dimanche 15 janvier 2023


                                    La religion de Voltaire


 Mon talent est de former des doutes, mais ce ne sont que des doutes. 

                                                                                     Pierre   Bayle                                 


                                     



 


Plan 

1 Formation 

2 Critiques des religions                        

   21 L’origine des religions 

   22 Le confucianisme 

   23 L’Islam 

   24 Le judaïsme 

   25 Le christianisme 

   26 L’athéisme 

3 La religion de Voltaire

4 Critiques du voltairianisme 

5 L’influence  



Introduction 

     

Une grande partie de l’œuvre de Voltaire est une machine de guerre contre la Bible juive et les évangiles chrétiens. Voltaire conteste le   caractère de révélation divine des paroles de Moïse et de Jésus. Ils considèrent les textes comme de la littérature. 

Pour les croyants des religions monothéistes, l’œuvre de Voltaire est un blasphème permanent. 









Voltaire évoque la religion dans des œuvres qui ne sont pas spécifiquement consacrées à la religion. 

 

L’essai sur les mœurs avec des chapitres consacrés aux religions antiques.  


Le   Siècle de Louis XIV où les derniers chapitres sont consacrés au protestantisme, au jansénisme, au quiétisme 


Les   Lettres philosophiques : les premiers chapitres sont consacrés aux quakers, aux presbytériens, aux sociniens 


Le dictionnaire philosophique où beaucoup d’articles sont consacrés au    christianisme, au théisme…


Questions sur l’Encyclopédie 

Des contes où l’on trouve des épisodes consacrés à la religion 

Des pièces de théâtre :  Zaïre, Mahomet 

La Henriade 

Sa correspondance (25 000 lettres en 13  volumes dans la Pléiade, 700 correspondants)   


 Il écrit des textes consacrés spécifiquement aux questions religieuses. 

 

  Sermon des cinquante

Traité sur la tolérance 

Lettres sur Rabelais et sur d’autres auteurs accusés d’avoir mal parlé de la religion chrétienne 

Catéchisme de l’honnête homme 

Dialogue du douteur et de l’adorateur 

Extrait des sentiments de Jean Meslier

Conversation dans les champs Elysées 

Les questions de Zapata  

Examen important de Milord Bolingbroke ou le tombeau du fanatisme 

Le diner du comte de Boulainvilliers

Homélies

Canonisation de St Cucufin 

 

1 Formation 

 


Le père de Voltaire aurait dit : « J’ai deux fils fous, l’un d’impiété, l’autre de dévotion »

En effet, le frère ainé était un janséniste convaincu. Le Dieu des jansénistes est sévère, exigeant, terrible, condamnant les plaisirs terrestres. Le Dieu qu’imagine plus tard Voltaire, est bon, miséricordieux, 

« Mon Dieu n’est point un Dieu cruel

  C’est un Dieu bienfaisant, c’est un Dieu pitoyable 

   Tu m’en fais un tyran, je veux qu’il soit mon père »

Cette conception de Dieu n’est-elle pas née en opposition à ce Dieu imposé par son père et prêché par son frère ?


Il fait ses études au Collège jésuite de Louis Le Grand où il restera sept ans. 

Il étudie la littérature antique, grecque et romaine, il fait du théâtre dans des tragédies bibliques, il participe à des ballets sur des thèmes antiques. C’est un élève très brillant. Il obtient le prix de rhétorique latine.  

         Certains de ses enseignants ont une forte tendance au déisme. La théologie des jésuites met l’accent sur Dieu le Père. Le péché originel est peu évoqué ainsi que l’enfer. La religion est justifiée certes par la révélation mais aussi par la raison.  Cette tendance est visible lorsqu’on compare le catéchisme des jésuites à celui de Bossuet.  

   L’élève Arouet admire Fénelon, dont il loue l’esprit de tolérance, son amour pour l’humanité, sa conception d’un Dieu père, tendre et compatissant. 

   Après ses études, il fréquente le milieu libertin de la Société du Temple et lit Gassendi, Naudé, Lamothe le Vayer, Saint -Evremond, Fontenelle, Montesquieu, Swift, Locke et surtout Bayle, dont il dira qu’il est l’honneur de la nature humaine   

          

    










     

2 Critiques des religions 

    

21   L’origine des religions 

          Elle est expliquée dans l’« Essai sur les mœurs »   

              

 Une hiérarchie des races et des peuples 

             Comme chez les animaux, il considère qu’ils existent des races humaines.  

                  « Il n’est permis qu’à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Chinois, les Américains, soient des races entièrement différentes… » 

       Ces races, ces peuples sont inégaux. Il existe des nations supérieures. 

« Pour qu’une nation soit rassemblée en corps de peuple, qu’elle soit puissante, aguerrie, savante il est certain qu’il faut un temps prodigieux » 

 Les nations savantes sont celles qui ont un langage complexe, un art raffiné en architecture, littérature, poésie, une spiritualité élevée.  

      Le sommet de la spiritualité consiste dans l’idée de l’existence de l’âme, de la croyance en un Dieu unique et de l’existence des peines et des récompenses dans une autre vie.  

Il a existé des grands peuples, les chaldéens, les indiens, les chinois, les grecs, les romains, les arabes, les prétendus sauvages d’Amérique. 

D’autres peuples sont médiocres, les égyptiens par exemple.  « Les Pyramides furent élevées par le despotisme, la vanité, la servitude et la superstition. » 

D’autres sont méprisables :  

Les gaulois, « l’empereur Julien disait que leur langage ressemblait au coassement des corbeaux ». Ce sont aussi les habitants de l’Angleterre et les habitants des côtes de la Biscaye et de la Gascogne qui « s’étaient quelque fois nourris de chair humaine. Il faut détourner les yeux de ces temps sauvages qui sont la honte de la nature ». 

  Dernier peuple tout à fait méprisable, les juifs que nous allons évoquer plus loin. 

 

L’origine de la religion 

 L’origine de la religion se trouve dans un sentiment d’angoisse, dans l’imagination d’un Dieu sur le modèle du chef, dans les superstitions, dans l’imposture des politiques.  

Nous adhérons à une religion par notre éducation. « Les soins que l’on prend de notre enfance forment nos sentiments, nos mœurs, notre croyance »

               « J’eusse été près du Gange, esclave des faux dieux, 

                  Chrétienne dans Paris, musulmane en ces lieux »  

                                                      Zaïre 

                         C’est ce que disait Montaigne : « Nous sommes chrétiens à même titre que nous sommes allemands ou périgourdins : par accident »





22 Le confucianisme  

 


Il témoigne d’une grande admiration pour le confucianisme. 

« C’est une religion simple, sage, auguste, libre de toute superstition et de toute barbarie. 

Confucius a donné de la divinité les idées les plus saines que puisse donner l’esprit humain. 

II ne se dit point prophète, il ne se dit point inspiré, il est regardé comme un sage. »

  Certes « Il est vrai que les lois de la Chine ne parlent point de récompenses et de peine après la mort ». Mais, en fin de compte, ces lois sont fondées sur la connaissance d’un être suprême rémunérateur et vengeur. 

« Malheureusement, comme pour toutes les religions, la superstition des bonzes a souillé une source pure. »  









23 L’islam 

 

Il considère Mahomet comme un grand homme d’état, un grand conquérant à l’égal d’Alexandre le Grand, un grand législateur. « Puissant et terrible, il a établi ses dogmes par son courage et ses armes. » 

« Il faut avouer qu’il retira presque toute l’Asie de l’idolâtrie.  Mahomet enseigne l’unité de Dieu. Il était bien difficile qu’une religion si simple et si sage enseignée par un homme toujours victorieux ne subjugue pas une partie de la terre »

 « Le mahométisme faisait sans doute plus sens que le christianisme On n’y adorait point un juif, en abhorrant les juifs. On n’y appelait point une juive mère de Dieu, enfin, on n’y mangeait pas ce Dieu qu’on adorait. 

 Croire à un seul dieu tout puissant était le seul dogme, et si on n’y avait pas ajouté que Mahomet est son prophète, c’eut été une religion aussi pure, aussi belle que celle des lettrés chinois. »

 

Il compare le « génie du peuple arabe » au « génie des anciens Romains » et écrit que « dans nos siècles de barbarie et d’ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l’Empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes : astronomie, chimie, médecine » et que « dès le second siècle de Mahomet, il fallut que les chrétiens d’Occident s’instruisissent chez les musulmans »   


Cependant, il présente Mahomet comme un fanatique et un politique retors.   « Il appuya par des fourberies nécessaires une doctrine qu’il croyait bonne ». 

« Le Coran est rempli d’absurdités et d’anachronisme. Il est sous influence perse, talmudique et chrétienne. » 

« L’Islam est fondé sur la crainte. Il ressemble plus à une loi de couvent plutôt qu’à une loi générale d’une nation. C’est un réchauffé de judaïsme ». 


24 Le judaïsme 

 



  241 Les juifs 


      Pendant l’occupation, une brochure fut publiée par le gouvernement de Vichy reprenant des textes de Voltaire. Or Voltaire ne s’attaque qu’au peuple juif historique de la Bible. Il n’y a chez lui aucune justification des violences exercés contre les juifs dans l’histoire.  

« Notre ignorante crédulité se figure que tout est venu des juifs  : on est bien détrompé quand on fouille un peu dans l’antiquité » 


« Jamais plus petite nation ne fut plus grossière. Leurs cérémonies étaient visiblement une imitation des phéniciens, des syriens et des égyptiens  »  

Il les qualifie de « Peuple charnel et sanguinaire » 

« "C’est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre." ».


« Vous [les Israélites] me paraissez les plus fous de la bande des hommes se disputant pour leurs opinions religieuses respectives, athées compris. Les Cafres, les Hottentots, les nègres de Guinée sont des êtres beaucoup plus raisonnables et plus honnêtes que vos ancêtres. Vous l'avez emporté sur toutes les nations en fables impertinentes, en mauvaise conduite, et en barbarie. 


On ne voit dans toutes les annales du peuple hébreu, aucune action généreuse. Ils ne connaissent ni l'hospitalité, ni la libéralité, ni la clémence. Leur souverain bonheur est d'exercer l'usure avec les étrangers ; et cet esprit d'usure, principe de toute lâcheté, est tellement enracinée dans leurs cœurs, que c'est l'objet continuel des figures qu'ils emploient dans l'espèce d'éloquence qui leur est propre. Leur gloire est de mettre à feu et à sang les petits villages dont ils peuvent s'emparer. Ils égorgent les vieillards et les enfants ; ils ne réservent que les filles nubiles ; ils assassinent leurs maitres quand ils sont esclaves ; ils ne savent jamais pardonner quand ils sont vainqueurs. Nulle politesse, nulle science, nul art perfectionné dans aucun temps, chez cette nation atroce. » 

                    

Ils pratiquaient des sacrifices humains." Il n'est donc que trop vrai que les juifs, suivant leurs lois, sacrifiaient des victimes humaines. Cet acte de religion s'accorde avec leurs moeurs ; leurs propres livres les représentent égorgeant sans miséricorde tout ceux qu'ils rencontrent, et réservant seulement les filles pour leur usage. "

" Essai sur les moeurs et l'esprit des nations ", 1756

Ils n'ont pas de philosophie." Vous demandez quelle était la philosophie des Hébreux ; l'article sera bien court : ils n'en avaient aucune. Leur législateur même ne parle expressément en aucun endroit ni de l'immortalité de l'âme, ni des récompenses d'une autre vie. (...) Les juifs n'étaient attachés scrupuleusement, dans les derniers temps de leur séjour à Jérusalem, qu'à leurs cérémonies légales. Celui qui aurait mangé du boudin ou du lapin aurait été lapidé ; et celui qui niait l'immortalité de l'âme pouvait être grand prêtre. "

" Dictionnaire philosophique ", article " Juifs ", 1764

Ils sont les ennemis du genre humain." Mon oncle était lié avec les plus savants juifs de l'Asie. Ils lui avouèrent qu'il avait été ordonné à leurs ancêtres d'avoir toutes les nations en horreur ; et, en effet, parmi tous les historiens qui ont parlé d'eux, il n'en est aucun qui ne soit convenu de cette vérité. (...)

On trouverait plus de cent passages qui indiquent cette horreur pour tous les peuples qu'ils connaissaient. Il ne leur était pas permis de manger avec des Egyptiens ; de même qu'il était défendu aux Egyptiens de manger avec eux. Un juif était souillé, et le serait encore aujourd'hui, s'il avait tâté d'un mouton tué par un étranger, s'il s'était servi d'une marmite étrangère. Il est donc constant que leur loi les rendait nécessairement les ennemis du genre humain. "

" La défense de mon oncle ", 1767, chapitre XIV

Ils sont haïs par leur faute." Vous êtes frappés de cette haine et de ce mépris que toutes les nations ont toujours eus pour les juifs : c'est la suite inévitable de leur législation ; il fallait, ou qu'ils subjuguassent tout, ou qu'ils fussent écrasés. Il leur fut ordonné d'avoir les nations en horreur et de se croire souillés s'ils avaient mangé dans un plat qui eût appartenu à un homme d'une autre loi. (...) Ils gardèrent tous leurs usages, qui sont précisément le contraire des usages sociables ; ils furent donc avec raison traités comme une nation opposée en tout aux autres ; les servant par avarice, les détestant par fanatisme, se faisant de l'usure un devoir sacré. Et ce sont nos pères ! "

" Essai sur les moeurs et l'esprit des nations ", chapitre CIII, " De l'état des juifs en Europe ", 1753

Ils sont ignorants, barbares, avares, superstitieux, haineux." Dire que les Egyptiens, les Perses, les Grecs furent instruits par les juifs, c'est dire que les Romains apprirent les arts des Bas-Bretons. Les juifs ne furent jamais ni physiciens, ni géomètres, ni astronomes. Loin d'avoir des écoles publiques pour l'instruction de la jeunesse, leur langue manquait même de terme pour exprimer cette institution. (...) Enfin, vous ne trouvez en eux qu'un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. Il ne faut pourtant pas les brûler. "

" Essai sur les moeurs et l'esprit des nations ", 1753


    232 La Bible 


  


   Lors du séjour à Cirey, Mme du Chatelet lit le Commentaire littéral en 24 tomes  de Dom Calmet et rédige 5 volumes d’un Examen des deux testaments. Dom Calmet expose souvent les arguments des hérétiques et des impies contre certains textes de la Bible que Mme du Chatelet recueille. Tous les matins, au petit déjeuner, Voltaire et Mme du Chatelet commentent des passages de la Bible. Voltaire reprendra l’étude de la Bible à Ferney. 

Mme du Chatelet, grand amour de Voltaire est une intellectuelle. 

Elle traduit Newton. Voltaire l’appelait « pompomnewton ». 

 Voltaire et elle envoient un mémoire à l’académie des sciences. Aucun n’est retenu mais Voltaire fait éditer le mémoire d’Emilie.  

  Elle meurt en couche en 1749. Voltaire gardera toujours un portrait d’elle avec lui.  






Erreurs, absurdités, contradictions et invraisemblances   

 


 Voltaire effectue une désacralisation des textes (on pourrait parler en termes moderne de « déconstruction ») par la raison.  

« Chaque trait est une hyperbole ridicule, un mensonge grossier, une fable absurde.  »


 

Dieu est un   mauvais naturaliste. Il ordonne de « ne pas manger de lièvre puisqu’il rumine et qu’il n’a pas le pied fendu » alors que le lièvre ne rumine pas et a le pied fendu ?   

« Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut »  

                              …… avant qu’il y ait le soleil        

  Dieu demande à Adam : « Où es-tu ? », alors qu’il est censé être omniscient. 

Il y a deux versions de la création de la femme. 

                     1 « Et Dieu créa l’homme à son image ; il les créa mâle et femelle »  

                      2 « Alors Yahveh fit tomber un profond sommeil sur l’homme qui s’endormit et il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. De la côte qu’il avait prise de l’homme, Yahveh forma une femme. »  

Quelle est la signification de « Elle sera appelé femme parce qu’elle a été prise de l’homme »   

Dieu dit à Adam, « Le jour où tu mangeras le fruit de cet arbre, tu mourras certainement ». Adam vécut 130 ans. 

Pourquoi deux postérités différentes d’Adam ? 

                          Caïn connut sa femme ; elle conçut et enfanta Hénoch.  

                          Adam connut encore sa femme ; elle enfanta un fils et l’appela Seth  

 

On rencontre un serpent   et une ânesse qui parlent (ânesse de Balaam)   

Noé après avoir sauvé les animaux les offre en holocauste.  « Noé construisit un autel à Yahweh et, ayant pris tous les animaux purs et tous les oiseaux purs, il offrit des holocaustes sur l’autel »   

 

  Comment le pharaon peut-il poursuivre les juifs avec sa cavalerie alors que tous les chevaux sont morts lors de la cinquième plaie ?   

   Le Dieu unique dit : « Car Yahweh votre Dieu est le Dieu des dieux »                               

Il y a interdiction de se marier à la veuve de son frère dans le Lévitique et   obligation dans le Deutéronome 

La fille du pharaon se baigne dans le Nil infesté de crocodiles

L’histoire a montré que la promesse « J’ai donné à ta postérité ce pays depuis le fleuve d’Egypte jusqu’à l’Euphrate  » ne s’est pas révélée exacte

Histoire de Samson : 

« Il capture trois cents renards, les lie deux par deux par la queue et fixant un flambeau entre chaque paire de renards. Il les lâche ainsi dans les champs des Philistins, qui sont ravagés par le feu. 

Lorsque 1 000 Philistins viennent chercher Samson dans sa retraite, les Judéens le livrent. Samson défait ses liens et, armé d'une mâchoire d'âne, il défait les 1 000 Philistins.


La Bible ne témoigne pas d’une haute spiritualité

 


« Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » dit la Genèse. Commentaire de Voltaire : « Il est difficile de concevoir qu’il y ait un arbre qui enseigna le bien et le mal.

Pourquoi Dieu ne veut-il pas que l’homme connaisse le bien et le mal ?   

Le contraire n’est-il pas beaucoup plus digne de Dieu et beaucoup plus nécessaire à l’homme ? il semble à notre pauvre raison que Dieu au contraire devrait ordonner de manger beaucoup de ce fruit.  » 

La faute de Cham justifie-t-elle la mise en esclavage de générations d’êtres humains pendant des siècles ? 

                      « Noé qui était cultivateur, commença à planter de la vigne. Ayant bu du vin il s’énivra et se découvrit au milieu de sa tente. Cham père de Chanaan vit la nudité de son père…. 

                      Lorsque Noé se réveilla de son ivresse il apprit ce que lui avait fait son plus jeune fils il dit 

                                 Maudit soit Chanaan

                                 Il sera pour ses frères 

                              Le serviteur des serviteurs «   Genèse V 1 25  

« Dieu est bavard, magnifique en promesses qu’il ne tient pas, sujet à la fatigue, capable de jalousie, de colère, de vengeance, de repentir. 

Le Dieu ne se soucie guère qu’on soit méchant, perfide, cruel, pourvu qu’on l’adore, un Dieu fier, jaloux, coléreux, vindicatif, capricieux, destructeur, impitoyable. »  


 





  Les rois 

 

 L’histoire des rois est une suite de forfaits consacrés, de cruautés et d’assassinats. Ils sont menteurs, sanguinaires et débauchés. 

« Que des juifs aient écrit les faits et gestes de leurs roitelets m’importe aussi peu que l’histoire des chevaliers de la table ronde » 

Les prophètes 

 


« Il faut convenir que c’est un méchant métier que celui de prophète. ».

Elisée : 

« Comme il montait par la route des petits garçons se moquèrent de lui : monte chauve, monte chauve Il se retourna pour les maudire au nom de Yahweh Et deux ours sortirent de la forêt et déchirèrent 42 de ces enfants » 

Ezechiel   

            Dieu lui commande : « Tu mangeras des galettes d’orge 390 jours et tu les feras cuire avec des excréments d’homme  »

 « Couche toi sur le côté gauche 390 jours, côté droit 40 jours et voici que j’ai mis sur toi des cordes afin que tu ne puisses de tourner d’un côté sur l’autre » 

« Les prophètes sont des extravagants. Le premier prophète fut le premier fripon qui rencontra un imbécile. A la fraude, s’ajoute encore le fanatisme. » 

« Les prophéties sont de longs et énormes galimatias. » 

« Le nombre de prophéties qui prédisent la félicité et la grandeur de Jérusalem est presque innombrables.  Si ces promesses faites aux juifs se fussent effectivement trouvées véritables, il y aurait longtemps que la nation juive aurait été et serait encore le peuple le plus nombreux, le plus puissant, le plus heureux et le plus triomphant »    



Les miracles 


 

Dieu a arrêté la course du soleil à Gabaon pour permettre la victoire de Josué. Les miracles sont des violations des lois mathématiques, divines, immuables, éternelles.  Pourquoi Dieu les modifierait-il pour trois cent ou quatre cents fourmis ? 

Proverbes 

  

« Ce sont des   maximes triviales, des niaiseries basses et incohérentes, absurdes, sans gout, sans choix, sans dessein. »  

Cantique des cantiques  

C’est une rapsodie inepte.

« Chaque trait est une hyperbole ridicule, un mensonge grossier, une fable absurde. J’avoue que les églogues de Virgile sont d’un autre style, mais chacun a le sien, et un juif n’est pas obligé d’écrire comme Virgile » 

« Leurs rapsodies démontrent qu’ils ont pillé toutes leurs idées chez les phéniciens, les chaldéens, les égyptiens » 


Conclusion 

 

« La Bible est un tissu de contes et de fables dans l’ancien goût oriental, des   narrations fabuleuses, des fables qui semblent toutes plus absurdes que les métamorphoses d’Ovide  »


« Je crois que les juifs avaient des fables ainsi que toutes les autres nations mais des fables beaucoup plus sottes, plus absurdes, parce qu’ils étaient les plus grossiers des asiatiques comme les thébains étaient les plus grossiers de grecs »  

« Les juifs firent donc de l’histoire et de la fable ancienne ce que les fripiers font de leurs vieux habits : ils les retournent et les vendent comme neufs le plus chèrement qu’ils peuvent »

 Voltaire déplore surtout le silence du décalogue sur l’immortalité de l’âme. 


« Dans les lois du peuple de Dieu, il n’est pas dit un mot de l’immortalité de l’âme 

Il est très certain que Moïse en aucun endroit ne propose aux juifs des récompenses et des peines dans une autre vie   »

La Bible n’est pas inspirée, elle n’a pas de valeur historique, les prophéties et les miracles ne prouvent rien. 
















25 Le christianisme 


 


Il écrit à Fréderic de Prusse : « Tant qu’il y aura des fripons, des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde, la plus sanguinaire qui est jamais infesté le monde. » 

Il écrit au Marquis d’Argence : « le christianisme est la superstition la plus infâme qui est jamais abruti les hommes et désolé la terre. »



 

Mais il admire  la personne de Jésus.  

- D’une position hostile, le qualifiant de « Paysan grossier de Galilée », « Juif fanatique de la lie du peuple dont les autorités durent réprimer les menées », Voltaire passe à une attitude de respect : « C’est le Socrate  rustiquede Galilée :  un homme distingué entre les hommes par son zèle, sa vertu, son amour de l’égalité fraternelle, le premier des théistes ». « Il est tolérant, « il n’a pas proféré une seule parole contre le culte des romains ». « Il n’institua ni cardinaux, ni pape, ni dominicains, ni curés, ni inquisiteurs : il ne fit bruler personne. Il demande à ses fidèles d’être simplement agréable à Dieu.  »


- « C’est ainsi que je suis l’ami de Jésus, c’est ainsi que je suis chrétien. S’il a été un adorateur de Dieu, ennemi des mauvais prêtres, persécuté par des fripons, je m’unis à lui, je suis son frère » 


 

         « Nul fondateur n’a eu de sectateurs qui lui aient moins ressemblés » 


 


Jésus se situait dans la tradition du prophétisme juif. Jésus n’avait pas d’autre horizon que le judaïsme. Il naquit et mourut juif. Il n’a jamais institué une religion nouvelle.

Il ne fut pas le fondateur du christianisme mais sa cause occasionnelle. 

« L’instituteur divin du christianisme vivant dans l’humilité et la paix prêcha le pardon des outrages, et sa sainte et douce religion est devenue, par nos fureurs, la plus intolérante de toutes et la plus barbare » 

Le fils de Marie reconnaitrait-il sa religion ? 







 251 Critique des textes 

 

 Comme il l’a fait pour la Bible juive, Voltaire critique les évangiles. 

- Il note l’absence de témoignages non-chrétiens sur la vie de Jésus

sauf celui  de Flavius Josèphe (testimonium flavianus) dont il considère qu’il s’agit d’une interpolation. 

- Pourquoi les événements décrits par St Mathieu 28 51 ne sont signalés par aucun auteur de l’antiquité ?   

« Voilà que le voile du sanctuaire se déchira en deux, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent et plusieurs saints dont les corps étaient couchés ressuscitèrent. Etant sortis de leurs tombeaux, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à plusieurs. »

        A la suite de ces événements pourquoi les juifs dans leur grande masse n’ont pas suivi les disciples de Jésus ?  

     Voltaire pourrait reprendre la remarque de Diderot : « Le vrai miracle, c’est que les juifs ne l’aient pas cru » 

- Pourquoi les récits de la vie de Jésus (annonciation, naissance, baptême, miracles, procès, crucifixion, résurrection, ascension) sont remplis de contradictions ?        


   

Pourquoi les deux généalogies de St Mathieu et celle de Luc ne correspondent pas. 

Pourquoi faire la généalogie de Joseph alors qu’il n’est pas le père de Jésus ?  

Pour Mathieu, Joseph et Marie fuient en Egypte.  Pour Luc, il est amené   à Jérusalem.

Comment se fait-il que Marie est surprise de ce que fait Jésus à 12 ans  au Temple  alors qu’elle est  informée, par l’annonciation,  de la  nature divine de son fils .  

La prédication des disciples doit- elle se faire aux juifs « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdus de la maison d’Israël »  « Ne prenez pas le chemin des païens »   ou aux non-juifs 

« De toutes les nations faites des disciples   «  Proclamez l’évangile à toutes les créatures »  ?

    L’ascension se déroule-t-elle à Béthanie (St Luc 24) ou en Galilée (St Mathieu 28) 

Jésus parle d’un commandement nouveau : « aimez- vous les uns les autres » or ce commandement est déjà dans le Lévitique. 

Pourquoi après la résurrection, Jésus n’apparaît pas au Sanhedrin, à Pilate, voire au Sénat de Rome ?  


Mort de Judas : est-il mort par pendaison     ou, selon les actes des apôtres, « Cet homme, ayant acquis un champ avec le salaire du crime, est tombé, s'est rompu par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se sont répandues  » 

Jésus maudit un figuier quand ce n’est pas la saison des figues. 

Il chasse les démons dans les cochons là où il n’y pas de cochons

St Paul écrit :  

     - les femmes ne doivent pas parler  

      - elles ont l’autorisation de prophétiser   




Critiques des prophéties de la Bible annonçant Jésus comme messie 

 

Il faut une grande capacité d’interprétation pour voir l’annonce de Jésus dans les prophéties de la Bible juive.  

   Le texte d’Isaïe   « il était méprisé et abandonné des hommes …. » est relatif au serviteur de Yahweh et non explicitement  au messie. 

Les prophéties présentées dans les évangiles n’ont-elles pas été écrites après la mort de Jésus pour justifier aux yeux des juifs la nature messianique de Jésus ? 

-   Les évangiles font naître Jésus à Bethléem pour confirmer la prophétie : « et toi Bethléem c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple

- La fuite en Egypte (dans Mathieu) vise à   montrer que Jésus est le nouveau Moïse   


- L’entrée de Jésus à Jérusalem confirme la prophétie d’Isaïe  

 « Eclate de joie Jérusalem

Regarde ton roi vient à toi 

Humble et monté sur un âne 

Sur un ânon, le petit d’une ânesse »  

  



- Des prophéties relatives à Jésus ne se sont pas réalisées  


 

« Le seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. Il règnera à jamais dans la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin. » 

« Alors on verra le fils de l’homme venant dans une nuée avec une grande puissance et une grande gloire. Je vous le dis, en vérité cette génération ne passera pas que tout ne soit accompli »  

« Vous verrez le fils de l’homme siégeant à la droite du tout-puissant »  

Epitre de Paul : « J’ai appris de Jésus que nous qui vivons nous sommes réservés pour son avènement ; sitôt que le signal aura été donné par la trompette ceux qui sont morts en Jésus Christ ressusciteront les premiers et nous qui sommes vivants nous serons emportés avec eux dans l’air pour aller au-devant de Jésus. » 


Les miracles 



 

     « Tout est prodige dans l’antiquité » 


« Nommez- moi un peuple chez lequel il ne se soit pas opéré des prodiges incroyables surtout dans les temps où l’on savait à peine lire et écrire »   

« Ces prétendus miracles n’ont été inventés qu’à l’imitation des fables des poètes païens » 

« Si Jésus, en tant que Dieu, guérit un aveugle, pourquoi en tant que Dieu ne pas éradiquer la cécité ? »


« Pourquoi ces miracles qui se faisaient autrefois ne se font plus aujourd’hui ? » 

« Les jésuites ont prétendu que Xavier avait ressuscité 8 morts, c’est beaucoup, mais il faut considérer qu’il les ressuscitait à 6000 lieux d’ici » 









Des points de vue moraux discutables 


 



« Car celui qui a, il sera donné et à celui qui n’a pas, même ce qu’il a, lui sera retiré  » 

*  « Je leur parle en paraboles afin qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en écoutant ils n’entendent point »

            *    si ta main entraine ta chute coupe la. Marc 10

*  condamnation à mort d’Ananie et de Saphire qui ont gardé un peu d’argent de la communauté chrétienne   












Critique des dogmes 

  Critique de la Trinité 

 

        « L’idée de la Trinité, avec les termes de personnes, d’essences, d’union  hypostatique, est un dogme inventé par l’Eglise. Elle n’est pas dans les écritures. La Trinité cette doctrine inintelligible ne se trouve dans aucun endroit de l’écriture  » « C’est un non-sense, un galimatias métaphysique chimérique »  

Certains propos de Jésus vont à l’encontre du dogme : dans Mathieu 12 31, Jésus dit « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon que Dieu seul »  

Les débats sur la consubstantialité du Père et du Fils débattus à Nicée sont ridicules. 

 « La décision du concile ne s’entend guère, mais elle n’en est que plus sublime »  

 « Je n’y comprends rien. Assurément personne n’y a jamais rien compris, et c’est la raison pour laquelle on s’est égorgé » 


Les chrétiens passèrent trois siècles à former peu à peu l’apothéose de Jésus .  

 Voltaire adopte ainsi le point de vue d’une ancienne hérésie, l’unitarisme représenté par 

- Noet de Smyrne, (fin du II) qui dit que seul le Père existe ;    

- Les antipapes : Zéphirin 198- 217 Calliste 217 -222                               

- Praxéas, (début III) pour qui Dieu est comme le soleil qui donne lumière et chaleur. Le Père, le Fils, le Saint Esprit sont des émanations du Dieu unique. 

- Sabellius, (début III) pour qui le Père, le Fils, le Saint Esprit sont des modalités d’une forme unique. Le Père est le créateur, l’auteur de la loi. Le Fils, le messager incarné, le   St Esprit, la lumière sur les apôtres. 



Critique de l’incarnation 

 

Le dogme de l’incarnation est absurde : « Un Dieu se joindre à la nature humaine ! J'aimerais autant dire que les éléphants ont fait l'amour à des puces 

« Toutes ces questions ne méritaient d’être traitées que par Rabelais ou notre cher doyen Swift. » 


Voltaire reprend ici les positions d’hérétiques des premiers siècles :  

-   Théodote, (fin II), Paul de Samosate, (fin III) qui parlent d’une filiation purement symbolique : Jésus est un homme normal qui, après le baptême, a été investi de pouvoir surnaturel, sans être Dieu. 

Dans les Actes des apôtres, Pierre parlant de Jésus dit : « Jésus est cet homme que Dieu avait accrédité auprès de vous en opérant par lui des miracles des prodiges et des signes »     


Critique du péché originel 


 

Le concept n’existe nulle part dans les écritures.  

L’inventeur est St Augustin, « tête chaude, romanesque, débauché, repentant manichéen et chrétien indulgent et persécuteur, qui passa sa vie à se contredire lui-même »  

« C’est outrager Dieu de l’accuser de la barbarie la plus absurde que d’oser dire qu’il forma toutes les générations des hommes pour les tourmenter par des supplices éternels sous prétexte que leur premier père mangea les fruits d’un jardin 

Dieu fut supplicié pour une pomme mangée 4000 ans avant sa mort » 

Diderot dit autrement « Dieu préfère ses pommes à ses enfants » 

Comment peut-on aimer et faire souffrir son fils ? 

   Pourquoi faire souffrir son fils sur la croix pour sauver l’humanité d’un péché commis par notre lointain ancêtre alors que dans sa toute puissance, Dieu pourrait nous pardonner sans ce sacrifice ? 

Les causes de la réussite du christianisme. 

Pour les chrétiens, c’est l’action du St Esprit qui explique l’extension et le succès du christianisme. 

 


Pour Voltaire, « Il n’était pas difficile à des énergumènes juifs de faire croire leurs rêveries à des imbéciles qui croyaient des rêveries non moins impertinentes. »  

« L’attrait de la nouveauté attirait des esprits faibles lassés de leurs anciennes sottises et qui couraient à de nouvelles erreurs comme la populace de la foire dégoutées d’une ancienne farce demande une farce nouvelle. » 

 Quant à Constantin, j’appelle tyran sans doute celui qui a fait égorger son fils Crispus, étouffer sa femme Fausta. 

Zosime rapporte, et cela est vraisemblable, que Constantin aussi faible que cruel, mêlant la superstition aux crimes, crut trouver dans le christianisme l’expiation de ses forfaits. 

L’essor du christianisme provient de différents facteurs : la crédulité du petit peuple, des histoires superstitieuses, la croyance aux miracles, l’attente mystique de la fin du monde, l’attrait de la fraternité, la puissance financière des communautés chrétiennes et le fanatisme de Paul.  Saint Paul dont il pense qu’« Il ne peut pas mettre deux idées cohérentes à côté l’une de l’autre. » 

Les intérêts, les passions, les lâchetés, les hasards suffisent à rendre compte de la naissance et de la croissance du christianisme. 

L’histoire de l’église est une suite continuelle de divisions, de querelles, d’impostures, de vexations, de fourberies, de rapines, de meurtres, de guerres civiles, d’intolérance. Dans tous les temps, on se bat, on s’égorge, on s’assassine.

La religion n’a fait que du mal au gouvernement ; elle en fait encore beaucoup en France par les persécutions contre les protestants, par les divisions sur je ne sais quelle bulle, par le célibat ridicule des prêtres, par la fainéantise des moines.  


Les rituels 

La transubstantation 

 

« La transubstantation est le dernier terme de l’impudence des moines et de l’imbécillité des laïques » 

Ne faut-il pas être changé en bête pour imaginer qu’on change du pain blanc et du vin rouge en Dieu. 

« Ils poussent l’extravagance jusqu’à mettre ce dieu dans un morceau de pâte » 

« Un gueux qu’on aura fait prêtre, un moine sortant des bras d’une prostituée, vient pour douze sous, revêtu d’un habit de comédien, me marmotter dans une langue étrangère ce que vous appelez une messe, fendre l’air en quatre avec trois doigts, se courber, se redresser, tourner à droite et à gauche, par devant et par derrière, et faire autant de dieux qu’il lui plaît, les boire et les manger, et les rendre ensuite à son pot de chambre ! »



Le baptême 

Quelle étrange idée tirée de la lessive qu’un pot d’eau nettoie tous les crimes 


Le carême

Le riche papiste qui aura eu sur sa table pour cinq cent francs de poisson sera sauvé et le pauvre mourant de faim qui aura mangé pour quatre sous de petit salé sera damné !   

Le clergé 

 


Un cardinal : « c’est un prêtre vêtu de rouge à qui on donne cent mille écus de rente pour ne rien faire du tout. »  

Le Pape : « la folie de cet homme consistait à se dire infaillible et à se croire les maîtres des rois » 













26 L’athéisme 

 

Bien que les athées attaquent comme lui le christianisme, Voltaire les considère  comme ses adversaires. Il parle de la « coterie holbachique ». Il censure le testament de l’abbé Meslier athéiste pour le transformer en texte déiste.  

Certes il écrit, « Ne nous dissimulons pas qu’il a eu des athées vertueux. La secte d’Epicure a produit de très honnêtes gens » mais cependant  « l’athéisme ne peut faire aucun bien à la morale et peut lui faire du mal. Il est presque aussi dangereux que le fanatisme ». 


Dans son conte « Histoire de Jenni », il montre les conséquences de l’athéisme : le mensonge, le vol, les crimes…. 

La crainte de Dieu est le commencement de la vertu.  












3 La religion de Voltaire 

 

  Il se voit comme le créateur d’une nouvelle religion, à l’instar de Luther ou de Calvin. 

    31 Déisme et théisme 

Voltaire est déiste c’est-à-dire qu’il croit en l’existence d’un « Grand Horloger », d’un « grand architecte », d’un « éternel géomètre ». 

Le déisme est le bon sens non encore perverti par la révélation, les autres religions sont le bon sens perverti par la superstition. 

Est-il théiste ?  c’est-à-dire croit-il en un Dieu, moral, bon, puissant qui punit sans cruauté les crimes et récompense les actions vertueuses . 



Témoignage de lord Brougham  

 Voltaire assiste à Ferney au lever du soleil et est pris d’une exaltation quasi-mystique devant ce spectacle : il s’écrit :« Mon Dieu, je crois, je crois en toi ». 

            En revenant à la maison, il dit à son visiteur : « Quant à Monsieur le fils et à Madame sa mère, c’est une autre affaire »  







Comment expliquer que le Dieu moral et bon laisse le mal (le tremblement de terre de Lisbonne) exister ? 

« La question du bien et du mal demeure un chaos indécidable pour ceux qui cherchent de bonne foi » DP Bien 


Comment Dieu peut-il punir un mort ? Il faut qu’il y ait survie

soit 

- Par résurrection or Voltaire n’y croit pas 

- Par immortalité de l’âme. Voltaire y croit-il ? 


Nous naissons, nous vivons bergère,

Nous mourons sans savoir comment 

Chacun est parti du néant où va-t-il ?

 Dieu seul le sait ma chère. 


« Mettons à la fin de tous les chapitres de métaphysique, le eux lettres des juges romains quand ils n’entendaient pas une cause :NL, non liquet, cela n’est pas clair. » 

   













Existence d’une religion naturelle pervertie en religions superstitieuses 

La croyance à l’existence de Dieu est commune à toutes les sociétés. 

 « Nous sommes tous de la même religion sans le savoir. » 

La religion naturelle est une religion primitive, simple, rationnelle. 

 C’est une croyance universelle, très ancienne, le fond commun de toutes les religions et de pratiquement toutes les philosophies.


 Les religions qui semblent polythéistes sont en fait déistes parce qu’elles font appel à un Dieu supérieur aux autres : Zeus, Jupiter, Brama… 

La   religion naturelle prêche une morale universelle  

 Cette morale est simple : « Regarder tous les hommes comme ses frères, leur faire du bien et leur pardonner le mal »  

« La morale est une, elle vient de Dieu, les dogmes sont différents ils viennent de vous »  

Confucius, Solon, Socrate, Jésus, Titus, les Antonins, Epictète, Mahomet   prêchent la même morale  

La religion doit être claire, simple, universelle, à la portée de tous le esprits  

    Cette religion naturelle « ne peut pas ne pas l’emporter ». Il y aura un moment où l’humanité entière se ralliera à cette religion. 

 Religion et société 

Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer 

 

« La croyance des peines et des récompenses après la mort est un frein dont le peuple a besoin. » 

« Il est fort bon de faire croire aux hommes qu’ils ont une âme immortelle et qu’il y a un dieu vengeur qui punira mes paysans s’ils me volent mon blé et mon vin » 

« Je veux que mon procureur, mon tailleur, mes valets, ma femme même, croient en Dieu ; et je m’imagine que j’en serai moins volé et moins cocu » 

« Il est infiniment plus utile d’avoir une religion même mauvaise que de n’en avoir pas du tout »  


Une société fondée sur la Tolérance  


Lors de son séjour en Angleterre il est admiratif de la tolérance religieuse anglaise. 

Voltaire était malade à la date anniversaire de la St Barthélémy. 

Il prêche la tolérance. 

 « Je suis citoyen et par conséquent l'ami de tous ces messieurs de différentes confessions. Je ne disputerai avec aucun d'eux ; je souhaite seulement qu'ils soient tous unis dans le dessein de s'aider mutuellement, de s'aimer et de se rendre heureux les uns les autres, autant que des hommes d'opinions si diverses peuvent s'aimer, et autant qu'ils peuvent contribuer à leur bonheur ; ce qui est aussi difficile que nécessaire. 

Pour cet effet, je leur conseille d'abord de jeter dans le feu […] la Gazette ecclésiastique, et tous autres libelles qui ne sont que l'aliment de la guerre civile des sots. 

Ensuite, chacun de nos frères, soit théiste, soit turc, soit païen, soit chrétien grec, ou chrétien latin, ou anglican, ou scandinave, soit juif, soit athée, lira attentivement quelques pages des Offices de Cicéron, ou de Montaigne, et quelques fables de La Fontaine. Cette lecture dispose insensiblement les hommes à la concorde […].

 On ne vendra ni circoncision, ni baptême, ni sépulture, ni la permission de courir dans la kaaba autour de la pierre noire, ni l'agrément de s'endurcir les genoux devant la Notre-Dame de Lorette,  


L’organisation de l’Eglise 

 

      Elle doit se dégager du christianisme de Constantin. Il préconise une religion inféodée à l’état. Il prend pour exemple l’anglicanisme, « bien établi par acte du parlement, bien dépendante du souverain ». L’Europe religieuse serait composée d’églises d’états juxtaposées et autonomes. Le clergé dont « Notre crédulité fit toute leur science » serait modeste et au service de la société. 

 Cette conception a eu une forte influence sur la Constitution Civile du Clergé de la Révolution. 


33 L’action 

Recherche d’alliance avec des protestants. 

 

  Il porte un jugement positif sur les chrétiens à tendance déiste, unitariste ou adoptianiste.  Le déisme lui paraît le point d’aboutissement de la réforme. 

Les quakers parce qu’ils rejettent les sacrements : pas de baptême, pas de communion, pas de prêtres. Ils rejettent les dogmes, vivent simplement, sont égalitaires, font preuve de vertus. 

 « Je vous dirai que j’aime les quakers. Si la mer ne me faisait pas un mal insupportable, ce serait dans ton sein, O Pennsylvanie, que j’irai finir le reste de ma carrière » 

Les sociniens (Fausto Socin 1539-1604) : « Déjà une foule de théologiens embrasse le socinianisme qui approche beaucoup de l’adoration d’un seul dieu dégagé de la superstition. »

 Il espère rallier les pasteurs genevois à son déisme, en les faisant qualifier de   « sociniens parfaits » par d’Alembert dans l’encyclopédie. L’article fit scandale et les pasteurs rejetèrent l’alliance avec Voltaire. Dans une lettre il écrit « fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m….  


Ecraser l’infâme 

 


Pendant la période de Cirey, il a une attitude de non-belligérance avec les catholiques.  

 A partir de 1759 et de l’affaire Calas, il entre dans la politique « d’écraser l’infâme » c’est-à-dire l’intolérance pratiquée par les églises organisées et inspirée par des dogmes, en l’occurrence le catholicisme qui entrainent superstitions, fanatisme, persécutions. 



4 Critiques du voltairianisme  


Des ennemis 

    Voltaire eu beaucoup d’ennemis : des écrivains jaloux, des courtisans évincés, des affairistes dupés… (Catherine de Russie lui commande 3 montres et il envoie 30 et explique qu’il s’est trompé !), des philosophes (Rousseau, Maupertuis) ,   les protestants génevois et évidemment les catholiques 


Fréron 

 

 Connu pour l’épigramme de Voltaire. 

L’autre jour au fond d’un vallon,

Un serpent piqua Jean Fréron ;

Que croyez-vous qu’il arriva ?

Ce fut le serpent qui creva.

Fréron critiquait Voltaire dans son journal,  l’année littéraire. 


Voltaire, qui supportait très mal les attaques, riposta avec une extrême violence. Il fit contre Fréron une virulente satire, Le Pauvre diable (1758), ainsi qu'une pièce de théâtre, Le Café ou l'Écossaise (1760), où Fréron est représenté par le personnage de « Wasp1 », espion et délateur, coquin envieux et vil.

 Voltaire et le parti philosophique usèrent également contre Fréron de leurs puissants relais au Gouvernement et dans la haute administration,  l’Année littéraire subit de nombreuses suspensions et Fréron quelques jours d’emprisonnement à la Bastille et au For-l'Évêque. Le journal périclita.  En définitive, le Garde des Sceaux, Hue de Miromesnil, ordonna en 1776 la suppression de l’Année littéraire. 

 Voltaire, apôtre de la tolérance n’a pas toujours été tolérant.  


Le journal de Trévoux  édité par les jésuites critiquait Voltaire. Celui-ci répliqua dans « La relation de la maladie, de la confession, de la mort et de l’apparition du jésuite Berthier 

     

Frère Berthier part en voyage avec frère Coutu. Ils tombent malades. Ils ont été empoisonnés. 

N’auriez -vous pas demande le médecin au cocher quelque paquet de poison  pour apothicaire ?  Non monsieur, voici l’unique ballot que j’y ai placé. Il fouilla le coffre et en sortit deux douzaines d’exemplaires du journal de Trévoux. Eh bien messieurs, avais-je tort ? dit ce grand médecin . 

 

-   Nonnote 

 Le père Nonnotte 

Examen critique ou Réfutation du livre des mœurs

Les erreurs de Voltaire. Le livre eut   un grand succès : six  édition en 1774 et traductions en  en italien, allemand, polonais et portugais. Voltaire y répliqua dans ses Éclaircissements historiques. 

Immédiatement, Nonnotte publia sa Réponse aux Éclaircissements historiques et aux additions de Voltaire (Paris 1774). Ces publications valurent  à leur auteur un bref élogieux du pape Clément XIII (1768), 

le Dictionnaire philosophique de la religion (Avignon, 1772) répondait au dictionnaire philosophique de Voltaire. 



Critiques philosophiques 

 

- Montaigne 

 On peut lire l’Apologie de Raymond Sebond comme une critique prémonitoire de Voltaire puisque Montaigne essaie de démontrer que la raison est incapable de prouver l’existence de Dieu.  





- Hume  

Dans « Dialogues sur la religion naturelle », il montre la fragilité de la notion de religion naturelle. 

Le raisonnement voltairien est analogique 

  Le monde est une montre donc il faut un horloger.  Le monde est une maison donc il y a un architecte. 

 D’autres analogies sont possibles 

   Pour construire une maison, il faut plusieurs personnes.  Le polythéisme peut donc être justifié. 

La montre ne donne pas toujours l’heure exacte. Est-ce qu’il n’y a pas un Dieu du mal qui lutte contre le Dieu du bien ? 

  Le monde n’est-il pas une immense plante se reproduisant par germination ?  

   N’est-il pas né d’une copulation divine qui sème ses créatures ? 

  

Voltaire fait des religions révélées des dérivations de la religion naturelle. Hume fait de la religion naturelle un dérivé des religions révélés. 


  





  











34 Obsèques

 

341 L'enjeu 

Pour Voltaire, c'est de ne pas être jeté à la fosse commune comme l’avait été son amie comédienne Adrienne Lecouvreur.  « Je ne veux pas qu’on jette mon corps à la voirie, Cette prétraille m’assomme mais me voilà entre ses mains ».

L’église catholique souhaite évidemment une ultime conversion au catholicisme, c’est-à-dire à la reconnaissance de la nature divine du Christ. 

Imaginons la phrase suivante dans l'Encyclopédie Universalis ou le Lagarde et Michard : "Voltaire à l'article de la mort finit par reconnaître la divinité du Christ" ! 

26 février : Voltaire fait appel à l’abbé Gautier. 

D’Alembert décrit l’abbé Gautier comme « un pauvre diable de prêtre qui par pure bonté d’âme était venu sauver celle de Voltaire »

 « C’est un bon imbécile, cela sauvera du scandale ou du ridicule » dit Voltaire.  L’abbé obtient une profession de foi. 

 « Si j’ai jamais scandalisé l’Eglise, j’en demande pardon, à Dieu et à elle » 

« Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis et en détestant la superstition » 

Il ne communie pas en disant « je crache du sang et il faut bien se donner garde de mélanger mon sang avec le sang du Bon Dieu »

Il reçoit l’absolution. 

Mais voilà que Voltaire retrouve la santé. 

  


29 mai : l’abbé Gautier, M de Fersac, l’abbé Mignot sont au chevet de Voltaire.  

Version de M de Vilette :

L’abbé Gautier lui parle de la profession de foi et Voltaire lui dit « l’abbé Gautier fait ses compliments à l’abbé Gautier ». L’abbé considère que Voltaire délire et se propose de revenir le lendemain. 

 Le neveu, l’abbé Mignot, fils de la sœur de Mme Denis, obtient un billet de confession de l’abbé Gautier « je déclare que j’ai été appelé pour confesser M de Voltaire que j’ai trouvé hors d’état d’être entendu et sans connaissance » 


Version Grimm : 

 L’abbé aurait demandé : « Reconnaissez- vous la divinité de Jésus Christ ». « Jésus Christ ?  Jésus-Christ ? Laissez- moi mourir en paix » 

 

30 mai : Voltaire décède. 

Le cœur fut donné à M de Vilette et déposé à Ferney avec l’inscription « son cœur est ici, son esprit est partout »

Aujourd’hui, le cœur de Voltaire est déposé à la Bibliothèque nationale dans le socle du plâtre original du « Voltaire assis » de Jean-Antoine Houdon où l’on peut lire l’inscription : « Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette »

Le cerveau de Voltaire fut donné au pharmacien Mithouard  et exposé dans son officine  pendant plusieurs années. Son fils voulut en faire don en 1799 à la Bibliothèque nationale. Le Directoire refusa. De nouvelles propositions furent faites en 1830 et 1858, suivies de nouveaux refus. Il échoue en 1924 à la Comédie française (il aurait été cédé par une descendante des Mithouart contre deux fauteuils d’orchestre185) et est placé dans le socle d'une autre statue de Houdon . 



 

L’abbé Mignot et un autre neveu M D’Hornoy demandèrent à l’église d’accorder des obsèques religieuses. Ils invoquèrent la profession de foi.  Louis XV répondit « laissez faire les prêtres » ce qui était différent de l’attitude de Louis XIV par rapport aux obsèques de Molière.  

L’abbé de Fersac proposa d’apporter le corps à Ferney où le tombeau sous forme de demie-pyramide était prêt, moitié dans l’église, moitié dehors ce qui faisait dire à Voltaire « Je ne suis ni dedans, ni dehors ». 

L’abbé Mignot décida d’apporter la dépouille à l’abbaye de Seillières près de Troyes. 

On mit le cadavre dans un carrosse avec six chevaux et un domestique qui fut très malade. Un cercueil en bois fut confectionné. On demanda à Mme Denis un cercueil en en plomb. Elle répondit « A quoi bon, cela coute cher et ça ne sert à rien » 

Grâce au billet de confession signé de l’abbé Gaultier, il fut inhumé religieusement dans un caveau de l’église  avant que l’évêque de Troyes, n’ait eu le temps d’ordonner au prieur de Sellières de surseoir à l'enterrement.  

L’évêque de Troyes exigea l’exhumation du corps de Voltaire. Le prieur dit qu’il avait un billet de confession et ne fit pas l’exhumation.  Il  fut destitué mais l’abbé Mignot n’eut aucune sanction. 

L’académie française à l’initiative de d’Alembert demanda une messe qui fut refusé par l’évêché. Les francs-maçons organisèrent une cérémonie. Frédéric II fit lire une messe à Berlin. 


342 Transfert des cendres 

 

Malgré l’opposition de certains révolutionnaires ( « Voltaire était un   courtisan des grands, un adorateurs des rois ») , les cendres de Voltaire sont transférées au Panthéon le 11 juillet 91, en dehors de la présence du clergé, quelques jours après la fuite à Varennes.

  Une brochure favorable à la panthéonisation récapitule les principes voltairiens : « La religion restreinte dans ces limites, les disciples de Jésus rendant à César ce qui lui appartient, le pouvoir des rois limité et soumis à la loi, les palais de la vengeance renversés, les petits tyrans détruits » 

Sur le sarcophage de la cérémonie, il est écrit : « il défendit Calas, Sirven, La Barre » 

« Il combattit les athées et les fanatiques. Il inspira la tolérance. Il réclama les droits de l’homme contre la servitude de la féodalité.  « Poète, historien, philosophe, il agrandit l’esprit humain et lui apprit qu’il doit être libre »

 Lors de la cérémonie, dans les discours, on cite des phrases : « Si l’homme a des tyrans, il faut les détrôner », « Au fond du Vatican, trônait la politique », « A tous les cœurs bien nés, la patrie est chère », « je porte en mon cœur la liberté gravée et les rois en horreur », « les mortels sont égaux, ce n’est pas la naissance, c’est la seule vertu qui fait la différence »  

Transfert des cendres de JJ Rousseau 

 

Le pire qui arriva à Voltaire fut le transfert des cendres de Rousseau au Panthéon  dans un sarcophage voisin le 11 octobre 1794. 

L'entrée au Panthéon se fait au son de l'orgue, dans un « recueillement religieux ». Cambacérès, président de la Convention, prononce l'éloge du grand homme :

« Moraliste profond, apôtre de la liberté et de l'égalité, il a été le précurseur qui a appelé la nation dans les routes de la gloire et du bonheur. [...] C'est à Rousseau que nous devons cette régénération salutaire qui a opéré de si heureux changements dans nos mœurs, dans nos coutumes, dans nos lois, dans  nos esprits, dans nos habitudes...  


Rousseau à Voltaire : « Monsieur, je ne vous aime point. …je vous hais enfin puisque vous l’avez voulu. »  

Voltaire parlant de Rousseau : cet ennemi du genre humain…ce charlatan trompeur et vain, ce basset hargneux et mutin, bâtard du chien de Diogène

Dans le sentiment des citoyens (anonyme) Voltaire suggère l’exécution de Rousseau : « si on châtie légèrement un romancier impie, on punit capitalement un vil séditieux ». Ce n’est sans doute que rhétorique, mais quand même…

Dans sa lettre à Rousseau, il écrit : «  M Chapuis m’apprend que votre santé est bien mauvaise. Il faudra venir ici dans l’air natal,  jouir de la liberté, boire du lait de nos vaches et brouter notre herbe »

 Voltaire :riche, puissant face à Rousseau pauvre et psychiquement malade  


Dans l’hypothèse où l’au-delà existerait il est peu probable que François-Marie et Jean- Jacques se fréquentent beaucoup. 


Selon des rumeurs (citées par Jean Orieux) les cercueils de Voltaire et Rousseau furent vidés en 1814 de leurs dépouilles par des activistes monarchistes et  enterrées à Bercy sur le site actuel de la halle au vin. 

En 1878 une commission sénatoriale, présidée par le scientifique Berthelot  constata que des squelettes  en place  étaient bien ceux de Voltaire et de Rousseau. A l’occasion, on mesura la taille des cranes et on constata que celui de Rousseau était plus volumineux.


5 L’influence de Voltaire 

 



 51 La révolution 

Edgard Quinet écrit :  la pré-révolution c’est Voltaire, la Constituante Montesquieu, la Législative et la Convention, Rousseau. C’est schématique mais pas faux !  

Victor Hugo fait chanter à Gavroche (à propos d’événements de 1832)  

       Je suis tombé par terre

       C’est la faute à Voltaire 

        Le nez dans le ruisseau 

       C’est la faute à Rousseau 


L’œuvre de la constituante est marquée par l’influence voltairienne : liberté de la presse, unité de la législation, réforme de la procédure criminelle et surtout la constitution civile du clergé.

Cependant il est évident que Voltaire aurait eu en horreur la Révolution. 

  De Maistre écrit : «   De la révolution, Voltaire n’aurait aimé que le côté irréligieux, et l’aurait abhorré pour le reste, car il n’y a pas d’homme plus que lui ennemi de l’égalité ». « Le cuisinier d’un cardinal peut parfaitement se dire homme comme son maître » mais « ce cuisinier est cuisinier »

Voltaire n’aimait pas les « raisonneurs maigres et pâles ». Il ne croyait pas à la bonté originelle de l’homme et à la possibilité de la transformer. La rénovation du monde lui paraissait une « folie de moralistes ». 


Le calendrier républicain 


 

    Il supprime la référence à la date de naissance du Christ et aux Saints. 


  

  

     Le culte de la raison 

 

Il s’est manifesté le jour de la  fête de la Liberté à la cathédrale Notre Dame le 10 novembre 1793. Le culte était célébré par une beauté figurant la déesse de la Raison. 

Plusieurs églises furent transformées en temples de la Raison à Paris et en France Le « culte » s'est manifesté en 1793 et 1794 par des cortèges carnavalesques, des dépouillements d'églises, des cérémonies iconoclastes. Fouché et les hébertistes en furent les principaux animateurs.  Danton et Robespierre s’y opposèrent. 

Par son anticléricalisme, le mouvement est proche de Voltaire mais il en est éloigné par son athéisme. On sent l’influence de d’Holbach plutôt que de Voltaire. 


 Fête de l’être suprême 


 

Elle est célébrée le 20 prairial an II (8 juin 1794), ordonnancée par Jacques-Louis David et présidée par Robespierre. 

- Robespierre a revêtu un habit bleu céleste, serré d'une écharpe tricolore. Il tient un bouquet de fleurs et d'épis à la main. Il met le feu aux représentations de l'Athéisme et de l’Égoïsme, qui démasque, une fois brûlée, une statue de la Sagesse. 

- Dans la foule on aurait entendu (selon Michelet) «C’est pas ça qui va nous donner du pain » « il se prenait pour le Roi, maintenant il se prend pour Dieu ». 

- Organisée par Robespierre elle est plus d’inspiration rousseauiste que Voltairienne. 


- La théophilanthropie


 

 La théophilanthropie (du grec θεός / Theos : « Dieu », φίλος / phílos « ami » et ἄνθρωπος / ánthrôpos « homme ») est un culte établi sur deux idées principales : la croyance en Dieu et l'amour du prochain.

Le culte fut soutenu par le Directoire  en 1797- 1798 

Le fondateur de la théophilantropie est Jean-Baptiste Chemin-Dupontes, , né vers 1760, et mort vers 1852. 

En septembre 1796 paraît son ouvrage le Manuel des théoanthropophiles.

Le premier culte a lieu en janvier 1797 dans l'église Sainte-Catherine à Paris, devant les familles des fondateurs. La théophilanthropie rencontre l'adhésion rapide de quelques politiques, comme l'entrepreneur et économiste Dupont de Nemours , le peintre David, Bernardin de Saint-Pierre, Marie-Joseph  Chénier, Thomas Paine

Le groupe ouvre des écoles et reçoit l'autorisation d'exercer son culte dans 19 églises parisiennes, conjointement avec les cultes constitutionnels et réfractaires.

La théophilanthropie se développe également en province. 

La nouvelle religion suscite des adversaires 

Le 12 floréal an V, après avoir entendu la lecture d'un exposé de La Révellière-Lépeaux sur le culte et les cérémonies civiles à l'Académie des sciences morales et politiques, Talleyrand fait remarquer à son auteur : « Je n'ai qu'une observation à vous faire. Jésus-Christ, pour fonder sa religion, a été crucifié et est ressuscité. Vous auriez dû tâcher d'en faire autant. » 

Le culte est interdit en tout lieu en mars 1803

52 La franc-maçonnerie 

 

- On qualifiait Voltaire de « franc-maçon sans tablier », car il se tenait à l'écart de cette confrérie, bien qu'il ait des conceptions voisines, en l’occurrence le théisme.  

- En 1778, un peu moins de deux mois avant sa mort, il accepte pourtant d'entrer dans la loge des Neuf Sœurs .On le dispense, vu son âge, des habituelles épreuves ainsi que du rite du bandeau sur les yeux, celui-ci semblant déplacé sur un homme qui avait été considéré par beaucoup comme l’homme le plus éclairé   de son époque. 

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- La Constitution du Grand Orient de France en 1849 qui précise que « La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour base l'existence de Dieu (le GADLU)  et l'immortalité de l'âme. »,  est  tout à fait en congruence avec  la pensée de Voltaire.   A ma connaissance, cette référence n’existe plus aujourd’hui dans les statuts du Grand Orient. 



53 Napoléon 

 

Dans son testament Napoléon déclare mourir dans la religion dans laquelle il est né, le catholicisme. 

En même temps, sa conception utilitariste de la religion est tout à fait voltairienne.   

  « C’est en me faisant catholique que j’ai fini la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j’ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais le peuple juif, je rétablirais le temple de Salomon. »

Déclaration au Conseil d’État, 1er août 1800


« Si vous ôtez la foi au peuple, vous n’avez que des voleurs de grand chemin. »

                  

 « Comment avoir de l’ordre dans un État sans une religion ? » dit le Premier Consul à Roederer (juillet 1800). « Il n’y a pas de bonne morale sans religion […] une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole » (juin 1800, aux curés de Milan où il est entré en vainqueur). « Nulle société ne peut exister sans morale. Il n’y a pas de bonne morale sans religion. Il n’y a donc que la religion qui donne à l’État un appui ferme et durable » (Maximes et pensées)

Il ne faut pas combattre et détruire la religion   comme le pensait certains révolutionnaires (Fouché, les hébertistes), mais s’en servir pour affermir l’État et garantir l’obéissance des citoyens au pouvoir civil. 

54 le XIX 

 


  La pensée républicaine puisera dans l’arsenal de Voltaire les arguments contre le catholicisme tout au long du XIX siècle. 


Conclusion 


Dans ses rapports à la religion, on peut dire qu’une partie des élites culturelles française a été voltairienne, ce qui la différencie profondément des autres pays occidentaux.

Les incompréhensions contemporaines entre le monde anglo-américain, le monde musulman et la France sur les questions religieuses trouvent leur origine dans l’influence de Voltaire sur la pensée française. 


 

 

              Si aujourd’hui, à Oloron-Sainte-Marie, cette conférence a pu avoir lieu sans que je sois, jusqu’à maintenant, menacé d’être emprisonné, brûlé, décapité, pendu, égorgé, abattu…c’est parce qu’a existé au XVIII siècle un écrivain nommé Voltaire. 





En 2019, en pleine vague mondiale de déboulonnage de statues, dans la foulée des Black Lives Matter, la mairie de Paris a courageusement exfiltré l’effigie de Voltaire, square Honoré-Champion, à deux pas de l’Institut. Le philosophe avait été aspergé de peinture rouge. Restaurée, sa statue n’a pas retrouvé sa place : la Mairie veut, par faiblesse, l’isoler derrière les grilles aveugles de l’École de médecine.