lundi 20 avril 2020


LA SOCIETE ENTRE LE MARCHE,  L’ETAT ET LA DEMOCRATIE .


Les sociétés humaines connaissent des activités économiques c’est à dire des activités relatives à la production des richesses . Alors se pose la question : comment ajuster la production aux besoins ? 
   
régulation (en dehors de l’autoproduction ) : façon d’ajuster la production aux besoins

2 modes
                                       le marché
                                       la planification  
                                    

On commence par le marché ?


   définition
    Des entreprises en concurrence vendent un bien ou un service à un certain prix pour réaliser un profit

Comment s’est développé le marché ?

  Il s’est développé dans le cadre de l’économie d’autoproduction .(nénuphar) Ce développement existe depuis l’Antiquité 
 

    Smith
-          naturel /universel
     Polanyi : aboutissement récent : terre et travail

Le marché est-il un bon moyen de régulation ?

Oui et non

Oui

défense du marché

  1 les théories libérales éco
-          Smith : main invisible/institution naturelle
-          Walras : équilibre général
-          Pareto : optimum
-            Schumpeter : innovation et destruction créatrice
-          Hayeck : outil d’information décentralisé

   2 critiques de  l’action économique étatique

Un agent qui n’est pas porteur
·         de l’intérêt général
·         de la rationalité économique
·         de la liberté



  3 Les leçons de l’histoire
        -  échec des alternatives (communisme)
-          liberté économique (et donc liberté politique)
-          satisfaction du consommateur
-          dynamisme : création de richesses

-          détournement de l’agressivité (Keynes)

et les critiques vis à vis du marché ?


 1 la critique de la théorie de l’équilibre général
-          les conditions  qui permettent EG  ( atomicité, homogénéité, libre entrée, transparence, mobilité parfaite des facteurs) sont trop éloignées de la réalité
-          L’équilibre réalisé par le marché peut être de sous-emploi : Keynes
-          la stabilité de l’équilibre  n’est pas démontrée ( théorème de Sonneschein-Mantel-Debreu)
-          l’analyse n’intègre ni le temps , ni l’incertitude, ni la dynamique 
-          somme des rationalité individuelles différent de la rationalité collective / Keynes (micro/macro). dilemme du prisonnier 
-          externalités

En fin de compte ,l’édifice grandiose de la TEG est intellectuellement extraordinairement fragile et je m’étonne toujours  que l’on puisse la présenter comme scientifique .


 2   Les leçons de l’histoire
-          le marché ne satisfait que les besoins solvables (cf JM Sylvestre)
-          il n’a pas de vision de l’intérêt général
-          absence de vision à long terme
-          crises périodiques


 3  La critique morale
-          marchandisation
 
effets de la publicité : mensonge + Que choisir
 effets sur la culture  Boltanski et Thévenot 

               
 
-           aliénation


Deuxième solution : la planification

Une institution évalue les besoins et décide de produire les richesses pour satisfaire ces besoins.

 Cette solution se présente comme une alternative à tous les défauts du marché .
-          le marché ne satisfait que les besoins solvables
-          il n’a pas de vision de l’intérêt général
-          absence de vision à long terme
-          crises périodiques
-          marchandisation
-          aliénation

et cette solution, elle  été appliquée où ?

Dans les pays où les partis communistes ont été au pouvoir. Le résultat , on le connaît : l’échec . Pour quelles raisons ? 


1        L’impossibilité du calcul économique c’est à dire la meilleure utilisation des facteurs de production pour produire des richesses. La planification est un mode d’allocation des facteurs de production, ce n’est pas un mode d’allocation optimal. Toute l’histoire éco des pays communistes montre qu’ils ont essayé de chercher un optimum éco sans le marché et qu’ils n’y sont pas arrivés. Et que chaque fois qu’il voulait s’en rapprocher, ils introduisaient des mécanismes de marché.
2        La bureaucratie, phénomène inhérent au socialisme, étape préalable au communisme 
  Communisme : à chacun selon ses besoins.
 Socialisme : à chacun selon son travail Celui qui travaille deux fois plus est payé deux fois plus. Il faut faire fonctionner l’économie sur la base de ‘bons de travail ‘ (nb d’heures de travail effectué) Il faut une bureaucratie pour établir ces bons .L’échange sur la base du temps de travail , supprime totalement la liberté de l’agent économique de vendre et d’acheter sur la base d’un prix. L’économie est totalement bureaucratisée.
  Ainsi, les inquiétudes de Lénine (et de Trotsky) sur les risques de la bureaucratisation du système soviétique sont fondées sur un diagnostic faux : la bureaucratie n’est pas une déformation du socialisme , c’est son essence même. 

Mais cette planification était de nature autoritaire , dans le cadre d’un régime politique totalitaire. 
    
  C’est pour cela que se sont développées les théories de la planification démocratique que ce soit au sein de la social-démocratie (Rocard, le PSU…) soit au sein  l’extrême gauche anticommuniste .

  Autogestion +planification démocratique étaient présentées comme l’alternative au marché et à la planificationautoritaire .
  On retrouve là les vieilles analyses proudhoniennes du XIX, les références aux expériences de la commune de Paris , de la CNT espagnole pendant la guerre civile , des conseils ouvriers dans les révoltes anticommunistes ( Hongrie 56 Tchéco 68) ,   l’autogestion yougoslave à la mode dans les années 60 .  


Ce sont les thèses de l’extrême gauche aujourd’hui

C’est le discours de Besancenot . 

L’échec historique
  Les expériences historiques correspondent à des moments de crise politique très fortes. Sur le long terme , on peut être sceptique , ce à quoi Besancenot répond : laissez nous rêver à l’utopie . 

Droit à l’utopie ? droit d’expérimenter sur la société ?


 Les dangers de l’ultradémocratisme : L’addition des égoïsmes ne fait pas l’intérêt général. La démocratie ne fonctionne que si les citoyens font passer leur intérêt individuel après l’intérêt collectif  . On peut toujours rêver !

   Maintenant ce point de vue est porteur de quelque chose de juste : la démocratie est indispensable pour satisfaire les besoins. Mais c’est ce qui se passe régulièrement dans les conseils municipaux ! Les municipalités évaluent les besoins, prennent les mesures pour les satisfaire et ensuite en rendent compte aux citoyens.



Conclusion :


 En somme , il y a trois procédés de régulation : le marché , le plan , la démocratie 

 la planification./Le marché / la démocratie  ‘purs’  sont des utopies


Marché :   moteur pour la création de richesses
      Critiques  indispensables vis à vis du néo-libéralisme qui nous empêchent de  trouver des solutions
                

Planification :  cela ne peut pas tout faire mais elle est souhaitable dans certaines activités éducation    santé

Démocratie
Elle permet
              Limiter le marché (volant +freins)
              Eviter la bureaucratisation du plan

Elle serait la régulation idéale si les citoyens étaient  altruistes , honnêtes , responsables, raisonnables ,  faisant passer l’intérêt général avant l’intérêt particulier …

On peut toujours rêver mais, en attendant, il me semble qu’il faut accepter de vivre avec un système combinant les trois modes de régulation .  
               
Nous sommes condamnés à un mode de régulation qui combine le marché , la planification , la démocratie dans des proportions variables .  Dans la réalité , le libéral dogmatique  trouvera qu’il n’y a pas assez de marché , le planificateur dogmatique,  de plan , le démocrate dogmatique,  de démocratie …. Les sociétés seront toujours en recherche pour  obtenir la meilleure combinaison possible  



Nous terminons cette série d’émissions

A quoi sert la sociologie ?

  .
 Est-ce que la sociologie  permet de mieux comprendre la société ? je pense  que oui


 Est-ce que la société pourrait  mieux se porter parce que nous la connaissons mieux ?  oui , si les politiques tiennent compte des apports de la sociologie 

On peut dire aussi que  mieux connaître la société, c’est  mieux se connaître soi-même. Cela fait partie de la formule philosophique    socratique : "connais toi toi même"".  Connaître les déterminismes que nous subissons, c’est pouvoir y échapper pour  être plus libres .   



LES CLASSES SOCIALES


Les société ne sont pas  homogènes . Elles ne sont pas composées d’éléments tous identiques .  Comment analyser la diversité de la société ?


 On utilise la notion de  groupe social

   A définition
·         catégorie : regroupement d’éléments établis par l’observateur de la vie sociale en fonction de critères choisis pour les besoins de son analyse  ex PCS de l’INSEE
·         agrégat : ensemble de personnes se trouvant en état de proximité physique mais ayant un minimum de relations et de communication
·         groupe social :
-          unité collective réelle (le groupe existe pas seulement dans l’esprit de l’observateur mais il constitue une réalité  aux yeux des individus qui la composent 
-          partielle (il constitue une partie  de la société
-          unie par une œuvre commune à accomplir
-          s’exprimant par des attitudes et des conduites semblables (les membres ont une certaine unité dans leur façon de penser, d’agir et de réagir )
-          éléments qui lui donnent une certaine cohésion

Qu’est-ce que l’on peut distinguer contre groupes sociaux ?

-          couple

-          famille
-          groupe primaire
-          clan : groupe dont les membres se considèrent comme descendant d’un ancêtre commun , mythique dans les société primitives 
-          organisations
-          …..
-          caste : groupe fermé , héréditaire , hiérarchisé, fonctionnel
-          ordre : héréditaire (sauf clergé) , fonctionnel, privilégié
-          ethnie : groupe dont les membres qui présentent des caractéristiques physiques et culturelles communes ont le sentiment de faire partie d’un même ensemble
-          nation : groupement humain dans lequel les individus se sentent unis les uns aux autres par des liens à la fois matériels et spirituels et se conçoivent comme différents des individus qui composent les autres groupements nationaux
-          Classes sociales

Comment définir la classes sociale ? 



 A Conception marxiste
  1 Les classes
-          travail créateur de richesses
-          plus-value
-          propriétaires = exploiteurs
-          classe sociales définie / la propriété
-          les autres caractéristiques (revenus Consommation Patrimoine …) en sont les conséquences

 
  2 L’histoire et le sens de l’histoire
  cf schéma

3 critiques
  Aron
   La lutte des classes
  

Marx
Aron
fondement
propriété
Fonction
rapport
lutte
Conflit mais intérêt communs
sens
Nouvelle société
Satisfaction querelleuse
Evolution
Polarisation
moyennisation

 Il existe des conceptions non-marxistes des classes sociales ?

 B Conceptions non-marxistes

1 Carrel
    L’homme , cet inconnu
      «  la répartition de la population e différentes classes, a un fondement biologique profond car elle dépend des propriétés physiologiques et mentales des individus . Dans les pays libres , tels que la France et les Etats-Unis , chacun a eu dans la passé , la liberté de s’élever à la place qu’il était capable de conquérir .ceux qui sont aujourd’hui des prolétaires doivent leur situation à des défauts héréditaires de leur corps et de leur esprit. »
   

2 Pareto
  Le terme de ce classes désignent les dirigeants et les dirigés .

3        Warner
   Catégorie qui selon l’opinion générale se trouvent dan leurs rapports placées en situation inférieure ou supérieure .
  Critères notés de 1 à 6 : revenu, situation professionnelle, mode de vie, lieu de résidence, réseaux de relations
 3 groupes (sup /moy/inf) et à l’intérieur des sous-groupes (sup-sup/sup-inf/….)




4        Bourdieu


5   Dubet

En tout cas les classes existent dans la mesure où il y a inégalités d’accès aux richesses .



L’examen des inégalités dans une société pose toujours le problème de la justice 


 Je vais donner trois points de vue

·          les thèses égalitaristes : est juste , une société dans laquelle deux personnes qui ont fourni le même effort sont rémunérées de façon égale .  
Dans  l’échange fait dans ces conditions ,  1 heure de travail s’échange contre une heure de travail . Ce  n’est pas le cas dans l’échange sur la base du marché  . Si X qui gagne par heure 50 euros achète un service  d’une heure d’Y qu’il paie 100 euros ,on peut dire qu’il  échange ses deux heures de travail    contre une   de Y. De ce point de vue , X est exploité par Y .  De ce pont de vue ,    l’échange  se résume par la formule : nous  échangeons ,  je t’exploite ou tu m’exploites. S’il y a égalité de rémunération ce n’est évidemment plus le cas . On est dans ce cas dans une société communiste .

  Une telle   société  pose évidemment un certain nombre des problèmes :
-           En fait pour être juste , il faudrait que cela ne soit pas le temps de travail qui soit mesuré mais l’effort .  Comment mesurer l’effort ? On pourrait prendre  le nombre de calories dépensées . Mais alors comment comparer le travail physique au travail intellectuel ?

-          cela supprime toute liberté pour les échangistes quant à la fixation du prix  des produits
-          c’est un système qui ne récompense  en rien le talent
-           qu’en serait-il des motivations des individus ? 

·         Hayek

-          le seul système juste est le marché qui laisse la liberté aux individus
-          qui assure la justice
-           tu rends un service à la société . S’il est très apprécié ,tu seras riche . Ton revenu mesure donc la satisfaction que tu apportes  à d’autres .
-          Aller vers de plus en plus de marché , c’est aller vers de plus en plus de justice .

                           le terme ‘justice sociale’ n’a aucun sens

faiblesse de l’analyse : le revenu en fait dépend d’une situation de monopole sur le marché .

-          On gagne beaucoup parce que on est situé dans le circuit économique à un endroit ou on peut gagner beaucoup plus que ce que l’on dépense,  grâce à une situation de monopole (monopole de propriété , de pouvoir ,  de compétence…..) dont on a hérité ou que l’on a gagné .
-           Monopole de propriété : j’ai une tente et trois chameaux mais sous la terre que je possède il y a du pétrole qui est très demandé : je deviens très riche,  monopole de pouvoir : j’emprisonne ou je tue tous ceux qui contestent le fait que je m’accapare beaucoup de richesses par la force …. 
 
Pour être riche , comme le bon chasseur , il faut être  à la bonne place  pour attraper le gibier ;  

Il peut y avoir des monopoles de compétence (sportif , artistes , entrepreneur) qui respecte le point de vue de Hayek ( celui qui gagne beaucoup satisfait les désirs ) mais cette situation n’est pas généralisable .  Pour comprendre l’inégalité de revenus , il faut prendre en compte les rapports de forces sociaux  et non les mécanismes du marché ! 


 .

Et le troisième point de vue ?

 Rawls
 Les inégalités sont acceptables dans la mesure où
-          les positions sociales supérieures  peuvent être ouvertes à tous
-          les inégalités profitent à tous . Si les inégalités permettent une croissance économique, elles permettent aux plus pauvres dans une société inégalitaire d’être plus riches que les membres d’une société égalitaire .

 Ce point de vue admet une intervention étatique sur les inégalités (point de vue social-démocrate) mais se pose alors  un certain nombre de questions :

-          quel est la hiérarchie acceptable ?
                       de 1 à 1000 ?de 1 à 10 ? de 1 à 4 ?
 -        qui doit décider de cette hiérarchie et comment ?   
-          dans l’hypothèse ou la majorité d’une société pense que la hiérarchie normale est de 1 à 10 , comment imposer ce point de vue à ceux qui sont pour une hiérarchie plus grande ? 



Conclusion

On voit bien que le fait de considérer la répartition des richesses comme injuste ou non dépend de la conception de la justice que l’on peut avoir ….ce qui est un vieux problème philosophique , qui restera éternellement à débattre !






CULTURE  ET SOCIETE

 Quel est la définition du mot culture ?


·         patrimoine des oeuvres intellectuelles et artistiques
·         connaissance et pratiques de disciplines scientifiques et artistiques qui donnent à celui qui les possède un statut social supérieur
·         manière de faire , de penser , de sentir propre à une collectivité humaine

 C’est la troisième signification qui est devenu dominante . 

C’est un terme qui est issu de l’ethnologie et qui s’est généralisé au XX siècle . Auparavant on parlait de mœurs (cf Voltaire essai sur les mœurs)

·         sous-culture/contre culture
sous-culture :ensemble de valeurs, de normes, de pratiques propres à un groupe au sein d’une société dont il partage les traits culturels fondamentaux (culture béarnaise)
contre culture : . qui s’oppose à la culture de la société (hippies , sectes…)


·         catégories


-          occidentale/non-occidentale
-          nationale /minoritaire
-          élite/masse
-          artistique/scientifique/technique
-          scolaire/non-scolaire
-          religieuse/laïque
-          religieuses



Qu’est ce que la culture française ? 

-          langue
-          héritages
Antiquité  gréco-latine : philo littérature histoire théâtre sciences monuments
Judéo-christianisme :…..

Moyen âge littérature châteaux
Renaissance : humanisme protestantisme
Classicisme Baroque
Les lumières  1789
-          mœurs
  utilisation du temps /habillement /façon de se nourrir/passions/symboles /rituels


-          Qu’est-ce qu’un rituel ?
-           
-           
-           manifestations conventionnelle et stéréotypées
-          rituel de passage : servent à marquer les étapes de la vie d’un individu (mariage , anniversaire ,bizuthage…)
-          rituel de salutation : il tient compte de l’âge , du sexe, de la situation , de la hiérarchie. Le rituel est non-verbal ave  un style (autoritaire, amical, distant , décontracté, guindé…) , des attitudes  position du corps, mimique, regard…).Il est verbal  (, Monsieur tutoiement…)
-          rituel d’attention
-          rituel amoureux
-          rituel de séparation

Une culture , c’est aussi un ensemble de mythes ?
mythes
récit reconnu pour vrai par une société alors qu’il n’a aucune vraisemblance pour l’observateur
fiction porteuse d’une vérité symbolique ( Œdipe, Narcisse, Prométhée , Don Juan …
  ce qui fait l’objet d’admiration
 idée susceptible de faire agir une communauté





 Une culture, c’est aussi un mélange de cultures 


Les cultures sont une combinaison de traits culturels exogènes . Toute culture est un processus d’acculturation actif .
  acculturation : ensemble des phénomènes qui résultant du contact entre des cultures

-          France influences Italie Espagne  Angleterre Allemagne EU
-          Jazz : musique européenne +africaine (percussions , gammes , répétition , voix , improvisation , expression corporelle..)
-          les cultures qui nous paraissent les plus originales (Chiune Inde ) sont elles mêmes issues d’acculturation (cf Guillebaud : Le commencement d’un monde )




On peut parler de multiculturalisme ?

  Le terme me paraît d’une imprécision redoutable .

    Si on entend qu’à un moment donné une culture absorbe les traits culturels d’une autre société , nous sommes tous multiculturel . La France sans la Grèce , Rome Jérusalem , l’           Espagne ….    n’existe pas .
 S’il s’agit de diversité en matière de musique , cuisine , vêtements …le phénomène est évident .

 Mais la cohabitation de plusieurs cultures dans un même espace politique ne me paraît pas souhaitable . J’imagine mal le France exigeant de tous ces habitants qu’il maîtrise le Français et l’Arabe , qu’il étudie à part égale le Coran et la Bible , la littérature arabe et française, que les règles de droit en matière de famille soient différents …. Toute société contient une culture dominante et des cultures dominées . Celle ci ont un droit à l’existence  à condition de ne pas exiger de l’une d’entre elles qu’elle devienne  la  culture dominante .
-           Quant aux individus , ils peuvent ne pas s’assimiler (  assimilation : processus dans lequel la culture d’un individu disparaît au profit d’une autre  ) , ne pas se séparer( séparation : maintien des différences culturelles fondamentales avec  la culture dominante) mais s’intégrer( intégration : processus ans lequel la culture d’un individu se maintient mais restant du domaine privé ne s’oppose pas à la culture dominante)

A quoi sert la culture ?

 Pour l’individu , elle est source de loisirs , d’enrichissement intellectuel , de plaisir . Pour la société, elle a une fonction de socialisation .Je prendrai 3 exemples :
·         la BD
-          Mickey
-          Schtroumpf
-          Tintin
-          Gaston

·         sport
 Zidane !
·         video-clips

Nous sommes condamnés au conditionnement et à la manipulation !  Nul ne peut y échapper. Même nous !!


          


  








INDIVIDU ET SOCIETE


 Dans cette émission tu nous proposes d’étudier les rapports individu/société 

C’est l’objet même de la sociologie .
 Il faut donc réfléchir à la société, à l’individu et à leurs rapports .
 Une société , c’est un ensemble d’individus en relation les uns avec les autres .

Le premier problème est donc  de donner un qualificatif à la société . 

 Quelles réponses ont apporté les sociologues ?

          En général , ils proposent  des distinctions binaires  (à la rigueur ternaire ) :
                     
                      Etat théologique / métaphysique/positif : Comte
                      Simple /complexe : Spencer
                      Société traditionnelle / moderne (rurale /urbaine)
     
                      Capitalisme /socialisme : Marx

                      Rurale/industrielle
                         Aron 18 leçons sur les sociétés industrielles
                                  Le caractère capitaliste ou socialiste de la société est secondaire par rapport à sa nature industrielle

                    

                  Post-industrielle/industrielle  Touraine
                       Secteur services prédominant 



                    De consommation / rareté
                              Rostow  Fourastié Galbraith 
                      
                     Productiviste / décroissance : écologistes  

                       D’interconnaissance/de masse

                     Technicienne/ non-technicienne
                     De liberté /totalitaire

                      ……

Quelle est le meilleur qualificatif  ?

     Cela dépend de l’objet d ‘étude . Pour étudier les média , les concepts société d’interconnaissance / de masse sont opératoires . Il faut utiliser les concepts en fonction de l’objet d’étude .


Cependant , je considère que globalement pour comprendre le réel ,  la meilleure qualification est ‘société capitaliste’ pour deux raisons .
 Le niveau économique me paraît déterminant pour comprendre les  sociétés contemporaines , et la qualification ‘capitaliste ‘ me paraît la meilleure pour comprendre l’économie : économie qui fonctionne avec des entreprises privées  en concurrence sur des marchés en vue de réaliser le profit le plus élevé . 

Comment analyser les relations individus –société ?



 Il existe un vieux débat sociologique   entre ce que l’on appelle  le ‘holisme’ et  ce que l’on appelle l’’ individualisme méthodologique’
 
  les termes du débat :Durkheimiens et wéberiens
     1 le débat
  sociologue holistes mettent l’accent sur l’action de la société sur l’individu par la socialisation : l’individu est une marionnette . La société crée les individus dont elle a besoin . Dans l’analyse on part du tout (la société) pour aller vers l’individu . La sociologie de Durkheim est plutôt ‘holiste’ .

   L’individualisme méthodologique met l’accent sur le fait que les individus et leurs interactions sont à l’origine de la société ; On part des acteurs sociaux  pour aller vers la société .  On peut dire que la sociologie de Weber est individualiste .


     2 un débat artificiel et d’intérêt pédagogique .


 Un des tenants de l’individualisme (Boudon) a déclaré lui-même
 «  le terme individualisme méthodologique  a été employé abusivement, Actionnisme  apparaît aujourd’hui préférable » (SH 29)

Bourdieu a toujours présenté sa sociologie comme un dépassement de ce clivage : l’individu est à la fois acteur et déterminé

Bourdieu : règles de  société / intériorisation  des règles / action / changement es règles

Individu : intériorisation de l’extériorité + extériorisation de l’intériorité


 Je crois que ce débat a été lié à une conjoncture idéologique particulière , l’influence du marxisme et du structuralisme qui laissaient peu de marges à l’individu dans leur analyse et a donc entrainé en réaction une survalorisation du rôle de l’individu .

La meilleur analyse me semble être celle de Norbert Elias qui dans la ‘société des individus’ compare la société à une danse ou les individus agissent (ils ont un degré de liberté) à l’intérieur de règles (les pas de danse ). Nous sommes à la fois déterminés et libres !    

  
  


Donc  l’individu intériorise les règles qui permettent les rapports avec les autres  ?

  C’est ce que les sociologues appellent la socialisation .

La socialisation

·         définition :intériorisation des valeurs et des normes de la société

-          valeurs :  manière d’être ou d’agir qu’un  personne ou une collectivité reconnaissent comme idéale  et qui rend désirables ou estimables les êtres ou les conduites auxquels elle est attribué
-          normes : règles que se donnent un groupe social qui sont destinés à orienter le comportement des individus (normes explicites/implicites

  La socialisation détermine :
-          rôle :ensemble des comportements spécifiques qui sont attendus  d’un individu dans une position donnée
-          attitudes :position d’un agent envers un objet 
-          opinion : formule qui sur un sujet donné à un moment donné reçoit l’adhésion d’un individu
-          stéréotypes : jugement préconçu , idée toute faite que l’individu reçoit des groupes dont il fait partie
-           symboles : quelque chose qui évoque autre chose


-          plus largement  habitus  Bourdieu : système de dispositions durables et transposables à plusieurs situations qui fonctionne comme un guide de perceptions , d’appréciations , d’actions


Qu’apprends-t-on par socialisation ?


L’enfant sauvage : film de Truffaut à partir des rapports de Itard sur Victor de l’Aveyron

-          ordre des sens 

-          démarche
-          vêtement
-          manière de manger
-          langage  Basil Berstein  (code restreint : structure simple vocabulaire concret, descriptif , personnel  code élaboré :  complexe nuancée personnel  / explication de l’échec scolaire
-          sentiment : injustice
-          intelligence
-          lecture
-          écriture

-          utilisation de l’espace

              Goffman Territoire du moi (espace personnel ; place ;territoire de la possession )
               Hall la dimension cachée


 
    Comment apprend-t-on ?

-          imitation (Tarde : 1843-1904) : milieu d’appartenance /milieu de référence
-          essais et erreurs
-          jeu
-          récompense et punition

On apprends par un processus
-          identification + distanciation
                        

Qui effectue la socialisation ?
    
·         agents 
-          famille
-          école
-          milieu social 
-          syndicats entreprises….
-          média
-          groupes de pairs


Pourrais tu nous donner des exemples de processus de socialisation ?

 Je vais t’en donner 5 :

                  - Importance de l interaction affective    chez les nourrissons : Frédéric II , Spitz

-          le processus de civilisation :  Norbert Elias (1897-1990)
  Analyse du processus qui s’imposa aux français de la fin du moyen âge à la révolution pour apprendre à contrôler leurs pulsions par des mécanismes d’interdiction et de censure. L’agressivité et la violence ont reculé . L’analyse est faite à partir des manuels de savoir vivre .
-          maîtrise de la nature : pet/rôt/crachat /défécation
-          normes de pudeur :suppression des bains mixtes/ne pas dormir ensemble dans les auberges/faire ses besoins dans des endroits spécialisés/
-          manière de table : fourchette/os dans le plat/crachat de noyaux/nettoyage de l’assiette avec les doigts/ne pas se moucher dans la serviette /ne pas prendre les meilleurs morceaux/ne pas prêter sa cuillère/ne pas remettre les os dans le plat/….

  - socialisation politique
         Comment fabriquer un petit français ?
                 Nationaliste : événements qui font l’unité de la nation  (Vercingétorix . Jeanne d’Arc ) , grandeur (colonisation : conquête de l’Algérie ; Lyautey) , laideur de la traitrise (Bayard) , la nécessité de l’unité ( gaulois) , la liberté (Napoléon ) , la république (le président) , l’école (Charlemagne )..  résultat : soldat de 14

   Allemagne : comment fabriquer un petit allemand …..
                                      


                 cf manuels d’histoire



la personnalité autoritaire 
          Adorno :cf texte
: valorisation du pouvoir et de la fermeté/soumission à une autorité idéalisée du à une socialisation fondée sur une discipline sévère / hostilité refoulée par rapport aux parents qui se retournent sur des minorités
 Hitler  Staline

-          Socialisation sexuée


  Sur la différence sexuelle ,tu montres les effets de la socialisation , mais est-ce qu’il n’y a pas des fondement génétiques à ces différences ?

   C’est la question fondamentale ; qu’est ce qui chez l’individu est génétique ? Qu’est ce qui est acquis ?  





La réponse exige au préalable d’être au clair sur  certaines notions
Génétique , héréditaire , acquis

génétique  :
 héréditaire :
  inné :

génétique  de l’espèce
- aspect physique : différenciation sexuelle. On reconnaît un petit garçon d’une petite fille !
-          réflexes archaïques
-          comportement : pleurs , rires, expression d’émotion (joie, surprise , peur , colère, dégoût, tristesse), négation , soumission , capacités cognitives

génétique  individuelle = héréditaire) :
 trait physiques (couleur de la peau , ressemblance ) +   traits de caractère +   maladies (hémophilie) : talent ? enfants d’artistes.  intelligence ? le génie ne se transmet pas ! 

inné = génétique +acquis avant la naissance


acquis avant la naissance  : accident génétique (mongolisme),   effets dus à l’ âge de la mère, consommation   ( malnutrition  aliments, médicaments, manque d’iode radiations  alcool , drogue..), maladie de la mère (rubéole), incompatibilité de rhésus entre parents …

Nous avons du génétique et de l’acquis .

 Quelle est leur part respective ?

        En ce qui concerne le sexe :


Différence sexuelle (force ,taille  , santé,  goûts, délinquance, comportement… 

Je pense que comme nous sommes des animaux , il y a des différences ente mâle et femelle . Mais cette différenciation est renforcée pas les valeurs de la société . Fondamentalement , comme le disait Montaigne des hommes qui considéraient les femmes comme inférieures : c’est la poële qui se moque du tison :, c’est à dire qu’ils sont aussi noirs l’un que l’autre !  

 En ce qui concerne l’intelligence :

  Il faudrait s’entendre sur la question de l’intelligence

 En général ce que l’on prend comme définition est celle qui est issu des recherches de Binet
 Quand on lui demandait : qu’est ce que l’intelligence , il répondait : c’est ce que mesure mon test !



     hypothèse : une intelligence à une seule dimension qui consiste à répondre à des questions mettant en œuvre la logique .

Au passage ,   la distribution en courbe de Gauss de l’intelligence est une  construction a –priori.  les tests sont validés si la répartition des QI correspond à une courbe de Gauss .

L’hypothèse d’une intelligence a été remise en cause par des psychologues .    



 Comment faire des recherches pour démontrer l’origine génétique de l’intelligence ?

 La solution est de comparer les résultats à des tests de personnes ayant le même matériel génétique  , élevés dans des milieux différents ;. On prend donc des jumeaux monozygotes .
L’expérience la plus fameuse est celle de Cyril Burt . Des jumeaux élevés dans des familles très différentes avaient des QI  extraordinairement semblables  . Burt en avait conclu que 88% de l’intelligence était innée . On sait maintenant  qu’il s’agit d’une des plus grandes escroqueries scientifique de tous les temps . Burt avait tout inventé même les asistantes qui selon lui l’avaient  aidé dans ses travaux .

 


Conclusion : l’intelligence dépend des deux facteurs . Il est impossible de mesurer leur importance respective . Comparaison : bougie : cire ou oxygène ?   .



Plus généralement l’homme c’est du génétique ( biologique) et de  l’acquis (social)

   Il faut prendre en compte ces deux dimensions .



.Nous sommes des cousins du singe , c’est ce que nous rappelle Desmond Morris dans son livre ‘le singe nu 
 Comment expliquer que nous soyons les animaux à activité sexuelle la plus intense ?

   C’est une explication qui met à jour le fondement naturel  à un comportement social .

    L’homme est un animal qui a évolué et évoluera .

-           Cf Coppens 




conclusion

 individu en interaction avec d’autres  /

/L’individu n’est pas une cire    molle /il est actif dans le processus de socialisation(Merton) /il agit dans la société 

être génétique   socialisé et quelquefois ,  libre . 

ne voir que l’un des aspects , c’est se tromper .