines pour préciser les règles de la nourriture Casher. Marie qui est chrétienne et de bonne volonté a trouvé la chose fort compliquée mais s’est engagée  à suivre ces exigences
Mercredi matin  4 juillet 
 Mohammed est arrivé lui aussi  ce matin. Il est venu avec ses quatre  femmes et ses  dix -sept enfants ce que nous n’avions pas prévu dans les hébergements.   
     Mohammed est passé aux cuisines pour préciser les règles de la nourriture hallal. Marie qui est chrétienne et de bonne volonté a trouvé la chose fort compliquée  d’autant plus que cela s’ajoutait  aux règles de la nourriture Casher. Heureusement,  m’a-t-elle dit,  que  « vous Monsieur  le curé,  vous êtes moins  exigeant ! »
        Comme il nous est difficile de prier ensemble David et Mohammed prient dans leurs chambres et moi dans la chapelle.


     Nous avons décidé de fixer notre semaine de travail mais il est exclu que nous travaillions le vendredi, le samedi et  le dimanche.
            Nous avons commencé à lire la Genèse. Quelle beauté dans ces  profondes vérités  qui nous sommes communes !
          Mais Mohammed  a refusé de reconnaître la supériorité d’Isaac sur Ismaël ! Il nous a dit que les textes avaient été déformés pour cacher  la vérité !
 « Adam, Abraham, Noé  étaient déjà des musulmans, avant la venue du « sceau des prophètes » ; celui qui termine  la lignée des « soumis à Dieu », le  prophète Muhammad ! »
 Et le voilà qui se met à attaquer nos  Evangiles.
« St Paul n’est qu’un affabulateur loin de la vérité de Jésus,  fils de la  Vierge Marie,  prophète, qui n’est ni mort ni ressuscité mais monté au ciel pour réapparaitre au jugement dernier !  Le « Paraclet »  annoncé par St Jean n’est pas le Saint Esprit mais le prophète Mahomet !
  Pourquoi étudier la Bible ou les Evangiles ?   La vérité  divine est dans le Coran : si les textes disent la même chose que le Coran,  nous n’avons aucune  raison de  les lire ? Et s’ils  sont  en contradiction, on a encore moins de raisons ! »  
Mon  Dieu,  Mon Dieu  faites en sorte que les vérités  de notre Sainte Religion finissent par l’illuminer ! 
Mercredi 45 juillet Après-midi  
      Nous avons souhaité échanger sur les fondements de notre foi.
       Nous nous sommes réjouis de la vérité de la  résurrection des corps mais, pour tout dire, le paradis islamique m’a paru beaucoup trop trivial avec ses rivières, son vin, ses femmes toujours vierges.
         David  a tenu sur Notre Seigneur des propos marqués par l’incompréhension.
   « Jésus était juif, pleinement juif. Il n’est pas ressuscité ; Si la terre avait tremblé, si le voile du Temple s’était déchiré, si les morts étaient sortis des tombeaux  comme le dit St Mathieu,  le peuple juif aurait cru en lui.
 « Si Jésus était ressuscité, pourquoi n’est-il pas apparu au   Sanhédrin pour faire apparaître la vérité ? » 
    Comment David peut-il refuser   de voir  dans la Bible  l’annonce  de  la venue de notre Seigneur Jésus-Christ ?
     Comment Mohammed peut-il adhérer à cette fable selon laquelle l’Ange Gabriel a  transmis sa volonté divine en lui dictant  le  Coran !
      Comment les  vérités  de la  Sainte Trinité, de l’Incarnation, de la Communion, de la Résurrection  leur restent  étrangères,
       Comme l’endoctrinement qu’ils ont  reçu   depuis leur enfance obscurcit leur jugement !
      En vérité,  l’atmosphère devient de plus en plus lourde et la tentation de Caïn  est de plus en plus proche de moi.
                                        Le reste du carnet a été déchiré.   


        L’homme ne vit pas que de pain (même s’il est bio)

                                                Dialogues sur l’économie.

Prologue
   Trois amis conversent sur les rives du Vert entre Ance et Féas.

 Philon : Chers Déméa et Cléanthe,  vous appartenez à cette noble catégorie des économistes que l’on consulte pour comprendre notre présent et anticiper notre futur.  Vous êtes nos augures.
Déméa : En effet, nous autres économistes de l’OCDE, de la Banque Mondiale, de l’Union Européenne, réfléchissons et faisons des propositions pour satisfaire le mieux possible les besoins des populations du monde.  Sans la Science économique, l’humanité ne saurait combiner efficacement  la main- d’oeuvre  et l’argent  pour produire des richesses profitables à tous. Sans économistes,  le monde serait un chaos. 
Cléanthe : Cher Déméa, votre science est une fausse science. Vous imposez à   la société de  tels traitements de choc que le malade meurt guéri.  Baisser les salaires, les allocations, c’est tuer la consommation. A qui les entreprises vendront-elles leurs produits ?  Vous vous félicitez en permanence des efforts  demandés aux gouvernements pour réduire le niveau de vie! L’équilibre budgétaire vous donne plus de soucis que la montée des suicides et de la mortalité infantile!  
Déméa : cher collègue, vous  raisonnez comme il y a cinquante ans en économie fermée.  Chaque pays  doit être compétitif et pour cela il doit mener des politiques de rigueur.
Cléanthe: la rigueur pour qui ?  Pas pour les actionnaires qui n’ont jamais touché autant de dividendes dans le monde. La preuve est la bonne santé des bourses dans le monde entier alors que les revenus salariaux n’augmentent que faiblement. Jamais les inégalités n’ont été aussi grandes.  Et les actionnaires exercent  un chantage permanent sur les entreprises. 
Déméa : les dividendes sont la contrepartie des risques courus .Quant aux inégalités, elles sont la récompense de l’innovation. Elles récompensent le mérite et l’initiative.
Cléanthe : Mme Bettencourt est la femme la plus riche de France. Quels sont ses mérites, ses innovations, ses initiatives ?
 Imaginez cher ami que les actionnaires  de Safran meurent tous un dimanche. Comment fonctionnera l’entreprise  lundi ? Comme tous les lundis ! Imaginez que le même drame frappe tous les salariés. L’entreprise ne fonctionnera pas.  
       Expliquez- moi pourquoi les entreprises sont dirigées par les représentants des actionnaires qui sont les  moins utiles dans le fonctionnement d’une entreprise par rapport aux dirigeants et aux salariés ?
Déméa :  Bill Gates, Steve Jobs, Marc Zukerberg ont créé  des entreprise utiles à tous. S’ils avaient payé des impôts élevés jamais ils n’auraient pu investir et nous en serions encore au minitel !
 Philon :
 Chers amis, votre débat me semble ressembler à celui qui opposa naguère les catholiques et les protestants : vous croyez  tous les deux en quelque chose  que vous appelez  « économie » et vous ne  divergez  que sur quelques points.
      Vos chiffres ne sont que la forme que vous donnez à vos dogmes.
    Vous vous réjouissez de la création d’emplois sans en voir l’utilité. Plutôt que l’eau au robinet, vous préférez l’eau en bouteilles parce qu’il faut de la main-d’œuvre pour  fabriquer ces bouteilles, les transporter, les vendre, les recycler.
  Ce que vous présentez comme la rationalité du monde n’est  que le voile jeté sur des pratiques économiques qui ont plus à voir avec la piraterie qu’avec la recherche du bien commun.  
   Vos mathématiques visent à impressionner les gogos mais font rire les mathématiciens !
  Vos prévisions ont  un  degré de fiabilité égal à celui de l’astrologie.
    Vous êtes les théologiens de l’inquisition qui justifient les  tortures  infligés  à l’hérétique au nom du bonheur qu’il aura plus tard  au paradis.
   Le progrès ultime de la science économique est sa disparition. En quoi celle-ci affecterait-elle le bonheur de l’univers ? En rien !
Cléanthe: Imbécile! Naïf!
Déméa :  Obscurantiste ! Utopiste !

        Ils assomment Philon à coup de manuels d’économétrie(1)

(1) Econométrie : application des techniques mathématiques et statistique à l’analyse des phénomènes économiques.



jeudi 21 janvier 2016

Samedi 10 octobre à 15h00 / Médiathèque des Gaves

Conférence “Traits d’humour”
Par Francis Cha

Retracer l’histoire de la caricature, du dessin de presse, du dessin d’humour, c’est se trouver au
carrefour de trois histoires : celle de l’esthétique (on ne dessine pas au XXe comme au XIXe siècle), de la
politique (Qu’a-t-on le droit de dessiner ?), du rire (ce qui faisait rire nos ancêtres ne nous fait parfois
pas rire). Né au XVIe siècle, le dessin politique a pour objet de se moquer des adversaires religieux et
politiques. À partir de la fin du XIXe siècle, il sera partie prenante des grands événements : guerres,
colonisation, séparation de l’église et de l’état, collaboration, résistance, guerre froide, décolonisation,
changements de régime politique, événements de mai 68... En un trait, l’humoriste résume les plus
lourds traités de Philosophie, de Sciences Politiques et de Sociologie. Dans la seconde moitié du XXe, il
s’ouvre à d’autres sensibilités. L’évidence de l’absurdité chez Chaval, le cynisme désespéré de Reiser, le
scepticisme indulgent de Sempé font aujourd’hui partie, au même titre que les oeuvres littéraires, de
notre culture contemporaine.
“Chansons pour rire” par Francis Cha

Samedi 17 octobre à 11h00 / Bibliothèque relais d’Agnos

Chansons du début du XXe siècle
Samedi 17 octobre à 15h00 / Médiathèque des Gaves

Chansons du XXe siècle
Les chansons à boire, les chansons moqueuses à l’égard des vieilles filles, des maris trompés, des
curés paillards et parfois des puissants, étaient une partie importante du patrimoine de la chanson
française traditionnelle. Les vaudevilles puis les opérettes, en particulier celles d’Offenbach,
préparèrent l’épanouissement de la Belle Époque où dans les cafés-concerts, les music-halls et
les cabarets chantaient Dranem, Georgius et Yvette Guilbert. Le XXe siècle chantera pour rire sous
toutes ses formes : chansons grivoises ( Fernandel), idiotes (Bourvil), fantaisistes (Trenet), drôlatiques
(Marcel Amont), parodiques (les Inconnus), langagières (Bobby Lapointe). La chanson pour rire peut
aussi nous émouvoir en cachant sous le rire une vision plutôt tragique de la vie comme chez Boris
Vian. Nous vous invitons à venir avec nous écouter et fredonner ce répertoire.
CONTRAT

JUDAISME, CHRISTIANISME, ISLAM :         FILIATIONS ET CONFLITS  

1 Moïse, Jésus, Mahomet
     11 Torah, Nouveau Testament, Coran
          111 La Bible juive
                  1111 Pour les juifs
                  1112 pour les chrétiens
                  1113 Pour  les musulmans
                  1114 Pour les historiens
          112 le Nouveau Testament  
                  1121 Pour les chrétiens
                  1122 Pour  les juifs
                  1123 Pour  les musulmans
                  1124 Pour  les historiens
         113  le Coran
                1131 Pour  les musulmans                
                1132 Pour les juifs
                1133  pour les chrétiens
                1134 Pour  les historiens
12 Moïse, Jésus, Mahomet.
       121 Moïse                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                
               1211 Pour les juifs
               1212 Pour  les chrétiens
              1213 Pour  les musulmans
              1214 Pour les historiens
     122 Jésus
            1221 Pour les chrétiens
            1222  Pour les juifs
            1223 Pour les musulmans
123 Mahomet
          1231 Pour les musulmans
          1232 Pour les juifs
          1233 pour les chrétiens 
          1234 Pour les historiens
2 Théologies
         21 Iahvé, Dieu, Allah 
                211 Iahvé
                212 Dieu 
                213 Allah
        22 Le péché originel
        23 la fin des temps
       24 L’au-delà
3 le rapport à autrui
            31 les rapports Homme/Femme
                    311 Dans le judaïsme
                    312 Dans le christianisme
                    313 Dans l’islam
   (Note sur l’homosexualité)
           32 les rapports à autrui
                 321 Entre croyants
                322 Entre croyants et non-croyants
                323 La question de la violence
                      3231 Dans le judaïsme
                      3232 Dans le christianisme
                      3233 Dans l’Islam 
       324 Eléments d’histoire
       3241 Le christianisme et les juifs
       3242 Le christianisme et les musulmans
       3243  L’Islam et les juifs et les chrétiens
                (note sur l’esclavage)
     33 religions et politique
      331 Judaïsme et politique
      332 Christianisme et politique
      333  Islam et politique
     


Introduction  
       Le  titre de la conférence comprend le mot  «filiation » puisque les juifs, les chrétiens, les musulmans  se considèrent tous comme  des descendants  d’Abraham (ou d’Ibrahim)
Mais ces arrière-petits-enfants sont très différents les uns des autres.

Ils n’ont pas les mêmes :
·        croyances
·        rites (circoncision, baptême, mariage, obsèques)
·        calendriers : On est en 5775 pour les juifs,  en 2015 pour les chrétiens, en  1437 pour les musulmans. 
·        Symboles   (Etoile  de David, Croix, Croissant)
·        fêtes
·        prières
·        clergés
·        lieux de culte
·        villes sacrées
·        pèlerinages
·        règles de nourriture
·        processions
·        chants
·        peintures
·        ….etc…etc 
   Le mot « conflits », lui,  indique que les rapports entre les trois religions,  et les rapports au sein de chacune d’entre elles, ont été marqués par des affrontements tout au long de l’histoire.
       Voici une photo du Tombeau des Patriarches à Hébron en Cisjordanie qui me paraît résumer mon propos :

Tombeau des patriarches

    Le monument est visité par les juifs, les chrétiens et les musulmans mais la salle est divisée en deux, avec des fenêtres blindées, suite à l’attentat,  qui avait fait une trentaine de morts, commis par un colon juif contre des pèlerins musulmans.
Deux préalables avant de commencer :
1 La définition du croyant de chaque religion
    Afin d’anticiper les remarques, voire les critiques, qui me seront faites lors du débat  qui suivra la conférence, remarques  du genre : «  vous essentialisez  les croyants »,  « vous en faites une caricature … », « Moi qui suis chrétien, je ne me reconnais pas dans ce que vous avez dit des chrétiens…je tiens à préciser ce que j’entends par juif, chrétien, musulman.
     Je définirai le croyant (juif, chrétien, musulman) comme une personne qui croit que ce sont les paroles de Dieu qui ont été révélées dans les textes qu’il considère comme sacrés,  la  Torah, les Evangiles, Le Coran.  
Cette  définition est une définition « opératoire » par rapport au sujet que je me suis donné. Elle ne prend pas en compte la complexité et la grandeur  d’une croyance religieuse pour chaque  individu. Elle est une abstraction, un « idéal-type » comme aurait dit  Max Weber, pour mieux comprendre le réel.
Pour mieux  faire comprendre cette  méthodologie, je ferai la comparaison suivante :  L’Harpagon de Molière  permet de comprendre l’avarice   mais les avares dans la réalité sont plus complexes.
·         Qu’est-ce qu’un  Juif ?
    Les nazis  en donnaient une définition raciale.  Le rabbinat contemporain   en donne une définition « ethnique » considérant qu’être  juif, c’est être l’enfant d’une juive.  
J’en resterai à la définition religieuse.
Etre juif, c’est adhérer à la « Shema», la profession de foi  juive :
                         « Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un. Tu aimeras Iahvé de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir »
 C’est croire  à  ce que Dieu a dit à Moïse.
 «  Moi, je suis ton Dieu qui t’a fait sortir de la terre d’Egypte, de la maison des esclaves : il n’y aura pas pour toi d’autres dieux devant ma face.  »
         
·           Qu’est-ce qu’un chrétien ?  

 Etre chrétien, c’est  adhérer au « Symbole de Nicée  »

« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible.
   Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles ; il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts et son règne n'aura pas de fin.

    Je crois en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils (du père pour les orthodoxes).  Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; il a parlé par les prophètes.
      Je crois en l'Église, une, sainte, catholique (universelle pour les protestants) et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J'attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. Amen. »



·         Qu’est-ce qu’un Musulman ?

 Etre musulman, c’est adhérer  aux  cinq  obligations  dont la plus importante est
-          La profession de foi
              « Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète »

Suivi par le respect 
-          De la prière
-          Du  ramadan
-          De l’aumône
-          Du pèlerinage à La Mecque

Deuxième remarque:
    Je vais citer les textes des trois livres des religions.
       Pour le non-croyant    ( cad l’athée ou l’agnostique) ou pour le croyant d’une religion vis-à-vis de celle qui n’est pas la sienne, ces textes n’ont aucun caractère divin mais ont  un statut de texte littéraire ou historique.
    Le croyant, lui, peut avoir deux modes de lecture  vis-à-vis du  livre de sa religion : soit  une lecture « littéraliste » (comme on dit «au pied de la lettre »), soit une lecture « contextualiste » (il   tiendra  compte du contexte historique dans lequel le texte a été écrit, de la symbolique, de la rhétorique  …  en somme, « il  en prend et il en laisse »)
    Prenons le cas de la consommation du porc qui est interdite dans la Torah et le Coran. Un  « littéraliste »  considèrera que c’est une loi absolue. Un « contextualiste » considèrera que c’est un règle qui correspond à une période où le mode de conservation de la viande de porcs posait des problèmes et que donc  le croyant peut s’affranchir éventuellement  aujourd’hui  de cette règle.
      Je citerai   les textes tels qu’ils sont écrits avec les références  (je ne les invente pas !)  mais je ne prends pas partie sur le mode de lecture que chacun doit avoir. 

    Dans le code de la route, il y a des panneaux  « danger ».  Dans la conférence, il y aura des panneaux « danger » lorsque je citerai certain texte : les deux lectures «  littéraliste » ou « interprétative » pour chaque  religion sont possibles.

Plan
1 Moïse, Jésus, Mahomet
2 Théologies  
3 Le rapport à autrui

 1 Moïse, Jésus, Mahomet
   
  La vie des fondateurs est connue d’abord  grâce à des textes religieux  dits « canoniques » c’est-à-dire choisis par l’autorité religieuse dominante dans chaque religion : le Temple de Jérusalem pour les juifs, l’Eglise Romaine pour les chrétiens, les califes, successeurs de Mahomet, pour l’Islam.
Ces textes sont  la Torah, le Nouveau Testament, le Coran.
   On  peut accéder à  d’autres  sources d’information par des textes non-canoniques (par exemple les textes « apocryphes » pour les chrétiens) et des textes d’historiens ou de membres des autres religions,  mais ces textes sont peu abondants. 
    Je vous propose de  voir  le rapport de chacune de ces religions  avec ces textes  et le point de vue contemporain de la recherche historique.  

11 Torah , Nouveau Testament, Coran  
      On parle à propos du judaïsme, du christianisme, de l’islam  de « religions du  livre». C’est  un point de vue erroné puisque toutes les religions ont des  livres : l’hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme …..
Quelques préalables avant d’étudier les textes :  
·        Ce n’est pas par la lecture d’un texte que l’on se convertit à une religion (pas plus que l’on ne devenait communiste par la lecture du « Capital »)

·        Les croyants peuvent avoir un rapport lointain avec les textes, le rapport le plus fréquent étant avec les textes choisis par le clergé.                                                

·        Comme nous ne lisons en général  ni  l’hébreu, ni  le grec ni l’arabe, nous avons accès aux textes par des traductions.   

·        Les traductions ont toujours posé des problèmes  

-           Dans son Evangile, Mathieu fait référence à une citation d’Isaïe : « la vierge concevra et enfantera un fils » Mat 1 21.  L’original en hébreu dit « alma », « jeune femme », et les traducteurs de la septante ont traduit par  « parthénos »  cad  « vierge ». L’existence de la Vierge Marie est-elle due à une erreur de traduction ?
-          Les évangiles parlent des « frères «  de Jésus. Sont-ils des frères, demi-frères, cousins, disciples ?
-          Le chameau qui ne passe pas dans le  chas de l’aiguille est en fait une « corde » ce qui est plus compréhensible.
-          Le Coran est intraduisible selon les musulmans    
                                                                     
111La Bible  juive  

Torah Moïse
          111 La Bible juive
                  1111 Pour les juifs
                  1112 pour les chrétiens
                  1113 Pour  les musulmans
                  1114 Pour les historiens
Bible juive = Tanakh =  ce que les chrétiens appellent l’Ancien Testament
1111 Vue par les juifs
Elle est le texte sacré des juifs.  
       C’est une bibliothèque de livres rédigés sur  plusieurs siècles, avec une grande diversité de contenu.
      Torah (=Pentateuque : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome) / histoires        (  Josué, juges , rois)/ vies des prophètes/ contes (Esther , Jonas, Job)/ prières (psaumes) / philosophie (proverbes, sagesse de Salomon ,  ecclésiaste)/ poésie (cantique des cantiques)
1112  Vue par les chrétiens
Le christianisme  est à l’origine une  dissidence juive.
   Jésus se présente  comme  un rénovateur de la religion juive. Dès l’instant où la religion chrétienne s’est différenciée de la juive, deux attitudes vis-à-vis de la Bible juive   étaient possibles pour le christianisme soit :
-           la séparation,  donc le rejet  par les chrétiens de la Bible. C’était  la position de  Marcion (vers 140) qui  pensait  que le  Dieu des juifs n’était  pas  le Dieu de Jésus. Marcion a été rejeté par l’église dominante qui a proposé la deuxième solution,  c’est-à-dire :
-           une réinterprétation de la Bible.

        Elle  est devenue  l’« Ancien Testament » parce qu’Il y a, pour les chrétiens,  dans le texte  des prophéties annonçant  la  venue de Jésus  comme Messie.

  Une grande partie des  épisodes de la vie de Jésus est  rattachée à une prophétie de la Bible.
         
             Naissance  Esaï  14  passion
            Résurrection  Daniel 12  2….

Pour les chrétiens,  c’est le reflet de la vérité.
Pour les non-chrétiens, c’est  le résultat d’une  ‘rédaction confondante d’application’ effectuée par les évangélistes pour convaincre les juifs que Jésus est bien le Messie. 

 La Bible est importante pour la tradition chrétienne (surtout protestante)  et  sur le plan artistique.

1113 Vue par les musulmans

On constate :
-            La présence d’histoires bibliques  dans le Coran (Moïse, Noé, Abraham,  Salomon…) mais ce sont des histoires  qui ne correspondent pas au texte biblique : différence  de  chronologie (Marie= sœur de Moïse),  retour des juifs en Egypte (II 58)….

-          Adam, Noé, Moïse, Abraham, Salomon .. sont présentés comme des prophètes qui annoncent Mahomet

-          Des accusations contre les juifs  qui ont déformé les textes (Tahrif),  en particulier,  Esdras.
      En conséquence, la Bible est  interdite dans les pays musulmans, avec l’argument imparable : si elle est en accord avec le Coran,  pourquoi la publier?  Si elle est en désaccord,  pourquoi la publier ?
Le Coran est présenté comme supérieur à la Bible, celle-ci n’étant qu’un témoignage humain selon les musulmans,  alors que le Coran est la parole  Dieu.

1114   Vue par les historiens

Elle a été rédigée sous le contrôle du Temple de Jérusalem.

                Elle a été écrite en Hébreu puis traduite  en grec (la Septante) et en latin pour les chrétiens par St Jérôme (la Vulgate)
 Les exégètes distinguent des périodes d’écriture :
 Yahviste  X siècle
Elohiste 850-750
Deutéronomiste 715- 710
Sacerdotale  587- 538
     La Bible est un texte d’« histoire  théologique » : Le schéma est le suivant : Quand le peuple juif  est  fidèle à Iahvé, tout va  pour le mieux. Sinon, ce sont  les épreuves,  la guerre, l’exil …

112   Le Nouveau Testament

Evangélistes
       112 le Nouveau Testament  
                  1121 Pour les chrétiens
                  1122 Pour  les juifs
                  1123 Pour  les musulmans
                  1124 Pour  les historiens
Rédigé en grec.

Il comprend :
Les évangiles qui   racontent  la vie de Jésus : ce qu’il a fait (miracles ….), ce qu’il a dit (paraboles….), ce qui lui est arrivé (passion, résurrection….)
+actes des apôtres+ épîtres de Paul+ épîtres  d’auteurs divers  + apocalypse de Jean
Ces textes ont été réunis dans un « canon » par l’église de Rome au deuxième siècle en rejetant les textes dits « apocryphes ». 
 1121 Vue par les chrétiens
Ces textes sont  la vérité  de la révélation. 
  1122 Vue par les juifs
       C’est un témoignage sans valeur, Jésus étant un faux prophète.  
   1123 Vue par l’Islam  
-          Jésus est un prophète
-          La Vérité a été falsifiée par  St Paul, en particulier sur la nature du ‘Paraclet’. Pour les chrétiens, c’est le St Esprit. Pour les musulmans, c’est Mahomet.  
    
Le Nouveau Testament est  interdit  dans les pays musulmans.

1124  vue par les historiens
 Evangiles : Textes rédigés en grec à partir des années 70  pour des communautés chrétiennes dispersées dans le bassin méditerranéen.
     Les épîtres de Paul ont été rédigées dans les années 50.

113 Coran

         113  le Coran
                1131 Pour  les musulmans                
                1132 Pour les juifs
                1133 Pour les chrétiens
                1134 Pour les historiens
                     1131 Pour les musulmans  
-          Parole divine transmise à Mahomet.  Allah a  dit à Mahomet : « Récite le Coran »   

-            D’après la tradition musulmane, le Coran  a été recueilli  oralement  et par  écrit   (sur des omoplates de chameau , des  peaux, des tablettes…)  


-          Recension des textes  par Othman et création d’un « canon » coranique.
         -   contenu
                   Sourates composées de versets
                   Composition décousue
                           Louanges à Dieu
                          Exhortations  aux croyants
                           Préceptes moraux
                           Définition de rituels
                           Règles de comportement
                          Règles juridiques
                          Descriptions du paradis et de l’enfer
                          Anathèmes contre les infidèles
                          Appels à la guerre sainte
                         Histoires tirées de la Bible (Moïse, Noé, Joseph..)
                         Obscurités
Le Coran a entrainé trois débats au sein de l’Islam :
-          La question du  Coran  incréé ou créé ?
    Le Coran incréé  aurait  été  dicté à  Mahomet.  Il  a  existé de toute éternité. Il est donc indiscutable.

    Mahomet est un  « enregistreur », un « haut-parleur » (comme on transfère sur une clé USB un fichier d’ordinateur)

 La thèse du Coran créé donne un rôle actif à Mahomet et le texte peut être discuté.  
     Les Mutazilites ont défendu la thèse du Coran « créé » au IX siècle avec  le califat de Al –Mamoun  (833- 848) 

  Dans l’émission de Mordillat-Prieur, on entend un chercheur musulman qui dit : « je suis croyant et le Coran est la parole de Dieu. Mais en tant que chercheur, je vois bien que le Coran est composite et a été écrit  et modifié sur une longue période. Je constate la nature historique du texte mais je reconnais la validité de la révélation. Simplement, la  parole divine  est passée par l’intermédiaire de  Mahomet  qui est un homme vivant dans un  certaine période historique. Il est donc possible de discuter du Coran. »  D’une certaine façon, c’est la reproduction contemporaine  de la  position des mutazilites.

Mais le  successeur de Al-Mamoun,  Al- Muttawattil (821- 868)  a défendu la thèse du  Coran « incréé » qui est devenu  aujourd’hui la thèse dominante en Islam. Cette thèse s’appuie sur le hadith :   « Celui qui interprète le Coran selon son opinion personnelle aura sa place en enfer »   Hadith Dieu une enquête p 76


-          La question des versets abrogés :
    Certains versets sont considérés comme abrogés par  d’autres versets ou par des hadiths.
Quelles  sont les règles de l’abrogation ? 

Les versets les  plus récents abrogent-ils  les plus anciens ? Est-ce que c’est leur contenu spirituel qui est déterminant ?

   La question est débattue en Islam puisqu’il existe une « science de l’abrogeant et de l’abrogé ».

      Si on prend le critère chronologique ce sont  les versets de Médine, plus politiques et guerriers qui abrogent les versets de La Mecque plus mystiques.

-          Versets sataniques
      Ils sont dans la  sourate 53,  parfois non publiée dans certaines éditions.  
Ils font référence à « Trois sublimes déesses dont l’intercession est souhaitée»
S’agit-il d’une reconnaissance du polythéisme ?

     Pour certains savants musulmans, ces versets ont été  soufflés par Satan, ce qui pose deux problèmes :
     Comment se fait-il que Dieu a laissé Satan agir?
     Y a- t-il d’autres versets sataniques ?

Je ne répondrai pas à la question vu ce qui est arrivé à Salman Rushdie.

     1132   Vue par les juifs et les musulmans
 Texte sans aucune validité divine.  

     1133   Coran et recherches historiques contemporaines
     -     L’existence du Coran est attestée 70 ans après la mort de Mahomet.  
      -    On a des difficultés  pour déchiffrer le texte  à cause de la  transcription.  
       Les premiers manuscrits sont en Scriptio defectiva  cad sans voyelles, les textes servant d’aide-mémoire.

Exemple :

"L rsn d pls frt st tjrs l mllr " .

On pourrait interpréter cette phrase comme étant :
- La raison du plus fort est toujours la meilleure,
- Le raisin du plus fort est toujours le meilleur,
- La raison du plus fort suit toujours le meilleur.


Il faut attendre les années 850 pour avoir une « scriptio plena »  en Iran.

-           Quelle et la langue originelle du Coran ?
         Pour les musulmans, c’est l’arabe.
         Or, un chercheur dont le pseudonyme est allemand (pour des raisons de sécurité) Luxenberg fait l’hypothèse qu’une partie du  Coran  a été rédigée en syro-araméen.

        Si on fait cette hypothèse des passages obscurs du  Coran s’éclairent :
Par exemple, le verset 23 de la sourate 19 écrit à propos de la Vierge Marie :
   « L’ange Gabriel lui dit : Ne t’attriste pas. Ton seigneur a mis au- dessous de toi un ruisseau »

Luxenberg traduit :
« Ton seigneur a rendu ton accouchement légitime »             

Selon Luxenberg, le Coran est,  pour une  partie, à l’origine, un livre liturgique syro-araméen.

Il a été complété par des textes issus de la Torah, de l’Evangile des Hébreux et de propos attribués à Mahomet, ce « bricolage » étant effectué sous le contrôle du pouvoir politique musulman  sur un longue période. 

Conclusion  à propos des textes :  
    La Torah est le livre sacré des juifs.
      Chrétiens et musulmans font  référence à la Torah  mais, pour les chrétiens, c’est un texte réinterprété et pour les musulmans un texte falsifié.
     Pour les chrétiens,  le Nouveau Testament est la vérité. 
       Le Nouveau Testament  est rejeté par les juifs. Les musulmans considèrent qu’il a été  falsifié.  
       Le Coran est rejeté par les juifs et les chrétiens.
    
12  Moïse, Jésus, Mahomet 
         Nous allons examiner le point de vue de chaque religion sur ces fondateurs et ensuite le résultat des recherches historiques contemporaines.
       121 Moïse   
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           
               1211 Pour les juifs
               1212 Pour  les chrétiens
              1213 Pour  les musulmans
              1214 Pour les historiens

121 Moïse
 Doré
1211 Pour les juifs  
  Nous avons tous l’image de Charlton  Heston dans les  « Dix commandements » de Cecil B de Mille.
   C’est le prophète libérateur de son peuple,  réduit en esclavage en Egypte,  qui l’emmène vers la Terre Promise  et  qui reçoit le Décalogue.
1212 Pour les chrétiens :
     C’est la même chose. Il faut signaler que Jésus est représenté dans les Evangiles  comme revenant d’Egypte, donc comme un nouveau Moïse.  
1213 Pour les musulmans
   Il est très présent dans le Coran comme   prophète  punissant les juifs pour leur infidélité.
1214 Pour les historiens   
   Je rappelle le point de vue des historiens  Finkelstein  Silberman dans la « Bible dévoilée ».
-          aucun document égyptien ne  décrit les événements  (Mais si c’est une défaite, c’est normal  que les égyptiens n’en parlent pas !)   
-           A l’époque censée être celle de Moïse, la Palestine est une  zone contrôlée par les égyptiens 
-          Il n’y a aucun indice archéologique dans le Sinaï
-          Les lieux décrit dans Josué  correspondent à ceux de la  Palestine du VII siècle
-          existence dès le néolithique de peuples en Palestine ne mangeant pas de porcs.  Le peuple d’Israël est peuple autochtone.


      Moïse est, selon eux,  un personnage légendaire créé à partir du  souvenir d’un peuple, les hyksos, expulsés au XVI siècle  d’Egypte avec en supplément  des  souvenirs de migrations périodiques  venues d’Egypte en Palestine.  

    Dans un dossier du Monde des Religions, le grand rabbin Michel Guggenheim  dit à propos de ces recherches : « Ces affirmations ne me font pas sursauter. Chacun est libre d’imaginer ce qu’il veut. Mais le peuple juif croit depuis des générations à ce qui est écrit dans la Torah et s’y tient. La Torah est d’origine entièrement divine.»

Note : le grand rabbin a raison de dire que les historiens « imaginent », mais il oublie qu’ensuite,  les historiens cherchent des preuves pour valider ce qu’ils ont imaginé

122  Jésus

Doré
     122 Jésus
            1221 Pour les chrétiens
            1222  Pour les juifs
            1223 Pour les musulmans
            1224  Pour les historiens

1221  Jésus  pour les chrétiens
    C’est Dieu le Fils dans la Sainte Trinité. Il  s’est incarné pour mourir sur la croix et il  est  ressuscité.
Il est venu affirmer une  seule loi :
 « Tu aimeras le seigneur de tout ton cœur de toute ton âme, de toute ta pensée. Tu aimeras ton prochain comme toi- même, de ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes »   Mathieu 22 36 40
1122 Jésus pour les juifs  
-  blasphémateur : « Le Père et moi sommes un » J 10 30
-  faux prophète
-  imposteur
 -  séducteur
-   magicien
-  fou
-  fils naturel d’un soldat romain (Pandera ou Panthéra) selon le Talmud
     Il existe aujourd’hui un courant « judéo-chrétien » très marginal qui considère Jésus comme pleinement,   seulement juif.
1123 Jésus pour les musulmans  
Cf les émissions de Prieur et Mordillat.
-          Isa : personnage hors de l’espace et du temps, fils de Marie, nouvel Adam,   Marie est  la sœur d’Aaron (donc de Moïse) ; il est né sous un palmier, il a parlé dès sa naissance,  il  a fait des miracles  (Création d’oiseaux en argile à qui il donne vie, il fait descendre une table servie)  qui sont des miracles de puissance.

-             La Trinité est composée du Père, du Fils, de la Vierge Marie.
              
-          Il prêche  l’unité de Dieu : « ne dites pas trois »


-          Il annonce la venue de Mahomet
          
-          Il n’est pas Dieu : le Coran rejette les  dogmes  de  la Trinité et de  l’Incarnation


-          Il n’est pas  crucifié. Simon de Cyrène ou  un treizième disciple ou  Judas ont été crucifié à sa place.   Il n’est ni mort, ni ressuscité.

-          Il reviendra  à la fin des temps et il sera  témoin de la résurrection.
                  Le Jésus « musulman »  est très différent du  Jésus chrétien.
   
 1124 Jésus pour les historiens
       Tous les historiens considèrent qu’il y a une part de légende et de vérité historique dans les Evangiles.  Le problème, c’est la proportion : pour certains il y a beaucoup de vérité            ( Jean –Christophe Petitfils,  Max Gallo, Benoit XVI ) , pour d’autres, il y a beaucoup de légende (surtout en ce qui concerne la résurrection !)  (Ernest Renan,  Emmanuel  Carrère, Prieur et Mordillat.. )  
  123 Mahomet
Bahira
123 Mahomet
          1231 Pour les musulmans
          1232 Pour les juifs
          1233 pour les chrétiens 
          1234 Pour les historiens
1231 Mahomet pour les  musulmans
                          Sa vie est connue grâce à la Sunna (paroles et actes de Mahomet)  telle qu’elle est présentée dans des biographies  essentiellement  celle de  Ibn Ishaq  qui s’inspire de Ibn Isham  plus de deux siècles après la mort de Mahomet. Ses paroles recueillies sont les hadiths.
-          Les témoignages sont considérés comme authentiques  grâce à la « fiabilité »  de la chaîne des témoins.  
Il est le
-          « Récitateur » du Coran

-           « Sceau des prophètes »

-          « Beau modèle » qu’il faut imiter.  

   La tradition musulmane le présente comme illettré pour insister sur le caractère divin du Coran. Il est probable que l’auteur (ou les auteurs du Coran)  a eu une capacité hors du commun pour « relire » la Torah et les évangiles afin de créer une nouvelle religion.

1232 Mahomet pour les juifs
                   Faux prophète
1233  Pour les chrétiens
-          St Jean Damascène en 750  le  présente comme un  faux prophète. L’Islam est la  « Cent unième hérésie »

-          Il est présenté dans les textes chrétiens comme un hérétique, un  imposteur,  un chef de guerre, un  assassin, un  polygame, pour résumer, c’est  Satan.
1234 Mahomet pour les historiens
Je fais référence aux travaux de :
-          Alfred –Louis de Prémare : Les fondations de l’histoire. Entre écriture et histoire
-          Edouard-Marie  Gallez : Aux origines de l’Islam

Ces chercheurs appliquent des méthodes modernes de l’histoire : archéologie, numismatique, épigraphie, linguistique et étudient  de nouveaux textes de l’époque, mais pas de tradition musulmane (textes araméens, syriaques, arméniens…)

 La première  attestation  de  Mahomet date de  685.Le  mot musulman  apparait en 691.
   
-          En  640 : Jacob d’Edesse signale des raids en Palestine  de tribus arabes                                  
             -    fin VII : Le Patriarche Sébéos signale  dans l’ « Histoire d’Héraclius »   des batailles en 614,621 ,634 entre arabes et byzantins
-          En 644 : Controverse entre le  patriarche jacobite Jean I et l’émir Amour Bar Sad
                                   Pas de référence au Coran
                                   Arguments de l’émir  sont ceux  de la religion  judéo -nazaréenne

-          Hypothèse historique du judéo-nazaréisme  messianique.
  
     Qui sont les judéos-nazaréens ?
                 C’est une secte religieuse qui  pratique des rites juifs mais  qui  croit en Jésus,  homme juste, non crucifié, non ressuscité  qui reviendra à la fin de temps.
              Jésus est appelé Isa. Ils sont polygames, pratiquent la circoncision, ne boivent pas de vin. .
              Leurs croyances sont les suivantes : ils pratiquent  la Guerre Sainte en vue de reconquérir  Jérusalem  pour reconstruire  le Temple, ce qui permettra le retour du Messie Jésus,  la conquête du monde, la  victoire de la vraie religion.
Or
Leur présence est attestée  en Syrie et la Tribu de Mahomet  était  implantée en Syrie

De plus,  la Sunna, atteste l’existence d’un oncle de Mahomet,  Waraqua qui est
 qualifié de « nazaréen » dans les textes musulmans et dont on dit  que  « quand il est mort, la révélation s’est arrêtée »

 Prémarre et Gallez   envisagent  l’hypothèse historique suivante :  Mahomet est un chef de guerre de tribus arabes rallié au  projet  judéo-nazaréen.  

        Ses partisans  conquièrent   Jérusalem et on a l’attestation d’une reconstruction du Temple entre 634-650.

           Comme le retour de Jésus ne se produit pas,  les califes, en particulier Abd Al Malik  mettent en forme la prédication de Mahomet.

     Il faut comprendre, d’une certaine façon,  que l’historien est comme un inspecteur de police faisant une enquête pour découvrir un  meurtrier ! (le maître des historiens ce ne devrait pas être  Hérodote mais Sherlock Homes voire  Hercule Poirot !)

Les réactions des musulmans fondamentalistes  à ces thèses sont violentes  avec deux arguments
-          Prémarre  et Gallez sont  catholiques    
-          C’est un  «  beau roman » (= réactions du rabbin à la « Bible dévoilée »)
                  Les recherches historiques ont été pour les religions un objet de rejet :
-          Spinoza fut mis à l’écart de la communauté juive  car il doutait du caractère divin de la Bible.
-          Richard Simon au XVII, oratorien, fut l’objet de la haine de Bossuet  car il niait que Moïse ait écrit l’Exode. Alfred Loisy fut excommunié au début du XX siècle pour ses conclusions sur le Nouveau Testament. 
-          Les institutions islamiques dans les pays musulmans répriment les chercheurs qui ne sont pas « dans la ligne » si bien que les recherches scientifiques sur l’Islam  se font en occident (surtout en Allemagne et aux Etats-Unis)
          L’église catholique a attendu trois siècles avant d’accepter la libre recherche sur les textes. Espérons que cela prenne moins de temps pour l’Islam. 

Conclusion  sur les fondateurs
   Moïse est retenu comme prophète  par les trois religions.
     Jésus est Dieu pour les chrétiens.
      Il  est rejeté par les juifs comme faux prophète.
         Il  est reconnu comme prophète  par l’Islam.  Sa mère était vierge. Il reviendra à la fin des temps.  Mais, il n’est pas Dieu le Fils au sein de la Trinité. Il n’est ni  mort, ni ressuscité.
       Pour les juifs et les chrétiens, Mahomet est un faux prophète. 

La personnalité des fondateurs est décisive pour les religions en particulier le christianisme et l’Islam. Jésus et Mahomet sont des mystiques au charisme extraordinaire (divin selon les croyants)  mais
         Jésus=   juif, prédicateur, pacifiste,  de formation rabbinique, pauvre, célibataire, en opposition avec le clergé juif, qui se présente comme le fils de Dieu et qui annonce la fin des temps et la venue du royaume de Dieu.

Mahomet :   chef de tribu en lutte avec les religions implantées dans le Moyen Orient  à l’époque. C’est un chef religieux  et un chef de guerre. En cela, il est plus proche de Moïse que de Jésus.


2 Théologies   
        21 Iahvé, Dieu, Allah
                211 Iahvé  
                212 Dieu
                213 Allah
        22 Le péché originel
        23 la fin des temps
       24 L’au-delà
 I
Iahvé, Dieu, Allah ont des traits communs :  
-          éternels  
-           uniques 
-          masculins
-          célibataires (il n’y pas de Mm … pas de scènes de ménage comme dans l’Olympe!)
-          tous puissants
-          créateurs du ciel et de la terre
-          ils édictent des lois
-          ils révèlent leur message
-          ils jugent à la fin des temps
-          ils sont assistés par des anges
-          ils sont combattus par le diable
211  Iahvé
-          divinité des juifs
      Iahvé est
·        un dieu de l’alliance (voire « contractuel ») :

« Mais si tu n’obéis pas à la voix de Iahvé, ton Dieu, toutes les malédictions que voici t’atteindront » Dt 28 15

Ce n’est pas un Dieu personnel mais le Dieu du peuple juif.   

   Les juifs sont le peuple élu, choisi par Iahvé  pour être le prêtre de tous les peuples.

·         Guerrier : voir le   Livre de Josué
·        Jaloux : voir l’épisode du «  Veau d’or »
·        sévère
                    -  Peine de mort : blasphème, sorcellerie, adultère,  viol, outrage au père,  travail le jour du shabbat
                  - Onan : « son action déplut  au seigneur qui le fit aussitôt  mourir »
                            - Cham est maudit parce qu’il a découvert  la nudité de son père Noé  et il  devient l’ancêtre du peuple noir réduit en esclavage  
                             
·        cruel
                            - Abraham et Isaac
·        tatillon :
                             règles du Deutéronome
                               613 commandements : 365 interdits +248  recommandations  
                                                                           Simplifications :
                                                                              Décalogue
                                                                                                     1 Dieu unique  
                                                                                                    2 pas d’idoles
                                                                                                    3 ne jure pas
                                                                                                    4 souviens toi du Shabbat
                                                                                                    5 honore des parents
                                                                                                    6 tu ne tueras point  
                                                                                                    7 ne soit pas adultère
                                                                                                    8 ne vole pas
                                                                                                    9 ne soit pas faux témoin
                                                                                                            10 ne convoite pas le bien d’autrui
                                                                                        
                                                                                 Lois noachides  (Noé ) pour les non-juifs
                                                                                       Justice
                                                                                       Pas de blasphème
                                                                                       Rejet idolâtrie
                                                                                       Pas d’inceste ni d’adultère
                                                                                       Tu ne tueras point
                                                                                        Tu ne voleras pas
                                                                                        Tu ne feras pas souffrir les animaux

·         Dieu proche

-           « Yahvé parlait à Moïse face à face comme on parle à un ami » Exode 33 11
-          Jacob : « J’ai vu Dieu »  Genèse 32  254 31
-              Job : « Mes yeux t’ont vu »  Job 42  5

-          « Mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi je t’ai fatigué ? »  Michée 6 3 

·         Dieu  de plus  en plus personnel et aimant  

-          «  Avec une amitié sans fin, je te manifeste ma tendresse »  Esaï 54 8

-           «  Je te fiancerai à moi pour toujours par la justice,  l’amour et la tendresse »  Osée 2 21
Conclusion : Iahvé : Dieu  de l’alliance =  Dieu  ‘contractuel’ de plus en plus personnel


212 Dieu   
-          Divinité des  chrétiens
-          Dieu universel (pas seulement d’Israël)
-          Dieu individuel
-          Un Dieu sévère
A propos de  Capharnaüm : « Au jour du jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins durement » Mathieu 10 14
 L’enfer : « il y aura des pleurs et des grincements de dents » 
                  «Feu éternel »

-          Dieu en trois personnes : Trinité    trinité
                    Dieu le Père : « Tu es mon fils bien aimé » Marc 9  7
                                          «  Moi et le père nous sommes un »

                       question  théologique :  hiérarchie ou égalité ?   problème posé par l’ arianisme
                                             : place du St Esprit et la querelle avec l’orthodoxie (querelle du             Filio que)

-          Dieu d’amour qui s’est fait homme  
                  Mystère de l’Incarnation.   Jésus enfant

  La question théologique   :  rapport nature humaine/nature divine :conflits catholiques avec les nestoriens et les   monophysites

-          Dieu  qui a souffert pour nous ;

-          Dieu ressuscité  résurrection

-          Une théologie complexe
Les divisions théologiques  au sein du christianisme ont surement facilité l’expansion de l’Islam qui est théologiquement plus  simple.

Conclusion : Dieu   qui nous aime  et qu’il  nous faut aimer
                                                            
     

213  Allah
 
-          Divinité des musulman
-          Universel
-          Dieu unitaire  (pas de Trinité,  Chrétiens  sont qualifiés d’ « associationnistes »)
-          Dieu de pouvoir (Islam=soumission)
-          Dieu lointain  
Différence Iahvé : Episode Massah Méribah : Les   Israëlites morts de soif demandent à Iahvé  « Donne-nous de l’eau à boire »  
                   « Yahvé est-il au milieu de nous oui  ou non ? » Exode 17  1 7
                                  (d’où la punition vis à vis de Moïse : il n’entrera pas dans la terre promise)


      «   Allah ne discute pas »
-          Dieu proche :
«   Nous sommes plus près de lui que la veine de son cou « 50 16
               «  Dieu se place entre l’homme et son cœur » 8 24
                                mais  c’est une proximité de surveillance  
              «  Il est celui qui entend et voit parfaitement »  42 11                     
-          Dieu miséricordieux mais qui fait  beaucoup de références à l’enfer : feu éternel, eau bouillante..
-          Autres qualificatifs  : un, clément,  tout puissant, Saint, vivant, éternel, sage, instruit, juste, équitable, aimant, bienfaisant, indulgent, celui qui avilit, celui qui fait mourir, le vengeur…

-          Un Dieu qu’il faut craindre 
      «  Craignez Dieu de toutes vos forces : écoutez, obéissez et faites l’aumône dans votre propre intérêt » 64 16

Conclusion : Allah est un   Dieu qui fait preuve de  ‘ transcendance orageuse’

Conclusion
Dieu est  tout puissant /créateur du ciel et de la terre / législateur’/juge
 mais
             Pour les juifs , c’est un Dieu  qui fait alliance avec le peuple juif. Il y a une proximité entre lui et son peuple.
                 Pour les chrétiens,  c’est  un  Dieu d’amour qui sacrifie son fils pour sauver l’humanité.
                Pour les musulmans, c’est un législateur  lointain mais miséricordieux.


Exemples : attitudes dans la prière 
                                   Juifs : debout (cf mur des lamentations)
                                   Chrétiens : à genoux  en demande
                                   Musulmans : prosternation

  Pour compléter,  examinons 3 questions théologiques complémentaires :
 22  Le péché originel    
Doré
•          juifs : non
•          musulmans : non. C’est le diable et non Eve qui pousse Adam au péché.
•          chrétiens : Tertullien /St Augustin : centre de la théologie chrétienne : Jésus  été  offert en sacrifice pour le pardon

23 La fin des temps    
 Doré   Michel-Ange
 231 Juifs
   Il y aura les douleurs de l’enfantement du retour du  Messie avec les  guerres de Gog et Magog et la bataille d’ Armaggedon.
On verra  
 Le retour du Messie, descendant de David
La reconquête de Jérusalem
La libération peuple juif
La soumission des nations
La reconnaissance universelle de Dieu
La  résurrection
Le jugement dernier  

232  Chrétiens
La Fin du monde est  proche.
Elle est décrite dans l’Apocalypse de Jean
  Il y aura
Le retour de Jésus à la droite du Père
La résurrection  des corps
Le Jugement dernier  qui ouvre les portes du  paradis et de l’enfer
233 Islam
Fin du monde proche   ( hadiths)
Lutte entre  l’Antéchrist  et  le Mahdi   
Retour de Jésus
victoire de la vraie religion
jugement dernier
conclusion:
*  traits communs
                     - un « sens » : création +histoire+ révélation unique + épreuves+ combats  + retour de Dieu  +résurrection +jugement dernier (pas  de vision cyclique comme dans l’hindouisme)
* différences :   
- scenarios  différents
- victoire de la « vraie » religion c’est-à-dire  « de  la  sienne »



 24 L’au-delà  
Michel-Ange
241      Juifs
    Il n’y a  pas trace «  d’au-delà » dans la Torah. Dans les textes ultérieurs, l’au-delà ressemble au « schéol » grec c’est-à-dire un lieu obscur où tout est ombre et poussière. L’ecclésiaste écrit « un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort ».
   Du temps de Jésus, les saducéens ne croient pas à l’au-delà contrairement aux pharisiens. 
A la fin du premier siècle de l’ère chrétienne, la doctrine présente la fin des temps, le jugement dernier et le paradis et l’enfer.
242      Chrétiens
Le   paradis est un  lieu de  béatitude éternelle, de communion avec Dieu 
En enfer : « il y aura des  cris et des  grincements des dents »
243      musulmans
-En enfer, il y a du  feu et de l’eau bouillante
     Je signale que l’enfer coranique est  pour ceux « qui ne croient ni à Allah ni à son prophète » quelque-soit par ailleurs leurs vertus. .
-  Le  paradis est fréquemment  décrit par Mahomet (sourate 56…)
 « Nous leur donnerons en abondance des fruits, les viandes qu’ils désireront, des vierges toujours vierges  ».  LII 22 
    Je n’ai pas trouvé, Mesdames,  d’avantages spécifiques pour vous !

 Accord : l’existence d’un au-delà/  Résurrection/ jugement dernier/enfer ou paradis

3        Les rapports à autrui


31 Les rapports  homme/femme
32 Les rapports à autrui
  321 Rapports entre croyants
  322 Rapports croyants/non-croyants
  323 La question de la violence
  324  Eléments historiques
33 religions et politique



31 Les rapports Hommes /femmes

31 les rapports Homme/Femme
                    311 Dans le judaïsme
                    312 Dans le christianisme
                    313 Dans l’islam
   (Note sur l’homosexualité)

Bible : Sarah, Esther, Déborah, Ruth          
 Evangiles : Marie,  Marie-Madeleine  
Coran :    Myriam (=Marie)   

     311 Bible 
Il existe deux  versions de la création de la femme dans la Bible.  
       Dans le ‘Iahviste,’ elle est  créée  à partir d’une côte d’Adam. Bossuet la définira finement comme ‘un os surnuméraire’.
       Dans l’’Héloïste’,  « Dieu  les créa  homme et femme ».

                                     Doré   Chaval

      -  « Tu enfanteras avec douleur et tes désirs te porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi »  Genèse 3 1 6 
          -  Les filles ont le droit d’être vendues  par leur père. Exode 21 7
          -   Elles sont  considérées comme du butin de guerre   Deutéronome. 21 10 13
     -  Des hommes de Sodome demandent à « connaître » les anges logés par Loth.  Loth leur dit : « Non, mes frères ne faites pas de mal. Voici, j’ai deux filles qui n’ont pas connu d’homme. Laissez- moi vous les amener et vous leur ferez ce qui vous plaira » Genèse XIX    
         -    Dieu n’intervient pas  pour sauver la fille de Jephté alors qu’il sauve Isaac. 
-   Etude de la Torah interdite d’où prêtrise  refusée aux femmes

- Les femmes ne doivent pas porter  des vêtements d’homme (ce sera une des  causes  de la condamnation  de Jeanne d’Arc)

 - Je signale enfin dans la kabbale juive l’existence d’une première femme d’Adam, Lilith répudiée pour cause de désobéissance.

Règles de mariage
-       Moïse était  marié et Salomon polygame (700 épouses, 300 concubines. Rois 11)
Le   mariage avec un coreligionnaire est obligatoire.  
-La  monogamie s’impose peu à peu.
- Le  divorce,  qui est en réalité une  répudiation,  est possible. Pour les femmes,  il est possible en cas d’impuissance  du mari.
-Les rabbins  peuvent se marier.

La femme  a une situation subordonnée par rapport à l’homme (comme dans toutes les sociétés antiques. Dieu adopte-t-il  les préjugés de l’époque ?

312 Nouveau Testament

-   Jésus  ‘féministe’ : Il a des amies femmes. Ce sont les femmes qui   annoncent  la résurrection. Il  pardonne à la  femme adultère Il se fait laver les pieds par une femme de « mauvaise vie ».

     Il n’y a pas d’affirmation de la supériorité masculine dans les Evangiles.  L’attitude de Jésus est porteuse d’une possibilité d’égalité ontologique (en tant qu’ « être »)  

Par contre, on lit chez St Paul :
-          « La femme a été faite pour la gloire de l’homme tandis que l’homme a été fait  pour la gloire de Dieu » Corinthien 11315

-          « Le chef de tout homme, c’est le Christ. Le chef de la femme, c’est l’homme »

-          statut religieux  inférieur : pas de prêtrise d’où un Vatican masculin.
Règles du mariage
-            Jésus  est célibataire, St Pierre est  marié   (St  Paul Co 19)
-           La monogamie est la règle  (sauf pour  Charlemagne)
-           Il n’y a pas de divorce (opposition Jésus/Moïse)
-           Les curés catholiques  sont non mariés  contrairement aux  popes et aux  pasteurs

La femme idéale dans le christianisme est la Vierge  Marie qui est à la fois  vierge et  mère. Le christianisme demande à la femme, comme dans le judaïsme, d’être une épouse et une mère.

313 Coran  

- Les musulmans présentent l’Islam comme un progrès pour les femmes : droit à l’héritage,  pas d’éliminations des filles à la naissance, polygamie limitée. 
   Mahomet est présenté dans la Sunna comme un  mari adorable qui fait preuve de  bonté, de  tempérance et de patience.

Le Coran affirme une inégalité « ontologique » entre l’homme et la femme.

« Les hommes sont supérieurs aux femmes en raison des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au- dessus de celles-ci »  IV 38

« Les femmes ont des droits équivalents à leurs obligations, et conformément à l’usage. Les hommes ont cependant une prééminence sur elles. Dieu est puissant et juste » 2 228 ,

             « J’ai regardé le paradis et j’ai trouvé que les pauvres gens formaient la majorité des habitants; j’ai regardé en enfer et j’ai vu que la majorité des habitants étaient des femmes. » (récit d’Imran bin Husain, Bukhari LIV 464)
-          Cette inégalité  entraîne une inégalité juridique.

       « Dieu vous commande dans le partage de vos biens de donner au fils mâle la portion de deux filles » 
            Dans un procès, le témoignage d’une femme vaut la moitié d’un témoignage masculin.
Les  violences maritales sont justifiées :
 « Vous  réprimanderez celles dont vous avez à craindre la désobéissance ; vous les battrez » 4 38  p 96

Règles du mariage :

La Polygamie (=polygynie) est autorisée. (Mahomet : 11 veuves + 48 concubines)
                  Il a  épousé  Aicha qui avait  6 ans et a consommé le mariage lorsqu’elle avait neuf ans.  

L’adultère est puni.
« Vous infligerez à l’homme et à la femme cent coups de fouet à chacun. Que la compassion ne vous entrave pas dans l’accomplissement de ce précepte de Dieu. Que le supplice ait lieu en présence d’un certain nombre de croyants. »  24  2  p 302

Le divorce  est admis  ce qui  est  le plus souvent  une répudiation. La demande de divorce pour les femmes est possible, mais difficile de fait  (le cas le plus admis est  l’impuissance du mari).

Les imams peuvent se marier.

Les femmes ont donc un statut inférieur dans la religion (pas d’imam femme)  et dans le droit.  (cf législations Iran et Arabie Saoudite)  

 inégalités sociales: les pays musulmans sont les pays dans lesquels les inégalités H/F sont les plus grandes

« La femme est l’égale de l’homme mais pas dans tous les domaines »   recteur Boubakeur

Conclusion 1 en ce qui concerne le mariage
   
Il y a dans les trois religions des  points communs

·        sainteté : le mariage  se fait sous l’oeil de Dieu 
·         virginité (de la femme)
·         fidélité
·        maternité
mais aussi des différences
·        monogamie/polygamie
·        existence du divorce ou non
·        clergé : mariage /célibat
 conclusion 2
 Dans les trois religions,  les femmes ont un statut religieux et social inférieur à celui des hommes.


      Si on définit le féminisme comme le souhait de l’égalisation des statuts  entre l’homme et la femme, les religions ne sont pas « féministes ».


(l’homosexualité )
 Condamnation  générale sous le terme  « sodomie »

« Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu’ils ont fait tous les deux est une abomination ; ils seront mis à mort, leur sang retombe sur eux «  Lévitique 20 13

« Lorsque vous trouvez deux hommes accomplissant le péché de Loth, mettez- le à mort, le passif comme l’actif » Hadith

Il n’y a aucune référence dans les Evangiles.

Les trois religions ont des positions communes hostiles au mariage homosexuel.  

En ce qui concerne l’homosexualité féminine, aucun texte n’y fait référence.

    Y aurait-il un inconcevable pour Dieu ? 


32  Les rapports à autrui
 32 les rapports à autrui
                 321 Entre croyants
                322 Entre croyants et non-croyants
                323 La question de la violence      
                 3231 Dans le judaïsme
                 3232 Dans le christianisme
                 3233 dans l’Islam         
                                    (note sur l’esclavage)
             324  Aspects historiques
                 3241   Chrétiens et juifs
                  3242  Chrétiens et musulmans
                 3243  Musulmans et juifs/chrétiens
      « Autrui » désigne le membre de la communauté religieuse à laquelle on  appartient mais aussi tout être humain.
        Pour les religions, les rapports à autrui sont réglés par la loi divine.  Il n’y a pas de morale hors de la religion.

La règle de l’amour du prochain est présentée dans les trois religions :

·        judaïsme
                       « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Lévitique  19 18

                      « Si ton ennemi a faim, donne lui à manger : s’il a soif,  donne lui à boire »                                 Exode 25  21-22

·        Christianisme :

            « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » Mathieu 5 43-47


·        Islam :
            «  Repousse le mal par le bien » 23 96 

    Les trois religions présentent des règles pour les rapports humains fondées sur la bonté, l’hospitalité,  le pardon, l’humilité, l’honneur. 

321    Rapports  des Croyants entre eux  

Ils sont caractérisés par quatre traits
-La solidarité
-La responsabilité
-La coercition
-La violence

-          La solidarité : les croyants sont frères. Cette solidarité se traduit  par la justice, la bienfaisance, la  droiture, l’entraide, l’hospitalité,  la charité, l’aumône.

-          La responsabilité : le croyant est responsable devant Dieu et devant sa communauté parce  qu’il peut la mettre en danger  vis-à-vis de Dieu  par son impiété éventuelle.

-          Coercition : cette responsabilité entraîne un contrôle de la communauté sur l’individu et le rejet de l’impie, de l’hérétique et de l’apostat. Toutes les religions ont lancé  des anathèmes. Il n’est pas question de tolérance vis-à-vis du déviant.

-          La violence
              Il y a des appels de Moïse, de Jésus, de Mahomet   à la vengeance divine vis-à-vis des « injustes »
                   Iahvé :
« Pour celui qui blasphème l’Eternel, il doit être mis à mort, toute la communauté devra le lapider » Lévitique  24  16
 «  Que chacun de vous, s’arme de son glaive.  Immolez chacun son frère, son ami, son parent » Exode  32  28

Mise à mort de l’apostat dans l’islam.

Les pratiques de violence sont générales à l’égard des « injustes »,  impies, hérétiques et apostats

-          l’expulsion de la communauté (Spinoza)
-          l’exil pour  Averroes
-          la torture (l’inquisition)  
-           la mort : juifs tués par Moïse après sa descente du Sinaï parce qu’ils ont adoré le veau d’or, existence des   bûchers  (Montségur, Giordano Bruno, Savonarole, Michel Servet….), décapitations  et crucifixions en terre musulmane …

322  rapports entre croyants et non-croyants

·        Christianisme
 Dans la  parabole du  « bon samaritain »  celui-ci, considéré par le judaïsme dominant comme non-juif,  aide un homme victime de bandits. .Ils sont donc  des « prochains » bien que n’appartenant pas  à la même religion. 
         Jésus  mange avec des pécheurs, rend visite à des collecteurs d’impôt, se lie d’amitié avec des femmes  de mauvaise vie…
   St Paul :
« Ne formez pas avec les non-croyants un attelage disparate ».
 « Quelle association peut-il y avoir entre le bien et le mal ? » Paul Co 2 6 14 156  

·         L’islam 

« J’ai mes œuvres et vous avez les vôtres : point de disputes entre nous »
« . Dieu nous réunira tous, car il est le terme de toute chose. » 42  14 P 414
« Ceux qui croient, ceux qui pratiquent le judaïsme, ceux qui sont chrétiens ou sabéens, ceux qui croient en dieu et au derniers jours, ceux qui font le bien : voilà ceux qui trouveront leurs récompenses auprès de leur Seigneur. Ils n’éprouveront aucune crainte,  ne seront pas affligés » 2 62              

« A Dieu appartient le levant et le couchant ; de quelque côté que vous vous tourniez, vous rencontrerez sa face » 2 109 p48

Mais plus loin il est écrit
« Tournez- vous vers la plage de l’oratoire sacré »  2 139  p 51

  Le second  abroge le premier.

 « Soyez bons et équitables à partir du moment où ils ne font pas preuve d’hostilité » 60  8  (que veut dire hostilité ?)

Le Coran dit « nulle contrainte en religion » mais la totalité du verset est la suivante :
     « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. Donc, quiconque ne croit pas au Taghout  tandis qu’il croit en Allah saisit l’anse la plus solide  qui ne peut se briser. »
  Tâghoût  =    désigne tout ce qui est adoré en dehors d’Allah 

     L’ensemble de ce verset  fait bien ressortir qu’il n’y a pas de contrainte … pour ceux qui se soumettent à l’Islam.

  «O croyants,  ne formez de liaisons intimes qu’entre vous : les infidèles ne manqueraient pas de vous corrompre » 1 14

 « O croyants, ne prenez pas d’amis parmi les incroyants » 4 143 
               « Se lier d’amitié avec des incroyants, c’est prendre le parti des ennemis de Dieu »   Coran  60 1 4
        
   « Le culte de celui qui recherche une religion en dehors de l’islam n’est pas accepté »  3 85

 « Dieu a transformé en singes et en porcs ceux qu’il maudit »  5 60

Débat IX  siècle 
Singes = descendants des juifs ?

Hadith :   Interrogation de Mahomet :
     Les souris  boivent le  lait de brebis pas  le lait de chameau. C’est également le cas des juifs.  Les souris sont- elles des juifs punis par Allah ? 

323  la question de la violence

-          Il y a de la violence dans les textes religieux   comme il y en a  dans l’Iliade,
l’Odyssée, la Chanson de Roland et les pièces de Shakespeare.

-     Il faut distinguer la violence ‘descriptive’(qui est un constat)  de  la violence ‘prescriptive’ ( quand le texte  préconise son utilisation)

     3231  Dans le judaïsme          

« Dans les villes de ces peuples où l’Eternel ton Dieu te donne le pays en héritage, tu ne laisseras la vie à rien qui respire » Deutéronome 20 16

Psaumes 137 9 « Heureux qui saisit les enfants et les écrase sur le roc »
Dans les Nombres (chap 31 17 18 )
« Maintenant tuez tout mâle parmi les petits enfants et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui »
                On trouve dans Josué, Samuel, Isaïe  des appels à l’extermination des peuples vivant en Canaan.

     Hors de la Terre Sainte,  les textes ne prêchent pas la violence.

Les juifs sont présentés comme  les prêtres de l’humanité entière et ont donc  une  responsabilité  vis-à-vis des autres peuples  en faisant preuve de bienveillance.

3232  Dans le christianisme  

Jésus chasse les marchands du temple mais il  ne les tue pas.

    Il dit :
« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui,  je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère : on aura pour ennemi les gens de sa maison »   M 10 34  5 
      Il s’agit d’un constat des divisions  qui vont exister entre juifs et chrétiens. Ce n’est pas une violence  « prescriptive ».
 
« Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux, amenez les ici, et égorgez les devant moi ». Contrairement à ce que dit Michel Onfray qui a dû lire un peu vite, ce n’est pas une affirmation de Jésus, mais ce que dit  « un homme de haute naissance » dans la  « parabole des mines ». Luc 19 27
  
On trouve abondamment des propos « pacifistes » dans les évangiles. 

« Ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » M 26 51

«  Tendez  la joue gauche si on vous  frappe sur la joue droite »

« Heureux les pacifiques ceux qui font preuve de paix « Mathieu 5


 L’extension du christianisme  s’est fait jusqu’au IV siècle  (Théodose) sans violence  à l’égard des non-chrétiens mais évidemment  cela n’a pas été toujours  le cas ensuite. Il  y a eu des conversions sans violences mais aussi des conversions par violence (cf conversion des saxons par Charlemagne).

3233 Islam

!!! attention !!!!

Sur les routes il y a des panneaux « Danger » avec plein de clignotants.

Je vais vous lire des versets du Coran.

On peut en faire une lecture « littéraliste », « fondamentaliste ». C’est celle d’Al-Quaïda, de Daesh, de Boko-haram. 

On peut en  faire   une lecture  « contextualiste », «  interprétative », « historiciste »,  « réformiste », « moderniste », c’est la lecture de l’  « Islam des Lumières » qui explique   que le Coran a été élaboré  dans une période où Mahomet était en lutte armée contre les polythéistes, les juifs, les chrétiens et qu’il ne faut pas s’attendre , dans ce contexte, à des textes pacifiques, mais qu’il y a un « infra-texte pacifiste » dans le Coran.

          « Tuez les partout où vous les trouverez » II 187 
  «  Voilà quelle sera la récompense de ceux qui combattent Dieu et son apôtre : vous les mettrez à mort ou vous leur ferez subir le supplice de la croix » 1 37 
    « Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu » 2 29
   « Ne faites pas appel à la paix quand vous êtes les plus forts » 47 28

   « Ne tuez point l’homme car Dieu vous l’a défendu…. sauf pour une juste cause » » 1 17 35  
« Qui tuerait une âme, c’est comme s’il avait tué tous les gens » mais, le verset complet est : « Qui tuerait une âme, sans que ce soit pour venger un acte de corruption, c’est comme s’il avait tué tous les gens » (que veut dire « acte de corruption » ?)

     « Eloignez-vous des péchés abominables, apparents ou cachés, ne tuez personne injustement,  » (Coran:6/151).

           La biographie du prophète signale le massacre des juifs qurayzas  égorgés sur son ordre  (800 victimes )  et les assassinats d’opposants. ( Marwan  /Abou Afak / Al Ashraf)
Une  lecture  « littéraliste »  du Coran,  des hadiths et de  la Sîra permet de justifier la violence exercé à l’égard des non-croyants.

  C’est le génie de St Augustin d’avoir justifié la Guerre Sainte pour les chrétiens mais il est difficile de trouver cette justification dans les Evangiles.

    Si on lit les  textes  religieux   (Talmud, sermons, prêches)  la haine  des non-coreligionnaires  pendant des siècles est plus présente  que l’amour !

Quelques remarques  à propos de la violence islamique :

1 Selon Malek Chebel, le mot « amour »  apparait 100 fois dans  le Coran 

Une comptabilité rigoureuse  montre que le mot  amour paraît
             3 fois pour parler de l’amour d’Allah pour ses fidèles,
2 fois s’agissant de l’amour des fidèles pour Allah,
           4 fois pour parler de l’amour des richesses,
mais une seule fois pour désigner l’amour d’une femme pour un homme,
 jamais pour évoquer de l’amour de l’homme envers son prochain.

Le mot « aimer », conjugué, apparaît 53 fois, presque exclusivement pour dire qu’Allah aime les croyants, les justes, les fidèles, les pieux, ceux qui lui font confiance.

                  2  Les Saint musulmans contrairement aux Saints chrétiens qui sont, le plus souvent, des martyrs pacifiques, sont la plupart du temps  des  combattants morts au  djihad.
                     3    Les  4 successeurs du prophète ont été assassinés    (ce n’est pas propre à L’Islam. Voltaire dans Candide s’est amusé à comptabiliser les rois et les empereurs assassinés !)

Au-delà de ces positions théologiques,  quelles ont été les positions des religions dans l’histoire vis-à-vis de leurs non-coreligionnaires ?    
324 Eléments d’histoire
324 Eléments d’histoire
       3241 Le christianisme et les juifs
       3242 Le christianisme et les musulmans
       3243  L’Islam et les juifs et les chrétiens
     3241  le christianisme   par rapport aux Juifs

Les juifs sont condamnés dans  Mathieu :
« Que son sang retombe sur nous et nos enfants » Mathieu 27 25

  L’antisémitisme chrétien sera fondé sur l’accusation de peuple « déicide ». 


Moyen- âge :
disputacio  
dispute de Barcelone 1263
dialogue  ou mise en scène d’une accusation ?

La situation des juifs dans le monde chrétien est  marquée par des périodes de cohabitation apaisée mais aussi par  des stigmatisations,  des  discriminations, des massacres, des  expulsions,  la création de  ghettos.  

Espagne
Massacres 1391
Expulsion 1492

XX siècle : des rapprochements
-           La création de «  l’amitié judéo-chrétienne »   par Jules Isaac

-           Les positions de Vatican II : Les juifs ne sont plus désignés comme peuple déicide.                        Jésus a été  condamné par une minorité du peuple juif.

-            convergences entre  protestants  évangéliques américains (George W Bush) et le sionisme : l’unité de la Terre Sainte sous domination juive accélèrera   le retour de Jésus.  

3242 Christianisme et musulmans

La situation des musulmans en terre chrétienne a été marquée par les  conversions forcées, les  expulsions, la  cohabitation sous domination dans le cadre des  croisades et de la  colonisation.

XX           

-           Rapprochement initié par Louis Massignon
-          Association pour le dialogue islamo-chrétien
-          Groupe d’amitié islamo-chrétien
-          Rencontres islamo-chrétiennes
-          Visites papes dans mosquées

                   3243    l’Islam  par rapport aux non- musulmans

L’Islam distingue les « gens du livre » des « autres ». Les « autres » ont le choix entre la conversion ou la mort.  

Les juifs et les chrétiens ont eux,  en Islam, un statut dit de  « protection », de  « dhimmitude » sur la base  de ce que l’on appelle  « le pacte de Khaybar ».

Ce statut se caractérise par :
-          Pas d’attaques contre l’Islam
-          Pas d’alliance avec les ennemis
-          Pas d’expression publique de leur religion

-          Pas de mariage avec une musulmane
-          Tenue particulière
-          Pas d’armes
-          Pas de chevaux …
-          Paiement d’un impôt
        Voltaire en fera un éloge : « Songez que nous avons dans la seule ville d’Istanbul plus de cent mille chrétien de toutes sectes qui étalent en paix toutes les cérémonies de leurs cultes différents et qui vivent si heureux sous la protection de nos lois qu’ils ne daignent jamais venir chez vous tandis que ils accourent en foule à notre porte impériale » (Il faut prendre partie 1772 )

    Il  s’agit de droits octroyés  définissant un statut d’infériorité, n’assurant pas la protection  en cas de mouvements populaires hostiles. Ce statut ne s’est pas toujours appliqué en particulier sous les almohades.
Note sur l’esclavage : jusqu’au XIX aucun des courants majoritaires d ces religions n’avait aboli l’esclavage en le déclarant contraire à la loi de Dieu. Aucun  philosophe antique n’ a condamné l’esclavage. 

Conclusion =  les religions lorsqu’elles exercent le pouvoir  politique directement ou indirectement   contrôlent étroitement leurs coreligionnaires et   donnent  un statut   social inférieur à leurs non-coreligionnaires.



33 Religions et politique  
     33 religions et politique
      331 Judaïsme et politique
      332 Christianisme et politique
      333  Islam et politique
    Les trois religions considèrent que les lois humaines doivent être conformes aux lois divines révélées. Exemple : pour les catholiques,  le Christ interdit le divorce (contrairement à Moïse) donc la législation civile ne devrait  pas autoriser le divorce.  Les religions sont donc favorables aux régimes politiques que la sociologie définit comme  des « régimes théocratiques » là où le pouvoir politique est exercé par la religion directement ou indirectement (Moyen Age européen, Iran, Arabie Saoudite, Vatican).

Le problème est donc celui de la relation entre les lois civiles et les lois religieuses dans les sociétés contemporaines.  

 331  Judaïsme
       Le problème ne s’est posé qu’en 1948, date de fondation d’Israël puisque les juifs n’avaient pas jusque- là  le pouvoir législatif  d’un état. Mais la communauté pouvait prendre des sanctions contre les siens (voir le cas Spinoza). Depuis la création d’Israël,  le rapport entre la loi civile et la loi religieuse se pose en permanence.  
          332  Christianisme
    Deux questions se posent :

              1  Quel est le rapport du christianisme au Deutéronome ?
   
                         On trouve dans les évangiles deux phrases  qui paraissent contradictoires :


Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront plus facilement que ne tombera de la loi une seule virgule »  Luc 16 17. Cela  laisse entendre une application stricte du Deutéronome.

 Mais il dit aussi : « N’allez pas croire que je suis venu abroger la loi ou les prophètes : je ne suis pas venu abroger mais accomplir » Mathieu 5 17  
  Que veut dire accomplissement ?   

Est-ce un  durcissement  (Pour Jésus,  l’insulte au frère est assimilé au meurtre ce qui n’est pas le cas  dans le deutéronome)? Un changement (le divorce autorisé par Moïse est rejeté par Jésus) ? Une  abrogation (les lois sur la nourriture « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme mais ce qui en sort »      Mathieu 15 1) ?   

En tout cas, il faut noter la liberté que se donne Jésus dans l’interprétation de la Torah.


     Dans les faits, le christianisme, sous l’influence de St Paul s’est détaché des règles du Deutéronome, en particulier sur les questions liées à la nourriture (les chrétiens n’ont pas d’interdit, sauf la viande le vendredi)  et à la circoncision.

Note  sur  l’islam : « la nourriture de ceux qui croient et qui font le bien ne comporte pas de péché, pourvu qu’ils craignent Dieu, qu’ils croient et qu’ils fassent le bien » 5 93

Le christianisme  a ainsi  un rapport à la loi divine différent du judaïsme et de l’Islam. Il   est moins « juridique » que le judaïsme et l’Islam. Les débats dans le christianisme sont  essentiellement théologiques, ils sont plutôt  juridiques dans le judaïsme et l’Islam.

 2 Deuxième question :   Quelle est la relation entre la religion et la politique ?

Jésus ne possède pas le pouvoir politique contrairement à Moïse  et à Mahomet. 

   On connaît les deux affirmations :
                             « Mon royaume n’est pas de ce monde » J 18 36
                           et surtout
                                « Rendez à César…. »  Mc 12 17
                              
    Un certain nombre de penseurs, dont Marcel Gauchet,  pensent que le christianisme, en acceptant la séparation du politique  et du religieux, a ouvert la voie à l’idée de laïcité. Pour lui, le christianisme est « la religion de sortie de la religion » .

          De fait, l’Eglise Catholique a été contrainte et forcée d’accepter  les lois de laïcité depuis la Révolution  de 1789  (Etat-civil, divorce, école laïque, loi de 1905). Pour certains penseurs (Jean-Claude  Guillebaud,  Frédéric Lenoir, Régis Debray) cette défaite est paradoxale, dans la mesure  où  les valeurs des lumières (Liberté, égalité, fraternité)  sont,  selon eux, une laïcisation de la pensée chrétienne.


333 Islam
  
     Les 57 pays  de la ligue des Etats Musulmans  ont voté en 1990  une « Déclaration sur les droits de l’homme en islam » qui   considère que  les lois civiles ne peuvent être en contradiction avec les lois islamiques.


Conclusions

·         les religions ont voulu  historiquement  exercer le pouvoir politique  ou le contrôler.
·          Une application littéraliste  du  Deutéronome   et du Coran est incompatible avec les  règles de fonctionnement des sociétés contemporaines issues des valeurs de  l’humanisme et des lumières : la liberté de conscience,  d’expression,  de modes de vie ; l’égalité   entre  croyants et non-croyants, entre hommes et femmes.

    

·           La « modernité »  (au sens d’adhésion aux valeurs des « Lumières »)  s’est imposée contre le judaïsme et le christianisme depuis trois siècles en Occident. Les religions se sont adaptées à  cette modernité.
·         
·          Pour l’avenir,  je laisse la réponse ouverte à la question  sur le  désir et la possibilité de  l’Islam de s’adapter à cette modernité.



Dieu tel qu’il est décrit dans les textes sacrés n’est  ni tolérant,  ni démocrate, ni féministe…. Ni favorable à l’individualisme
                                                                          (Pourquoi  devrait-il  l’être ?)

 Conclusion générale :

  1    Ce que j’ai  dit n’est pas parole d’évangile !

2    Je me permets de citer Montaigne:
      « Il n’est point d’agressivité éminente comme la « chrétienne »  On peut  remplacer  évidemment   la « chrétienne » par  « la  judaïque,  l’Islamique…. »  …et  aussi  par  les  doctrines politiques extrémistes (entre autres,  le fascisme et le  communisme)   

:  notre zèle fait merveilles quand il va secondant notre pente vers la haine, la cruauté, l’ambition, la cupidité. »

3 Socrate,  dont Montaigne a fait l’éloge pour trois raisons
·        celle  de jouer aux billes avec les enfants 
·        celle « d’avoir ramené du ciel où elle perdait son temps, la sagesse humaine pour la rendre à l’homme, près duquel est sa tâche la plus normale et la plus laborieuse, la plus utile aussi. »
·        et celle  d’avoir  dit qu’il fallait s’efforcer de  penser par soi-même

Bibliographie
Dieu, une enquête  Dionogi Albéra  Katell Berthelot  Flammarion  2013
Enquête sur l’antisémitisme musulman Philippe Simonnot Michalon 2010
Le choc Jésus-Mahomet Christian Makarian JC Lattès 2011
Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans François Jourdan Flammarion 2012
Islam et judéo-christianisme Jacques Ellul   PUF 2004
La maladie de l’Islam Abdelwahab Meddeb Seuil 2005
La Bible, le Coran et la science Maurice Bucaille Seghers 1998
Film
Le message  Moustapha Akkad (disponible à la médiathèque)