Chansons et
histoire de France
La chanson est l’art populaire par essence car une chanson est compréhensible
par tout le monde (sauf les
sourds !).
Parmi les millions de chansons qui ont été écrites, quelques- unes sont restées dans la mémoire
collective.
Pour quelles raisons ?
Quand on demandait à Brassens
« qu’est-ce que c’est une
bonne chanson ? » il répondait : « écoutez la
musique ».
Quant à Trenet, il disait : « c’est une chanson
qui, lorsqu’on ne se souvient plus des paroles, vous fait
chanter « lalalallère »
Une chanson qui ‘ reste’ est le résultat d’une alchimie mystérieuse
entre les paroles et la musique :
ex la mer…
La mer
Qu'on voit danser
Qu'on voit danser
le long des
golfes clairs
À des reflets d'argent
La mer
Des reflets changeants
Sous la pluie
À des reflets d'argent
La mer
Des reflets changeants
Sous la pluie
quand margot
dégrafait son corsage
pour donner
la gougoute à son chat
tous le tous
les gars du village était lalalalal
Tous les aspects de la vie de nos ancêtres ont été exprimés dans des
chansons.
Le répertoire le plus fourni est celui de la chanson d’amour.
A la claire fontaine
Aux marches du palais
Vla le joli vent
Mignonne allons voir si la rose
Au clair de la lune (qui est une
chanson coquine !)
Prête-moi ta plume, pour écrire un mot.
Ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu.
Ouvre-moi ta porte, pour l'amour de Dieu.
Au clair de la lune, Pierrot répondit :
Je n'ai pas de plume,
je suis dans mon lit.
Va chez la voisine, je crois qu'elle y est
Car dans sa cuisine, on bat le briquet.
Au clair de la lune, l'aimable lubin
Frappe chez la brune, elle répond soudain
Qui frappe de la
sorte ?, il dit à son tour
Ouvrez votre porte
pour le Dieu d'Amour.
Au clair de la lune, on n'y voit qu'un peu
On chercha la plume, on chercha le feu
En cherchant d'la sorte je n'sais c'qu'on trouva
Mais je sais qu'la porte sur eux se ferma
Il y a aussi des chansons sur la
condition féminine : le mariage malheureux, l’infidélité du mari (mon amant me délaisse) , la
belle- mère abusive,l’entrée forcée au couvent …
Les chansons pour enfant
Nous n’irons
plus au bois
Le furet
Lundi matin
Une souris
verte
Frère
jacques
Savez- vous
planter les choux
…
Chansons de métiers
Le
agriculteurs (Avoine ) le rémouleur, le
scieur de long, le batelier (chant des tilholiers de l’Adour)
Chansons de marin (Hourrah les filles à dix deniers)
Chansons rituelles
Le mardi
gras, l’arrivée du printemps, la St Jean, la Noël,
Les chansons à boire et paillardes
C’est à boire
Les filles de la Rochelle
Allons à Messine
Chansons de soldat
La
conscription, le conseil de guerre, les horreurs de la guerre
le Prince d’Orange
( Malicorne)
Elle est interprétée par le groupe Malicorne, avec Gabriel Yacoub, qui était le groupe le plus emblématique du
mouvement « folc » français des années 70 et qui visait à renouveler la chanson
traditionnelle française.
Il s’agit de René
de Nassau, Prince d’Orange, capitaine de
Charles Quint, mort en 1543 à St
Dizier
La mort de la Palice
Elle est chantée par Gilles Elbaz
(Extrait de L’anthologie de la chanson traditionnelle dirigée
par Marc Robine et Gabriel Yacoub)
Mort à Pavie en 1525
Il est probable que la chanson disait
« Hélas s’il n’était pas mort
Il ferait encore envie »
Or, dans la graphie
ancienne, S et F avaient la même forme, si bien qu’au fil des copies un scribe
maladroit (ou facétieux) a écrit
« Il serait encore en vie »
Autre hypothèse
Il serait encore en vie doit être compris au sens de
« plein de force et de vie »
En tout cas, les vérités de la Palice sont restées, bien que
M de la Palice n’en ai jamais dites une
seule.
Cartouche (Cartouche)
Affiche du
film de Philippe de Broca, avec
Belmondo et Claudia Cardinale
Cartouche né
en 1693
Il dispose d’une armée de 800 hommes qui
terrorisa la région parisienne en 1719-1720
exécuté en 1721
Interprété
par Hal Collomb
Mandrin (Mandrin)
Né en 1724
1750 : fait de la
contrebande entre le Dauphiné et la Suisse
Il s’attaque aux fermiers généraux dans le Rouergue, la Franche- Comté, la Bourgogne.
Arrêté le 10
mai 1755
Exécuté le
26 mai à Valence
Chanson
écrite sur un timbre de l’opéra
« Hippolyte et Aricie » de Rameau
Chantée par
François Hadji- Lazzaro
Les enfants de Pontoise (pendus)
Elle est
chantée par Mac Robine
Chansons « politiques »
La France (cas unique ?) dispose
de chansons sur tous les événements de son histoire, la naissance, le mariage,
les actions et la mort des rois. les croisades, les guerres.
Elles étaient sous l’ancien régime le reflet de ce que l’on pouvait appeler « l’opinion publique ».
« Qu’est-ce qui se chante au Pont Neuf ? » se demandait la noblesse sous l’ancien régime.
Chamfort a pu écrire:
« la France est une monarchie absolue tempérée par les chansons »
Sous l’ancien régime, les
chansons qui contestaient le pouvoir
royal étaient inexistantes. Mais on
pouvait se moquer des ministres (voir les mazarinades au XVII) ou des favorites.
Exemple : une
« poissonnade » qui s’attaque à Mme de Pompadour qui s’appelait Mademoiselle
Poisson.
Comprenez- vous ? (Pompadour)
Interprétée par Gabriel Yacoub,
La chanson
ce sont aussi des ballades et des
complaintes qui chantent des
événements qui ont frappé l’opinion (les faits divers !)
Je vous propose dans le genre :
Révolution
On a beaucoup chanté
pendant la révolution : des chansons révolutionnaires mais aussi
royalistes (qui peuvent être du même auteur ! cf Piis qui fut républicain, monarchiste,
bonapartiste)
On commence par les
révolutionnaires.
La Marseillaise (Rouget de l’Isle)
Créée à Strasbourg
Nuit du 25 au 26 avril 1792
Tableau de Pills 1849
(pas tout à fait conforme à la vérité, c’est le maire de Strasbourg, De
Dietrich qui a chanté, semble-t-il)
Chant de guerre pour
l’armée du Rhin
Chantée par les marseillais
1793 : chantée dans
les spectacles et « chaque fois que
le peuple le demandera »
Chant national en 1795
Supprimée
en 1804
1830 1848 1870
1879 officialisation
Version officielle en 1887
1935 réhabilitée par
Thorez pour le PCF
Interdite par les
allemands en 1941
Hymne national en 1946
et 1958 (article 2)
Ralentissement sous VGE
Version reggae avec Gainsbourg
Je vous fais grâce des 7
couplets
La référence au « sang impur »
fait allusion à l’idée de la noblesse selon laquelle le sang des nobles (sang bleu) serait différent de celui du peuple. Le sang
versé est celui du peuple qui défend ses
fils et ses compagnes.
Des parodies de la
Marseillaise
Marseillaise monarchiste
Le jour de deuil pour ma
patrie
Le jour de honte est
arrivé
Du peuple aveugle en sa
furie
Le poignard sanglant est
levé
Factieux-eux citoyens
Rebelles bataillons
Tremblez tremblez
Un noble sang vengera les Bourbons
Marseillaise vendéenne
Allons armées-ées
catholiques
Le jour de gloire est
arrivé
Contre nous de la
République
L’étendard sanglant est
levé
Aux armes vendéens
Formez vos bataillons
Marchez marchez le sang des bleus
Rougira nos sillons
Marseillaise
catholique
Arrière les
lois sataniques
Les soutenir
oh quelle horreur
Soyons
toujours de bons catholiques
Et nous
trouverons le bonheur
Aux
armes citoyens
Soyons
de bons chrétiens
Courage
et foi
soient
dans nos cœurs
Nou-ous serons vainqueurs
Que veut
cette horde d’athées
Et de
franc-maçons conjurés
Pour qui
donc ces lois exécrés
Contre les
droits les plus sacrés
Debout
chrétiens debout
Armons
nous de la foi
Luttons
luttons jusqu’à la mort
Contre
l’infâme loi
Marseillaise
anticolonialiste
Fils
d’africains tristes et victimes
Qu’un joug
absurde abrutissait
Des monstres
oubliant-ant leurs crimes
Pensons à
Jésus qui disait
Debout
l’heure est venue
A
chaque travailleur
Le
pain le pain qu’il a gagné
Qu’importe
sa couleur
Marseillaise
anticléricale
Allons fils de la
république
Le jour du vote est
arrivé
Conte nous de la noire clique
L’oriflamme ignoble est
levé (bis)
Entendez vous tous ces
infâmes
Croassez leurs stupides
chants
Ils voudraient encore les brigands
Salir nos enfants et nos
femmes
Aux urnes citoyens
Contre les cléricaux
Votons votons
Et que nos voix
dispersent les
corbeaux
Marseillaise pacifiste
Pour tous les enfants de
la terre
chantons amour et liberté
contre toutes les haine
et les guerres
l’étendard d’espoir est
levé
la flamme qui nous
éclaire
traverse les
frontières
partons partons
amis solidaires
marchons vers la
lumière
Marseillaise nataliste
honneur aux foyers plein
de vie
repoussant toute lacheté
portant leur vitale
énergie
aux champs de la natalité
courage citoyens
formons des rejetons
croissons croissons
que nos enfants
ravivent nos sillons
Marseillaise féministe
tremblez tyrans portant
culottes
femmes notre jour est
venu
point de pitié mettons au
vote
tous les sorts du sexe
barbu
liberté sur nos fronts
verse tes chauds
rayons
tremblez tremblez
maris jaloux
respect au cotillon
Marseillaise bachique
allons enfants de la
folie
le jour de boire est
arrivé
du grand dieu de
l’ivrognerie
l’étendard vermeil est
levé
aux armes ribodeurs
saisissez vos flacons
versez versez
qu’un nectar pur
abreuve nos poumons
le chant du départ
(sculpture de Rude)
chant « frère de la
Marseillaise »
Joseph-Henri Chénier
(frère d’André) Méhul
14 juillet 1794 (sans
référence à Chénier)
Robespierre :
« poésie grandiose et républicaine qui dépasse tout ce qu’a fait ce girondin
de Chénier »
Il rend hommage à Bara et
Vialla deux enfants républicains tués
par les vendéens
Hymne national en 1804
Jouée pendant la campagne de VGE en 1974
Interprétée par Philippe Gautier
Ah ça ira ( Si Versailles..)
Carillon national chanté par les ouvriers à la fête de la
fédération du 14 juillet 1790
Texte de Ladré (chansonnier des sans-culottes) musique
Bécourt
Benjamin Franklin : ça ira
Le jour de la fête de la
fête de la fédération on a chanté :
« En dépit des
aristocrates et de la pluie
Nous nous mouillerons
mais ça finira »
On chantait
Ah ça ira …
Malgré les mutins tout
réussira
Le despotisme expirera
La liberté triomphera
Ah ça ira
Nous n’avons plus ni
nobles ni prêtres
Ah ça ira
L’égalité partout règnera
L’esclave autrichien le
suivra
ah ça ira
Et leur infernale clique
Au diable s’envolera
Et on a chanté aussi
Les aristocrates à la
lanterne
Les aristocrates on les
pendra
Preuve que la fête de la
fédération ne fut pas totalement consensuelle.
Chantée à Valmy
Retenue pour être jouée
dans les théâtres par décret du 8 janvier 1796
Clandestine sous l’empire
Cent jours, 1830 1848
Pierre Dac
« Les collaborateurs
on les pendra »
Edith Piaf dans « Si
Versailles m’était conté » de Sacha Guitry
La carmagnole (illustration)
1792
12 septembre :
chantée sous les fenêtres de la famille royale
Autour des arbres de la
liberté
Scènes lyriques, marche militaire,
exécutions capitales
De multiples parodies ont été
écrites
La carmagnole de
Fouquier Tinville
Vive la guillotine
Pour ces bourreaux (bis)
Vive la guillotine
Pour ces bourreaux
Vil fléaux
La
« ravachole » fin XIX
La
« grapignole » (du nom du doyen Grapin) en 68
Parodie de il pleut bergère
Il pleut il pleut des têtes
Dans le panier de son
Allons vite à la fête
Que dirige Sanson
La belle fin lisette
Pour ceux qu’on raccourcit
Quand on n’a plus de têtes
On n’a plus de soucis
Les chansons royalistes :
Non rien ne peut se
comparer
à la sombre conciergerie
Complainte de louis XVI
aux français
Tout est lugubre dans
l’histoire
Remettez vos culottes
Chansons de de Ange Pitou (1767-1846) déporté en Guyane(la guillotine douce) pendant la révolution, héros d’un roman
d’Alexandre Dumas et d’une opérette, Mm Angot fin XIX
Chanson de l’armée de Charrette 1853 de Paul Féval
Prend ton fusil
Grégoire
Après la révolution la chanson royaliste la
plus connue était « Vive Henri IV »
Vive Henri IV (Henri IV)
Premier couplet contemporain d’Henri IV
Autres
couplets tirés d’une comédie
« la partie de chasse d’ Henri IV » de Charles Collé
Chanté par
les royalistes sauf devant la famille royale à cause du couplet « j’aimons
les filles et le bon vin »
Interprétée
par Jacky Bardot
Le Premier Empire fut très
répressif ( Désogue fut envoyé en hôpital psychiatrique pour avoir chanté « Napoléon est un grand caméléon »)
Ici une parodie du « Roi Dagobert » faisant allusion à la campagne de Russie
Le bon roi Dagobert (Napoléon Russie)
Le bon roi Dagobert
Voulait conquérir l’univers
Le grand st Eloi
Lui dit o mon roi
Voyager si loin donne du tintouin
C’est vrai lui dit le roi
Il vaudrait mieux rester chez soi
Le roi faisait la guerre
Mais il la faisait en hiver
Le grand St Eloi
Lui dit o mon roi
Votre majesté se fera geler
C’est vrai lui dit le roi
Je
m’en vais revenir chez moi
(Daumier)
Dans la
première moitié du XIX deux
personnalités ont marqué la chanson.
(Pierre
Jean de Béranger) qui publie dès 1813 des textes qui sont chantés dans les
« caveaux » à partir de
« timbres.
Les caveaux
sont des société chantantes existant depuis le XVIII siècle où on se réunit pour chanter et qui publient
des recueils.
C’est
un libéral, patriote, antibonapartiste à
ces débuts (le roi d’Yvetot). Il est un peu la voix du peuple qu’il définit
comme ceux « ceux qui ne savent pas
tous lire ».
En 1828, il
écrit « le souvenir du
peuple » qui participe de la légende napoléonienne.
Parlez nous
de lui
grand-mère
Parlez nous
de lui
Il fait partie d’un répertoire qui crée la
légende napoléonienne
Cf
Autrefois le
royaume de France ..
En 1857 des milliers de personnes assisteront
à son enterrement.
Pierre
Dupont (1821-1870)
(Dupont) est le premier
auteur-compositeur –interprète célébré.
Il est goguetier
cad qu’il participe aux « goguettes » qui sont des sociétés
chantantes populaires, mixtes et plutôt à gauche contrairement aux caveaux.
Il est
l’auteur de
J’ai deux grands bœufs dans mon étable
LES BOEUFS
J'ai deux grands boeufs dans mon étable,
Deux grands boeufs blancs marqués de roux ;
La charrue est en bois d'érable,
L'aiguillon en branche de houx.
C'est par leur soin qu'on voit la plaine
Verte l'hiver, jaune l'été ;
Ils gagnent dans une semaine
Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté.
S'il me fallait les vendre,
J'aimerais mieux me pendre ;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
J'ai deux grands boeufs dans mon étable,
Deux grands boeufs blancs marqués de roux ;
La charrue est en bois d'érable,
L'aiguillon en branche de houx.
C'est par leur soin qu'on voit la plaine
Verte l'hiver, jaune l'été ;
Ils gagnent dans une semaine
Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté.
S'il me fallait les vendre,
J'aimerais mieux me pendre ;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Chant des
ouvriers (1846)
(Musique de « la semaine
sanglante »)
Nous dont la lampe le matin,
Au clairon du coq se rallume,
Nous tous qu’un salaire incertain
Ramène avant l’aube à l’enclume
Nous qui des bras, des pieds, des mains,
De tout le corps luttons sans cesse,
Sans abriter nos lendemains
Contre le froid de la vieillesse.
Au clairon du coq se rallume,
Nous tous qu’un salaire incertain
Ramène avant l’aube à l’enclume
Nous qui des bras, des pieds, des mains,
De tout le corps luttons sans cesse,
Sans abriter nos lendemains
Contre le froid de la vieillesse.
Buvons
buvons buvons
à
l’indépendance du monde
Nos bras sans relâche tendus,
Aux flots jaloux, au sol avare,
Ravissent leurs trésors perdus,
Ce qui nourrit et ce qui pare :
Perles, diamants et métaux,
Fruits du coteau, grains de la plaine ;
Pauvres moutons, quels bons manteaux
Il se tisse avec notre laine !
Quels fruits tirons-nous des labeurs
Qui courbent nos maigres échines?
Où vont les flots de nos sueurs?
Nous ne sommes que des machines.
Nos Babels montent jusqu’au ciel,
La terre nous doit ses merveilles
Dés qu’elles ont fini le miel,
Le maître chasse les abeilles.
Au fils chétif d'un étranger
Nos femmes tendent leurs mamelles,
Et lui plus tard croit déroger
En daignant s'asseoir auprès d'elles.
De nos jours, le droit du seigneur
Pèse sur nous plus despotique :
Nos filles vendent leur honneur
Aux derniers courtauds de boutique.
Mal vêtus, logés dans des trous,
Sous les combles, dans les décombres
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres;
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines
Nous nous plairions au grand soleil
Et sous les rameaux verts des chênes.
À chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde,
C’est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde;
Ménageons-le dorénavant
L’amour est plus fort que la guerre;
En attendant qu’un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre.
Aux flots jaloux, au sol avare,
Ravissent leurs trésors perdus,
Ce qui nourrit et ce qui pare :
Perles, diamants et métaux,
Fruits du coteau, grains de la plaine ;
Pauvres moutons, quels bons manteaux
Il se tisse avec notre laine !
Quels fruits tirons-nous des labeurs
Qui courbent nos maigres échines?
Où vont les flots de nos sueurs?
Nous ne sommes que des machines.
Nos Babels montent jusqu’au ciel,
La terre nous doit ses merveilles
Dés qu’elles ont fini le miel,
Le maître chasse les abeilles.
Au fils chétif d'un étranger
Nos femmes tendent leurs mamelles,
Et lui plus tard croit déroger
En daignant s'asseoir auprès d'elles.
De nos jours, le droit du seigneur
Pèse sur nous plus despotique :
Nos filles vendent leur honneur
Aux derniers courtauds de boutique.
Mal vêtus, logés dans des trous,
Sous les combles, dans les décombres
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres;
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines
Nous nous plairions au grand soleil
Et sous les rameaux verts des chênes.
À chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde,
C’est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde;
Ménageons-le dorénavant
L’amour est plus fort que la guerre;
En attendant qu’un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre.
Chant des
paysans (1849)
Le
Chant des Paysans
Quand apparut la République
Dans les éclairs de Février,
Tenant en main sa longue pique,
La France fut comme un brasier :
Dans nos vallons et sur nos cimes
Verdit l’arbre de liberté ;
Mais les quarante-cinq centimes
Et Juin plus tard ont tout gâté.
Refrain :
Oh ! quand viendra la belle ?
Voilà des mille et des cents ans
Que Jean-Guêtré t’appelle,
République des paysans ! (bis)
Oh ! quand viendra la belle ?
Voilà des mille et des cents ans
Que Jean-Guêtré t’appelle,
République des paysans ! (bis)
Mais ce beau feu s’écroule en cendre ;
Le diable en passant l’a soufflé,
Le crédit n’a fait que descendre,
Et l’ouvrage est ensorcelé ;
La souffrance a fait prendre en grippe
La jeune Révolution
Comme le vieux Louis-Philippe,
Et nous nommons Napoléon.
Napoléon est sur son siège,
Non point l’ancien, mais un nouveau
Qui laisse les blés sous la neige
Et les loups manger son troupeau,
Quand l’aigle noir fond sur les plaines,
Terre d’Arcole et de Lodi,
Il se tient coi… dedans ses veines
Le sang du Corse est refroidi.
Non point l’ancien, mais un nouveau
Qui laisse les blés sous la neige
Et les loups manger son troupeau,
Quand l’aigle noir fond sur les plaines,
Terre d’Arcole et de Lodi,
Il se tient coi… dedans ses veines
Le sang du Corse est refroidi.
Que va donc devenir la France,
Si rien n’en sort à ce moment
Où le cri de l’indépendance
Nous appelle au grand armement ?
Soldats, citadins, faites place
Aux paysans sous vos drapeaux ;
Nous allons nous lever en masse
Avec les fourches et les faux.
Si rien n’en sort à ce moment
Où le cri de l’indépendance
Nous appelle au grand armement ?
Soldats, citadins, faites place
Aux paysans sous vos drapeaux ;
Nous allons nous lever en masse
Avec les fourches et les faux.
Les noirs et les blancs sans
vergogne
Voudraient nous mener sur Paris,
Pour en faire une autre Pologne,
Et nous atteler aux débris :
A bas les menteurs et les traîtres,
Les tyrans et les usuriers !
Les paysans seront les maîtres,
Unis avec les ouvriers.
Voudraient nous mener sur Paris,
Pour en faire une autre Pologne,
Et nous atteler aux débris :
A bas les menteurs et les traîtres,
Les tyrans et les usuriers !
Les paysans seront les maîtres,
Unis avec les ouvriers.
La terre va briser ses chaînes,
La misère a fini son bail ;
Les monts, les vallons et les plaines
Vont engendrer par le travail.
Affamés, venez tous en foule
Comme les mouches sur le thym ;
Les blés sont mûrs, le pressoir coule :
Voilà du pain, voilà du vin !
La misère a fini son bail ;
Les monts, les vallons et les plaines
Vont engendrer par le travail.
Affamés, venez tous en foule
Comme les mouches sur le thym ;
Les blés sont mûrs, le pressoir coule :
Voilà du pain, voilà du vin !
Oh ! quand viendra la belle ?
Voilà des mille et des cents ans
Que Jean-Guêtré t’appelle,
République des paysans ! (bis]
Pour éviter le bagne, il se ralliera à
Napoléon III.
Commune
Le drame de la Commune a laissé dans le répertoire des chansons
marquantes :
Internationale
(internationale)
Eugène
Pottier 1816- 1887
1870 écriture d’une première ébauche
1871 peut
être sur l’air de la Marseillaise
Editée en
1887
Degeyter la met en musique à Lille
en 1888
Diffusé par
les guesdistes
1896 :
chantée au congrès du POF
1901 :
clôture les congrès ouvriers
1910 :
Copenhague
Chantée en
février 1917 à St Petersbourg
1918 :
Hymne soviétique jusqu’en 1944
Couplet « ni César, ni tribun »
La semaine sanglante (mur des fédérés)
JB Clément 1871
Air :
chant des paysans de Pierre Dupont
Michèle
Bernard
Elle n’est pas morte (Louise Michel / Thiers)
Eugène
Pottier 1885
Chantée
aux obsèques de Jules Valles
Catherine
Perrier
Le temps des cerises ( JB Clément)
JB Clément
1836- 1903
Musique : Antoine
Renard
Ecrite en 1866
Dédicacée
dans le recueil « Chansons choisies » de 1885, « A la
vaillante citoyenne Louise, ambulancière de la rue Fontaine au roi, le dimanche
26 mai 1871 »
Chantée par
Yvan Dautin à la Bastille le 10 mai 1981
Serge
Utgé-Royo
Fin XIX
·
Industrialisation
du loisir
-
Caf conç , Music Hall, Cabaret, chansonniers
·
vedettariat : Theresa (« olympiens » de Edgard
Morin )
·
Enregistrement
La chanson d’extrême –gauche
Les canuts (Bruant)
Aristide
Bruant
1894
(Montéhus)
1872-1952
Marc Robine
Gloire au XVII (partition)
18 juin 1907 Narbonne
Alain Charrié
A biribi
Tomio Gémème
La grève des mères (partition)
En tout cas en 1910, nous
dit Montéhus, ironiquement,
La revanche
Les loups (officiers
allemands)
Depuis 1870,
la France prépare la revanche, dans la littérature, dans la presse, à l’école,
et ….. en chansons :
Chanté par Mercadier
vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine 1871 (Alsace Lorraine)
Gaston
Villemer Henri Nazet musique Ben Tayoux
le régiment de Sambre et Meuse
1867 (partition)
Planquette
14 juillet 1919
Chanté par Pierre d’Assy
En revenant de la revue(gardes républicains )
1886
Delormel Garnier musique : Desormes chanté par Paulus « gambillard »
Alain Charrié
Le fils de l’allemand (partition)
Villemer Delormel
Chantée par Michèle Bernard Patrick Mathis
Cocorico (coq aigle)
Jules Wolf
En avant les p’tits gars
(Fragson )
La chanson emblématique de 14-18 reste :
Quand Madelon(Madelon)
1914
Louis Bousquet musique
Camille Robert
Chantée par
Alain Charrié
Sur
la guerre de 14-18 restent deux chansons
pacifistes inoubliables
Chanson de Craonne (14- 18)
Le contexte
La Chanson de Craonne est connue pour
avoir été entonnée par les soldats qui se sont mutinés (dans une
cinquantaine de régiments de l'armée française) après l'offensive très
meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des
Dames. Au cours des combats, les soldats français, partant de la vallée de l'Aisne, devaient « monter sur le
plateau » tenu par l'armée allemande. La « grève des
attaques » commence le 2 mai. La répression touche
quelque 30 000 mutins ou manifestants,
d’où 3 427 condamnations, dont 554 à mort et 57 exécutions2.
Le général Nivelle est limogé le 15
mai. Le général Pétain, nommé le 17 mai 1917 au poste de
général en chef des armées françaises parvient à rétablir la discipline au sein
des régiments touchés par les mutineries, en alliant condamnations exemplaires
et mesures d'amélioration des conditions de vie des soldats.
L'origine de la chanson[
Cette chanson anonyme a sûrement
plusieurs auteurs. Elle est apprise par cœur et se diffuse oralement de manière
clandestine. Selon une légende qu'aucune source n'atteste, le commandement
militaire aurait promis un million de francs or et la démobilisation à
quiconque dénoncerait l'auteur3. La chanson a continuellement évolué au
cours de la guerre en fonction des lieux principaux de combat1. Elle apparaît sous le nom de La
Chanson de Lorette, avec pour sous-titre « complainte de la
passivité triste des combattants »4 évoquant la bataille de Notre-Dame de Lorette à Ablain-Saint-Nazaire, entre septembre 1914
et septembre 1915. Ensuite, la chanson est transformée pour évoquer le plateau
de Champagne au cours de l'automne 1915. En 1916, elle devient une chanson
sur Verdun, le refrain devient
alors :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Verdun, au fort de Vaux
Qu'on a risqué sa peau [...]
Adieu à toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Verdun, au fort de Vaux
Qu'on a risqué sa peau [...]
La première version publiée est parue
sous le titre « Une chanson de soldat » dans la Gazette des Ardennes du 24 juin 19175. Sous sa forme actuelle — c'est-à-dire
mentionnant Craonne — la première version connue est antérieure à l'offensive
du 16 avril 1917 : retrouvée dans le carnet du soldat François Court, elle
y est suivie de la mention « chanson crée le 10 avril 1917 sur le plateau
de Craonne »6. Cette version fait la transition avec
celles de la Chanson de Lorette puisqu'elle comporte comme
elles un couplet supplémentaire absent du texte classique de la Craonne6.
Le lieu évoqué dans la chanson
La chanson est associée aux mutineries de 1917 et le refrain
subit une nouvelle transformation : « C'est à Craonne, sur le
plateau ».
Pour l'occasion, le village de Craonne gagne une syllabe (Craonne se
prononce habituellement krɑn, la chanson dit krɑɔn/ pour avoir le compte de
syllabes). Le plateau dont il est question est le plateau de Californie qui surplombe le
village. En effet l'endroit est le lieu de terribles combats à partir du 16 avril 1917 : la 1re division
d'infanterie qui monte à l'assaut se trouve bloquée au niveau des caves de
Craonne. Puis, le 4 mai, une seconde offensive est lancée par
la 36e division d'infanterie qui aboutit à la
reprise de Craonne et à la progression sur le plateau de Californie
Texte anonyme
Recueillie par Paul Vaillant Couturier
1917 musique Adhémar Sablon
(le papa de Jean)
Serge Utgé-Royo
La butte rouge (partition)
1922
Montéhus mus George Krier
Yves Montand
Et une troisième moins connue :
Non non
plus de combats(monument
aux morts)
Chanson
recueillie par un poilu Clément Robini
Corou de Berra
L’entre- deux guerres
Chanson sismographe de la société et de ses évolutions
Années folles
Epanouissement artistique : dadaïsme, surréalisme
Evolution technique
Enregistrement + radio +micro
(Jean Sablon)
Chanteurs= « olympiens » comme le dit Edgard
Morin
Genres
Chanson fantaisiste
Opérettes ( Comédies musicales)
+revues +films
Dranem
Ah les p’tis pois
Est-ce que je te demande
si ta grand-mère fait du vélo ?
Pétronille tu sens la
menthe
Le trou de mon quai
Mayol
Viens poupoule
Cousine
Georgius
Le lycée papillon
Maurice Chevalier
Mistinguett
Chanteurs de charme
Henri Garat, Alibert, Jean Lumière,
Reda Caire, Jean Tranchant , Jean
Sablon, Tino Rossi
Chanson réaliste
Sylva Damia Frehel
Des situations et des évolutions
L’esthétique : l’influence américaine
1920 Cake-walk
Fox-trot
Charleston
Jazz ? = batterie
Mireille , Trénet , Johnny Hess (cf conférence l’an prochain)
Chevalier Y’a d’la joie
Trenet Y’a d’ la joie
La France coloniale
La cabane Bambou (affiche)
Félix Mayol
Ma tonkinoise (affiche)
Polin
Vincent Scotto / George Villard Christiné 1906
Mon légionnaire (affiche)
Raymond Asso /Marguerite Monnot
Marie Dubas
Piaf
L’émancipation de la femme
Elle s’était fait couper les cheveux Dréan ( garçonne)
Polin
Pouet- pouet
George Milton
(Maurice Yvain ) + ouin ouin
Tout va très bien madame la marquise …
Raymond Ventura nait le 16 avril 1908
Influencé par les orchestres de Paul Whiteman aux États-Unis, des
Comedian Harmonists en Allemagne ,Raymond Ventura fonde un des premiers
orchestres à sketches de France, « Ray Ventura et ses Collégiens » avec
quelques-uns de ses amis. Il réunit ainsi dans sa formation des musiciens de
talent qui marqueront la chanson française : Paul Misraki (pianiste,
compositeur, arrangeur), Loulou Gasté (guitariste, banjo, compositeur),
En 1929, le groupe se produit quelque temps au casino de Deauville, où il
est remarqué par un des administrateurs de la Compagnie générale
transatlantique qui propose aux jeunes gens de leur offrir une croisière
aller-retour jusqu'à New York, pour prix de leur participation à l'animation du
bord.
. Ils enregistrent leur premier disque cette année 1929, et enchaînent
ensuite les concerts à partir de 1931 : salle Gaveau (1931), puis à partir de
1932 l'Empire, Bobino, l'Olympia, le Casino de Paris, et bientôt des tournées à
travers toute la France, en attendant que Ray Ventura ouvre son propre cabaret
sur les Champs-Élysées en 1936, alors que Tout va très bien madame la marquise
est sur toutes les lèvres.
À la déclaration de guerre, en septembre 1939, il est incorporé au train
des équipages, dans l'Est de la France. Après la défaite en juin 1940, il se
réfugie en zone non occupée. En 1941, avec son orchestre il fait plusieurs
tournées en Suisse où il enregistre quelques disques. D'ascendance juive
séfarade, il subit les persécutions antisémites avec une partie des membres de
son orchestre. Il quitte la France en novembre 1941 avec entre autres Henri
Salvador, et part en tournée en Amérique du Sud notamment au Brésil et en
Argentine où il enregistrera des disques.
La drôle de guerre
Ça fait d’excellents français
Ça fait d'excellents Français est une chanson interprétée par Maurice
Chevalier et
enregistrée le 31 octobre 19391. Écrite
par Jean Boyer et composée par Georges
van Parys, elle connaît le succès pendant la Drôle de guerre.
Les paroles de cette chanson visent à renforcer le moral des
Français mobilisés en septembre 1939, en leur
faisant oublier leurs divergences politiques et leur vie douillette pour la
défense de la République, car « c'est
encore le meilleur régime ici-bas ».
Léo
Marjane Bonjour Tommy
Lucienne
Boyer Mon p’tit kaki
Lucienne Boyer rouvre son cabaret
« Chez elle » dès septembre 1940 et y appose une pancarte
« interdit aux juifs » (elle affirmera ensuite que c'était le seul
moyen pour éviter la déportation de son compagnon Jacques Pills)2.
À la déclaration de guerre, en septembre 1939,
il est incorporé au train des équipages, dans l'Est de la France. Après la
défaite en juin 1940, il se réfugie en zone non occupée. En 1941, avec son
orchestre il fait plusieurs tournées en Suisse où il enregistre quelques
disques. D'ascendance juive séfarade, il subit les persécutions antisémites
avec une partie des membres de son orchestre. Il quitte la France en novembre
1941 avec entre autres Henri Salvador, et part en tournée en Amérique du Sud
notamment au Brésil et en Argentine où il enregistrera des disques.
Leur
retour en France à la Libération sera triomphal.
Retiré à Palma de Majorque, Raymond Ventura s'y
éteint en 1979, au moment où, avec la mode rétro des années 1970, Le grand
orchestre du Splendid redonne en 1977 une seconde jeunesse au style et aux
grands succès d'avant-guerre de Ray Ventura et réenregistre certains titres
(Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?).
Son neveu Sacha Distel enregistre vers 1993 un
nouveau disque reprenant les principaux succès de son oncle, avec la
participation d'Henri Salvador, Paul Misraki, Stéphane Grapelli et de
nombreuses vedettes10.
Ray Ventura est inhumé à Paris au cimetière des
Batignolles (32e division).
(The
washing on the Siegfried line) est une chanson emblématique du début de la Drôle de guerre, à la fin de 1939. Jimmy Kennedy et Michael Carr créèrent la
mélodie et la chanson en imitant, par dérision, le rythme très scandé de la
musique militaire allemande accompagnant les défilés des troupes marchant au pas de l'oie. Paul Misraki créa les paroles françaises et Ray Ventura et ses collégiens firent de cette chanson un
arrangement très connu. Le succès fut immédiat et les soldats britanniques et
français chantaient joyeusement cette chanson en montant au front.
L’occupation
Dépôts à la SACEM
Ah que la France est belle
La java du bonheur du monde
Bah ce n’est rien
Un rien me fait chanter
Il faut varier les plaisirs
La Tour Eiffel est toujours là
Ça va beaucoup mieux
Ça tourne rond
Ça gaze, hein ?
Maréchal nous voilà
André Montagard musique signée André Montagard Charles Courtioux
1941
C’est un plagiat (du
moins le refrain) de la margoton du
bataillon
musique d’un film de
Jacques Darmon
écrite en 1933 par Casimir Oberfeld né en 1903
La mélodie est utilisée
en 1937 comme chanson officielle du tour de France « la fleur au guidon »
Oberfeld est déporté à Auschwitz où il devient le pianiste du camp avant de
disparaître.
Elle est interprétée par Dassary
Le chant des partisans
1943
Maurice Druon Joseph Kessel
musique Anna Marly
Adaptation d’un chant russe
Chantée par Germaine
Sablon dans un film de propagande
diffusée sur Radio Londres de mai 43 à mai 44
Jacqueline Dulac
J’attendrai Rina Ketty
1938
Née en 1911 en Italie
1938 Sombreros et mantilles
En 1938, elle interprète le fameux J'attendrai, autre adaptation
(paroles françaises de Louis Poterat) d'une chanson italienne écrite
par Nino
Rastelli (musique de Dino
Olivieri), Tornerai, elle-même inspirée du chœur à bouche fermée
de Madame Butterfly, de Puccini.
Tradition de la chanteuse à accent étranger :
Gloria Lasso, Dalida Petula Clark, Jane Birkin …
Chanson qui n’a rien à voir avec la guerre
mais qui prendra une autre signification pendant (= temps des cerises)
Je suis seule ce soir Léo Marjanne 1941
Léo Marjane devient une
des plus grandes vedettes de la France occupée.
Elle se produit au
Concert Pacra en 1941. Elle dirige son propre cabaret, L’Écrin, près de l’Opéra,
puis Chez Léo Marjane, et se produit
aussi dans d’autres salles à la mode, comme le Casino Montparnasse et les
Folies-Belleville.
Douce
France Trenet
1941
Lily Marlène Suzy Solidor
Née en 1900
Elle se tourne vers la chanson en 1929,
et prendra peu après le pseudonyme sous lequel elle est connue. Elle fait ses
débuts à Deauville, au cabaret Le
Brummel6. Sa voix grave, quasi
masculine (« une voix qui part du sexe » selon Jean Cocteau7), son physique androgyne,
ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits.
Elle devient parallèlement l'égérie des
photographes des magazines de mode et des peintres, sa silhouette sculpturale
inspirant plus de 200 d'entre eux8, parmi lesquels Raoul Dufy, Maurice de Vlaminck, Yves Brayer, Francis Picabia, Man Ray, , Kees van Dongen, Arthur Greuell, Foujita, Marie Laurencin, Francis Bacon et Jean Cocteau. Son portrait le plus célèbre est réalisé par Tamara de Lempicka en 1933. Celle qui fut la
chanteuse la plus croquée du siècle disait d'elle-même avec
humour : « Je suis plus à peindre qu'à blâmer » 9.
Durant l’Occupation, La Vie
Parisienne, son cabaret rouvert en septembre 194010, est fréquenté par de
nombreux officiers allemands.
selon André Halimi, « elle
mériterait un brevet d'endurance pour l'inlassable activité qu'elle mena
pendant l'Occupation, car elle passe d'un cabaret à l'autre, d'une radio à
l'autre, d'un music-hall à l'autre »11)
Lily Marlène
Le romancier et jeune soldat allemand de
la Garde impériale Hans Leip a écrit Lied
eines jungen Wachtpostens (en français « Chanson d'une jeune
sentinelle ») à Berlin dans la nuit du
3 au 4 avril 1915 pendant la Première Guerre mondiale, avant son départ
pour le front russe1.
Leip était amoureux de deux jeunes
filles : Lili2, nièce de sa logeuse,
et Marleen, infirmière, qu'il a unies en une seule. Consigné à la caserne pour
de nombreuses indisciplines, il déprime alors qu'il fait les cent pas en tant
que sentinelle. Il écrit alors sur son lit de camp les trois premières strophes
sur cet amour fugitif (il dessine en même temps une portée musicale sur son
manuscrit) avant d'être envoyé sur le Front de l'Est3. Il publie en 1937 un
recueil, Le petit accordéon du port, avec les 5 strophes.
Quand, en 1937, la chanteuse
réaliste allemande Lale Andersen découvre le
poème de Hans Leip qu'il vient de publier dans un recueil de poésie (l'ayant
complété des deux strophes qui évoquent la mort du jeune soldat), elle demande
à son ancien amant le compositeur Rudolf Zink de le
mettre en musique, une première version romantique, et interprète la chanson la
même année dans des petits cabarets de Berlin et de Münich1.
En 1938, elle demande également au
compositeur Norbert Schultze, (avec lequel elle
avait eu une aventure sans lendemain en 1932), de mettre lui aussi ce poème en
musique, ce qu'il fait en lui fredonnant une mélodie qu'il avait créée deux ans
plus tôt pour une publicité radiophonique pour le dentifrice Chlorodont (de)6 une mélodie plus
martiale.
Lale chante alternativement les deux
versions dans les cabarets, elle préférait la première version plus douce mais
testait les deux pour voir laquelle aurait plus les faveurs du public, mais
c'est la deuxième, martiale, qui est enregistrée le 2 août 1939 pour le premier
label allemand Electrola et qui
s'imposera pendant la Seconde Guerre mondiale7.
Cette chanson nostalgique, jugée par la
critique « terne et sans rythme », est un échec commercial avant
la guerre (seulement 700 exemplaires du disque vendus)3.
Un succès inespéré en Allemagne nazie[
En 1941, l'Allemagne est en pleine
guerre sur plusieurs fronts et, changeant brusquement de statut, cette chanson
d'amour va devenir une chanson de temps de guerre. Son succès commence le 18 août 1941 après que les
bombardiers anglais ont détruit l'entrepôt de disques du lieutenant Heinz-Karl
Reitgen, directeur de la radio militaire allemande de Belgrade. Celui-ci programme, faute de mieux, le disque alors au rebut. Radio
Belgrade était entendue jusqu'aux fronts d'Afrique du Nord et de Norvège8. Les soldats de
la Wehrmacht, éloignés de leur
foyers et de leurs amies, envoient des dédicaces lues lors d'une émission
populaire. La chanson en est l'indicatif qui clôt la fin du programme tous les
soirs avant 22 heures. À son tour, elle devient très populaire.
Le succès est même tel que l'on s'y
intéresse au Parti nazi8. Joseph Goebbels semble être
plutôt hostile à la chanson. Il dit, selon le compositeur Norbert Schultze,
qu'elle « sent la danse macabre »9. Mais elle bénéficie
aussi du soutien de puissants protecteurs : le maréchal Erwin Rommel qui incite les
radios à la programmer, jusqu'à 35 fois par jour à Radio Berlin, radio qui imite même
l'émission de dédicaces de Radio Belgrade ; Emma Göring qui
est la seconde épouse d'Hermann Göring . Adolf Hitler aurait dit à son
aide de camp que cette chanson pourrait même lui survivre7.
Lili devient un succès
mondial
Grâce à la radio militaire allemande
de Belgrade, cette chanson — ou
du moins sa musique — franchit la Méditerranée. Elle est entendue et
adoptée par les soldats alliés combattant en Tripolitaine.
En quelques mois, la chanson est
traduite en 43 langues1. En 1942, on vend 160 000
exemplaires du disque L'amour et la nostalgie de la paix sont des sentiments
mieux incarnés par les soldats des démocraties que par ceux qui servent la
cause hitlérienne.
Les paroles françaises, dues à Henri Lemarchand, sont écrites à la
fin de 1941 à la demande de Suzy Solidor, qui crée la version française dans son cabaret
« La Vie parisienne » en janvier 19427.
L'armée britannique se voit
contrainte de faire produire une version anglaise en mai 1943 (après que
Goebbels a fait enregistrer par Lale Andersen la chanson adaptée en anglais
afin de démoraliser les Alliés), dont les interprétations par Anne Shelton et Vera Lynn en 1943 ont
connu un succès fulgurant. À la suite de l'immense succès de la version
américaine interprétée en swing par les Andrew Sisters et le big band (grand orchestre) de Glenn Miller, les Américains profitent de la Libération pour
récupérer les droits de la chanson.
L'actrice et chanteuse antinazie Marlène Dietrich finit ainsi, vers la fin de la guerre en 1944,
par donner une version américaine, plus langoureuse, mais aussi plus énergique,
puisque cette fois, dans la dernière strophe, le souvenir de la femme aimée
redonne courage au soldat (qui meurt, enfoui dans sa tranchée, dans la dernière
strophe du chant allemand!). Dietrich l'interprète dans plus de 60 concerts
donnés au cours de la campagne d'Europe qui la voit accompagner la 3e armée américaine du général Patton7. Cette chanson
devient dès lors attachée à sa personnalité, Marlène Dietrich se l'appropriant
en modifiant les paroles, lui donne son nom, Lily Marlène, (et
cette orthographe) en fait la chanson de la libération.
Elle en fait une chanson vedette de son
récital lorsqu'elle s'investit dans sa carrière de chanteuse, en 1953. Elle
l'abandonne parfois, notamment en France, jugeant qu’elle « peut réveiller
un bruit de bottes pour certains spectateurs »10. Elle fut interdite
dans beaucoup de dictatures car rappelant qu'elle était chantée des deux côtés
Chanson subversive de résistance, car,
transcendant les clivages, la chanson est interdite dans plusieurs pays
totalitaires (RDA, Yougoslavie de Josip Broz Tito)
Devant la caserne,
Y a un Allemand
qui monte la garde
assis sur un pliant.
Je lui demande :
pourquoi pleures-tu ?
Il me répond :
nous sommes foutus !
Nous avons les Russes au cul.
Hitler sera pendu.
|
Pour l'écrivain John
Steinbeck, Lili Marleen est
« la seule chose que l'Allemagne nazie ait apportée au monde »11.
L’après – guerre
Chansons
d’après
Ferré l’affiche rouge 61
Ferrat nuit et brouillard 63
Fanon la petite juive 65
Goldman comme toi
Brassens les deux oncles
Serge
Gainsbourg disait de la chanson que c’était un art mineur. En écoutant ces
dernières chansons, je ne crois pas que l’on puisse le dire.
Mai 68
Nougaro
Mai Paris Mai
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