vendredi 11 juin 2021

 

 


                                Regards sur la révolution française 

INTRODUCTION

 

********** gilets jaunes

 

 La révolution française a été dans la vie politique française depuis plus de deux siècles une question débattue entre les différents courants politiques. Elle fait partie de l’imaginaire politique qui ressurgit à certaines occasions. 

 

 

 

 

Je vous propose le plan d’étude suivant

 

************* plan

 

 

 

   Périodisation 

   Regards

   Débats

 

 

1 Périodisation

1    1789- 1792-1793

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89-91

14 juillet 89  Prise de la Bastille

28 juillet 89  Constitution civile du clergé

4 aout  89 Abolition des privilèges

26 aout 89 Déclaration des droits de l’homme

5- 6 octobre 89   Louis XVI aux Tuileries

20 juin 91 : la fuite à Varennes

3 septembre 1791   constitution 

 

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92-93

20 avril 92 : déclaration de guerre à l’Autriche

11  Juillet  92 : la patrie déclarée  en danger

10 aout 92 : Louis XVI prisonnier au Temple

2- 5 septembre 92  : massacres  (1300 victimes)

20 septembre 92  Valmy

22  septembre 92  : proclamation de la République

Décembre 92 : procès de Louis XVI

21 janvier 1793 : exécution de Louis XVI

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93-94

     Mars 93 : début de guerres de Vendée

     2 juin 93 : arrestation des girondins

      17 septembre 93 : loi de suspects

      31 octobre 93   exécution de 21 députés girondins

24   mars 94 : exécution des hébertistes

      6 Avril 94 :   exécution de Danton

 

    27 juillet 1794 :   coup d’état de Thermidor

 

**********gravure ordres

La révolution doit-elle être considérée comme un bloc (ce que pensait Clémenceau) c’est-à-dire, en considérant chaque période, comme un bien, un bien, un bien ou un mal, un mal, un mal ? ou comme une suite de dérapages (c’est-à-dire que c’est bien à une période donnée mais mal à une autre).    

Commençons par ceux qui voient dans la révolution une suite de « mal »

 

89-92 -93 : un mal, un mal, un mal

 

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Monarchistes

 

  De Maistre

      1753 -1821

           1796 Considérations sur la révolution française 

 

 De Bonald

       1754- 1840

1796 Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile démontrée par le raisonnement et l’histoire

 

 

méchants: les révolutionnaires, 

 gentils: les royalistes, les vendéens, les chouans. 

 

    Au XX siècle, c’est le point de vue de Maurras, Bainville,  Gaxotte.

 

 

 

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Les libéraux -conservateurs  

Ils étaient favorables à une révolution à « l’anglaise », constitutionnelle et modérée.

 

Burke 1729- 1797

Réflexions sur la révolution de France 1790

 

Taine 1828 -1893

Les origines de la France contemporaine 1875 1893

 

 Les méchants sont les  révolutionnaires, les gentils :les  monarchiens :   Mounier,  Malouet,  Mallet du Pan, Barnave, Mirabeau

  

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Anarchistes

   Proudhon Kropotkine 

   Daniel Guérin   1904- 1988

 

La révolution n’a jamais mis en cause le pouvoir des privilégiés

 

 

Les méchants : aristocrates, bourgeois, jacobins, girondins, montagnards

Les gentils :  sans-culottes (précurseurs de 1848, 1871, des révolutions à venir), enragés, hébertistes

 

Un bien, un bien, un bien

   

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Ecole marxiste (proche du PCF)                     

 Mathiez 

   1874 -1932

 

Lefebvre

  1874 -1959

 

Soboul

  1914 -1982

        

Méchants : monarchistes, girondins, fédéralistes, Danton,

Gentils : Montagnards, Robespierre, sans-culottes, Babeuf

 

Thèses des dérapages

 

89 un bien, 92 un mal, 93 un mal

 

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Les libéraux

Constant

1767- 1830

De la force du gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s’y rallier  1796

Il reprend la formule de Mounier

« Suivre les leçons de l’expérience, s’opposer aux innovations téméraires et ne proposer dans les formules du gouvernement que les modifications nécessaires pour garantir la liberté »

La révolution doit aboutir à un régime politique constitutionnel assurant la liberté, la démocratie représentative, le suffrage censitaire.

1793 a été une perversion provisoire.

 

 De Stael

  1766- 1817

Considérations sur les principaux événements de la révolution française 1818

 Elle distingue trois régimes politiques :la Féodalité, le despotisme, le gouvernement représentatif.

« Tout ce qui se fait d’accord avec l’opinion est maintenu par elle, mais dès qu’on la précède, il faut avoir recourt au despotisme. La République s’est établie 50 ans avant que les esprits y fussent préparés » 

Tocqueville,

1805 -1859

 L’ancien régime et la révolution 1856

               La révolution est positive jusqu’en octobre 89 où le roi est contraint d’aller à Paris.

 

                       Ensuite de 89 à 99, c’est la haine entre classes, la recherche de l’égalité au détriment de la liberté. 

 

Guizot        

1789 a apporté les notions d’état-nation, de liberté, d’égalité

Ce qui a échoué en 89, la création d’une monarchie constitutionnelle, réussira en 1830 avec Louis Philippe

Gentils : La Fayette, Barnave, Malouet, Mounier, Mirabeau

Méchants : jacobins, Danton, Robespierre

 

89 un bien, 92 un bien, 93 un mal

 

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Michelet

1798 - 1874

Histoire de la révolution française 1847 -1853

 

 On peut le qualifier de    populiste patriotique 

 

On assiste à l’Entrée du peuple dans l’histoire

 C’est l’avènement de la loi, l’émancipation, la fraternité. 

 C’est un événement spirituel unique, une rupture radicale avec le passé, l’avènement d’un monde nouveau dont la France est la figure de proue. 

 

La révolution a donné la parole au peuple, la devise liberté égalité, créé le patriotisme,   

 

       Gentils : peuple

    Méchants : aristocrates jacobins

 

 Furet écrit : c’est une Histoire savante écrite sur le mode de la poésie.

 

Michelet influencera Lavisse, « l’instituteur national », inspirateur des programmes d’histoire de l’école primaire de la République est donc, de ce qu’on appelle le « roman national ».

 

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Quinet

1803 -1875

La révolution 1865

 

La Révolution porte une tradition absolutiste, un lourd passé antilibéral.

93 est l’aboutissement quasi naturel de l’histoire nationale (Cathares, protestants…). « Il n’y avait de nouveau chez les jacobins que le but ».

 

« Quant aux moyens, la contrainte et l’autorité, c’est ce que l’on a toujours vu chez nous depuis des siècles »

Robespierre réincarne Richelieu.

La Souveraineté populaire est un décalque de la souveraineté royale : une, indivisible, toute puissante.

La terreur n’est pas le résultat d’une situation exceptionnelle.

La révolution a inoculé l’habitude de la servitude et le virus du pouvoir absolu.

Le culte de 93 déshonore la gauche.

 

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Furet  

1927- 1997

 Biographie : 

       54 agrégation

       56 entre au CNRS

      59 quitte le PCF

      61 intègre l’EPHE

      Président de l’Institut Raymond Aron

     Membre du Club St Simon

     Prix Alexis Tocqueville

     Académie française 1997

  Influencé par la théorie du totalitarisme (Arendt, Aron, Soljenitsyne)

 

« On peut probablement dire, d’un point de vue très abstrait, en regardant les choses de très haut, qu’il existe dans le discours du jacobinisme français, en général, et dans celui de Robespierre en particulier, certains traits pré-totalitaires »

Mazauric, communiste, dit de Furet qu’il a un parti pris anticommuniste, antipopulaire et antinational.

 

Un bien, un bien, un bien/un mal 

 

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Aulard

1849 - 1928

 

 

La Constitution de l’an I (1793) est la charte fondamentale de l’histoire de France, le programme politique et social de la France à venir.

La Révolution a tout commencé. La III République finira

Danton est le personnage positif

Gentil : Danton

méchants : Robespierre

Il influence Ferry, Gambetta.

 

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Débats

 

1 Les idées de la révolution

La dynamique révolutionnaire

2        Les acteurs

         31 Les aristocrates

         32 Le peuple

              33 Les assemblées

              34 Les jacobins

              35 Les sans-culottes

 

3        Les montagnards au pouvoir

31 La politique économique

32 La violence révolutionnaire

33 La terreur

34 Critiques de la terreur

35 Thermidor

 

  Note sur l’œuvre de Taine

 

*************** Taine Soboul

L’exposé pour l’essentiel est de montrer les différences d’analyses entre l’école marxiste et Taine.

 

 

 

Le principal représentant de l’analyse marxiste est Albert Soboul 1914-1982

                  Il a pour « disciples » Michel Vovelle, Claude Mazauric

 

Albert Soboul

Eléments biographiques

 

1933  Adhère au PCF

38      agrégation

42  révocation par Vichy 

43   résistance dans le Vercors

 

 

L’école « Jacobino-marxiste » est l’école dominante à l’université et dans la formation des professeurs dans les années 60,70

 

George Duby, par exemple, pour son histoire de France demande à Vovelle de rédiger la partie relative à la révolution. 

 

Taine 1828-1895

Il est philosophe, critique littéraire,

 C’est un conservateur libéral élitiste.  C’est toujours une élite (une minorité) qui gouverne, l’élite idéale est stoïcienne et lit Marc-Aurèle.

 

Il fait l’éloge de Montesquieu :

 « Le mieux instruit, le plus sagace, et le plus équilibré de tous les esprits du siècle. Sa célébrité n’était point une influence »

    Pour lui le régime politique idéal assure la sureté de la personne et donc de la propriété

   Il n’a pas de nostalgie pour l’ancien régime

 

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Les idées

 

L’idée fondamentale des révolutionnaires est de construire une société nouvelle par la raison sur la base d’un contrat social aboutissant à la liberté et à l’égalité.

1 l’homme est naturellement bon

2 Une société nouvelle est à créer grâce à la raison

3 il faut rejeter les traditions

4   la société doit être construite sur le contrat social et volonté générale

5 Un homme nouveau apparaitra 

 

************* Rousseau

Un être naturellement bon

 

L’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre.

La nature a fait l’homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable

Otez ces digues, œuvres de la tyrannie et de la routine ; la nature délivrée reprendra tout de suite son allure droite et saine et, sans effort, l’homme se trouvera heureux et vertueux

**************Turgot

Turgot

Il présente quelques années avant 1789, un plan d’éducation politique.

« Sire, j’ose vous répondre que dans 10 ans, votre nation ne sera plus reconnaissable et que, par les lumières et les bonnes mœurs, elle sera au- dessus des autres peuples. Les enfants qui ont actuellement 10 ans se trouveront alors des hommes préparés pour l’état, affectionnés à leur pays, soumis, non par crainte, mais par raison à l’autorité, secourables avec leurs concitoyens, accoutumés à reconnaitre et respecter la justice. »

Taine

 

***************Rousseau

 

  Pour Taine, le principal responsable de la révolution est Rousseau « homme étrange, porteur de la rancune du plébéien, pauvre et aigri, original et supérieur mais qui, dès l’enfance, portait en soi, un germe de folie et qui, à la fin devint fou, tout à fait. » et surtout ses épigones (L’abbé Raynal, Mably, Morelly) dont les œuvres sont diffusées dans « des catéchismes à 6 sous. »

La diffusion du « Rousseauisme » s’est faite dans des sociétés de pensée sur tout le territoire (cf Auguste Cochin). Cette philosophie a eu du succès en France contrairement à l’Angleterre. Tocqueville l’explique par l’exclusion des intellectuels du pouvoir en France : « quand on opère sur des choses réelles, on n’est pas tenté de planer dans un monde imaginaire »

 

Taine oppose la vision optimiste de Rousseau sur la nature humaine à la vision pessimiste des écrivains du XVII : Pascal, La Rochefoucault, La Fontaine.

Il conteste chacune des idées du rousseauisme ou de ce qu’il appelle le philosophisme

 

 

*************guerre de Vendée

L’homme n’est pas naturellement bon

« A proprement parler l’homme est fou comme le corps est malade, par nature. La santé de notre esprit comme la santé de nos organes n’est qu’une réussite fréquente et un bel accident.

Les maîtres de l’homme sont le tempérament physique, les besoins corporels, l’instinct animal, le préjugé héréditaire, l’imagination, l’intérêt personnel ou l’intérêt de famille, de caste, de parti.

Nous nous tromperions gravement si nous pensions qu’ils sont bons par nature, généreux, sympathiques ou tout au moins, doux, maniables, prompts à se subordonner à l’intérêt général ou à l’intérêt d’autrui.

L’homme est un animal très voisin du singe, muni de canines carnivores et carnassières, jadis cannibale, par la suite, chasseur et belliqueux. De là, en lui, un fonds persistant de brutalité, de férocité, d’instincts violents et destructeurs, auxquels s’ajoutent, s’il est français, la gaieté, le rire et le plus étrange besoin de gambader, de polissonner au milieu des dégâts qu’il fait. On le verra à l’œuvre.  En dernier lieu, son organisation mentale plus fine a fait de lui un être imaginatif en qui les songes pullulants se développent d’eux- mêmes en chimères monstrueuses.  De là, un excès de sensibilité, des afflux soudains d’émotions, de transports contagieux, de courants de passions irrésistibles, des épidémies de crédulité et de soupçons, bref l’enthousiasme et soupçon. 

 

·        La raison pour construire une nouvelle société

****************Condorcet

Condorcet

 

Il veut utiliser la méthode mathématique pour changer la société.  

: extraire, circonscrire, isoler quelques notions très simples et très générales puis, déduire par pur raisonnement toutes les conséquences »

 

Rivarol se moque de cette mentalité.

Article1 :  A compter du 14 juillet prochain, les jours seront égaux aux nuits pour toute la surface de la terre, le jour commençant à 5 h

Article2 : au moment où le jour finira, la lune commencera à luire et elle sera dans son plein jusqu’au lever du soleil

Article3 : il règnera constamment d’une extrémité à l’autre du globe une température modérée et toujours égale

Article 6 : le pouvoir exécutif veillera à l’exécution dudit décret et enjoindra aux municipalités de dresser des procès-verbaux des contraventions

Taine

« Dans la conduite de l’homme et de l’humanité, l’influence de la raison est petite »

« Ce que, dans l’homme nous appelons la raison, n’est point un don, inné, primitif et persistant, mais une acquisition tardive et un composé. Non seulement la raison n’est point naturelle à l’homme, ni universelle dans l’humanité, mais encore, dans la conduite de l’homme et de l’humanité, son influence est petite, sauf chez quelques froides et lucides intelligences, un Fontenelle, un Hume, un Gibbon, elle est bien loin de jouer le premier rôle. »

 

Qu’aurait-on dû faire ?   

   Il souhaitait une révolution calme et pacifique pour construire une société sur le modèle anglais. Il trouve le modèle allemand despotique et barbare ave une élite brutale.

     En   Angleterre, la hiérarchie, une suprématie sont acceptées créant une déférence volontaire.

 Comme l’écrivait Tocqueville la noblesse anglaise a su se mêler familièrement à ses inférieurs et feindre de les considérer comme des égaux (=Downton Abbey ! )

          Le modèle anglais, tradition conservatrice, esprit civique, vertus morales, empirisme, sens pratique, collaboration entre classes, gouvernement représentatif, suffrage censitaire, équilibre des pouvoirs, créé par le génie anglais du bricolage était son idéal.

« Il fallait assainir le bâtiment, le nettoyer, y percer des fenêtres, y abattre des clôtures mais en garder les fondements, le gros œuvre et la distribution générale. »

    Le rejet de la tradition

************Barère

Révolutionnaires

 Pour les révolutionnaires la tradition est superflue, inutile, dangereuse. 

Barère dit aux députés : « vous êtes appelés à recommencer l’histoire »

Taine                

          Il parle de   folie française de la table rase, de tout ce que le passé a fondé et transmis, rien n’est légitime, quoi que ce soit qui porte le sceau du passé est disqualifié et la raison aura place nette pour construire l’ordre nouveau

                   La mentalité révolutionnaire         par une   ambition extravagante et néfaste refuse l’intégration des leçons de l’histoire et l’empirisme.                  

                    

Les hommes, après une multitude de tâtonnements et d’essais, ont fini par éprouver que, telle façon de vivre ou de penser était la seule accommodée à leur situation la plus praticable, la plus bienfaisante

En général, plus un usage est universel et ancien, plus il est fondé sur des motifs profonds motifs de physiologie, d’hygiène, de prévoyance sociale. La tradition   fait d’une société de brutes une société d’hommes.

     Si les principaux préjugés disparaissaient tout d’un coup, l’homme, privé du legs précieux que lui a transmis la sagesse des siècles, retomberait à l’état sauvage et redeviendrait ce qu’il fut, d’abord, je veux dire, un loup inquiet, affamé, vagabond et poursuivi.

*************** Rousseau  Contrat social

 « Lorsqu’on s’imaginait la fondation d’une société humaine, on imaginait vaguement une scène semi-bucolique, demi théâtrale, à peu près semblable à celle qu’on voyait sur les frontispices des livres illustrés de morale : des hommes, demis nus ou vêtus de peau de bêtes, sont assemblés sous un grand chêne. Au milieu d’eux, un vieillard vénérable se lève et leur parle le langage de la nature et de la raison »

« Il leur propose de s’unir et leur explique en quoi ils s’obligent par cet engagement mutuel. Il leur montre l’accord de l’intérêt public et de l’intérêt privé et finit en leur faisant sentir les beautés de la vertu. Tous, aussitôt poussent des cris d’allégresse, s’embrassent. De toutes parts, on danse sous les ormeaux et la félicité est désormais établie sur la terre »

« Il est triste quand on s’endort dans une bergerie de trouver à son réveil les moutons changés en loups et, cependant, en cas de révolution, on peut s’y attendre » 

      La question centrale posée en 89 est le rapport des français à leur propre histoire, le refus qu’ils opposent à la longue sédimentation des siècles et la volonté d’instaurer le corps social sur la seule raison.

 

*************   Rousseau :  contrat social

  Le contrat social

Rousseau

L’homme est un être qui a le désir de bonheur et la faculté de raisonner

Taine

  «  L’homme de Rousseau est un individu abstrait, une construction philosophique Un être sans passé, sans parents, sans engagements, sans traditions, sans habitudes, incapable de former une collectivité. 

    La pensée de Rousseau est un vertige volontariste, la géométrie du contrat social n’est qu’un pur jeu de l’esprit, le contrat social est le Coran des discoureurs apprêtés

La Déclaration des droits de l’homme est un décor simple, une enseigne inutile et pesante. 

Tous les articles de la déclaration sont des poignards dirigés contre la société. » 

************Rousseau volonté générale

La volonté générale

Rousseau

Grâce à la volonté générale le citoyen n’obéit qu’à lui-même. 

Taine

« Dans le couvent démocratique que Rousseau construit sur le modèle de Sparte et de Rome, l’individu n’est rien, l’état est tout. Il importe pour bien avoir l’énoncé de la volonté générale qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’état.

A la souveraineté du roi, le contrat social substitue la souveraineté du peuple mais la seconde est encore plus absolue que la première et dans le couvent démocratique que Rousseau construit sur le modèle de Sparte et de Rome, l’individu n’est rien, l’état est tout.

Le peuple devient un sultan soupçonneux.

    Rome et Sparte que les jacobins prennent pour modèles de société humaine étaient taillés sur le patron d’une armée ou d’un couvent. »

 

*****************Robespierre

·        un homme nouveau

Robespierre

« Nous voulons remplir les vœux de la nature, accomplir les destins de l’humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la providence du long règne du crime et de la tyrannie. Que la France devienne le modèle des nations, l’effroi des oppresseurs, et qu’en scellant notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir au moins briller l’aurore de la félicité universelle »

« Nous voulons, dit Robespierre, substituer la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode , le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, le charme du bonheur aux ennuis  de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands , un peuple magnanime puissant , heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable.  Nous ferons cela coûte que coûte.

************St Just

St Just : « le jour où je serai convaincu qu’il est impossible de donner au peuple français des mœurs douces, énergiques, inexorables pour la tyrannie, je me poignarderai »

« Nous trouverons dans chaque adulte la sobriété, l’énergie, le patriotisme d’un spartiate ou d’un romain »

***************Carrier

Carrier : « Nous ferons un cimetière de la France, plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière »

Rabaut St Etienne « il faut remonter ce peuple, le rajeunir, changer ses formes pour changer ses idées, changer ses lois pour changer ses mœurs et tout détruire, oui, tout détruire, puisque tout est à créer »

 

**************Desmoulin

Camille Desmoulin : « Dans la propagation du patriotisme, c’est à dire de la philanthropie, cette nouvelle religion, le club semble être appelé à la même primatie que l’église de Rome dans la propagation du christianisme…non seulement, c’est le grand inquisiteur qui épouvante les aristocrates, c’est encore le grand réquisiteur qui redresse tous les abus et vient au secours de tous les citoyens »

*****************Fête de l’être suprême

Taine

« Par ces croyances, la philosophie du XVIII siècle ressemble à une religion, au puritanisme du XVII, au mahométisme du VII. »

La religion est de sa nature un poème métaphysique accompagnée de croyances. C’est à ce titre qu’elle est- efficace et populaire : car sauf pour une élite une pure idée n’est qu’un mot vide et la vérité pour devenir sensible est obligée de revêtir un corps. Il lui faut un culte, une légende, des cérémonies, afin de parler au peuple aux femmes aux enfants aux simples à l’esprit humain lui- même dont les idées se traduisent en images.

« Lorsqu’une doctrine séduit les hommes, c’est moins par le sophisme qu’elle leur présente que par les promesses qu’elle leur fait. Une doctrine a plus de prise sur la sensibilité que sur l’intelligence car si le cœur est parfois dupe de l’esprit, l’esprit et le plus souvent dupe du cœur. »

Même élan de foi, d’espérance, et d’enthousiasme, même esprit de propagande et de domination, même raideur et même intolérance, même ambition de refondre l’homme et de modeler toute la vie humaine d’après un type préconçu.

 

La doctrine nouvelle aura ses docteurs, ses dogmes, son catéchisme populaire, ses fanatiques, ses inquisiteurs et ses martyrs. Elle parlera aussi haut que les précédentes, en souveraine légitime à qui la dictature appartient de naissance et contre laquelle toute révolte est un crime ou une folie. Mais elle diffère des précédentes en ce qu’elle s’impose au nom de la raison au lieu de s’imposer au nom de dieu. »

****************La dynamique

    2  la  dynamique  révolutionnaire

****************** Michelet 

Michelet

 

89, c’est l’action de foules immenses. Le 14 juillet 90, la fête de la fédération résume le génie de la révolution son Radicalisme et son universalisme

 

 

92, c’est la levée en masse, la patrie sauvée, les fondateurs de la République   dignes de la reconnaissance du monde pour avoir voulu la croisade de 1792 et la liberté pour toute la terre.

 

Certes il y a eu des erreurs dont la   Constitution civile du clergé ? « une œuvre faible et fausse, qui divise le peuple, ravive le fanatisme, redonne des armes à la contre révolution »

 

 

En 93, le peuple est rentré chez lui.  C’est une minorités d’activiste qui a pris le pouvoir.

  La révolution a dérapé en 93 à cause des jacobins qui sont fanatiques, sectaires, intolérants tels les ordres mendiants du moyen-âge.  

          

 

1793 reste une petite flamme, étroite, vacillante, menacée, succédant à l’immense lumière de 1789.

 

************Marx

Marx

 Analyse marxiste représentée par Mathiez, Lefebvre, Soboul.  

 

 La dynamique s’explique par deux raisons :

   1 changement de mode de production

         Le capitalisme se développe dans la société mais est limitée par certaines structures encore féodales. La bourgeoisie fait la révolution avec l’aide du peuple pour se débarrasser du féodalisme (donc de l’aristocratie) et accéder au pouvoir. 

2    La lutte des classes

   Au niveau social, les événements traduisent la victoire de la bourgeoisie sur les anciennes classes privilégiées de l’ancien régime. En terme politiques et idéologiques, ils représentent l’avènement d’un pouvoir bourgeois et le triomphe des lumières sur les valeurs et croyances de l’âge précédent.

 

*****************Prise de la Bastille  (4  faussaires, 1 libertin, 2 fous)

Pour les marxistes la bourgeoisie a préparé et mené la révolution.

La révolution fut une révolution bourgeoise (« le 14 juillet consacrait l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle classe ») mais à soutien populaire et particulièrement paysan.   

                La bourgeoisie prend peur quand, ayant fait appel aux classes populaires contre l’aristocratie, elle les voit, en 93, prétendre au pouvoir. La bourgeoisie se retourne alors contre le peuple et c’est Thermidor. 

                                                                                      Soboul

 

Les acteurs sont des marionnettes des classes sociales

Ce sont les intérêts de classe qui expliquent le comportement des individus.

Par exemple la fusillade du 17 juillet 1791 est interprétée : « La fusillade du champ de mars manifesta les intentions arrêtées de la bourgeoisie »

Les girondins sont des petits bourgeois basculant du côté de la grande bourgeoisie (voire de l’aristocratie) 

Les Montagnards sont des petits bourgeois basculant du côté du peuple représentés par les sans-culottes.    

« La rivalité de la Gironde et de la Montagne revêtait donc les aspects d’un conflit de classes »

Enfin, la révolution est une étape dans le sens de l’histoire :  l’Ancien régime, la tentative de construction de la démocratie, la tentative de construction d’une société égalitaire, la réaction de la bourgeoisie.

 

Soboul= rapports du secrétaire général du PCF s’il avait existé à l’époque !

***************chronologie

Pour les marxistes, la chronologie est la suivante. 

     1789-1792 :  révolution bourgeoise et mouvement populaire

    1792-1795 : le despotisme de la liberté

     1795-1799 : la réaction bourgeoise et la fin du mouvement populaire

*****************Furet

  Furet critique l’analyse marxiste sur plusieurs points :

·        La révolution s’explique par un ensemble de facteurs : une crise économique conjoncturelle (crise climatique + crise agricole +crise industrielle due au libre-échange avec la GB), des jacqueries, une crise de l’élite, l’idéologie des lumières.

·        La rente féodale est résiduelle en 1789

·        La bourgeoisie n’est pas exclue du pouvoir 

·        Les bourgeois qui font la révolution ne sont pas les représentants d’une bourgeoisie capitaliste montante pré-industrielle, ce sont des praticiens du droit,

·        Tocqueville insiste sur le caractère insupportable des petites différences 

Mme Roland reçue dans un château qui doit manger avec les domestiques, Mme Barnave obligée de quitter une place réservée aux nobles à l’opéra. 

Fréderic Bidouze rappelait l’an dernier les costumes sombres imposés par le Marquis de deux Brézé au Tiers Etat pour les Etats Généraux et la porte ouverte à un seul battant pour la réception par le roi du Tiers Etat.

 

·         Comment expliquer par les intérêts de classe la déclaration de guerre de 1792 ?

·        Pourquoi la forme violente de la révolution contrairement aux autres pays où la transformation s’est faite plus pacifiquement (GB, Hollande, Allemagne…) ?

·        Il y a une autonomie du politique par rapport au social : les conflits de pouvoir ne reflètent pas seulement les intérêts de classe

·        L’imaginaire, le politique, le symbolique, les représentations du pouvoir constituent les facteurs essentiels de la dynamique révolutionnaire

·        Critiques générales de l’analyse marxiste :

« Pourquoi ce schéma indigent, cette résurrection scolastique, cette misère des idées, cette crispation passionnelle déguisée en marxisme. Ce discours tient tout entier dans l’exercice d’une fonction chamanique à destination des rescapés imaginaires du babouvisme » 

«Les historiens marxistes  empruntent, sans le savoir, la maladie d’interpréter le passé en fonction d’un futur qui lui serait assigné d’avance »

 

 

 

*********************Taine

 Taine

 La dynamique s’explique par la lutte des oligarchies pour le pouvoir au nom du Peuple, le pouvoir étant la possibilité de percevoir l’impôt, de décider des dépenses et de recruter des soldats.                

Avant 1789, c’est une oligarchie aristocratico-bourgeoise instable qui gouverne.

Entre 1789 et 1793, on assiste à trois évolutions :

·        La fin de l’hégémonie aristocratique

·        La lutte entre oligarchies nouvelles, petites bourgeoises, en compétition, instables, qui se battent au nom   du peuple : feuillants, jacobins, girondins, montagnards, « indulgents », « exagérés », sans-culottes ….

·        L’intervention des masses, c’est-à-dire des milliers de gens qui descendent dans les rues avec des revendications simples : le pain, le travail, l’égalité et qui attendent des résultats concrets.

 

Pour Taine la chronologie est la suivante :

         L’anarchie spontanée

         La conquête jacobine

         Le gouvernement révolutionnaire

***************anarchie spontanée

1 L’anarchie spontanée

On assiste à la fin des pouvoirs traditionnels

Les manants n’obéissent plus au seigneur, les soldats aux officiers, les ouailles aux curés, les curés aux évêques, les débiteurs aux créanciers, les contribuables aux collecteurs d‘impôt.

Ce n’est plus le peuple qui obéit aux autorités, ce sont les autorités qui obéissent au peuple

Neker déclare en février 89, « il n’y a plus d’obéissance nulle part et on n’est même pas sûr des troupes » 

Bailly dit : « tout le monde savait commander et personne obéir »

     Au mois de juillet, comme le roi signait un ordre, un valet lit au- dessus de son épaule.

 

*****************prise de la Bastille

2 Les émeutes ne sont pas réprimées. 

   « Quand un mur est trop haut on ne songe pas à l’escalader mais voilà que le mur se crevasse et que tous les gardiens, clergé, noblesse, tiers et lettrés politiques, jusqu’au gouvernement lui-même, y pratique une large brèche ; pour la première fois, les misérables aperçoivent une issue. Ils s’élancent d’abord en pelotons, puis en masse, et la révolte est universelle comme autrefois la résignation.

Toute émeute devint légitime

Les violences sont impunies, tolérées, excusées, mal réprimées, contrairement aux jacqueries.  

4 mois avant prise de la Bastille, il y a eu 300 émeutes.   

 On assiste à une anarchie civile et militaire

Chacun est là, comme au théâtre, avec le besoin d’être ému et transporté, en proie à la contagion des passions environnantes, entrainé dans le tourbillon des grands mots, de nouvelles controuvées, de bruits grossissants, d’exagérations.

Dans ce pèle -mêle de politique improvisée, nul ne connait celui qui parle, nul ne se sent responsable de ce qu’il a dit, chacun est là comme au théâtre, inconnus parmi les inconnus avec le besoin d’être ému et transporté.

     Ce qu’il y a de pire dans l’anarchie, ce n’est pas tant l’absence de gouvernement que la naissance de gouvernements nouveaux et d’espèce inférieure. En tout état qui se dissout, il se forme des bandes conquérantes et souveraines. Aventuriers, malfaiteurs, gens tarés ou déclassés, vagabonds, déserteurs ou soudards, tous les ennemis –nés du travail, de la subordination et de la loi, se liguent pour franchir ensemble les barrières vermoulues qui retiennent encore la foule moutonnière et, comme ils n’ont pas de scrupules, ils tuent à tout propos. Sur ce fondement s’établit leur autorité. A leur tour, ils règnent chacun dans son canton et leur gouvernement aussi brute que leur nature se compose de vols et de meurtres.

Tout est philanthropie dans les mots et symétrie dans les lois, tout est violence dans les actes et désordre dans les choses

 L’homme à pique se laisse mener par l’homme à phrases. »

La fête de la Fédération sommet de la révolution pour Michelet  est décrite de la façon suivante :

         « Un déluge d’effusions et de phrases, un contrat verbal, et non réel, une fraternité d’apparat, une mascarade de bonne foi, une ébullition de sentiments qui s’évapore par son propre étalage. Bref, un carnaval aimable et qui dure un jour »

 

***************constitution de 1791

3 La constitution de 1791

Soboul

C’est une constitution bourgeoise qui protège la propriété, et empêche les grèves et les coalitions ouvrières (loi le Chapelier)

  Taine               

« En vertu de la constitution, l’anarchie spontanée devient l’anarchie légale.  

           L’exécutif est impuissant : le roi est un mannequin décoratif, sans pouvoir (Pas de droit de dissolution, pas de proposition de loi, pas d’armée).

Pour les administrations, les décisions et les actions sont émoussées, ralenties, écourtées, par des bavardages

 

Les mandats des élus sont courts. 

  La constituante a semé de bons germes : vie privée, état civil, code pénal, code rural, impôt.

Mais en en ce qui concerne les institutions, elle a opéré comme une académie d’utopistes et non comme une législature de praticiens.

 C’est un chef d’œuvre de la raison spéculative et de la déraison pratique

  Des administrés de louis XIV et louis XV ne deviennent pas du jour au lendemain des citoyens d’Athènes ou de Florence. »

 

*************

4  La constitution appliquée

« Si jamais utopie parut applicable, bien mieux, appliquée, convertie en fait, c’est celle de Rousseau en 1789 et les trois années qui suivent. »

La France est une fédération de 40 000 municipalités souveraines où l’autorité des magistraux vacille, où les citoyens actifs se dérobent à leur emploi public, où une minorité de fanatiques et d’ambitieux accapare la parole, l’influence, les suffrages, le pouvoir, l’action et autorise les usurpations multipliées. L’anarchie spontanée devient anarchie légale.   De loin, c’est le règne de la philosophie, de près, c’est la dissociation carolingienne

La révolution est une suite de    bacchanales d’énergumènes, une   boucherie, un carnaval, un couvent spartiate.

La constitution qu’ils aiment produit l’anarchie qu’ils détestent

Si mauvais que soit un gouvernement il y a quelque chose de pire : c’est la suppression du gouvernement. »

 

 

 

 

***************le triage

       5 «Le triage » :

« En toute révolution, la lie d’une société monte à la surface, on ne les avait jamais vus. Comme des blaireaux des forêts ou comme les rats d’égout, ils restaient dans leur tanière ou dans leurs bouges, ils sortent par troupeaux.

Les pires éléments demeurent seuls en surface, tandis que d’autres tombent et disparaissent, alourdis comme ils sont, de préoccupations professionnelles, de scrupules humanitaires, de gouts paisibles qui les rendent impropres à l’activisme civique de leurs concurrents

 Vers la fin de 89, les gens modérés, occupés, rentrent au logis. »

 

****************conquête jacobine

6        La conquête jacobine

« Dans cette société dissoute ou les passions populaires sont la seule force, l’empire est au parti qui saura les flatter pour s’en servir.

Cinq ou six têtes chaudes criards ou tapes- durs avec un plumitif capable de coucher une pétition par écrit

L’avocat envieux et théoricien a conduit les paysans

La multitude est indécise, inerte, absente.  Le pouvoir échoit au groupe résolu, agissant, présent, qui trouve le loisir et qui a les volontés de s’en charger. La politique devient une carrière.

La force ne se mesure par un nombre. Ils sont une bande dans une foule et dans une foule désorganisée, inerte, une bande décidée à tout perce en avant comme un coin de fer dans un amas de plâtre disjoint.

Vers la fin de 1789, les gens modérés occupés rentrent au logis. Restent Les exaltés, les déclassés (les fanatiques et les scélérats)

Par cette purgation anticipée, les assemblées primaires se trouvent pour la plupart jacobines.

   On n’a jamais vu de machine mieux combinée pour fabriquer une opinion artificielle et violente, pour donner les apparences d’un vœu naturel et spontané, pour confier à la minorité bruyante les droits de la majorité muette.

Les jacobins sont comme les normands en Angleterre, les anglais en Irlande.

 Dans la grosse masse pacifique de mœurs et civilisés de cœur, la révolution a trié et mis à part les hommes assez fanatiques ou assez brutaux ou assez pervers pour avoir perdu tout respect d’autrui. »

Pour Auguste Cochin (1823-1872), on assiste à la manipulation du corps social et la conquête du pouvoir par des groupes anonymes dépositaires de la nouvelle souveraineté au nom de l’égalité et du peuple.

 « La démocratie directe produit mécaniquement une cascade d’usurpations dont l’ensemble constitue le pouvoir révolutionnaire, anonyme, instable, condamné par sa nature idéologique à l’exclusion périodique et à la fuite en  avant »

Pour Taine :

************Bonaparte

« Livré à lui- même et ramené subitement à l’état de nature, le troupeau humain ne saura que s’agiter, s’entrechoquer jusqu’à ce qu’enfin la force pure prenne le dessus, comme aux temps barbares et que, parmi la poussière et les cris, surgissent un conducteur militaire lequel d’ordinaire est un boucher.

On ne sort de l’anarchie que par le despotisme avec la chance de rencontrer dans le même homme, d’abord un sauveur, puis un destructeur. »

                

La révolution est une suite monstrueuse de crimes ou d’événements grotesques

Toutes les institutions ont été sapées à la base : coutume, religion, état, tradition. 

 

La terreur et le recours à l’armée sont inscrits dans les prémisses de 1789.  Taine reprend la formule de Malouet : « Pour tout homme impartial, la terreur date du 14 juillet »

 

***************chronologies

Résumé 

Chronologie Ecole marxiste

     1789-1792 révolution bourgeoise et mouvement populaire

    1792-1795 le despotisme de la liberté

     1795-1799 : la réaction bourgeoise et la fin du mouvement populaire

 

Chronologie Taine

          L’anarchie spontanée

         La conquête jacobine

         Le gouvernement révolutionnaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 Les acteurs

**************aristocrates

31 L’aristocratie

Noblesse clergé tiers

Marxistes

L’aristocratie liée au mode de production féodal doit disparaître pour permettre le développement capitaliste et le pouvoir de la bourgeoisie.

Vovelle écrit : « La terreur retrancha de la nation les éléments socialement inassimilables parce qu’aristocratiques ou ayant liés leur sort à celui de l’aristocratie »  

 

   Taine

L’aristocratie française est devenue une élite défaillante :  elle à des privilèges mais elle exploite le peuple, elle est absente sur ses terres, elle fait preuve d’abus, de mépris à l’égard du tiers-état, d’oisiveté. Elle est inutile : « Déjà avant l’écroulement final, la France est dissoute et elle est dissoute parce que les privilégiés ont oublié leurs caractères d’hommes publics. »

« La France ressemble à une vaste écurie où les chevaux de race auraient double et triple ration pour être oisifs, tandis que les chevaux de trait font le plein de services avec une demi- ration. Encore faut-il noter que parmi les chevaux de race, il est un troupeau privilégié qui, né près du râtelier, écarte ses pareils et mange à pleine bouche, gras, brillant, le poil poli. ».  « Deux ou trois mille frelons dorés picorent le miel public de Versailles »

C’est une noblesse abâtardie :

       Elle fait preuve d’humanité, de longanimité. Elle a horreur du sang. Les nobles sont doux et sensibles.  Leur seul défaut est la faiblesse.

« Plus une aristocratie se polit, plus elle se désarme, et quand il ne lui manque plus aucun attrait pour plaire, il ne lui reste plus aucune force pour lutter. L’empire est à la force dans l’humanité comme dans la nature.

              Toute créature qui perd l’art et l’énergie de se défendre devient une proie d’autant plus sûre que son éclat son imprudence et même sa gentillesse la livrent d’avance aux rudes appétits qui rôdent à l’entour. » 

    Pendant plus de 30 mois, sous une pluie d’outrages, de menaces, de spoliations, les nobles qui sont restés en France, n’entreprennent aucune hostilité contre le gouvernement qui les persécute.

   Une aristocratie imbue de maximes humanitaires et radicales, des courtisans hostiles à la cour, des privilégiés qui visent à saper les privilèges, il faut voir cet étrange spectacle.

***************peuple

32   Le peuple

Soboul :

Le peuple ce sont des exploités luttant pour leur émancipation. Le conflit principal est celui entre le peuple et les privilégiés.

 

Robespierre

J’ai compris que le peuple seul est bon, juste, magnanime et que la corruption et la tyrannie sont l’apanage exclusif de ceux qui le dédaignent.

Il y a deux partis , celui des bons et celui des mauvais citoyens. Celui du peuple français et celui des hommes ambitieux et cupides.

Il n’y a plus en France que deux partis : le peuple et ses ennemis. Celui qui n’est pas du peuple pour le peuple est contre le peuple. Celui qui a des culottes dorées est l’ennemi de tous les sans-culottes.

 

 

 

 

Taine           

Le peuple est misérable, accablé d’impôts, « Le peuple subit une machine à tondre grossière et mal agencée » 

C’est une sorte de bête primitive aux instincts élémentaires et si longtemps maltraitée qu’elle vit en état de révolte latente.

« Le vrai paysan n’est d’aucun parti ni royaliste ni républicain. Ses idées sont trop rares, trop courtes et trop lentes pour lui composer une opinion politique.  De la révolution, il ne comprend que ce qui le touche au vif. »       

Il est divisé :  paysans et urbains, parisiens et provinciaux, catholiques et non-catholiques (« C’est le jour de la vengeance et nous l’attendons depuis 100 ans » Jean Bon St André, protestant), raisonnables et fanatiques

 

****************assemblées

33   Les assemblées

Les assemblées

  Il y a eu trois assemblées la Constituante, la Législative la Convention. 

 

Ce sont des institutions que l’on peut qualifier de peu démocratiques

·        Le suffrage est masculin

·        Il est censitaire (sauf en 93)

·        Il est à deux degrés 

·        L’absentéisme 

Fin de la Constituante 700 présents sur les 1139 du début

           Fin de la Législative 300 /754 

 

 

·        l’abstention est forte

       En 1793, Il manque 6 millions 300000 électeurs sur 7 millions.

 

 

·         Le déroulement des scrutins se fait   sous-pression :

Il n’y a pas de vote secret d’où des menaces (rejet du suffrage secret le 28 mai 1790)

« La Convention a été élue dans des conditions qui n’ont rien à voir avec celle d’un scrutin libre dans les circonstances paisibles. Seuls les militants révolutionnaires osent paraître aux assemblées » Furet

 

 

    Par exemple, sur le vote pour la mort de Louis XVI Carnot écrit :  « Louis XVI eut été sauvé si la convention n’eut pas délibéré sous les poignards »

             Fouché hostile à la peine de mort change de position sous la pression.

 

 

Les votes se font sous la pression des tribunes depuis le 12 octobre 1791   

« Il est admis que le public des galeries représente le peuple    : oisifs, amateurs de nouveauté, nouvellistes, coryphées des cafés, futurs piliers de club, bref les exaltés de la classe bourgeoise. De même que la populace qui menace aux portes et jette des pierres, se recrute parmi les exaltés du petit peuple, ainsi, par un triage involontaire, la faction qui s’érige en pouvoir public ne se compose que des esprits violents et des mains violentes. »

 

« La nation des galeries juge la nation du bas de la salle » 

 

 

 

               Burke décrit la Constituante comme une assemblée usurpatrice, composée de bavards, d’obscurs avocats de province, de curés de campagne inexpérimentés, turbulents et insatisfaits. 

 

Taine présente le fonctionnement des assemblées :  

 

               « Tintamarre des tribunes : déclamations furibardes, remontrances impérieuses, exigences, sommations, menaces,

 

*****************états généraux

 

Une salle de collège où des centaines d’écoliers se querellent et se prennent par les cheveux

Chacun refait son Montesquieu avec la suffisance d’un enfant qui se croit savant en commençant à lire

 Un anglais étudierait 6 mois ce qu’ils décident en un quart d’heure

Une farouche et grossière présomption a délivré le sot et l’ignorant du sentiment de leur nullité

Ils croient faire des lois quand ils alignent des phrases

Ils pérorent sur des questions qu’ils n’entendent pas

Jamais on n’a tant parlé pour si peu dire 

Mots grandioses et vagues, verbiage creux, emphase ronflante

Charlatanisme imprudent, déclamation vulgaire, flatterie servile

Scolastique de pédants débités avec une emphase d’énergumènes

 

Une fabrique de sottises, une école d’extravagances, un théâtre de déclamations, de fadaises saugrenues

 

Plus de la moitié du temps s’y dépense en acclamations et en clabauderies 

Rétif de la Bretonne : « le bruit tient lieu de majorité »

 

En étant un club de motionnaires, elle cesse d’être un conclave de législateurs.                                                                                                              

 

Autant vaudrait prendre 11000 notables dans une province de terre ferme pour leur confier la réparation d’une vieille frégate : ils la démoliront en conscience et celle qu’ils construiront à la place sombrera à la sortie du port.

 

« La plupart abordent la politique à peu près comme ce gentilhomme à qui l’on demandait s’il savait jouer du clavecin et qui répondait : je ne saurais vous dire, je n’ai jamais essayé, mais je vais voir »

 

***********Danton Robespierre Marat

34 Les jacobins

Les jacobins

 Marxistes

 Héroïques, dévoués au bien commun, annonciateurs de l’avenir, défenseurs de l’idée de souveraineté du peuple, du suffrage universel, de l’égalité, de la liberté d’opinion, de l’éducation pour tous, de l’idée d’assistance sociale, du divorce, de la reconnaissance des droits des enfants dits naturels, de la suppression de l’esclavage, du développement des sciences (cf création des grandes écoles)

Taine

  « Sous le grand nom de liberté, c’est ainsi que chaque vanité cherche sa vengeance et sa pâture.  Rien de plus naturel et de plus doux que de justifier ses passions par sa théorie, d’être factieux en se croyant patriotes et d’envelopper les intérêts de son ambition dans les intérêts du genre humain. »

   ***************Club des jacobins 1

Les qualificatifs qu’ils attribuent aux jacobins :  

Tourbe de déclassés besogneux et bavards qui promènent leurs idées creuses et leurs prétentions de déçus sur le pavé

Politique de café, harangueur de club, motionnaires de carrefour, insurgé de place publique, dictateur de comité »

Bavards turbulents, insatisfaits, ratés, envieux, médiocres, fanatiques, fous  imbibés de quelques idées

Esprits bornés, faussés, précipités, emphatiques, faibles ,mal cultivés, mal ensemencés, charlatans, aventuriers de l’esprit, cerveaux malsains, illuminés de toute espèce, déclassés, besogneux

 Sectaires, fanatiques, ramassis de déclassés, brutaux, pervers

 Intrigants, endettés, tarés, hypocrites, amateurs de bruits, talents avortés, cerveaux avariés, 

« Rien n’est plus dangereux qu’une idée générale dans des cerveaux étroits et vides » : leurs ennemis sont imbéciles ou corrompus, les aristocrates sont vicieux par nature, le peuple vertueux.

Ils parlent du Peuple souverain et ils traiteront le peuple en esclave

 

*****************club des jacobins 2

 

« Quelle que soient ma condition, mon incompétence mon ignorance et la nullité du rôle dans lequel j’ai toujours langui, j’ai plein pouvoir sur les biens, les vies, les consciences de 26 millions de français et pour ma quote-part : je suis tsar et pape. »

 « Nous imposons de force notre religion et notre culte notre morale et nos mœurs. Nous régentons la vie privée et for intérieur. Nous commandons aux pensées, nous scrutons et punissons les inclinations secrètes, nous taxons, emprisonnons et guillotinons non seulement les malveillants mais encore les indifférents, les modérés, les égoïstes.

***************club des jacobins 3

Le jacobin sait tout de suite quel est le gouvernement légitime et quelles sont les bonnes lois.  Il connait la volonté du peuple et il la connaît d’avance. Désormais, on connait la volonté du peuple, on peut agir sans le consulter, on n’est pas tenu d’attendre leur vote, en tout cas, leur ratification est certaine. Si par hasard elle manquait, ce serait de sa part, ignorance ou méprise, et alors leur réponse mériterait d’être considéré comme nulle. »

 

 

  On assiste à la construction logique d’un type humain réduit, à un effort pour y adapter l’individu vivant, à l’ingérence de l’autorité publique dans toutes les provinces de la vie privée, à la contrainte exercée sur le travail, les échanges et la propriété, sur la famille et l’éducation, sur la religion, les mœurs et les sentiments, au sacrifice des particuliers à la communauté, à l’omnipotence de l’état.

 

Jadis, il y avait des crimes de lèse-majesté royale. Maintenant il y a des crimes de lèse-majesté populaire.  Ainsi le dogme qui proclame la souveraineté du peuple aboutit à la dictature de quelques –uns : C’est nous, les 5 ou 6000 jacobins de Paris, qui somment le monarque légitime, le pontife infaillible et malheur aux récalcitrants ou aux tièdes

 

*************Marat 

Marat

****Vive Marat

   Soboul      C’est un savant méconnu. Il fait preuve de bonté et d’humanité profonde.   Il défendait avec clairvoyance les droits des masses populaires

****** Charlotte Corday

   Taine    C’est un escroc fou qui traite Lavoisier « d’apprenti chimiste », qui déclare « Pour assurer la tranquillité publique, il faudrait que 230 000 têtes tombassent encore »

 

****************Robespierre 1

 

Robespierre

Buchez et Roux l’intègrent dans la Trinité sainte et sublime avec Jésus-Christ et  Rousseau

Marxistes

·        Un grand homme

Mathiez écrit en 1920 « Pourquoi sommes-nous Robespierristes ? »

 

Il est courageux, clairvoyant, éloquent, désintéressé, incorruptible (le seul homme de notre histoire à avoir mérité ce qualificatif).  Il fait preuve d’un effort surhumain, il mène combat titanesque.

 

Vovelle 

« Ce n’était pas un dictateur comme on l’a dit. Avec sa conviction, sa rectitude d’incorruptible, il a été l’âme de la révolution dans sa phase la plus terrible » 

« C’est que Robespierre et ses amis ne sont pas des tyrans sanguinaires : au-delà de la réponse aux circonstances, ils ont un haut idéal. Celui de fonder la République par une régénération de ses citoyens. »

Il mène une lutte à la fois contre les opportunistes (Danton) et contre les extrémistes de gauche (enragés, hébertistes)  

 Vovelle

« Les enragés en profitaient pour attiser le mécontentement général. Robespierre entendait ne pas se laisser déborder par le mouvement populaire. Le comité de Salut Public pour l’efficacité de sa politique entendait ne plus tolérer ces mouvements irréguliers cad la poussée parfois désordonnée des masses. »

Le comité de salut public avait freiné le mouvement populaire. Il parut nécessaire de limiter les pouvoirs respectifs, de les subordonner au pouvoir central, de tourner définitivement la spontanéité révolutionnaire des masses vers les buts assignés par le gouvernement révolutionnaire. 

 

« La calomnie, l’envie, la peur et le crime allait miner son œuvre et la République elle-même »

    Selon Soboul, il mène la lutte contre les « factions » (Hébertistes, les dantonistes) lui ne faisant pas partie d’une faction.

       On ne peut s’empêcher de penser à la « ligne juste » (sic) de Lénine luttant à la fois contre les menchevicks et les gauchistes (la maladie infantile du communisme) et évidemment à Staline luttant contre Trotsky (la gauche) et Boukharine (la droite)

 

 

**************Robespierre 2

 Cela n’empêche pas les marxistes d’être critique à l’égard de Robespierre :   

  Robespierre croyait à la toute-puissance des idées et des appels à la vertu.

   Robespierre fut incapable d’une analyse précise des réalités économique et sociales de son temps

     Les jacobins ne constituaient pas un parti de classes strictement discipliné qui eut été un instrument efficace d’action politique

Robespierre demeura prisonnier de ses contradictions : il était trop conscient  des intérêts de la bourgeoisie pour s’attacher totalement la sans-culotterie mais trop attentif aux besoins des sans culottes pour trouver grâce à aux yeux de la bourgeoisie.

                                                            Soboul

  

Les insuffisances de Robespierre sont claires, c’est un idéaliste, petit-bourgeois qui n’a pas compris la nécessité d’un parti politique de classe centralisé

 

Pour les anarchistes, c’est un traître vis-à-vis des masses populaires, qui a peur du spontanéisme des masses

Ses mesures en faveur des pauvres sont des manœuvres défensives. Il refuse la déchristianisation, il défend le caractère sacré de la propriété. 

 

 

*****************Robespierre 3

 

Taine

  Cuistre, esprit creux et gonflé, qui parce qu’il est plein de mots se croit plein d’idées, jouit de ses phrases et se dupe lui-même pour régenter autrui.

   Jamais homme n’a tenu si droit et si constamment sous son nez l’encensoir qu’il bourrait de ses propres louanges.

C’est un fou qui a sa logique et un monstre qui se croit de la conscience.

Le jacobin a canonisé ses meurtres et maintenant c’est par philanthropie qu’il tue.

  Sans la révolution, sa petite lampe allumée eut brillé modérément, sans bruler personne, et, répandu sur un cercle de province, sa lumière banale, blafarde, proportionnée au peu d’huile que contenait son vase étroit.

 Stefan Zweig le qualifie de Savonarole de la raison et de la vertu.

****************sans-culottes

35  Les sans-culottes

Vovelle

Les sans-culottes sont le mouvement populaire par essence.

« Le sans-culotte est un militant, il participe à des assemblées de quartier. Le soir, il lit les affiches ou les journaux, ce qui ne l’empêche pas d’être un bon père de famille et un travailleur »

« Pour défendre sa liberté et celle des autres le sans culotte est fier de sa pique »

 

En même temps, le sans -culotte se décourage : « nous sommes à la veille de regretter tous les sacrifices que nous avons fait pour la révolution » 

Robespierre le constate : : « le peuple se lasse »

 Soboul le reconnait : « La démocratie s’affaiblissait au sein des sections. La bureaucratie entraina graduellement la paralysie de l’esprit critique et de la combativité politique des masses. »

 

Et puis les sans -culottes n’étaient pas complètement révolutionnaires :

Dans leur programme, « Le maximum des fortunes sera fixé. Mais ce programme social est plein de contradictions par sa volonté de maintenir la propriété privée, tout en la limitant dans ces effets » 

Les sans-culottes eux-mêmes restaient prisonniers de la volonté de maintenir la propriété privée.

« Un parti discipliné reposant sur un recrutement de classe et une sévère épuration : cet instrument de lutte politique manqua toujours à la sans-culotterie parisienne malgré quelques tentatives timides de coordination. Quant à la masse elle- même, à part la haine de l’aristocratie, elle ne pouvait posséder un très grand sens politique, les conditions économiques et sociales de l’époque en rendant compte »

 

 

*******************Babeuf

En fait l’avenir en germe se trouve chez Babeuf : 

·        Il est pour la collectivisation

« Babeuf avait dénoué la contradiction en présentant la communauté des biens et des travaux comme seule capable d’instaurer l’égalité des jouissances et de réaliser le bonheur commun. L’abolition de la propriété privée et la collectivisation des moyens de production apparurent au tribun du peuple, encore confusément, comme les conditions nécessaires d’une démocratie sociale réelle »

Le seul moyen d’arriver à l’égalité de fait est d’établir l’administration commune, de supprimer la propriété particulière, d’attacher chaque homme au talent à l’industrie qu’il connait, de l’obliger à en déposer le fruit en nature au magasin commun et d’établir une simple administration de subsistances qui, tenant registre de tous les individus et de toutes les choses, fera répartir ces dernières dans la plus scrupuleuse égalité.

 « Les enfants seront élevés en commun, l’enfant ne portera plus le nom du père, nul français ne pourra sortir de France, les villes seront rasées, les livres proscrits, les français porteront un costume spécial, nul écrit ne sera publié sans l’accord du gouvernement. »

·        Il est pour un parti discipliné

·         Il est pour une dictature du peuple 

Babeuf est ainsi le précurseur du communisme. Il influencera Buonarroti

 « Il est indispensable de maintenir la dictature d’une minorité révolutionnaire tout le temps nécessaire à la refonte de la société » qui influencera Blanqui qui influencera Lénine.

 *****************Sans culottes  2

Taine :

Les sans-culottes sont les représentant du peuple parce que les jacobins décident d’attribuer aux militants révolutionnaires d’origine populaire la légitimité de représenter le peuple.  

C’est une minorité entre 10000 et 20000 sur 700 000 parisiens. En fait ce sont les croyants activistes.

Ce ne sont pas les gens occupés et rangés qui viendront tous les jours et toute la journée aux séances. D’abord, ils ont trop à faire à leur bureau, à leur boutique, à leur établi pour perdre ainsi leur temps. Au contraire, rien de plus attrayants pour les désœuvrés, piliers de café, orateurs de cabaret, flâneurs et bavards, pour les réfractaires et les parasites de l’armée sociale, tous ceux qui, sortis du cadre ou n’ayant pu y entrer, se font une carrière publique

 

 

 

 

4 1793-94 : Les montagnards au pouvoir 

****************** Gillray

  41 la politique économique

Pour Soboul, l’économie dirigée (règlementations, prix maximum, réquisitions, décrets contre l’accaparement,  commission des subsistances  sur la production, le commerce et les transports) n’est pas seulement une nécessité en période de guerre (cf le EU en 41-45) mais elle doit être une anticipation d’une économie au service du peuple.

Mais les montagnards n’ont pas su aller jusqu’au bout dans cette politique car ils étaient toujours attachés à l’économie de Marché.

 « En affirmant la nécessité de la liberté économique, les Montagnards refusaient de s’engager dans la voie de la démocratie sociale. » 

   La Constitution de 1793 n’interdisait pas l’activité économique privée : « nul genre de travail, de culture, de commerce, ne peut être interdit à l’industrie des citoyens. »

      Si la politique économique des montagnards fut un échec selon Soboul, c’est parce que les règles de fonctionnement d’une économie administrée  n’ont pas été appliquées jusqu’au bout et qu’elles ont été interrompues par Thermidor.

 

********************caricature famine

C’est exactement le contraire de l’analyse de Taine.

 

La politique économique des montagnards est marquée par trois traits :

·        L’atteinte à la propriété

Les jacobins ont excusé, amnistié, toléré et autorisé contre la propriété tous les attentats populaires : vol, pillages, abolition sans indemnités, perquisitions à domicile, saisies.

           Je ne suis propriétaire de mon bien que par tolérance et de seconde main.  Le souverain peut légitimement s’emparer des biens de tous comme cela se fit à Sparte au temps de Lycurgue. Dans notre couvent laïque, tout ce que possède chaque moine et un don révocable du couvent

La propriété et le gouvernement sont des usurpations

·        La bureaucratisation

On a assisté à la formation d’une bureaucratie dévouée au pouvoir

 

En 1791, il y a 670 emplois dans les ministères, en 1794 3000, en 1795 5000. 

Le recrutement se fait au sein des sans –culottes

« A Paris, où ils commandent, une minorité infime se recrute dans le rebut humain qui infeste les capitales, dans la canaille épileptique et scrofuleuse qui héritière d’un sang vicié et avarié par sa propre inconduite importe dans la civilisation les dégénérescences, l’imbécillité, les affolements de ses instincts rétrogrades. »

« C’est dans ce bas-fond d’ignorance et de vices que le gouvernement révolutionnaire va chercher ses états-majors et son personnel »

« Dans le personnel définitif de l’administration révolutionnaire, on n’y trouve guère que les notables de l’improbité, de l’inconduite et du vice, au moins de l’ignorance, de la bêtise et de la grossièreté. »

 

*********************Paysan

·        la règlementation

 « D’après le découragement où les avait plongés la loi du maximum, on peut juger de l’abattement dans lequel serait tombé le peuple sous le système indéfiniment maintenu très probablement sur la moitié du territoire : la culture au bout d’un an ou deux fut devenu nulle ou improductive ; déjà sous toute sorte d’exhortations ou de menace, le paysan demeurait inerte, en apparence insensible et sourd comme un bête de somme surmenée, qui sous les coups s’entête, s’abat et ne bouge plus.

 

*********************paysan chinois

 L’expérience avait été faite en Chine au XI siècle et, selon les principes, longtemps, régulièrement, par la main de l’état omnipotent, sur les hommes les plus laborieux du monde et ces hommes étaient morts par myriade comme des mouches. Si les français, à la fin de 1794 et pendant les années suivantes, ne sont pas morts comme des mouches, c’est parce que le régime jacobin s’est détendu trop tôt. »

« Substituez partout la contrainte extérieure, artificielle et mécanique au stimulant interne naturel et vivifiant vous n’obtiendrez que l’atrophie universelle »

La politique économique des montagnards a échoué à cause de la politique contre la propriété et la liberté des échanges.

 

42 ******* La violence révolutionnaire

 

La violence est toujours présente dans la dynamique de la révolution (300 émeutes avant juillet 89). La vision selon laquelle la révolution connaît des périodes de calme entrecoupées de quelque accès de violence (prise de la Bastille, massacre de Septembre, terreur..) est fausse. 

 

********************* Exécution Louis XVI

Ecole marxiste

 

        Pour les marxistes, cette violence était inévitable et nécessaire.

·        « La révolution qui commence à un caractère, il faut le dire, marqué par la violence, même si celle-ci avait déjà été présente auparavant »   

« La Volonté punitive constituait depuis 1789 un des traits essentiels de la mentalité révolutionnaire » Vovelle

 

·        Réponse à la violence du passé

« Elle était la réponse à la violence d’un passé qui ne voulait pas mourir » 

Babeuf 1789 « les maîtres nous ont rendu aussi méchants qu’eux » Aulard (qui n’était pas marxiste)

·        Résistance des privilégiés et interventions étrangères

« La révolution est ombre mais aussi lumière. Elle a été d’une grande violence parfois incontrôlée et sauvage, parfois nécessaire, face à la résistance d’un ancien monde qui se défendait férocement » Vovelle

 

·        La tyrannie

 

Le peuple ne se soulève que lorsqu’il est poussé au désespoir par la tyrannie et sa vengeance est toujours juste dans son principe. Marat

 

 

*******Féraud

 

·        La violence est le fait d’une minorité du peuple.

   L’époque des actes sanguinaires n’a pour acteur qu’un nombre d’hommes minimes, infiniment petit.  Les dirigeants de la commune (Hebert) sont de misérables scribes hurleurs et aboyeurs.  Michelet

 

·        La manipulation

« Ce n’est pas le peuple malgré la présence de quelques citoyens honnêtes mais des hommes opulents déguisés en sans-culottes. »  Robespierre

 

 43 La terreur

 

C’est la colère populaire qui accuse les citoyens de crimes dont ils n’existent pas de preuves écrites mais dont la preuve est dans le cœur des citoyens indignés.

 

·        Les besoins du peuple                                       

« C’est là le volet sombre et même terrible de la révolution, mais il faut envisager l’autre face de cette politique : Le gouvernement révolutionnaire a eu comme impératif de répondre aux besoins les plus urgents du peuple : rareté des denrées, montée des prix, la misère. Il a appliqué la solution autoritaire que réclamaient les porte- parole populaires »     Vovelle

 

·        La démocratisation

              

 « La terreur retrancha de la nation les éléments socialement inassimilables parce qu’aristocratiques ou ayant liés leur sort à celui de l’aristocratie. Elle conféra au Comités de gouvernement la force qui leur permit de restaurer l’autorité de l’état et d’imposer à tous la règle du salut public.  Elle contribua à développer le sentiment de solidarité nationale. Elle permit d’imposer l’économie dirigée …  Le régime de l’an II avait permis au peuple de participer à la direction des affaires » Soboul

 

« La terreur avait déblayé le terrain pour l’instauration de nouveaux rapports sociaux »   Soboul

 

·        La terreur a permis la régularisation de la répression

« La volonté du comité de salut public visait à régulariser la répression, à maintenir la terreur dans son cadre légal, à contrôler le mouvement populaire. Les comités révolutionnaires étaient composés de patriotes sûrs et dévoués »

« La répression qui suivit ces grands procès (Danton, Hebert), malgré son caractère limité, développa chez les militants un complexe de peur qui paralysa la vie politique sectionnaire.  De la liquidation des factions à la chute de Robespierre, la dictature du gouvernement révolutionnaire ne fut plus contestée. »

 

La terreur est une mise en forme légale et administrative de l’intimidation des opposants à la révolution pendant la période jacobine

 

·        la terreur est un outil de défense 

La terreur fut essentiellement un instrument de défense nationale et révolutionnaire contre les rebelles et les traitres.  La patrie était en danger devant la contre- révolution, les Vendéens, les armées étrangères.

 

·        la  terreur   était  équilibrée  par la vertu, l’amour de la patrie et de ses lois

 

·        Grandeur de l’objectif  final

« En faisant périr les scélérats on assure la vie de toutes les générations des hommes libres » Collot d’Herbois

« C’est par la violence qu’on doit établir la liberté et le moment est venu d’organiser momentanément le despotisme de la liberté pour écraser le despotisme des rois » Marat

 « C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres » Carrier  

 

·          « Le bilan de la terreur doit être nuancé (entre 35 000 et 40 000 victimes) »

·        Un méa-culpa ? « Parmi les victimes de la terreur, il y eut une majorité de gens du tiers état » Soboul 

 

 

 

Les facteurs psychologiques qui expliquent le déchaînement de la violence.

Thimoty Tackett dans « Anatomie de la terreur » tente d’expliquer ce déchaînement de violence : la violence de la presse, l ’importance des rumeurs, les dénonciations, l’obsession des complots, la diabolisation des adversaires, la peur, la colère, le ressentiment, la vengeance. 

 

 

44 Critiques de la terreur

 Rivarol 

« La populace est toujours partout en tout pays la même ; toujours cannibale, toujours anthropophage et quand elle se venge de ses magistrats elle punit des crimes qui ne sont pas avérés par des crimes qui sont toujours certains. »

***************************Proudhon

Proudhon

Ces hommes furent saisis d’une véritable fureur de gouvernement. Des mesures de salut public étaient devenues nécessaires. Bientôt le bon plaisir des dictateurs fut toute leur raison. Ils ne surent que proscrire et guillotiner.

*****************************Quinet

Quinet

« Combien de temps répèterez- vous encore cet étrange non-sens que tous les échafauds étaient nécessaires pour sauver la révolution qui n’a pas été sauvée ? »

« L’illusion des terroristes est d’invoquer le succès pour se couvrir devant la postérité. Mais le succès où est-il ? Les échafauds, le despotisme, 25 ans de guerre ? »

 

 

*****************************Ferry

 

Ferry 

 C’est une monstrueuse et puérile rêverie d’une société régénérée par l’échafaud, un incroyable mélange d’atrocité et de candeur, d’austérité naïve et de rigueur implacable, de littérature et de cruauté, d’utopie pédagogique à la fois absurde et sanglante à laquelle resteront éternellement attachés les noms de St Just et de Robespierre. 

 

*******************************Engels

Engels

« La terreur nous l’imaginons comme le règne de ceux qui répandent la terreur mais, tout au contraire, c’est le règne de ceux qui sont terrorisés. La terreur n’est, en grande partie, que cruautés inutiles perpétrées par des gens qui sont eux-mêmes effrayés. Je suis convaincu que l’on doit imputer presque entièrement la règne de la terreur en 1793 aux bourgeois surexcités, jouant les patriotes, petits bourgeois philistins souillant de peur leur pantalon et la lie du peuple faisant commerce de la terreur »

 

**********************************Vendée Gillray

Taine

 

Il fait une description détaillée des violences qui fait ressembler le livre à des gravures de Goya. 

Il est révulsé par la violence populaire qui s’appuie sur le ressentiment et la haine

« Comme sur un radeau de naufragés sans vivres, l’homme est retombé à l’état de nature. Le mince tissu d’habitudes et d’idées raisonnables dans lequel la civilisation l’enveloppait s’est déchiré et flotte en lambeau.

 

 « Le dogme qui proclame la souveraineté du peuple aboutit à la dictature de quelques -uns et à la proscription des autres. »

    « Les jacobins se disent représentants du peuple alors que le peuple est guillotiné » :

 La peine de mort est utilisée pour celui qui a plus de pain que nécessaire à sa subsistance, pour le cultivateur qui ne porte pas ses graines au marché chaque semaine.

 

« Plus arbitrairement, plus brutalement, plus injustement, que les vieux barons féodaux, la populace des campagnes taxe, emprisonne, pille ou tue. »

« Plusieurs millions de sauvages sont ainsi lancés par quelques milliers de parleurs.  D’une part, la force brutale se met au service du dogme radical, d’autre part, le dogme radical se met au service de la force brutale »    

Car le propre d’une insurrection populaire, c’est que personne n’obéissant à personne, les passions méchantes y sont libres autant que les passions généreuses et que les héros ne peuvent contenir les assassins

 « S’il faut l’ivresse pour réveiller la brute, il suffit de la dictature pour éveiller le fou »

 « C’est un despotisme digne du Dahomey, un tribunal pareil à celui de l’inquisition, des hécatombes humaines semblables à celle de l’ancien Mexique »

« Le jacobin a canonisé ses meurtres, et maintenant, c’est par philanthropie qu’il tue. C’est un fou qui a de la logique et un monstre qui se croit de la conscience. »

 

    « Au milieu de leurs prisons et de leurs échafauds, ils n’avaient jamais cessé de croire à leur bon droit, à leur humanité, à leur vertu et, dans leur chute, ils se sont considérés comme des martyrs »

 

Il cite Chateaubriand

« Les conventionnels faisaient couper le cou à leurs voisins, avec une extrême sensibilité, pour le plus grand bonheur de l’espèce humaine »

 

*************************************Robespierre

44  Thermidor

Soboul

C’est la victoire de la bourgeoisie

Les thermidoriens voulaient empêcher le retour à la démocratie politique et sociale»

 

Furet

Comment peut-on parler de retour de la bourgeoisie ? 

Le pouvoir retranche 2/3 de leurs revenus à 386 000 rentiers, il fait un emprunt forcé, il déclare la banqueroute.  

Les thermidoriens voulaient faire fonctionner l’économie et devaient donc prendre des mesures pour favoriser les couches sociales influentes économiquement : garantie vis-à-vis de la propriété, libre circulation des grains, fin des réquisitions… Ce n’est pas le social qui détermine le politique mais le politique qui détermine le social. 

Taine

C’est la victoire d’une fraction jacobine enrichie qui avait peur de se faire raccourcir.

Barère le dit « On faisait guillotiner son voisin pour que le voisin ne vous fît pas guillotiner »

« Si la république jacobine meurt, ce n’est pas seulement parce qu’elle est décrépite et qu’on la tue, c’est encore qu’elle n’est pas née viable »

« Ce qui maintient une société politique, c’est le respect de ses membres les uns pour les autres ». 

Résumé

 

Soboul

Taine

causes

capitalisme

 

crise économique et politique

idéologie

peuple

exploité

révolté

bête sauvage

dynamique

lutte des classes

passions

constitution 91

bourgeoise

anarchique

Rousseau

génie

demi-fou

jacobins

 

héroïques

fanatiques

terreur

indispensable

objectif : sauver la patrie

aboutissement inévitable de la philosophie de la révolution 

 

 

 

violence

justifiée

injustifiable

protagonistes

aristocratie/peuple

guerre civile

sans-culottes

représentants du peuple

fraction activiste du peuple

Babeuf

précurseur du communisme

précurseur du totalitarisme

 

*********************************Origine de la France contemporaine

5 Critiques à l’égard de Taine

Jaurès :

 « Taine a construit la vision la plus futile, la plus superficielle qui soit, la plus dangereuse aussi. »

 

 Seignobos

Le « plus inexact des historiens français » « qui n’a aucune idée de ce que doit être un livre d’histoire, les origines étant un ouvrage partisan » « Les origines négligent les attaques auxquelles la révolution devait faire face et donnent ainsi la peinture d’un duel d’où l’on aurait effacé l’un des deux adversaires, ce qui donne à l’autre l’aspect d’un fou »

Quinet 

« Si l’on isole du spectacle des armées celui de l’intérieur on voit au-dedans un peuple furieux sans apercevoir la cause de sa fureur »

François Mélonio 

« L’histoire de Taine assiège le lecteur d’un amas d’horribles faits divers, choisis avec plus de goût pour la sensation forte que de discernement. »       

 

Soboul

Soucieux de défendre l’ordre social, Taine prend le parti de la noblesse contre la bourgeoisie, de la bourgeoisie contre le peuple. Des motivations révolutionnaires, il ne voit qu’envie cupide parmi la bourgeoisie, parmi le peuple, qu’instinct sanguinaire. …Ayant délibérément écarté de son propos la guerre et ses conséquences pour ne s’attacher qu’aux problèmes et aux luttes intérieures, Taine a faussé toute l’histoire de la révolution. Il passe sous-silence l’alliance de la contre révolution et de l’étranger, le complot aristocratique, l’armement des émigrés, la trahison partout présente

 

Et pourtant …

Soboul

« Cependant, attaché à décrire avec autant de mépris que de crainte les mouvements populaires, Taine en a souligné la complexité, montrant l’imbrication des forces sociales, des intérêts personnels et des passions collectives. Pressentant la nécessité du recours à la psychologie sociale, Taine a été, malgré tout, pour les historiens de la révolution et au témoignage même de George Lefebvre, un initiateur, un éveilleur. » 

*********************************** Ozouf

Mona Ozouf

« Obscurcie pour les années 1880, sa capacité prédictive reste stupéfiante pour le XX siècle…La défiance à l’égard du progrès, l’ombre des désastres à venir, la hantise des signes de l’inhumain, tout ce qui, voici un siècle, rendait son propos inécoutable est précisément ce qui nous porte aujourd’hui à lui prêter une oreille attentive. Par là, le « monument à demi-ruiné » tient encore bon. »

*********************************Conclusion  Déclaration Gillray

Conclusion  

 Bilan de la révolution

Soboul :

 1793 est une anticipation dont il reste à réaliser la promesse. La tentative de l’an II, malgré l’échec final, parait valeur d’exemple. Ce fut une tentative grandiose et dramatique

Taine :    

En Egypte, dit Clément d’Alexandrie, les sanctuaires des temples sont ombragés par des voiles tissés d’or : mais, si vous allez vers le fond de l’édifice et cherchez la statue, un prêtre s’avance d’un air grave en chantant un hymne en langue égyptienne et soulève un peu le voile comme pour vous montrer le Dieu. Que voyez- vous alors ? Un crocodile.  Le Dieu des Egyptiens paraît : c’est une bête vautrée sur un tapis de pourpre.

On a pu persuader au bon public que les crocodiles étaient des philanthropes, que plusieurs d’entre eux avaient du génie, qu’ils n’ont guère mangé que des coupables et que, si, parfois, ils en trop mangés, c’est à leur insu, malgré eux, ou par dévouement, se sacrifiant d’eux- mêmes au bien commun.

Furet

II y a deux moyens sûrs de ne pas comprendre la révolution, c’est de la maudire ou de la célébrer.

Ceux qui la maudissent sont condamnés à rester insensibles à la naissance tumultueuse de la liberté et de l’égalité. Ceux qui la célèbrent sont incapables d’expliquer ni même d’apercevoir ses tragédies sauf à les couvrir de l’excuse débile des circonstances. Ils restent aveugles à l’ambiguïté constitutive de l’événement qui comporte à la fois les droits de l’homme et la terreur, la liberté et le despotisme.

 Je reprendrai pour ma part la formule de Tocqueville qui « éprouvait face à la révolution une surprise mi-admirative, mi- horrifiée. »