jeudi 16 avril 2020

commentaire



Ce texte correspond à l’émission sur radio Oloron ,.Il est une adaptation de la conférence du 13 février 2007 .
 
 







Les économistes à la recherche de l’arche perdue .


1 Pourquoi ce titre ?

   1 Le discours des économistes est omniprésent dans le débat public
Cette parole est importante dans la mesure où elle nous affecte directement en tant que   travailleur , retraité, allocataire, propriétaire, contribuable , consommateur

  2  Ce discours  a très souvent  un statut de vérité scientifique
.
3          Je voudrais montrer que cette parole n’a un statut de vérité scientifique que de façon exceptionnelle  parce que l’économiste se heurte dans sa recherche à des difficultés considérables ( comme Indiana Jones à la recherche de l’arche perdue) , plus grandes me semble-il que dans les autres sciences sociales .

4         L’arche perdue , c’est la vérité économique fondée scientifiquement  mais pour l’atteindre il y a des difficultés , des obstacles et même des pièges ;


5        Nous allons donc voir quels sont tous les pièges dans lesquels l’économiste ne doit pas tomber pour atteindre une vérité  qui évidemment peut être remise en cause par une autre recherche .

2 Qu’est-ce qu’un économiste ?

      C’est quelqu’un qui est certifié comme tel par l’université .
              Médecin  Juriste
             Monde académique
             Hiérarchie : licence  prix Nobel  master doctorat professorat (université plus ou moins prestigieuse)
                                  Remarque prix Nobel : prix attribué par la banque centrale de Suède en l’honneur de … 

C’est aussi quelqu’un qui est qualifié de tel par les médias  parce qu’il parle d’économie : on peut parler d’économiste médiatique 
  Qui peut être un économiste académique qui va sur ce terrain : Elie Cohen Daniel Cohen Fitoussi Maris …
 
 Sociologue : Todd  historien : Marseille  avocat : Baverez  journaliste patron syndicaliste homme politique  VGE Barre Rocard Fabius Strauss kahn…

  Les 2 mondes sont à la fois séparés et communs :
                      Connu  académiquement /pas médiatiquement :Maurice Allais  
                      L’inverse
                       Les 2 :                  Stiglitz 




3 Tu distingue économistes académiques et économistes médiatiques , est-ce qu’il y a d’autres distinctions utiles ?

    Oui :2
     1 Eco/gestionnaire
        Eco : étudie la façon dont la société doit organiser le mieux possible la P C et répartition des richesses
        Gestionnaire : il fait en sorte qu’un agent éco gagne de l’argent
                      Injection puis ponction
                      Ponction supérieure à injection
                     Il est facile de juger de la qualité d’un gestionnaire
            L’émission ne répond pas à la question : faut-il faire confiance aux gestionnaires ?  
On peut être gestionnaire sans âtre économiste ex Schumpeter  Merton et Scholes

2 Eco de droite /éco de gauche

      Distinction que l’on ne fait pas en mathématiques
   Eco de droite : confiance dans le marché : équilibre . optimum  dynamisme  récompense
                            Méfiance / l’état 

 Eco de gauche : sceptique / marché : déséquilibré /pas optimal/ myope /crises / pauvreté
                            Intervention de l’état  réglementation prise en charge du social

             Est-ce une distinction qui a du sens ?
    Oui , pour la raison évoquée avant mais plus profondément sur la question des valeurs morales et politiques : ex l’esclavage
   En tout cas , c’est une distinction qui existe dans la représentation que se font les gens (et les économistes)  de l’économie  . Les économistes savent pourquoi ils écrivent dans alter éco plutôt que dans Capital ! 
 
4 Quelles sont les pièges auxquels les économistes doivent échapper ? 
  . Comme Indiana Jones , l’économiste  va se trouver confronté à de multiple  pièges .

   Pour résumer le film , je les présente

1 l’absence de liberté
2 l’effet agenda
3 l’effet vocabulaire
4 la généralisation abusive
5 la confusion statistiques /réalité
6 la confusion corrélation/causalité
6        l’amnésie
7        la myopie
8        l’hémiplégie
9        le bougisme
10    le modernisme
11    le conformisme
12    le séparatisme
13    le scientisme

la conclusion : comment trouver l’Indiana Jones de la science économique ?





5  Le premier piège ?


     Le premier c’est l’absence de liberté dans la recherche , absence à laquelle l’économiste peut se soumettre de son plein gré . Dans ce cas , il est un  mercenaire au service d’une institution  (entreprise , syndicat , lobby, gouvernement…) qui le paie pour défendre ses intérêts . Cela peut être AREVA  pour le nucléaire, MONSANTO pour les OGM , les alcooliers , les propriétaires de porcheries , les taxis…..          De plus en plus d’économistes travaillent comme avocats pour les institutions or on sait que les avocats ne disent pas toujours la vérité pour défendre leurs clients .

6        Et l’effet agenda ?
 C’est le problème suivant :quelle question  économique  va –t-on étudier ? L’économiste  risque d‘être victime des médias qui mettent en avant des questions en fonction parfois des intérêts de tel ou tel agent éco : cf fonds de pension

 Histoire du gars qui a perdu les lunettes et les recherche prés du lampadaire !

7        l’effet vocabulaire ?

      c’est de ne pas se méfier du vocabulaire que l’on emploie . Le vocabulaire définit un espace idéologique sans que l’on s’en rende compte .Nommer les  gens qui dirigent les entreprises comme des dirigeants , des responsables  , des patrons , des chefs d’entreprise , des managers , des gestionnaires …c’est porter a-priori un regard différent sur la réalité !



  Le quatrième piège  , c’est la généralisation abusive .
 
                 Exemple : le modèle de marché de concurrence pure et parfaite : représentation simplifiée de la réalité de certains marchés (et encore ! ) : marché monétaire , marché du poisson …On suppose alors qu’il s’agit d’une représentation simplifiée de TOUS les marchés . Or ce n’est pas une représentation simplifiée mais fausse de la réalité des marchés .  
  

8        le cinquième piège , c’est la confusion statistiques /réalité

 exemples
  Eco en URSS : analyses pendant des décennies de chiffres faux !
 Moyenne : tête four , pied réfrigérateur
chômage
 Inflation : il ne faut pas dire : l’inflation es de tant %, mais, la hausse des prix telle qu’elle est mesurée par tel indice de prix est de tant %
PIB : indicateurs imparfait des richesses , du bien-être.

Enfin , l’économiste ne se rend pas compte qu’il ne raisonne que sur des données statistiques qui ne sont pas le reflet de l’ensemble de la réalité .


9        le sixième , c’est la confusion corrélation /causalité 

Exemple : M Mitterrand (conseillé par M Attali !) qui fait la corrélation  Prélèvements obligatoires /PIB  et taux de chômage . 
   Corrélation n’est pas causalité : nombre de cigognes qui nichent en Alsace et nombre des naissances corrélés !
  Erreur très fréquente car elle arrange l’économiste !


10    Dans sa quête l’économiste rencontre alors des monstres , des mauvais génies qui le frappent d’un certains nombre de maux ?

Il risque de rester amnésique , myope , hémiplégique .

a.       Amnésique

 Oubli du passé : à gauche : échec du communisme , à droite décollage éco dans un contexte protectionniste
b.      Myope

   Economiste dopé par les 3%de croissance 
      En  100  ans 20  fois plus de richesses
   Kenneth Boulding : ‘celui qui croit que la croissance est infini est soit un économiste , soit un imbécile ’

c.       Hémiplégique
Il ne voit que la moitié de la réalité économique : cotisations = allocations

11 la corporation peut être aussi atteinte de bougisme   et de modernisme

Le bougisme : donner l’impression d’un foisonnement de nouveautés : exemple : les théories du marché du travail. On part du modèle de concurrence que l’on complexifie à l’infini en introduisant des hypothèses ‘plus réalistes’ : information imparfaite , rigidité….

Modernisme : faire croire que ce qui est nouveau est plus scientifique : ex les néo-classiques (fin XIX) ne sont en rien plus scientifiques que les classiques   (début XIX)  

12    le bougisme et ce modernisme peuvent cacher paradoxalement le conformisme


   conformisme : l’économiste a la réponse avant d’avoir examiné le problème ! : le libéral : plus de marché . L’interventionniste : plus d’état . Le point de vue d’un économiste provient plus de son inconscient , de son intérêt que de l’étude du problème  .

     




13 On arrive aux derniers pièges  , les plus difficiles à surmonter 


I le séparatisme

 


1 eco/social
L’économie qui s’occupe de la production , de la répartition  , de la consommation des richesses ne peut être séparés du social parce que chaque acte éco met en jeu le ‘social’ (les rapports de l’individu au groupe social et les rapports des groupes sociaux entre eux ) La phrase ‘ l’éco va bien mais le social va mal ‘ n’a aucun sens si ce n’est de réduire l ‘éco à la croissance du  volume de richesses mesurées ou , pire encore , à l’évolution de la Bourse !

2        éco/politique
                            politique : activité où une collectivité décide de ses choix fondamentaux de vie . L’économie , même au prix d’une baisse de l’efficacité économique (mesurée par la productivité de facteurs ) doit être soumise aux  objectifs extra-économiques que se donne une société . 
                              
3        éco/morale

            Référence au texte de » Swift : Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public ‘
      L’analyse économique en est rigoureuse !
            Economiste nazi : comment éliminer le plus efficacement 6 millions de juifs ?
               On doit exiger d’un économiste qu’il expose les conséquences morales des mesures qu’il préconise , libre à lui ensuite d’expliquer les avantages de l’esclavage en matière de production des richesses .

II le scientisme

Nous faire croire que l’ économie est une science : défaut commun aux marxistes et aux libéraux !

       Des économistes libéraux continuent à croire que l’économie est une physique sociale or , contrairement à la physique : 
·         l’expérimentation est quasi-impossible
·         la causalité est difficile à déterminer
·         la prévisibilité est impossible
·         le progrès des connaissances est douteux (les théories fausses perdurent si elles correspondent à des intérêts sociaux )

                            Des économistes libéraux ( les demi-savants) continuent à croire :
·         que les agent économiques agissent rationnellement
·         que le marché permet l’équilibre
·         l’optimum
Or , des économistes libéraux (plus savants ! ) savent que :
·         les agents économiques ne se comportent pas de façon rationnelle (cf Allais , Simon, Kahneman….
·         Le marché ne s’équilibre pas (Debreu, Mantel, Sonneschein…)
·         Si une des conditions de le concurrence n’est pas réalisé , il ne sert à rien de se rapprocher des autres ( (Lipsey-Lancaster)
·         Que le libre échange n’est pas un optimum (Allais)

              Les sciences économiques ne peuvent prétendre qu’au titre d’une science sociale étudiant un aspect particulier de la réalité sociale . Elle ne peuvent  prétendre expliquer l’ensemble de la société .Le seul progrès souhaitable pour elles seraient leur  disparition dans un ensemble plus vaste de la science sociale .  La question n’est plus : la science éco est-elle une science ? mais la science éco est-elle possible ? 
  
      

13    Comment peut-on trouver l’Indiana Jones de la sciences économique ?  Ou , en d’autres termes , quel économiste faut-il prendre au sérieux ?


           C’est simple ! Il doit accepter
·         d’admettre qu’il pense  entre science et croyance
·         la confrontation avec les faits (pas d’économétrie sans tests ! )
·         la confrontation avec les autres chercheurs
·         l’interdisciplinarité (histoire , sociologie, psychologie, anthropologie…)
·         l’élargissement de son expertise :  Il doit être en mesure d’éclairer les citoyens pour améliorer le bien être ,  la sécurité , la liberté , la cohésion sociale , la protection de l’environnement en économisant( c’est à dire en les utilisant au mieux ) ,  sur le long terme, les facteurs de production ,le travail et la nature . 
·         de réfléchir sur les finalité de l’activité éco : ‘ J’avoue que je ne suis pas enchanté de l’idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que l’état normal de l’homme est de lutter sans fin pour se tirer d’affaire, que cette mêlée où l’on se foule au pied , où l’on s’écrase , où l’on se marche sur les talons et qui est le type de la société actuelle , soit la destinée la plus désirable pour l’humanité au lieu d’être simplement une des phases désagréables du progrès industriel ‘ JS Mill, économiste libéral  .
·         de réfléchir aux questions suivantes :
-          comment augmenter la productivité sans écraser les hommes ,
-          pourquoi l’augmenter ?
-          Quand renoncer à l’augmenter ? 



         


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire