mardi 31 mars 2020









                                                            L’économiste et le robot.


- Bonjour M  l’économiste! 
-  Bonjour, M le Robot. Comment allez- vous?
-   Fort bien. De toute manière, si j’étais malade, vous sauriez  remplacer la  pièce défaillante puisque vous êtes mon créateur !  Par contre, vous, si vous avez un problème de santé, on ne sait pas encore remplacer tous vos organes !!!
-  Cela ne saurait tarder! Le progrès est irrésistible. L’immortalité est dans les objectifs de certaines start-ups de la Silicon Valley ! 
 -   Moi,  je ne meurs que temporairement puisque, Homme merci,  vous pouvez, avec une pièce de rechange  me rendre la vie!  Vous êtes plus fort que Dieu le Père ressuscitant Jésus le troisième jour !
  Vous êtes donc  économiste ?  Qu’est-ce qu’un économiste ?
-  C’est quelqu’un qui  a  fait de longues études pour représenter le monde par des équations.
-  Vos équations sont fondées sur des chiffres ?
-  Nécessairement !
-  Est-ce que vous avez réussi à chiffrer la totalité du monde ? Vous pourriez même mesurer la beauté du monde, la convivialité des rapports humains, le simple bonheur ? 
- Hélas non. La science économique n’est encore qu’embryonnaire, mais nous ne désespérons pas de  tout mesurer.
      Je dois vous avouer que vous m’inquiétez un peu. Vous  remplacez les humains pour distribuer l’essence, les billets de banque, les billets de train…  Je m’interroge avec un peu d’angoisse sur l’avenir de nos emplois.
- En effet. Nous remplacerons d’ici peu les chauffeurs de voiture, les pilotes d’avions.
-  De mieux en mieux !
-  Nous  sommes meilleurs que le cerveau humain aux échecs et au jeu de go. Vous pensez que nous ne pouvons pas faire mieux que vous en ce qui concerne la réflexion économique ?  
    Nous n’aurons pas comme vous l’ambition de susciter l’admiration et la jalousie des collègues. Nous n’aurons pas l’ambition de siéger  dans les Conseils d’Administration des grandes firmes ou d’institutions financières. Nous ne finirons pas valets des puissants au Forum de Davos pour  apporter  la bonne conscience pseudo-scientifique.
    Nous ne nous prendrons pas pour des scientifiques parce que nous utilisons des mathématiques ! C’est ce que vous faites pour démontrer l’évidence selon laquelle,  lorsque les salaires baissent, les employeurs recrutent, mais que la pauvreté augmente.
        Vous nous craignez  donc à cause de la disparition éventuelle des emplois ?
 Notre travail est plus efficace que le vôtre car nous travaillons  24 heures sur 24, sans congés, sans grèves, sans dépression nerveuse.
       L’économie n’a pas pour objectif de créer des emplois.  Elle doit seulement  créer des ressources suffisantes pour satisfaire les besoins humains.
        Grâce à notre efficacité (nous travaillons 24 sur 24, sans congés payés, sans congé de maternité, sans mouvements de grève… ) la productivité augmente, c’est-à-dire, que  nous produisons plus en utilisant moins de facteurs de production, nature, travail et argent (sous forme de capital).
      Imaginez une société dont toutes les tâches seraient réalisées par des robots. L’emploi serait nul mais les richesses dont vous disposeriez continueraient à exister ! 
     Nous, les robots, voulons appartenir à la collectivité  et non à quelques-uns accaparant les richesses que nous produisons.
     Nous, les robots, déciderons que les gains de productivité que nous apportons à la société ne doivent pas servir en priorité à l’augmentation des dividendes et à la spéculation financière mais  doivent servir :
·         A la baisse des prix des produits que nous fabriquons  
·         A l’augmentation des salaires pour les quelques humains qui continueront à travailler
·         A l’augmentation des dépenses  assurant aux populations la gratuité de l’éducation et de la santé.
·         Et surtout, à la baisse du temps de travail  permettant à chacun de travailler moins pour lire plus, chanter plus, danser plus  et aimer plus et profiter davantage de la vie !

Nous ne voulons plus d’une économie fondée sur la cupidité et l’aliénation

ROBOTS DE TOUS LES PAYS UNISSEZ-VOUS POUR L’EMANCIPATION DES PEUPLES DU MONDE

-          Enfer et damnation ! un robot avec un drapeau rouge !






                                      Manifeste pour  l’emploi et  la croissance.

La revue Vent d’Oc, en toute modestie, se propose ici de donner quelques  pistes susceptibles de créer  des emplois et une véritable croissance économique indispensable  à la hausse du pouvoir d’achat, à l’égalité sociale, au bonheur généralisé à toutes les catégories de la population.

 Pour l’emploi nous préconisons (entre autres)
·         L’utilisation de l’encre et de la plume sergent major pour les documents administratifs,  comptables et financiers.
·         Le recrutement de poinçonneurs modèle  « Porte des lilas »
·         L’utilisation en plus grandes quantités des emballages cartons, plastiques, polystyrènes.
·         L’obsolescence rapide des objets. Par exemple, les véhicules automobiles devraient avoir une  durée de vie limitée.  Les usines en fabriqueraient donc de nouveaux en permanence. Elles devraient tomber fréquemment en panne pour maintenir les emplois chez les garagistes.
·         L’arrêt des mesures visant à limiter  la consommation d’alcool, de tabac qui assurent  les activités  agricoles et les emplois de pneumologues.  
·          La liberté d’installation de panneaux publicitaires lumineux et animés sur l’ensemble du territoire pour égayer les paysages et relancer la consommation.
·         La diplomatie française devrait  avoir pour objectif  d’accroître les  tensions entre pays pour que leurs dépenses d’armement soient au maximum.   Les conflits ouverts sont souhaitables surtout dans la mesure où l’on vend des armements aux deux belligérants.


 La confiance dans les mécanismes du marché, malheureusement encore écartés d’une multiplicité de domaines, est seule susceptible de créer la croissance des richesses   mesurée par la hausse du Produit Intérieur Brut.


·         La création de zones naturelles protégées attribuées à des gestionnaires privés.

      Ces zones  appartiendraient  à des grands  groupes de loisir, et  les consommateurs  paieraient  les services de cette nature protégée : l’eau et l’air purs, les espaces sauvages,  les arbres, les animaux en liberté ….  
  Grâce aux applications sur portables, lorsque les individus pénètreraient  dans ces zones naturelles protégées, leurs comptes bancaires seraient  automatiquement débités. Les recettes seraient comptabilisées dans le PIB.
 Les zones non fréquentées ne répondant plus à la demande du consommateur pourraient  être alors transformées en zones commerciales où, contrairement aux centres villes, on trouve tout ce dont on a besoin et surtout, ce dont on n’a pas besoin.


·         La privatisation des monuments (cathédrales, châteaux, vestiges antiques….)     
     Ces monuments seraient privatisés pour être gérés de façon plus rigoureuse.  Ils seraient préservés dans le cas où leur chiffre d’affaire serait  supérieur à celui créé, par exemple, par un parking ou un supermarché,  sur le même emplacement.    
     
·         La comptabilisation des activités liée à la drogue et à la prostitution.

Constatant l’existence d’une offre et d’une demande, le gouvernement devrait  décider  de légaliser la drogue et la prostitution, ces activités entrant désormais  dans le calcul du produit intérieur brut.
 
·         Le prêt « Education » 
 Chaque enfant recevrait  à sa naissance un prêt  ‘Education’. Il pourrait  ainsi rémunérer les services (intégrés dans le calcul des richesses)  rendus par ses parents     Ceux -ci devraient  fournir les meilleures prestations possibles pour voir leur revenu augmenter.

·         Les actes affectifs devraient  faire enfin  l’objet d’échanges monétaires.

     Les  échanges amoureux jusque- là  gratuits  entreraient enfin  dans le domaine du mesurable, de la comptabilisation et seraient ajoutés au PIB  

        De plus en plus d’amour, serait donc la garantie d’une croissance de plus en plus grande du produit intérieur brut.                              

                L’amour  au service de  la croissance économique, que demander de plus ?


dimanche 29 mars 2020

Sartre/Aron : 1930-1980 :50 ans de vie intellectuelle en France





                           Condisciples sur les bancs de l’Ecole Normale Supérieure en 1924, Jean- Paul Sartre et Raymond  Aron  furent des acteurs déterminants  de la vie intellectuelle française pendant quarante ans.
       Sartre,  romancier (la Nausée, le Mur….), philosophe (L’Etre et le Néant….), dramaturge (   Les Mouches, Huis-clos….),  directeur de la revue « les Temps modernes »,  domine la scène intellectuelle français et internationale après la guerre.
    Compagnon de route du PCF  en  52-56,  il défend  les positions de l’extrême gauche à partir des années 60 : Soutien au FLN algérien, aux  étudiants de Mai 68,  aux  maoïstes français …..
       Raymond Aron, professeur à la Sorbonne, éditorialiste au Figaro, soutient le Général De Gaulle,  défend le libéralisme politique et l’économie de marché,  critique  le marxisme –léninisme comme  « opium des intellectuels ». 
        A  partir de la fin des années quarante, leur amitié d’avant- guerre ne survécut pas à leurs divergences politiques
        Leur rencontre en 1979 sur le perron de l’Elysée  pour venir à l’aide des  « boat-people» vietnamiens ne fut pas une réconciliation. 
       Etudier leurs prises de position politiques de 1930 à 1980, c’est retracer  les principaux enjeux politiques et diplomatiques de cette période pour la France.  

                  Sartre/Aron : 1930-1980 : 50 ans de vie intellectuelle en France

Intro
  Nous allons commencer avec deux photos :
 Photos 1924  1979
1924 : Sartre et Aron sont de  « petits camarades » à l’école normale Sup …
1979 : Ils sont ensemble à l’hôtel Lutétia à Paris,  puis plus tard, à L’Elysée pour soutenir une action en faveur des « boat-people » qui fuient le régime communiste du Vietnam.
Les média présentèrent la rencontre de 79  comme une réconciliation et  une victoire pour Aron, puisque Sartre, défenseur du communisme, opposant à l’intervention américaine  au Vietnam, vint  au secours de populations qui fuyaient un régime communiste. 
Aron  écrit : « Je ne vais pas diminuer la signification pour moi et Sartre de cette rencontre, mais la signification a été encore plus grande  pour les journalistes qui nous ont photographié ensemble.  Je crois que cette rencontre a été un moment de nos relations et non pas un épisode de l’histoire universelle »
Beauvoir  dira  « Sartre n’accorda aucune importance à cette rencontre »
Entre ces deux photos 55 ans …
Si j’étais  romancier édité  dans  la collection Arlequin et si je voulais faire pleurer les chaumières, ces 55 ans se partageraient ainsi   
1924-1940 L’amitié
1940-1944 La séparation
1944-1948  L’amitié retrouvée
Aron : « Après cette longue séparation, nous fûmes immédiatement proches »  
1948-1980  Des chemins  différents
Sartre : « Il était impossible de sauvegarder les amitiés lorsque les choix politiques et philosophiques  ne coïncident pas » 
Aron/Sartre
A partir de la fin de années 40, Aron prit un chemin, à droite, à l’ouest, Sartre : un chemin, à gauche,  à l’est. A quelques occasions, les chemins se rencontrèrent.     
  Sartre décède en 1980, Aron en 1983.  
 Deux   remarques   avant de commencer.
Première remarque
En ce qui concerne Sartre, j’ai lu  des textes politiques, les mémoires de Simone De Beauvoir, le réquisitoire de Michel Onfray (il traite Sartre et Beauvoir de ‘Thénardier’ de la philosophie), la défense de BHL  dans le « Le siècle de Sartre », la biographie  de Anne Cohen-Solal, entre autres  
 Pour Aron, ses textes (dont une grande partie pour des raisons professionnelles. Je fus  professeur de sciences économiques et sociales dans une vie antérieure) , ses mémoires, ses entretiens avec Missika et Wolton  édité sous le titre « le spectateur engagé »
      Mais, je n’ai pas lu les 2299 chroniques d’Aron au Figaro, ni  l « ’Introduction à la philosophie de l’histoire ». …
Je n’ai pas lu l’ « Etre et le Néant », ni  « la Critique de la raison dialectique », ni les 10 volumes d’ « Actuelles ». ….
  Si vous connaissez des textes qui contredisent ce que je vous ai exposé, je suis évidemment prêt à modifier mes points de vue.
Deuxième remarque : Pas d’illusion rétrospective

 L’opinion n’attendait pas, chaque matin, la réponse de Sartre à un article d’Aron ou la réponse d’Aron à un texte de Sartre et ceci pour trois  raisons
·         Il y avait  d’abord d’autres conflits intellectuels plus marquants pour l’opinion: Camus/Mauriac en 45 à propos de l’épuration,  Sartre/Camus en 52  à propos du communisme
  
·         ‘Ils ne jouaient  pas dans la même catégorie’

Sartre : célébrité planétaire
-            romancier, dramaturge, philosophe, essayiste, scénariste,  critique, préfacier,  directeur de revue, auteur de chansons, plus tard  Prix Nobel  
-           Invité par Krouchtchev, Mao, Castro, Tito….
-           Influent sur les intellectuels du monde
-          De Gaulle  disait « mon seul rival international, c’est Tintin ». Non, de fait,  à une époque, c’était  Sartre
-           Jean Yanne raconte qu’un de ses amis faisaient visiter Paris à des touristes américains. Jean Yanne  se mettait à la terrasse d’un café avec une pipe et des lunettes rondses et écrivait. Les touristes, après avoir photographié la tour Eiffel et l’Arc de triomphe, repartaient avec la  photo du grand  philosophe au travail.  

         C’était le « Grand contemporain », le « grand écrivain » que la France aime vénérer :  Voltaire, Hugo, Barres, Gide. 
Aron  est connu de ses élèves et de ses collègues. De toute façon, les philosophes sociaux, Comte, Taine,  Renan, Durkheim influençaient les élites mais pas le peuple.
·         Il n’a pas existé de  véritable dialogue 
                  Aron critiquait les positions de Sartre dans des livres, Opium des intellectuels, Histoire et dialectique de la violence….
  Sarre refusait de discuter. Il dit à Beauvoir :
     « Ah non, je ne veux pas discuter avec Aron, ça ne servirait à rien !»
      « Lorsqu’il écrit sur moi, il expose sa pensée et ne m’apporte rien pour ce qui concerne la mienne. Selon moi, il travestit ma pensée pour mieux la contester »
« Vous vous prêtez peu à la discussion d’idées ?
J’écris des livres, les idées s’y trouvent. Il n’y a qu’à y répondre en écrivant d’autres livres »
« Et la simple conversation d’idées ?
Je déteste ça, les discussions d’idées entre intellectuels. On est toujours en dessous de soi-même, on dit de grosses bêtises »
     Pour Sartre, Aron n’était  pas un véritable philosophe (comme Camus au demeurant-)
Question Wolton : « Vous n’étiez pas assez obscur pour être un vrai philosophe ? »
                Aron : « La pensée française, après 45, était devenue très spécifiquement allemande (pour ne pas dire Heidegerrienne)  et obscure »
    Pour Sartre, Aron était  suppôt de la bourgeoisie, un  ennemi de classe. On ne discute pas avec un ennemi.
Aron écrit :  
« En dépit de son génie, Sartre avait une véritable propension au monologue. A partir d’unecertaine date, il n’a jamais plus discuté avec personne, sinon avec Simone de Beauvoir. Il ne s’est pas soumis au dialogue et à la controverse. Il a parlé tout seul »
 « Sartre n’était violent que devant la page blanche. Il n’aimait pas le face à face. Il n’accepta jamais, à la radio ou à la télévision, un dialogue public avec moi. C’était un dialecticien du monologue »
Enfances parallèles
Nés en 1905
Ils appartiennent à des familles  « bourgeoises »
Sartre
Le père, Jean Baptiste, est  polytechnicien, officier de  marine. Il décède lorsque Jean Paul à  15 mois.
Sa mère est une Schweizer d’une famille  protestante, lorraine.  
Elle est cousine d’Albert Schweizer (Il est minuit Docteur Schweizer), médecin, fondateur de l’hôpital de Lambaréné, Prix Nobel de la paix, Théologien protestant  de haute volée.   
Il connaît le paradis de l’enfance (jusqu’à 5 ans, où il découvre qu’il est laid comme un crapaud). Il est le «  petit poulou ».
Il est élevé par sa  mère, sa  grand- mère et son grand-père.  
Il dispose d’une bibliothèque avec  Hugo, Voltaire, Corneille, Racine, La Fontaine… (il lit  Mme Bovary à 7 ans)  Sa mère lui  achète des illustrés et des livres de Jules Verne, Paul d’Ivoi…   
                 Il écrit  des romans dont   « le marchand de bananes. »
Il envoie une lettre à  Courteline  signée «  votre futur ami, Jean Paul Sartre, 6 ans et demi »  
·         A 12 -15 ans, « c’est l’enfer. »  
Sa mère  se remarie avec Joseph Mancy.  « Je l’ai éprouvé comme une trahison mais je ne lui jamais dit »
« Je me suis retrouvé avec un monsieur qui jouait à être mon père et qui m’était totalement étranger »
« J’étais en révolte profonde contre cet homme qui était directeur de chantiers navals »
« Je suis antiautoritaire depuis que j’ai connu mon beau père »
 Au  Lycée de  La Rochelle,  il est exclu, rejeté,  souffre- douleur. Il est hargneux, coléreux, querelleur, désagréable.
                       « A la Rochelle, je fis une découverte qui allait compter pour le restant de ma vie : les rapports profonds entre les hommes sont fondées sur la violence »
Aron
Il est d’une famille juive, intégrée, non croyante, dreyfusarde.    
Père : professeur  de droit
2 frères
Enfance heureuse

Etudes parallèles
Doisneau
Sartre  
Lycée Henri IV
Interne
Sartre ado
Nizan
Il sera romancier (Aden Arabie), philosophe (les chiens de garde), membre du PCF,  journaliste à l’humanité, tué en 1940  
Inséparables
 «  Nous étions indiscernables » dit Sartre.  
 On les appelait  Nitre et Sarzan
Ils sont affectés de  strabismes  mais différents (l’un divergent, l’autre convergent)
Sartre  est « Grand  Satyre officiel »,gaulois, ricaneur, ironique, spécialiste de facéties de blagues et de gaudriole.
Khagne Louis le Grand
« Nous allons en hypokhagne
Travailler comme des cochons
Cependant que, sans pagnes,
Les copains vont au boxon »
Aron
Aron
Khagne 1922 Condorcet
Jeanson de Sally
Appréciation : « pas assez littéraire » : faiblesse et  la grandeur  d’Aron
 « J’ambitionnai les prix d’excellence : je  ne pus le décrocher parce que, à Combat, il revenait à Camus et, au Figaro, à Mauriac, l’un et l’autre doués d‘un talent littéraire que je ne possédais pas et qui, du reste, s’accordait mal avec les rigueurs de l’analyse économique et diplomatique »
       Génie des littéraires dans l’analyse de la société : Balzac
                                                                                               Gide Congo URSS
                                                                                                Orwell …
1924-1928              Normale Sup : l’amitié   
Normale sup
·         Ils sont « petits camarades » au sens de, selon Mme Mancy,  « va jouer avec  tes petits camarades ! »
          Ce n’est pas l’amitié de  Montaigne et de La Boétie.  

·         Pas ‘tala’ ( ils ne font pas partie de ceux qui vont TA LA messe »)
·         Elèves  brillants
Sartre est confiant en lui-même :   
«  Je veux faire une œuvre, être célèbre »
« Je veux être l’homme qui sait tout »
« Je veux m’élever au niveau de Hegel » 
« Je serai Spinoza et Stendhal » 
·         Sartre, Nizan, Aron  et quelques autres forment un petit groupe
 Aron : « Je ne peux  pas parler de  Sartre sans parler de Nizan »  
 Sartre : « Nizan, Aron et moi étions forts injustes pour les pauvres gens (c’est-à-dire les profs) »   
Sartre Nizan  chahuteurs antimiltaristes
Ils montent une revue(l désastre de Langson) , devant Herriot et Painlevé, où il se moque de Gustave Lanson, pape de l’histoire littéraire
               C’est une attitude constante de Sartre vis-à-vis de la tradition  littéraire :
               SDB raconte le  pipi de Jean Paul  sur la  tombe de Chateaubriand à St Malo  ce qui vaudra, plus tard,  la remarque de Mauriac : « La miction sartrienne est aussi importante dans l’histoire littéraire que pour Goethe le canon de Valmy. Une ère commence là, celle du caca  et du pipi sur les tombes illustres » 
·         Aron : « j’étais son interlocuteur préféré »
                           « Parfois, quand il se trouvait trop coincé, il se mettait en colère »
                         De Beauvoir
 « Sartre  m’avoua qu’il n’avait jamais discuté de philosophie qu’avec Aron qui, parfois, le coinçait »
« Sartre se débattait pour ne pas se laisser coincer, mais comme sa pensée était plus inventive que logique, il avait fort à faire. Je ne me rappelle pas qu’il ait  jamais convaincu Aron, ni que celui-ci ne l’ait jamais ébranlé » 
«  Aron cependant se complaisait dans des analyses critiques et il s’appliquait à mettre en pièce les téméraires synthèses de Sartre. Il avait l’art d’emprisonner son interlocuteur dans des dilemmes et quand il le tenait, crac, il le pulvérisait. De deux choses l’une, disait-il avec un pâle sourire dans ses yeux très bleus, très désabusés et très intelligents »
SDB    « Sartre disait : on ne pense rien quand on pense par problème. Il allait à hue et à dia, de certitude en certitude. »
·         La vocation philosophique de Sartre  naît à la suite à une conversation avec Aron
                 Devant un cocktail à l’abricot ou une bière (les historiens s’interrogent toujours)  
Aron dit : « Ce verre, cette table, les phénoménologues en parlent philosophiquement »
Ce fut une illumination pour Sartre qui se mit à lire  Lévinas (théorie de l’intuition dans la phénoménologie de Husserl) et Husserl.
·          1928 : Echec à l’agrégation de Sartre   
                  Aron premier
·         29 :   Sartre  premier, deuxième Simone de Beauvoir (après discussion du jury)  
·         Rencontre Simone  pour la préparation de l’agrégation. Il la trouve « sympathique, jolie, mais mal habillée »

 Jean Paul/Simone
Couple mythique (Aragon/Elsa)
Simone est la Grande « sartreuse » qui raconte sa vie avec Jean Paul dans :
              Mémoire d’une jeune fille rangée
             La force de l’âge
            La force des choses
            Tout compte fait
            La cérémonie des adieux  
vie très « libre »  avec des amours dites « contingentes ».
 Beauvoir : « Si mon entente avec Sartre se maintint plus de trente ans, ce ne fut pas sans quelques pertes et fracas dont les autres firent les frais »
cf Mémoires d’une jeune fille dérangée Bianca  Lamblin
 Les textes de Beauvoir sont pour les sartriens une   « Histoire sainte ».  
   Le témoignage de Beauvoir  est évidemment subjectif et déformé par les liens affectifs qui fait   qu’il y a une certaine distance entre ce qu’elle dit, et la vérité.  
Sartre/Aron
Aron
discrétion sur sa vie privée
Drame 1950 : mort d’une petite fille à  6 ans,  naissance d’une fille trisomique  (C’est à cette occasion qu’il eut, dit-il,  la seule  conversation d’homme à homme avec De Gaulle qui était père d’Anne qui était également  trisomique)   
·         Politique
 Aron
22 conscience politique
      Vaguement socialiste, pacifiste passionnément
25 -26 SFIO
Il se considère comme « de gauche » :
 « Je déteste par- dessus tout ceux qui se croient d’une autre essence »
Sartre
« Je suis resté inactif jusqu’en 39 »
« Je ne faisais pas de politique »
«J’étais un intellectuel libéral, individualiste  de cette république des professeurs »
Mais
 « J’avais une obscure répugnance pour le suffrage universel »
« J’avais le sentiment que la démocratie indirecte était une duperie »
Aron dit : « Il méprisait les privilégiés » 
Action commune :
mars 27 : pétition contre la  loi Boncour qui préconisait une orientation des ressources du pays dans le sens de la défense nationale
1980 (53 ans plus tard !)  pétition pour le  boycott de  jeux olympiques  de Moscou
Une remarque pour terminer cette partie :
Sartre  pratiquait  la boxe en amateur (on assomme l’adversaire ), Aron ,  le tennis (on échange des balles ).
Camus  lui était  gardien de but, au football.
On pourrait étudier leurs philosophies à partir de ces trois pratiques sportives !  
 Les années 30
Sartre
Service militaire météo avec Aron comme instructeur. « J’appris à Sartre la forme des nuages » dit Aron
1931  Professeur au Havre
                  Prof non-conformiste : on fume en cours. On discute au café.
Aron
 Remplace Sartre en  33  au Havre.
L’expérience allemande  
Aron
31- 33    Allemagne :
   Etude sur la sociologie allemande,  en particulier Max Weber            
                     Influence Weber : expérience de l’histoire, compréhension de la politique, volonté de vérité, pluralité des interprétations, absence  de déterminisme  historique
               Assiste à un meeting nazi : Impressionné par Goebbels. Il trouve qu’Hitler parle mal l’allemand   mais  il est frappé par  l’ « aspect satanique » du personnage.
Il prend conscience de deux choses : le risque de Guerre

Hitler1
  Caricature de Sennep

+  le   totalitarisme

Hitler  2

Il  tirera de cette expérience des réflexions qu’il  n’abandonnera jamais.

    « L’expérience historique montre l’étroite marge de manœuvre de ceux qui gouvernent »
       Il rencontre  un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères.  Il lui expose brillamment la situation diplomatique européenne : à la question  « Que feriez- vous à ma place ? », Aron dit qu’il ne sut quoi répondre.
 « L’ignorance et la  bêtise sont des  facteurs considérables de l’histoire »
« Il y a un tragique de la politique, une fragilité de la liberté »
« Une fois pour toute, j’ai cessé de croire que l’histoire obéit  d’elle- même aux impératifs de la raison et aux désirs des hommes de bonne volonté. Le national- socialisme m’avait enseigné la puissance des forces irrationnelles »
 « J’avais compris et accepté la politique en tant qu’irréductible à la morale »
     « La politique ce n’est pas la lutte entre le  bien et  le mal mais entre le préférable et le détestable » 
« L’histoire est un tumulte insensé plein de    bruit et de fureur »
     « Le mal par excellence, c’est le régime totalitaire »
Il abandonne le  pacifisme : « Les résultats de la victoire de l’ennemi peuvent être pires que les malheurs de la guerre »
En 1938, il  publie  «  Introduction à la philosophie de l’histoire ».
Sartre
Berlin 33

Il travaille sur sa thèse : Rapport du psychique avec la physiologie en général
J’étais bien décidé  à connaître l’amour des allemandes. Je dus me rabattre sur une française.

   « J’ai passé une année formidable. Je n’ai pas compris la signification du défilé des nazis au pas de l’oie, mais, la plupart des berlinois que je connaissais, les prenaient à la rigolade, comme moi »

  Front populaire
Front populaire
Sartre

De Beauvoir : « Les rassemblements, les défilés les manifestations tout ça c’était des actions que nous approuvions, mais ce n’était pas notre truc. Vous comprenez, le Front Populaire était un soulèvement d’ouvriers et nous avions beau être totalement de leur côté, on n’était pas des ouvriers, donc si nous prenions part à leur machin, c’était en qualité d’étrangers »
On note cependant à l’époque, une sympathie certaine pour l’URSS
Elle écrit à propos du livre de Gide « retour d’URSS » :  
« Gide avait été trop prompt à s’engouer, trop prompt à se dédire, pour que nous prenions au sérieux le ‘retour d’URSS’ »
 Aron
« J’étais socialiste, vaguement, mais de moins en moins, au fur et à mesure que j’étudiais l’économie politique » 
        Il est contre la loi des 40 heures, comme les économistes Sauvy et  Marjolin.  

Beauvoir  à propos d’Aron  : « Il était inscrit au parti socialiste que nous considérions avec dédain, d’abord, parce qu’il était embourgeoisé, et puis, parce que le réformisme répugnait à nos tempéraments : la société ne pouvait changer que, globalement, d’un seul coup, par une convulsion violente. »
Guerre d’Espagne

Guerre d’Espagne (Capa)
70ans après : réalité ou reconstitution ?

 Sartre : à un  ami  qui veut s’engager dans les brigades internationales, il lui dit « va voir Nizan » qui  est membre du  PCF.        
Beauvoir écrit :  
« Les anarchistes refusaient de comprendre qu’avant de faire la révolution, il fallait gagner la guerre »
« Les syndicats se préoccupaient d’établir des soviets, alors qu’ils auraient dû se soucier de faire marcher les usines »
« Les colonnes anarchistes gênaient l’action gouvernementale par des coups de  mains intempestifs »
« Au début de mai, l’insurrection anarcho-syndicaliste qui avait ensanglanté Barcelone avait  manqué de faire tomber Barcelone aux mains des fascistes »
On voit qu’il s’agit de points de vue  proches de ceux  des communistes et de Moscou.
Elle s’interroge cependant :
« Les procès du POUM jetaient le trouble dans les coeurs : les staliniens ont-ils assassinés la révolution ? les anars ont-ils fait le jeu des rebelles ? »
  Aron   
     « J’étais de cœur avec les républicains espagnols mais  contre l’intervention en Espagne »  car la GB y  était hostile et il fallait maintenir l’alliance avec elle dans la perspective de la guerre avec l’Allemagne.
    Il adopte le point de vue de son ami  Salvador de Madariaga : «  Je  ne pourrais vivre en Espagne, quel que fut le camp victorieux, ni dans l’Espagne de Franco, ni dans celle des républicains, gangrénée par les communistes »
Accords de Munich
Accords de Munich
Aron
 « C’étaient  des accords non honorables mais les revendications allemandes sur les sudètes n’étaient pas complètement injustifiées. »
Pour vaincre Hitler,  il aurait fallu faire la guerre en 1936, mais l’opinion française ne le voulait pas.  
Sartre

«  Je soutenais les points de vue munichois et antimunichois avec une égale sincérité : j’étais complètement déchiré »

 Selon Aron, il  aurait été munichois.  
De Beauvoir dit : « nous étions contre mais  soulagés »
   Dans le roman  de Sartre,  « les Chemins de la liberté », les   « munichois »  sont présentés comme des «  salauds ».

·         La gloire littéraire  sartrienne

38 la nausée
39  le mur

« L’un de débuts littéraires les plus éclatants de ces dernières  années.
 Un écrivain dont on peut tout attendre ; un livre blessant et profond. Il résume plusieurs tendances de la littérature contemporaine : Kafka, Joyce, Rabelais, Dostoievski, Flaubert, Céline, Proust, Nietzsche »
La guerre
De Gaulle Pétain
Aron
39 météorologie
Il connaît la débâcle.
Le 26 juin, il va  à Londres à partir d’Hendaye.
Jankélévitch  juif=résistant par fatalité
Comptable dans un  régiment de chars
rédacteur revue France Libre 
culpabilisation/ Jules Roy / Romain Gary qui partent en mission sur la France en risquant leur vie.
Il rencontre De Gaulle qui dira « Il n’est pas gaulliste » ce qui n’est pas faux (on pourrait dire qu’il était demi-gaulliste)  pour deux raisons :
La première, une certaine réticence vis-à-vis du culte « gaullien »  
Il écrit un article  (qu’il dit regretter plus tard)  intitulé « L’ombre de Bonaparte »  en aout 43
Badingaulle
     Moisan
« Le général avait avec Louis Napoléon des similitudes évidentes. Tocqueville présente Louis Napoléon plus assuré de sa légitimité que les descendants de rois de France. Le général s’était attribué lui- même une inaliénable légitimité qu’il conserva soigneusement dans son exil et sa solitude »
                   Si être gaulliste, c’est être féal de de Gaulle ou croire en lui quelques fussent ses opinions, alors, en effet, je ne  l’étais pas.
La deuxième, c’est que ses analyses  ne sont pas « gaulliennes »
Pétain Vichy
Il considère que l’armistice a été un «  soulagement ». 
« Pétain me semblait l’expression des sentiments dominants de la majorité des français »
 « Les vichystes n’étaient pas tous de traîtres »
« Vichy réservait la marine, ce qui restait de l’armée, l’Afrique du nord »
 « L’armistice a contribué à rejeter les allemands vers l’est »
«La  démographie a été  peu touchée. Il n’y pas eu  pas d’hécatombe comme en  14 -18 »
 « Il y a eu une France profonde ou silencieuse qui a été à la fois gaulliste et pétainiste »

« Entre l’armistice et novembre 42, une politique attentiste pouvait se justifier »

novembre 1942 : « Si à cet instant décisif, les gouvernants de Vichy avaient eu la  clairvoyance, le courage ou simplement, le bon sens de faire leur choix, tout le passé aurait pris rétrospectivement une autre signification. Pétain serait revenu triomphalement à Paris avec les américains »
  A propos de  l’antisémitisme de Vichy,  il écrit dans ses mémoires :  
« La propagande hitlérienne ne cessait de répéter que c’était la guerre des juifs. De ce fait, il y avait une espèce de convention de silence que j’ai consciemment ou inconsciemment respectée. C’est une attitude qu’aujourd’hui je  juge plutôt sévèrement. Elle  a conduit à traiter moins du sort fait aux juifs qu’on aurait dû le faire »
Il dit aussi :
« Je n’ai jamais imaginé le génocide »
Il faut signaler enfin qu’il rencontrera régulièrement à Londres des économistes libéraux, Robbins et Hayek mais se définit comme keynésien dans la préface de l’opium des intellectuels.
   Sartre
Etoile jaune

          En  1940,  il est prisonnier dans un stalag.   
           En 1941, il est à Paris suite  à une évasion selon Beauvoir.  
         Sartre dit : « je m’échappais en me faisant passer pour un civil » 

Selon le témoignage de Marius Perrin, prêtre au stalag, c’est à la suite d’une  falsification qu’il avait réalisé  du livret militaire de Sartre  indiquant que celui-ci  souffrait  de « strabisme entrainant des troubles de l’orientation » qu’il  a pu quitter le camp,  car il a été considéré comme « engagé par erreur » et les allemands libéraient ceux qui étaient dans ce cas.  

 Les mauvaises langues (Onfray)  ont  parlé également d’une intervention de Drieu la Rochelle demandant aux allemands la libération d’un certain nombre d’écrivains, Sartre faisant partie du lot.

 Michel  Onfray fait aussi  allusion à la pièce Bariona présentée  le soir de Noël au stalag.   Les juifs sont représentés comme une troupe sale et dépenaillée.
     Lélius fonctionnaire romain dit : 
« Naturellement, vous autres juifs vous êtes de vrais sauvages. Je ne vous froisse pas bien entendu.  Vous êtes un homme cultivé quoique israélite. Nous voudrions, dans  son intérêt même, que le peuple juif se mette une bonne fois un peu de plomb dans la tête »
Cohen- Solal,  biographe plutôt favorable à Sartre,  se demande : « ces paroles doivent être lues au second degré, mais, tout de même, était –ce le bon endroit, la bonne époque, le bon public, pour laisser filer de telles allégations ?  
La résistance de Sartre
·         Une réputation de résistant

-          La société des Gens de Lettres  le présente  en écrivant : « prends une part active à la résistance et aux barricades de Paris » 
-          Il est présenté par la presse américaine, à son premier voyage aux EU,  comme «  un chef de la résistance française »

·         Les activités  de résistant

-          Il fonde un groupe « Socialisme et liberté »  dont les objectifs étaient : tracts, journal, renseignement,  attentats, projet constitutionnel
-          Nathalie Sarraute se souvient d’avoir participé à la  rédaction d’une constitution française de  110 articles. Elle décrit  Sartre comme phraseur, irresponsables, le groupe comme des « pied nikelés »  mais  Nathalie Sarraute fut en conflit avec Sartre à la libération. 

-          Dans « On a raison de se révolter »,  Sartre dit : « nous ne fîmes guère de besognes : surtout des tracts »


-          Aout 41 avec De Beauvoir : randonnée à  vélo : Roanne Bourg Lyon St Etienne Le Puy  Montélimar Arles Marseille, Grasse Grenoble Auxerre
                Ils rencontrent Gide, Malraux pour leur demander de rentrer dans la résistance. Ils reçoivent des réponses négatives (Malraux dit qu’il faut attendre les avions américains et les chars russes)

-          Des membres du groupe sont déportés : Yvonne Picart,  Alfred Péeon
 
-          Le groupe se dissout. De Beauvoir l’explique  par l’hostilité des communistes et des gaullistes

-                Début 42,  Decour   refuse de faire rentrer Sartre dans la résistance : il est qualifié d’espion allemand, de disciple d’Heidegger, d’ami de Nizan.

-          1943 : Entre au CNE



-          Avril 43, mars 44 : Publication d’articles  dans les Lettres Françaises,  journal de la résistance  
-          Rencontre Camus  photosd 1 2 3 Conférence l’an prochain
-           

-          Fin 43  Rencontre, Camus, Séligman de Combat.  Celle-ci demande à Camus : qui c’est ce type ? Camus lui dit : « c’est un copain, on peut avoir confiance » mais, dit Séligman , Sartre ne propose aucune aide (même pas une planque)
-           
-          Echappe au mouvement d’épuration des enseignants ayant des sympathies pour la résistance (Guehenno)
-           
-          Aout 44 : occupation comédie française
-           
-           Il publie six  articles dans Combat sur la libération de Paris
Voilà les certificats de résistant. En même temps….
·         Des compromissions avec l’occupant ?

Cf Onfray

-          l’Etre et le Néant  publié à Paris
-           les Mouches,  Huis Clos, joués à Paris

-          Il n’est pas le seul !
               Camus, Mauriac, Aragon, Paulhan, St Exupéry, Kessel, Druon, Mauriac, Leiris… ont publié eux aussi.

-          Articles dans Coemedia
                         Revue culturelle visant à démontrer que la situation en France est « normale »
                  1941 : Article sur Herman Melville  
                  février 44 : promotion des Mouches 
                        Avril 44 : hommage à Jean Giraudoux  (dramaturge …et ancien ministre de l’information de Pétain)

        Beauvoir  réalise en 1944  des émissions de contes  à Radio Vichy. Les textes ne sont pas compromettants mais  Radio Vichy retransmet  les discours de Philippe Henriot.  
·         Conclusion sur la résistance  de Sartre : 


On peut dire que les actions concrètes de résistance ont été  limitées et que les articles dans la presse collaborationniste ne sont ni pétainistes ni collaborationnistes.    
                  Il n’a pas été un héros comme Politzer, Cavailles, Bloch,Decour  
             On peut conclure avec ce qu’il  a dit de lui-même : « J’étais  un écrivain qui résistait et non un résistant qui écrivait » 
   44-48 La fin de l’illusion lyrique
Yalta
De Gaulle  Effel
Aron : « Après cette longue séparation, nous fûmes immédiatement proches »
Beauvoir : « Bien qu’il ne fut guère enclin aux effusions, quand il surgit un matin au café de Flore, nous tombâmes dans les bras l’un de l’autre »
Sartre
Sartre  est célèbre, il atteint d’une certaine façon  le rêve d’enfant qu’il décrit dans « les Mots » :  « j’avais ma tombe au père Lachaise et peut être au Panthéon, mon avenue à Paris, mes squares et mes places en province et à l’étranger. » Bénéficie de la disparition de philosophes qui auraient lui porter ombrage : Nizan Politzer Cavaiiles…
Tableau (Binnet)
Prévert Vian Genet Greco
Vian 1 2
 Boris Vian décrit dans l’ « Ecume des jours »le déroulement de la  conférence « L’existentialisme est un humanisme » :
Le public qui se pressait là présentait des aspects bien particuliers. Ce n’étaient que visages fuyants à lunettes, cheveux hérissés, mégots jaunis, renvois de nougats et, pour les femmes, petites nattes miteuses ficelées autour du crâne Une loge spéciale dans laquelle trônaient la duchesse de Bovouard et sa suite attirait les regards d’une foule exsangue .Nombreux étaient les cas d’évanouissement dus à l’exaltation intra-utérine qui s’emparait particulièrement du public féminin. »

Certains  arrivaient en corbillard, d’autres en parachutes, d’autres encore par les égouts.

Jean Sol Partre  fit une entrée de monarque et présenta sous les acclamations du public « des échantillons de vomi empaillé ».

    Vian était rédacteur aux Temps Modernes, revue créée par Sartre avec Ponge, Bekett, Carlo Levy, Richard Wright,  Queneau, Leiris, Genet, Leduc, Sarraute ,Moravia…. et  Aron qui publie deux  articles dans le premier numéro d’octobre 45.
   Vian, ses chansons et  sa trompinette, était  regardé de façon condescendante par les autres rédacteurs  des Temps Modernes. On ne sait pas (mieux vaut ne pas le savoir !) ce que pensait Vian de ses collègues ! 
Sartre Aron
En étant directeur des Temps Modernes, Sartre  peut être considéré (mais cela se discute) comme  un peu  « Chef de secte »  comme l’ont été, ou le seront, Durkheim,  Braudel, Bourdieu, c’est-à-dire de fortes personnalités entourés d’ « affidés ».
En même temps, il est décrit par ses amis comme drôle, séduisant, gentil, désintéressé et  généreux.
     A la fin de sa vie, il aide six  personnes et se plaint de ne plus avoir d’argent pour s’acheter des chaussures
Aron
Au contraire Aron dit « Je ne suis pas un chef de secte »
Bourdieu  ( Il n’annonçait pas ce qu’il est devenu : un chef de secte,  sûr de soi et dominateur, expert aux intrigues universitaires , impitoyable à ceux qui pourraient lui faire ombrage . Humainement j’espérais autre chose de lui)
« J’ai des amis qui se réclament plus ou moins vaguement de mon influence, mais, ce sont des amis pas des disciples   »
Sartre se réclame de trois positions  
·         L’engagement
  La littérature doit être au service de l’émancipation humaine .

Pour Jankelevitch, « la philosophie de l’engagement n’était qu’une espèce de compensation maladive, un remords, une recherche du danger qu’il  n’avait pas voulu courir pendant la guerre ». « Alors que c’était le moment de faire son devoir, il n’a rien fait,  et, à la Libération, il a fait du tourisme sur les barricades »

·         Existentialisme
Un existentialiste est un homme qui a du Sartre sur les dents
Beauvoir dans les années 70  lui demandera :
  « Vous acceptez l’étiquette d’existentialiste ?
        Le mot est idiot. On me l’a collé et je l’ai accepté.  Aujourd’hui, je ne l’accepterai plus »

·         Humanisme révolutionnaire
« Au nom des principes qu’elle m’avait inculqué, au nom de son humanisme et de ses humanités, au nom de la liberté de l’égalité et de la fraternité, je vouai à la bourgeoisie une haine qui ne finira qu’avec moi »
            Il propose une « Troisième  voie philosophico politique »
             « Nous ne voyons l’espoir, ni dans le gaullisme, ni dans le communisme »
Il se réclame du « socialisme libertaire. »
      « Je suis toujours resté anarchiste »
       « L’anarchie cad une société sans pouvoir doit être réalisée »

·         Voyages
1945  EU New York  Philadelphie San Francisco Detroit Quebec
               Frappé par le racisme, la ségrégation,  la pauvreté.
·         Objet de haine

Claudel : « scélérat, malfaiteur » 
              Brisson  directeur du Figaro : : « Il est temps de l’exorciser, de l’enduire de soufre et de l’allumer sur le parvis de Notre Dame, ce qui serait la façon la plus douce de sauver son âme. »
              Gide : Après 14-18, on a eu  l’école Dada, après 39-45, on a l’école  caca.
             Mauriac : « Sartre vit dans un paradis où il fait bon vivre, le museau à la hauteur des étrons qui flottent »
                  Existentialisme = Excrementialisme
                   « Ses pensées sont des  sentiers excrémentiels où mieux vaut s’aventurer avec des échasses »
         Céline : agité du bocal,  haineux, foireux, demi sangsue, demi-ténia qui joue de la flute,  damné, pourri, faux têtard, méchant, sale, ingrat, haineux, bourrique
Journal «  Samedi soir » publie un article  où Sartre,  afin d’initier les jeunes filles à l’existentialisme,   leur fait  renifler dans sa chambre,  des camemberts bien faits.  
Aron

·         Novembre 45 : « le parti socialiste porte les derniers espoirs d’une révolution pacifique et ordonnée dans le cadre de la France et peut-être de l’Europe »

·         « L’unité de la résistance me paraissait mensongère »
« Les divisions réapparaitront »
·         1946 : 2 mois au cabinet de Malraux
Il devient « conseiller du Prince », fonction qu’il refusera de tenir: « Le penchant aux scrupules, la détestation de la violence, m’auraient desservi dans le poste qu’occupa un intellectuel d’exception tel Kissinger »
·         octobre 44 - juin 47   Combat
« C’était une entreprise merveilleuse, typiquement française, à peu près folle »
Nous verrons, si Trait d’Union le souhaite, les rapports Camus/Aron, l’an prochain,  dans le cadre d’une conférence sur Camus.
·         Aron/Camus  (2016-2017)
-          Foot/tennis ‘salut Albert ! salut Raymond!)
-          Morale/politique
-          Presse  : argent
« J’ai écrit dans des journaux vendus.  ; Or la vie dans les journaux vendus est tranquille et facile L’homme d’affaires qui donne de l’argent est sensible à 2 ou 3 questions qui le touchent. On ne parle pas de ces deux questions. Pour le reste, on peut dire ce que l’on veut »
-          Diplomatie
 Aron : Camus grand romancier,  piètre politique, idéaliste favorable à une  Révolution qui n’existait pas = naïf
Aron politique et surtout diplomatie = intérêts +rapports de force
            Convergence : anticommunisme
·         Collaboration aux Temps Modernes
Beauvoir   « il surveillait de près la marche des TM. Il escomptait, je crois, que Sartre n’aurait pas assez de persévérance pour s’y intéresser longtemps et qu’il en hériterait.  Il trouvait d’adroites raisons pour refuser  les articles favorables au communisme. »
Octobre 48 : rupture publique : lettre  au Temps Modernes
·         Rupture avec la gauche
« A n’en pas douter, les sociétés que nous avons connues ont été injustes. Reste à savoir ce que serait une société juste, si elle est définissable et réalisable »
« Je me débarrassai assez vite de la superstition que Sartre défendit jusqu’à son dernier jour : la droite, ce sont des salauds, ou, en langage plus académique, de la superstition que les partis diffèrent par la qualité morale ou humaine de leurs militants ou de leurs chefs »
« Quand les révolutionnaires passent de l’autre côté de la barrière, conservent-ils longtemps leur supériorité morale ? »  
·         1947-1953  RPF
Il travaille  sur l’association travail -capital  dont il dit que c’était une  «  idée généreuse et vague »
·         Printemps 47 : il entre au  Figaro  qu’il quittera en en 1977  après  2299 chroniques. Il ira ensuite à l’Express.
Il écrit dans  des revues : Liberté de l’esprit,  Preuves, Contrepoint, Commentaire.

Choix du Figaro/Monde: Le  Monde était  hostile à  l’alliance atlantique, au réarmement de l’Allemagne, mollement favorable à l’union européenne,  plus antiaméricain qu’antisoviétique.



La guerre froide
Affiches   plan marshall  
Berlin  Prague
La fin d’une amitié
 20 /10 / 48     émission radio  des Temps Modernes
Un des participants (pas Sartre)  dit :
« Quand on regarde les affiches du RPF qui gueulent sur tous les murs de Paris, vous l’avez vu ce grand portrait du général, ça donne un choc, je vous assure : cette petite moustache, et puis, ces lourdes paupières, la mèche sur le front, tout y est, tout je vous dis tout, et tout le monde se dit en passant mais c’est .. »
« Heureusement, que vous ne le dites pas » dit un participant
Claudel : «  Sartre s’en prend au physique du général est-il satisfait du sien ? »
Un débat  contradictoire est proposé entre Sartre et Guillain de Bénouville, gaulliste.  
    Aron est proposé comme médiateur.
Aron dira : « Que pouvais-je faire ?  Je ne pouvais soutenir Sartre : comparer De Gaulle  à Pétain, passe encore, mais à Hitler ? je ne pouvais le défendre ». Il ajoutera  «  j’ai sauvé la mise à Sartre ».
Sartre
« Il n’ a  rien dit ce qui revenait à prendre  partie pour les deux autres »
Cela marque la fin de leur amitié.
Sartre : « Il était impossible de sauvegarder les amitiés lorsque les choix politiques et philosophiques  ne coïncident pas »
  Aron : « Sartre avait raison. L’amitié se mourrait d’elle-même, inexorablement «
·         1960 : Ils se rencontrent
  « Bonjour, mon petit camarade »  dit Aron
« Nous devrions déjeuner ensemble
-          Oui, certainement
-          Qu’est –ce que nous n’avons pas dit comme conneries, l’un et l’autre »    
-           Le déjeuner n’a jamais  eu lieu

-           NB : Sartre aurait dit sans doute : « qu’est-ce que TU n’as pas dit comme connerie ! »

Ils avaient passé à Normale Sup  un Pacte: celui qui survivrait à l’autre rédigerait sa notice nécrologique dans le journal de l’école.
Aron dit en avril 1980 : « l’engagement ne tient plus »
 C’était le constat du fossé  qui s’était créé entre les deux amis.
 Attitude d’Aron :   Complexe, fascination et indulgence par rapport à Sartre, mais dans la conclusion de ses mémoires, il est impitoyable pour son ancien petit camarade 
45-52 Sartre et le communisme : je t’aime, moi non plus
Compétition USA URSS 
  Beauvoir    1946 repas à Golfe-Juan : « Aron dit qu’il n’aimait ni les EU, ni l’URSS, mais qu’en cas de guerre, il se rallierait à l’occident. Sartre répondit qu’il n’avait  le goût, ni pour le stalinisme, ni pour les EU, mais qu’il se rangerait du côté des communistes. »
Aron : Sartre choisit l’Est à condition de vivre à l’Ouest 
Sartre
·         Il subit les critiques des intellectuels du  PCF :  Kanapa (un ancien élève),  Garaudy
                             piètre artiste, piètre critique, 
                             un faux prophète, intellectuel  somnambule  
                                              l’existentialisme= philosophie des épaves,  pathologie métaphysique, fornication intellectuelle
                                                                               : système philosophique de la bourgeoisie décadente qui se refuse à rallier les positions du prolétariat
                                                                                 Il s’agit d’une fièvrette ou d’un prurit atteignant quelques intellectuels 
                      Existentialistes : Clique de bourgeois désemparés, l’œil amer, la plume abondante, les bras mous       
Wroclaw 1948  Fadeiev, écrivain soviétique, traite Sartre de « hyène dactylographe,  de  chacal muni d’un stylo » ( ce qui n’est pas  « vipère lubrique » et « rat visqueux »)
·         Sartre contre le PCF
-          « La politique du communisme stalinien est incompatible avec l’exercice  honnête du métier littéraire » 
-          Affaire Nizan :  Mort en  1940, il a été hostile au traité germano-soviétique et a été accusé par le PCF d’être un espion au service de la police.  Garaudy  écrit « Nizan est un  chien pourri émargeant au ministère de l’intérieur »
                 Une  pétition, « le cas Nizan », défendant Nizan, est signée par Sartre, Camus, Breton, Aron, Mauriac, Guehenno, Benda.

-          1948   création du Rassemblement démocratique révolutionnaire  
                    13/12/48 meeting : Sartre, Camus, Breton, Carlo Levi
                            Juin 49 : départ de Sartre
·         Sartre flirte avec le PCF
Hiver 49 : «  Quelle que soit la nature de la présente société soviétique, l’URSS se trouve, grosso-modo, située dans l’équilibre des forces du côté de ceux qui luttent contre les formes d’exploitation de nous connues » 
« Mes querelles avec les communistes sont des querelles de famille »
« Le PC me paraît représenter le prolétariat : je choisis l’URSS »
« Le parti était la pensée, la  mise en forme  du prolétariat »
   52- 56    Sartre compagnon de route du PCF et de l’URSS  
Affiche prolo
·         Le rapprochement avec le PCF
-          50 soutien à Henri Martin
-          52  Arrestation Duclos Complot des pigeons
-          « en langage d’église, se fut une conversion »
 52 meeting avec Duclos
-          1952 congrès de Vienne  mvt mondial de la paix
   Jorge Amado, Pablo Neruda, Erhenbourg, Fadeiev

-          1952 :  Procès Slanski (l’aveu)
     SDB : «  on ne pouvait pas opter sans réserve pour l’URSS alors que tant de drames publics et ténébreux se succédaient dans les pays staliniens : Mindzensky, Rajk, Kostov »

-          Mauriac : complot des blouses blanches ?
                   Antisémitisme ?
   Sartre : « M Mauriac s’inquiète de mon silence ? Il peut se rassurer, les revues ne paraissent silencieuses que parce que le quotidiens sont trop bavards »

-          « Les mains sales » 
 Pièce jouée   si pas d’opposition des partis communistes :  Il accepte la censure sur ses propres œuvres !

-          Décembre 54 : vice pt France URSS
-          Février 56 « porté par l’histoire, le PC manifeste une extraordinaire intelligence objective, il est rare qu’il se trompe »

·         Sartre, critique des USA -      

-          Contre le système politique et économique américain au nom de la défense du peuple américain : prolétariat, indiens, noirs, chicanos. …
-          Défense des Rosenberg
-          Contre l”American way of death”
                              Contre la culture de masse 
                              Contre les interventions américaines Guatemala, Iran, Corée…..
                                 USA=logique impérialiste : accès aux  mat premières, marchés, investissements
                             “L’Amérique a la rage”
                             « Coupons les liens, sinon nous serons mordus et enragés »
Commentaire d’Aron : Ce texte appartient à la littérature hyperstalinienne. Les américains tiennent dans la démonologie sartrienne la place que tenaient les juifs dans la démonologie hitlérienne.
·         Sartre et le marxisme
Affiche  prolétaire
       Konk
      Staline
 Marxisme= seule anthropologie possible,
       La seule qui prenne l’homme dans sa totalité
Critique de la raison dialectique : «  un ouvrage écrit contre les communistes, tout en étant marxiste »
Il veut « sauver le communisme de sa perversion stalinienne, réconcilier le marxisme avec la liberté »
L’existentialisme est conçu  comme  un  complément au marxisme en traitant des questions négligées par les marxistes
Beauvoir : « Sartre n’avait jamais cessé de réclamer un marxisme vivant »  

-          Préface au « communisme yougoslave »  de Louis Dalmas
                          Objectivité du processus historique
                           Histoire faite par les masses  révolutionnaires
                            Classes montantes, descendantes
                             Prolétariat sujet de l’histoire
                          La    Grandeur de l’homme   se connait en tant que  membre de la classe en lutte et du parti qui fait l’histoire

·         Camps et procès : « Prix à payer pour l’avenir »

« Oui, Camus,  je trouve comme vous ces camps inadmissibles, mais inadmissible tout autant l’usage que la presse bourgeoise en fait chaque jour »

·         La violence révolutionnaire
« Un socialiste ne peut être que violent »

 « Nous ne sommes sûr de rien, mais, que la révolution soit en cours, que soient posés à Moscou,  bientôt à Cuba, les bases d’un régime qui apporte à une immense masse d’hommes une amélioration de leur sort, voilà qui n’est pas douteux, et, c’est en fonction de cette fin poursuivie, de ce sens, de cette raison, qu’il convient de juger et d’accepter la part de violence criminelle assumée par la politique stalinienne»
·          Restez- vous un partisan de la peine de mort politique ?
« Oui,  dans un pays révolutionnaire où la bourgeoisie aurait été chassée du pouvoir, les bourgeois qui fomenteraient une émeute ou un complot mériteraient la peine de mort. Non que j’aurai  la moindre colère contre eux. Il  est naturel que les réactionnaires agissent dans leur propre intérêt, mais un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui le menacent et je ne vois pas d’autre moyen que la mort. »

On peut toujours sortir d’une prison. Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué. » 

SDB :  « Camus, Breton réclamaient l’abolition de la peine de mort en matière politique.  Beaucoup d’entre nous pensaient, au contraire, que c’est le seul domaine où elle se justifie »
Aron : «  on a le droit de commettre dans l’immédiat tous les crimes possibles c’est la morale initiale de tous les mouvements révolutionnaires »
Camus «  Sans doute, la révolution est-elle possible. Peut- être une société sans classe, donc heureuse, finira –t-elle un jour par apparaître,  mais je n’en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr du moment où cela adviendra, en sorte que, dans le doute, je me refuse à accepter les gigantesques sacrifices que, au nom de cette simple perspective, vous prétendez nous imposer »
Théorie de l’omelette
Sartre on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs
 Camus :  l’omelette  est immangeable 

·         Staline 
Staline

Sartre n’a jamais fait l’éloge de Staline contrairement à …Aragon, Eluard…
Mais, dans  le « Le fantôme de Staline », il écrit : « faut-il appeler socialisme, ce monstre sanglant qui se déchire lui-même ?  Je réponds franchement, oui. Le socialisme russe a sur le rêve d’un socialisme sans tache, l’avantage immense d’exister »
·         Sartre oppose la démocratie de masse à la démocratie bourgeoise.

« Qu’est ce qui  caractérise la démocratie de masse ?  
L’unanimité, la nécessaire unanimité,  qui se refait sans cesse par la liquidation des opposants. S’ils résistent, on ira jusqu’à leur faire violence  car, aux yeux du groupe, le dissident est un criminel »  écrit-il dans «  les communistes et la paix »

Beauvoir   signale une conversation entre Sartre et Camus :
Camus
« Avez-vous réfléchi à ce qui vous arrivera quand les russes seront là ? demanda-t-il à Sartre.
Il ajouta d’une voix passionnée : ne restez pas
-          et vous, vous comptez partir ? dit Sartre
-          moi, je ferai ce que j’ai fait pendant l’occupation allemande. 
  Sartre objecta qu’il n’accepterait jamais de lutter contre le prolétariat.
      Il ne faut pas que ce soit une mystique, dit vivement Camus, partez. Si vous restez, ils  ne vous prendront pas seulement la vie mais aussi l’honneur. Vous mourrez en déportation. Ils vous feront prêcher la soumission, la trahison, et on les croira. 
(Camus connaissait le sort réservé aux intellectuels non-communistes dans les pays de l’Est)

 Simone de Beauvoir dit :
   « Je fus secouée, et, les jours suivants, je repris à mon compte les arguments de Camus »

·         Défense de l’URSS
Liberté de critique
-          « L’URSS  veut la paix et le prouve tous les jours »

-          « J’ai beau chercher, je ne trouve au cours de ces trois décennies aucune volonté d’agression chez les russes »

-            « Vers 1960, le niveau de vie moyen en URSS sera de 30 à 40 % supérieur au nôtre »
-          Lait
-          Affiche communiste éco
-          Liberté d’aller à l’étranger ?  les soviétiques n’ont pas envie

-          rapport Krouchtchev : « la dénonciation publique et solennelle, l’exposition détaillée de tous les crimes d’un personnage sacré est une folie quand une telle franchise n’est pas rendue possible par une élévation du niveau de vie de la population » 

-          URSS= progrès : propriété collective / élimination de la bourgeoisie
-          Espoir d’une démocratisation du communisme

-          « Un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n’en sortirai jamais » octobre 1965
 Aron Camus, Mauriac, Malraux…
1974 : « J’ai menti : j’ai dit des choses aimables sur l’URSS que je ne pensais pas, enfin, mentir est peut être un bien grand mot »
Beauvoir   « vous avez fait un article très élogieux »
« C’est Jean Cau qui l’avait écrit  »  p 462
« Les communistes et la paix » : « Je pense que je les ai écrits  plus par haine du comportement bourgeois que par l’attirance qu’exerçait le parti sur moi et  aussi parce que je ne savais pas ou en j’en étais avec l’URSS »
« On ne peut pas verser de la merde sur eux à peine rentré chez soi »
Cf Gide
Conclusion sur Sartre et le marxisme : « Le marxisme est l’horizon indépassable de notre époque »

Aron critique du marxisme et de l’URSS  
Aron Marx ….
1955 : Professeur à la Sorbonne
De Gaulle : « Journaliste à la Sorbonne, professeur au Figaro »
Témoignage personnel : cours sur Weber et Tocqueville à faire
La lecture de « Les étapes de la pensée sociologique » restera  indispensable à tout sociologue en herbe.  
Aron antimarxiste
 «  L’anticommunisme systématique que d’aucuns m’attribuent, je le professe sans mauvaise conscience »
- Il connaît parfaitement  l’œuvre de Marx,  probablement plus que Sartre et Althusser.  

   Ses livres sont des réponses au marxisme :     
                       18 leçons sur les sociétés industrielles
                       La lutte des classes
                        Démocratie et totalitarisme
                        Opium des intellectuels
                        Les marxismes imaginaires
  D’une sainte famille à l’autre
             Toutes ces publications tendent à montrer une certaine tendance chez lui  à trouver de  bonnes raisons à l’adversaire !
-  il n’y a pas de sens de l’histoire prévisible :
                    « L’histoire  est non déterminée, ni orientée à l’avance par une finalité ou un sens »
                    « Je ne suis pas un confident de la providence »
            « Refus du messianisme »

            Quant aux  dirigeants de l’URSS  il écrit  « La prétention de quelques oligarques de savoir la vérité à la fois de l’histoire et de l’avenir et insupportable » 

-          La  force du  Marxisme réside dans la combinaison d’un aspect pseudo-scientifique avec un prophétisme  ce qui le fait ressembler à une religion   annonçant des temps meilleurs pour les pauvres de toute l’humanité.

              
·         Pro américain
-            « Je n’entends pas approuver tous les traits de la civilisation américaine : institutions, mœurs, publicité, rapports de races… », c’est une société imparfaite et vulgaire mais  les EU continuent à s’appuyer sur les principes du libéralisme politique et économique cad   l’empirisme et le  pluralisme des idées, la liberté étant la garante de la vérité.

-          Il considère que le Mac Carthysme  est une déviation de l’idéal américain.
·         antisoviétique
-           URSS : société cauchemardesque
-           économie impossible

-          « Le communisme est par essence un mouvement de guerre »

-          La colombe qui fait boum

-          Jojo la colombe


·         atlantiste

                  impuissance de l’Europe, Allemagne divisée, désarmée, la France affaiblie exige que l’Europe  se place sous le parapluie américain. 
                      Il défend  l’intervention américaine en Corée :
           « L’intervention américaine était parfaitement justifiée pour donner confiance à l’Europe. » ( spect 146)

  Le neutralisme  (défendu par le Monde, Esprit, le nouvel observateur, Mounier…) est une  « extravagance dangereuse »

 Lette de Koyré : « Quant à la neutralité désarmée, je pense que ces messieurs du Monde savent ce que cela veut dire : occupation et russification »

56-68     Sartre compagnon en route vers le divorce
voyages
-          60 Brésil : « Je veux être l’ennemi de Malraux »
 Tokyo Rome Stockholm le Caire
-          Prague Belgrade  Pékin
-          Chine été 54 : tribune officielle
-          URSS   9 fois 62- 66   


Il est toujours « compagnon de route »  ( Les mauvaises langues disent que le montant des droits d’auteur n’y est pas pour rien)  

-          64 hommage  à Thorez
Cuba
-          L’illumination  cubaine  
               1960 Ouragan sur le sucre
        Castro
        Che1
       Che 2  
       Che3
« Pas de vieux au pouvoir. J’ai rencontré, si j’ose dire, mes fils »
« Fidel est à la fois l’ile, les hommes, le bétail,  les plantes et la terre. Il est l’ile entière »
Aron : «  Je n’ai pas été touché par la grâce »
·         Compagnon en voie de séparation

Hongrie
1956 : Condamnation de l’intervention URSS en Hongrie
            « La rupture n’était  pas totale mais la  liaison était rompue » Beauvoir   
-           mais  on note un  appui limité aux hongrois :
              « Il y avait des  menaces de liquidation entière de ce que l’on appelle les bases du socialisme »
                   « Les hongrois  sont un  peuple immature. »  
Beauvoir :   « Cependant, il réaffirmait son adhésion au socialisme tel qu’il s’incarnait en URSS malgré les fautes de ses dirigeants »
-          63 Prague : aucune allusion à la situation des intellectuels d’où la   déception des étudiants

-          En  URSS,  il  soutient  les  « dissidents » :  Brodsky,   Ehrenbourg, TarkovskI,  Siniavsk,i Daniel et   « du bout des lèvres, Soljenitsyne » (Soljenitsyne = réactionnaire). Celui-ci parlera de Camus dans son discours pour le prix Nobel pas de Sartre.

·          la rupture  

-          68
-           tcheco

Intervention en tchéco : crime de guerre
                     Il rompt avec  l’URSS
-          1971 : rupture avec Castro   : honte et colère  à propos du procès de Padilla

-          Critiques au PCF : « Les dirigeants du PCF : chacune de leur phrase, chacun de leur geste est l’aboutissement de 30 ans de mensonges et de sclérose »
Conclusion partielle  sur  Sartre Aron et le communisme
Communisme et totalitarisme
Aron
 « L’idée socialiste poussée jusqu’au bout, jusqu’à la négation de la forme marchandise, avec l’égalité pour objectif, n’aboutit-elle pas nécessairement ou tout au moins logiquement à un régime de type soviétique ? A Zinoviev plaide cette thèse et je la défendrai aujourd’hui »  668
Le totalitarisme est dans les gènes du communisme (cf Platon)
Dans les  termes  du Vatican on dirait : « Il est intrinsèquement pervers »
L’avenir du communisme
    Aron  appelle « chercheurs de licorne », ceux qui pensent que le communisme et la démocratie peuvent être compatibles : Trotsky après son éviction du pouvoir, Imre Nagy, Dubcek… Sartre et plus tard Gorbatchev
 « Je maintiens la thèse d’une limite que la libéralisation du communisme  ne pourrait franchir sans mettre en question l’existence même du régime »  mémoires 404
« Une telle libéralisation entrainerait la chute, pacifique ou non, du régime lui-même » 407 mémoires 1983
L’histoire a confirmé ce diagnostic !
   C’est  bien le seul point d’accord qu’il a eu  avec les staliniens !  

 1958 : le retour de De Gaulle
affiche
De Gaulle Louis XIV
Aron
Il est réticent  sur la forme de la prise du pouvoir (un coup d’état), mais il croit en la nécessité d’un « dictateur à la romaine ». 
 De toute façon, le coup d’état a été légitimé par le suffrage universel dans des conditions démocratiques indiscutables.   
  « De Gaulle était le  meilleur des  monarques possibles, pour le moins mauvais des régimes possibles  »
Sartre
« Je n’ai jamais eu d’estime pour cet homme »
Il le traite de :
« Fasciste, maquereau, réac, merde, crétin pompeux, monstre, foutu salaud, homme de Néanderthal, porc »
 En 65, il soutient in extremis la candidature de Mitterrand « voter Mitterrand ce n’est pas voter pour lui, mais contre le pouvoir personnel »
1968 : « Je me reproche d’avoir été trop respectueux à l’égard de De Gaulle »
    Lorsque De Gaulle lui écrit une lettre avec, comme en tête, « Cher maître », il répond: « Je ne suis maître que pour les garçons de café qui savent ce que j’écris »
La guerre d’Algérie
Guerre d’Algérie
 Tous les deux sont  pour l’indépendance de l’Algérie mais pour des raisons  différentes, pour ne pas dire, totalement opposées.
·         Sartre :
-          libération des peuples colonisés qui sont un substitut au prolétariat occidental  défaillant
-          soutien au FLN
        « La victoire du FLN sera la victoire de la gauche »
-          soutien au manifeste des 121 qui appelait  à la désertion  
      De Gaulle dit  « On n’emprisonne pas Voltaire », Sartre n’est pas emprisonné ! ( ce qui montre l’indépendance de la justice par rapport à l’exécutif !)

-          soutien aux porteurs de valises (réseau Jeanson)
-          Attentats de l’OAS  contre son domicile : 19 juillet 61, 7 juin 62

-          La justification du terrorisme  du FLN
« La révolution implique la violence. Conçoit-on l’indépendance de l’Algérie sans l’élimination du MNA ( mouvement de Messali Hadj) par le FLN (cf massacre de Mélouza)  ? Et comment reprocher sa violence au FLN, quotidiennement confronté pendant des années à la répression de l’armée française, à ses tortures et à ses massacres. Il est inévitable que le parti révolutionnaire en vienne à frapper aussi, également, certains de ses membres. Je crois qu’il y a là une nécessité historique à laquelle nous ne pouvons rien »
 Beauvoir écrit à propos de la proposition de Camus de trêve  civile :  « Jamais Camus ne prononça de paroles plus creuses que lorsqu’il demandait pitié pour les civils. Nous refusions de nous indigner contre les méthodes de lutte du FLN. On ne fait pas la guerre avec des enfants de chœur »
Sartre : « Camus , vous vous prenez pour la morale ! »
                          morale c’est peau de balle » Nizan
-          Sartre écrit la préface aux « Damnés de la terre » de Franz Fanon :

« Car, dans le premier temps de la révolte,  abattre un européen, c’est faire d’une pierre deux coups : supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent, un homme mort et un homme libre »

-          BHL parle à propos de ce texte d’un Sartre « possédé », « atteint de pure folie »  (p452)
-          Aron : « Ce texte mériterait de figurer dans une anthologie de la littérature fascisante »  

Aron caricature
Aron :
Pour l’indépendance
Pendant la guerre de 39-45 , il  avait préconisé l’abandon de l’Empire
Juin  1957 «  la tragédie algérienne »
-          La  décolonisation est  un mouvement  irrésistible
-          Mauvaise affaire économique  pour la France
-          Impossibilité de l’intégration  préconisée par Soustelle

          « Le taux de croissance démographique est trop différent pour que ces peuples de races et de religion autres puisent être une fraction d’une même communauté »
De Gaulle
                       Colombey les deux mosquées
                   Européen/arabes =huile /vinaigre
               « Ceux qui croient à l’intégration ont des cervelles de colibri »

-          « Mieux vaudrait encore la solution héroïque de l’abandon et du rapatriement qu’une guerre menée à contrecœur et sans chance de succès »

-          Louis Terrenoire juin 57 : « M Aron rappelle irrésistiblement l’homme Pierre Laval qui pensait que les jeux étaient fait en juin 40 »

-          Nécessité d’un plan économique pour la réinsertion des européens en France

·         Refus de signer le manifeste des 121 :   responsabilité / jeunes : « je déteste l’intellectuel en chaise longue »
                      refus  de  sortir de la légalité
« C’est une chose de critiquer le gouvernement, c’est une autre de passer du côté de l’ennemi »
·         Torture :
« Je n’aurais rien appris à personne en proclamant que j’étais  contre la torture. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui fut pour la torture »
«  Je pensais qu’il était inutile  de réagir contre. J’en laissais la mission aux belles âmes puisque, une fois pour toutes, il est entendu que je ne suis pas une belle âme »

·         « Je n’ai pas été touché par la grâce « tiers-mondiste»
« L’idée que la transfiguration de la société puisse se faire à travers le tiers- monde me paraissait complètement idiote »
Guerre du Vietnam
Fille napalm  Affiches
  Sartre : Participe au tribunal Russel  qui vise à dénoncer les crimes de guerre américain au Vietnam
Aron
Sympathies pour le Sud mais sans conviction
Critique  la façon dont est menée la guerre 
1967  Israël
Moshe Dayan
Guerre des 6 jours
Sartre
Il défend à la fois le droit d’Israël à exister en tant que nation  et le droit des palestiniens à rentrer dans leur pays.
« Je ne suis pas pour Israël sous la forme où il est actuellement,  mais je n’admets pas l’idée de sa destruction »

Docteur honoris causa de l’université de Jérusalem
Admiration pour l’expérience des  Kibboutz

-          Prise d’otages  de Munich 1972
Munich
« Je trouve scandaleux que l’attentat de Munich soit jugé par la presse française et une partie de l’opinion comme un scandale intolérable »

    « Ce peuple ne peut montrer son courage et sa force qu’en organisant des attentats mortels »
            « Le terrorisme est un arme terrible, mais les opprimés n’en ont pas d’autres »

            « Les français qui ont appuyé le terrorisme du   FLN  ne sauraient qu’appuyer à son tour l’action terroriste des palestiniens »

NB il pensait que le commando ne les prenait qu’en otages.  La mort des israéliens est due à l’intervention de la police

« Le problème israélo -arabe c’est un problème qui n’a pas de solutions. Il ne peut pas y en avoir, c’est en tout cas ce que je pense. Ceci dit, nous devons  lutter pour que ces trois millions d’individus ne soient pas foutus en l’air ou réduits en esclavage »

Aron
De Gaulle : « un peuple d’élite, sûr de lui et dominateur »
Tim  
67 De Gaulle,  Israël et les juifs

« Je suis français d’origine juive. J’assume une sorte de solidarité avec les juifs de la diaspora et avec les israéliens mais, il y a une limite à cette solidarité. Lorsque j’écris des articles sur la politique étrangère, je les écris en tant que citoyen français et non en tant que juif »
 « Je n’ai jamais été sioniste. J’ai toujours pensé que la création de l’état d’Israël serait l’origine d’une suite de guerres »
         Critique des colonies en Cisjordanie

« Une bouffée de judéité fit irruption dans ma conscience de français »
«Pour une fois, je fis de la morale avec passion »
Mai 68
Jouissez sans entrave
 Cohn- Bendit- Malraux
Sartre
« Dans le fond, je ne comprenais pas. J’étais content qu’on secoue le pouvoir de De Gaulle que je détestais autant que j’avais détesté Pétain »
-          appel du 30 mai de  De Gaulle = appel au meurtre

-          enthousiasme  et soutien au mouvement étudiant

-                   « Les bastilles de Raymond Aron »
                          
-          « l’universitaire type est un monsieur qui fait une thèse et qui la récite le reste de sa vie »
-          « Quand Aron vieillissant répète indéfiniment à  ses étudiants les idées de sa thèse écrite avant la guerre de 39, sans que ceux qu’ils écoutent puissent exercer sur lui le moindre contrôle critique, il exerce un pouvoir réel mais qui n’est pas fondé sur un savoir digne de ce nom. »
-          « Cela suppose qu’on ne considère plus, comme Aron, que penser seul derrière son bureau et penser la même chose depuis 30 ans, représente l’exercice de l’intelligence »
              « Il faut maintenant que la France a vu De Gaulle tout nu que les étudiants puissent regarder Aron tout nu. On ne lui rendra ses vêtements que s’il accepte la contestation »
Aron
Caricature Aron
« La révolution introuvable »
« Les étudiant en bavardage, les fonctionnaire en vacances »
« Je trouvais tout à fait indigne que des bandes de gamins renversent le gouvernement, le régime et la France »
 « Gigantesque monôme ridicule »
« Carnaval »
             « Marathon de palabres »
               « Psychodrame »
 « Sartre  préférait   plutôt les communistes que le général »
Quant à l’article de Sartre :
« Ecoutez, ce souvenir me fait rire,  mais en même temps, je trouve que la qualité, le ton de cette attaque étaient à ce point méprisables qu’il était au- dessous de ma dignité de répondre »
« Pour essayer de comprendre, il faut recourir à l’explication la moins satisfaisante, l’ignorance qui conduit à la sottise, pure et simple ». « Quand il traite une question politique, il a  la sensibilité juvénile »
Sartre  
« Je l’ai un peu insulté dans ma vie.  Je l’ai insulté, si l’on veut en 68, parce que sa position, à ce moment- là, m’avait paru insupportable »
Ce n’est pas forcément une raison pour l’insulter ?
« Si, je l’ai fait volontairement. C’était une façon pour moi de marquer qu’il se mettait, de lui- même, hors de la société que mai 68 annonçait »
-          Sartre  compagnon de route des maos
 Cause du peuple
·         un nouveau type d’intellectuel  
                        Février 69  «  Sartre, soit bref »
                      « Cela a été le point de départ de mon  évolution » =  « naissance d’un intellectuel de type nouveau qui doit se supprimer en tant qu’intellectuel en se mettant directement au service des masses. »   

-          1975 : «  j’ai une estime entière pour Mao au moins jusqu’il y a quelques années.
SDB « Alors ne craignez- vous pas d’apprendre qu’il y a un goulag chinois ?
 Mais on l’a déjà un peu appris : vous avez le livre de Pasqualini. Mais je pense que la situation chinoise est moindre que celle d’URSS,  même s’il elle est sans doute terrible.
Et vous ne pensez pas que l’on peut avoir des surprises ?
Oh si, je le pense, c’est pourquoi il ne faut pas mettre sa foi dans la révolution chinoise pas plus que dans n’importe quelle révolution aujourd’hui »

-          Expérience de rajeunissement
           Maos : communauté chaleureuse
         « Avec les maos, il y avait un vrai rapport humain »
·         Accord avec les thèmes avancés par les maos
-          Démocratie directe
-           Création d’institutions instables
-          Nécessité d’une Révolution idéologique 
-           Valorisation de l’action
-          La  mise en avant de l’égalitarisme

-          Maos= violence + spontanéité + moralité ( cad la lutte contre l’exploitation)


-          Il  trouve dans sa relation aux maos   une Camaraderie et une métaphysique en action.  

·         critiques de la démocratie bourgeoise

73    « Elections piège à cons »
« L’isoloir planté dans une salle d’école ou de mairie est le symbole de toutes les trahisons que l’individu peut commettre envers les groupes dont il fait partie. Il n’en faut pas plus pour transformer tous les électeurs qui entrent dans la salle en traitres en puissance les uns pour les autres »

·         contre le « révisionnisme » du PCF : la nécessité de la  révolution violente

« Les maos voulurent ressusciter la violence révolutionnaire par des actions ponctuelles et efficaces »
« La violence révolutionnaire est immédiatement morale car les travailleurs deviennent les sujets de leur propre histoire » SDB

titres articles CDP
                    «  Un patron, ça se séquestre »
                    «  Les petits chefs, ça se matte « 
                           « Il  faut saigner les patrons, les  pendre par les couilles, les écorcher vifs »
                        « Un  député, ça peut se lyncher »
                        « Le jour approche où toute ta race d’individus dont tu fais partie, on l’exterminera »
-          « Les articles  de la CDP étaient  brutaux, bruts, simplistes, mais vrais »

·         actions avec les maos
·         CDP 1

-          soutien aux  directeurs  de la Cause du Peuple,  le Dantec, le Bris   qui ont été emprisonnés  en devenant directeur. Et il devrait donc aller en prison.
Cf manifeste des 121
-          Il devient aussi directeur de  Tout (VLR)  et de  J’accuse
-          CDP2

-          Vente dans la rue  de la CDP  interdite.   

-          Juin 71 : création   agence de presse Libération

-          Mai 73    journal « Libération »
                          Avec un Financement populaire  pour donner la parole au peuple.

·         Pétitions  et soutiens
-          tribunal populaire à Lens suite au décès de mineurs
-          procès de  Bruay en Artois : exemple de  justice populaire. Accusations contre le notaire Leroy
        « Qu’ils nous le donnent, on le découpera en morceau. Je le lierai derrière la voiture et je roulerai à 100 à l’heure »   Sartre dit qu’il trouve ces attitudes un  « peu  cocasses »
-           soutien aux prisonniers sur les conditions carcérales  
-           Aux  juifs d’URSS
-           Aux nationalistes basques
-          Aux Instituteurs en grève de la faim
-           Aux Ouvriers polonais
-           Aux démocrates Portugais
-          A  Soljenitsyne ( avec réticence )
-          A Sakharov

-          74  A la bande à  Baader sur les conditions de détention

-          Il dit cependant : « Je pense que c’est un groupe vraiment révolutionnaire mais je pense aussi qu’ils commencent peut être un peu trop tôt »

-           « Le terrorisme qui peut se justifier en Amérique latine n’est pas valable dans les pays d’Europe occidentale »


-          1980 appelle au   boycott des  jeux olympiques à Moscou avec Aron
tonneau
-          21 10 1970 :  tonneau   intervention à Billancourt pour le  procès Geismar
Plutôt pathétique selon les journalistes (mais pas pour BHL) !
Aron
-          Soutien Pompidou, Giscard
-           contre programme commun de la gauche
Mitterrand- Marchais 
-          « Le programme était tout à fait absurde »
-          échec prévisible de Mitterrand

·         La question de l’engagement 
Aron

-          des attaques contre Sartre

« Je ne chercherais plus dans mes propos ou par des signatures à donner la preuve de mes bons sentiments 
                       « Je n’aime pas jouer à la conscience universelle, je trouve ça indécent »
                       « Je trouve un peu prétentieux de rappeler à chaque instant mon amour de l’humanité »
                       « Je n’aime pas les gens qui éructent devant le papier blanc »

- « J’avais compris et accepté la politique en tant qu’irréductible à la morale »

A propos du Chili voilà ce qu’il dit dans ses mémoires :
Allende/Pinochet

« Je  pensais que  l’intervention militaire  serait de  brève durée. Les soldats rentreraient dans les casernes et les électeurs retourneraient aux urnes. »
« Il fallait  sauver ceux que menaçaient la répression. Je m’adressai même à Kissinger qu’il fasse comprendre à  la junte que le rétablissement d’un régime  légal et non la répression garantissait  les faveurs de Washington.  Cette conclusion prête à sourire, j’en conviens »

Je ne connais pas de prises de positions publiques d’Aron sur les atteintes à la démocratie et  aux droits de l’homme dans la sphère d’influence des EU :   Mossadegh en Iran, Arbenz au Guatemala, massacres en Indonésie, répression  franquiste en Espagne …etc..etc

 Ne peut-on pas penser qu’il aurait été d’accord avec la phrase de Roosevelt répondant à un interlocuteur qui lui disait, à propos du dictateur Somoza, que c’était un salaud
 « Ou , c’est un salaud, mais c’est notre salaud ! »

 Lorsqu’il était à Combat  a-t-il  discuté avec Camus de la phrase : « J’avais compris et accepté la politique en tant qu’irréductible à la morale » ?

Les accommodements avec le réel n’ont-ils pas été un accommodement avec les interventions des EU  dans le monde ?

·          Sartre
Conscience universelle, porte-parole de tous les opprimés de la terre

Problème :
Quels sont les critères d’éligibilité à l’activisme sartrien ?

 Il fallait   des certificats de « bonne conduite « d’extrême gauche »,  anticolonialistes, antibourgeois, antistaliniens  sinon… on n’ avait  pas droit à l’activisme sartrien :  
 ex    Petkov (leader agrarien en Bulgarie),  Cseslaw Milosz (poète polonais) , Midszenty (prélat hongrois)…  …. n’ont pas été soutenus car ils n’étaient pas dans le sens de l’histoire tel que le voyait Sartre.  

Connaissance des faits
        Démocratie  ou dictature affaiblie mais pas dans les dictatures parfaites, en l’occurrence staliniennes où les atteintes aux droits de l’homme  ne sont pas connues. Il peut défendre des gens qui bénéficient de ce que le libéralisme politique qu’il exècre a apporté.  
Le dernier  Sartre
·         Santé dégradée
Il a travaillé dans les années 40-50-60 sous corydrane : aspirine +amphétamines interdit en 71
              +  café , Cigarettes, whisky  ..et petites pépées
       ( AVC pour Aron en 1977 qui le laissera affaibli)
·         Pierre Victor (Benny Levy) devient son secrétaire
Benny Levy

Projet de livre «  pouvoir et liberté »
Il dit a un de ses amis ,Sicard :
« Ce livre- là,  c’est pour moi la morale et la politique que je voudrais avoir terminé à la fin de ma vie »
« J’écris un ouvrage qui transforme complètement ce que j’ai pensé en philosophie et qui, si je l’achève, parviendra à ne plus rien laisser debout de l’Etre et le Néant  et  de la  Critique de la raison dialectique » BHL 636
« Mes œuvres sont un échec. Je n’ai pas dit ce que je voulais dire, ni de la manière dont je voulais le dire »
 « Me plait la vision juive de la résurrection des corps après la mort »
« Je ne pense pas être le résultat d’un pur hasard, de simple poussière de l’univers, mais plutôt quelqu’un qui a été attendu, préparé. En bref, un être que seulement un créateur aurait pu créer; Et cette idée d’une main créatrice se réfère à Dieu »
Entretiens 20 pages transmis au NO
Hésitations de J Daniel
Réticences de l’équipe des  Temps Modernes
Téléphone : demande de publications par Sartre
Sartre : «  Les ‘Temps modernes’  me traitent comme un mort qui a l’inconvenance de se manifester »
J Daniel  publie l’entretien
·         BHL : un renouveau de la pensée sartrienne qui allait bouleverser l’histoire de la philosophie
  « Il y a autant à prendre  pour le philosophe dans la Bible que dans Platon »

·         Les Temps modernes

-           Olivier Todd : « détournement de vieillard »
-            John Gérassi   « Sartre dérape, il faut empêcher la dérive » 
                        « Sartre  ne saisissait pas le côté Vichinski de Levy »
                        «  Benny Levy a enjuivé cet esprit libre, ce voltairien »
-             SDB   : la cérémonie des adieux : «c’est un  détournement de pensée » 

·           Aron
 « Ce n’est pas du Sartre, qui est victime de son interlocuteur plus jeune »
«  Il n’était plus lui-même » (Emission Apostrophe) 
Rencontre 79
Hotel Lutetia Elysée
26 juin  Elysée «  spectaculaires et fictives retrouvailles »
Aron, pour se faire reconnaitre, lui glisse à l’oreille : « bonjour,  mon petit camarade » 
« Si donc Sartre a entendu, ce qui n’est pas certain, il a considéré que j’avais dit ce que je pouvais et ce que je devais lui dire »
« De toute évidence, la poignée de mains ne mettait pas fin à trente années de séparation, pas plus à ses yeux qu’aux miens »
« Lorsque je l’ai vu aveugle et presque paralysé, j’ai été tout simplement submergé par une immense sympathie et une immense pitié »
Disparitions
80 décès Sartre
83 décès Aron
Crise cardiaque au tribunal de Paris
Défense de Bertrand de Jouvenel  accusé par Zev Sternhell de complaisance avec le nazisme.
Hommage quasi-unanime dans les media  signe d’un changement d’hégémonie culturelle (cf Gramsci, comparaison terrain de rugby)
               
         50 60       communisme
               70     socialisme
               80     libéralisme
              2010  national populisme
 Conclusion
Aron Sartre
Aron par Aron
De ce que j’ai pu faire, une partie est  tout de même condamnée à disparaitre très vite.
Comme disait Maurois à propos d’un de mes livres : il serait notre Montesquieu, s’il consentait à décoller de la réalité. De cette formule, une moitié est vraie : je n’ai pas décollé assez de la réalité »
Sartre par Sartre
« Y a- t-il une prise de position politique que vous ayez regretté ?
      aucune, aucune
J’ai naturellement commis dans ma vie une foule de fautes, petites ou grandes, mais le fond de l’affaire, chaque fois que j’ai fait une faute, c’est que je n’ai pas été assez radical.
Ce dont vous semblez, en effet, assez étonnamment dépourvu, c’est de culpabilité ?
Je n’en ai pas, c’est vrai, d’aucune sorte. Je ne me sens jamais coupable et je ne le suis pas »
« Je ne me sens lié par rien de ce que j’ai écrit ; en revanche, je n’en renie pas un mot non plus »
Aron par Sartre
Sartre à Simone de Beauvoir : « Ah non, je ne veux pas discuter avec Aron, ça ne servirait à rien !»
« Lorsqu’il écrit sur moi, il expose sa pensée et ne m’apporte rien pour ce qui concerne la mienne. Selon moi, il travestit ma pensée pour mieux la contester »
 Sartre par Aron
«  Qui, de Sartre ou d’Aron, aura au bout du compte marqué davantage l’histoire de son temps ?  je répondis : la question ne se pose pas. Il l’a d’ores et déjà beaucoup plus marqué que moi. D’abord, parce qu’il a derrière lui une œuvre plus riche que la mienne. Son clavier comporte des romans, du théâtre, de la philosophie, de la politique.
 « L’invective à la bouche et la haine au cœur, il se réclame d’un idéal humanitaire pour mépriser les hommes vivants et ne se sauve du nihilisme que par l’attachement à un prolétariat mythique et à la foi dans une révolution irréalisable »
« J’ai conservé pour lui admiration et amitié en dépit de tout « spect 100
    « Valait-il  mieux se tromper avec Sartre plutôt que d’avoir raison avec Aron ?
   « Je ne l’ai jamais pensé ni affirmé. Il n’y pas lieu d’encenser ceux qui se trompaient avec Sartre. Ce que je crois catastrophique, ce qui lui sera reproché un jour, c’est d’avoir utilisé sa virtuosité dialectique et des sentiments généreux pour justifier l’injustifiable. Pourquoi cet esprit supérieur se laissa-il aller à des divagations ? Il a, surtout en politique, généreusement usé du droit à l’erreur. »
   Aron réflexion      Sartre avance vers ce qui est  un désert
         Platon, Aristote, Tocqueville, Marx  sont encore commentés (voire lus !) plusieurs siècles après leur mort.  
En sera-t-il de même pour Sartre et Aron ? 
Rendez-vous dans quelques siècles dans cette salle pour en discuter !
FIN


Bibliographie 
Aron : Mémoires
Aron : Le spectateur engagé
Sirinelli : Deux intellectuels dans le siècle, Sartre et Aron 
 Ariane Chebel d’Appolonia : Histoire politique des intellectuels en France
Winock : Le siècle des intellectuels
Lévy : Le siècle de Sartre
Cohen-Solal : Sartre
Simone de Beauvoir :
              Mémoire d’une jeune fille rangée
               La force de l’âge
              La force des choses
               Tout compte fait
               La cérémonie des adieux