dimanche 29 mars 2020



  
    Chansons et histoire de France  


La chanson est l’art populaire   par essence car  une chanson est  compréhensible  par tout le monde (sauf  les sourds !).
Parmi les millions de chansons qui ont été écrites,  quelques- unes sont restées dans la mémoire collective.
Pour quelles raisons ?
Quand on demandait à Brassens  « qu’est-ce que c’est  une bonne chanson ? » il répondait : « écoutez la musique ».
Quant à Trenet,  il disait : «  c’est une chanson qui,  lorsqu’on ne se souvient plus des paroles, vous fait chanter « lalalallère »

Une chanson qui ‘ reste’ est le résultat d’une alchimie mystérieuse entre les paroles et la musique :

ex la mer…

La mer
Qu'on voit danser
le long des golfes clairs
À des reflets d'argent
La mer
Des reflets changeants
Sous la pluie

quand margot dégrafait son corsage
pour donner la gougoute à son chat
tous le tous les gars du village était lalalalal

           
Tous les aspects de la vie de nos ancêtres ont été exprimés dans des chansons.
Le répertoire le plus fourni est celui de la chanson d’amour.

A la claire fontaine
Aux marches du palais
Vla le joli vent
Mignonne allons voir si la rose
Au clair de la lune (qui est une chanson coquine !)
Au clair de la lune, mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume, pour écrire un mot.
Ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu.
Ouvre-moi ta porte, pour l'amour de Dieu.

Au clair de la lune, Pierrot répondit :
 Je n'ai pas de plume, je suis dans mon lit.
Va chez la voisine, je crois qu'elle y est
Car dans sa cuisine, on bat le briquet.

Au clair de la lune, l'aimable lubin
Frappe chez la brune, elle répond soudain
 Qui frappe de la sorte ?, il dit à son tour
 Ouvrez votre porte pour le Dieu d'Amour.

Au clair de la lune, on n'y voit qu'un peu
On chercha la plume, on chercha le feu
En cherchant d'la sorte je n'sais c'qu'on trouva
Mais je sais qu'la porte sur eux se ferma

 Il y a aussi des chansons sur la condition féminine :    le  mariage malheureux, l’infidélité du mari (mon amant me délaisse) , la belle- mère abusive,l’entrée forcée au couvent … 

Les chansons pour enfant
Nous n’irons plus au bois
Le furet
Lundi matin
Une souris verte
Frère jacques
Savez- vous planter les choux

Chansons de métiers
 Le agriculteurs (Avoine )  le rémouleur, le scieur de long, le batelier (chant des tilholiers de l’Adour)

Chansons de marin (Hourrah les filles à dix deniers)

Chansons rituelles
Le mardi  gras, l’arrivée du printemps, la St Jean, la Noël,

Les chansons à boire et paillardes
C’est à boire
Les filles de la Rochelle
Allons à Messine

Chansons de soldat
 La conscription, le conseil de guerre, les horreurs de la guerre

le Prince d’Orange
( Malicorne)
    Elle est interprétée par le  groupe Malicorne, avec Gabriel Yacoub,  qui était le groupe le plus emblématique du mouvement « folc » français des années 70 et  qui visait à renouveler la chanson traditionnelle française.

    Il s’agit de René de Nassau, Prince d’Orange,  capitaine de Charles Quint,  mort en 1543 à St Dizier 


La mort de la Palice
Elle est chantée par Gilles Elbaz
(Extrait de L’anthologie de la chanson traditionnelle dirigée par Marc Robine et Gabriel Yacoub) 

Mort à Pavie en 1525
Il est probable que la chanson disait
« Hélas s’il n’était pas mort
Il ferait encore envie »
 Or, dans la graphie ancienne, S et F avaient la même forme, si bien qu’au fil des copies un scribe maladroit (ou facétieux) a écrit
« Il serait encore en vie »
Autre hypothèse
Il serait encore en vie doit être compris au sens de « plein de force et de vie »
En tout cas, les vérités de la Palice sont restées, bien que M de la Palice  n’en ai jamais dites une seule.
Cartouche (Cartouche)
Affiche du film de Philippe de Broca,  avec Belmondo  et Claudia Cardinale
Cartouche né en 1693 
 Il dispose d’une armée de 800 hommes qui terrorisa la région parisienne en 1719-1720
 exécuté en 1721
Interprété par Hal Collomb
Mandrin (Mandrin)
Né en 1724
1750 :  fait de la  contrebande entre le Dauphiné et la Suisse
 Il s’attaque aux fermiers généraux  dans le Rouergue,  la Franche- Comté, la Bourgogne.
Arrêté le 10 mai 1755
Exécuté le 26 mai à Valence
Chanson écrite sur un timbre de l’opéra  « Hippolyte et Aricie » de Rameau
Chantée par François Hadji- Lazzaro
Les enfants de Pontoise (pendus)
Elle est chantée par Mac Robine




Chansons « politiques »

  La France (cas unique ?) dispose de chansons sur tous les événements de son histoire, la naissance, le mariage, les actions et  la mort des rois.   les croisades, les guerres.

     Elles  étaient sous l’ancien régime   le reflet de ce que l’on pouvait  appeler « l’opinion publique ».   
« Qu’est-ce qui se chante au Pont Neuf ? » se demandait la  noblesse  sous l’ancien régime.  
Chamfort a pu  écrire: « la France est une monarchie absolue tempérée par les chansons »

Sous l’ancien régime, les chansons qui contestaient  le pouvoir royal  étaient inexistantes. Mais on pouvait  se moquer des ministres  (voir les mazarinades au XVII)  ou des favorites.
Exemple : une « poissonnade » qui s’attaque à Mme de Pompadour  qui s’appelait  Mademoiselle  Poisson. 

Comprenez- vous ? (Pompadour)
Interprétée par Gabriel Yacoub,
La chanson ce sont  aussi des ballades et des complaintes  qui chantent des événements qui ont frappé l’opinion (les faits divers !)
Je vous propose dans le genre :

Révolution

On a beaucoup chanté pendant la révolution : des chansons révolutionnaires mais aussi royalistes (qui peuvent être du même auteur !  cf Piis qui fut républicain, monarchiste, bonapartiste)  

On commence par les révolutionnaires.

La Marseillaise (Rouget de l’Isle)

 Créée à Strasbourg
  Nuit du 25 au 26 avril 1792  
Tableau de Pills 1849 (pas tout à fait conforme à la vérité, c’est le maire de Strasbourg, De Dietrich qui a chanté, semble-t-il)

Chant de guerre pour l’armée du Rhin
Chantée par les marseillais
1793 : chantée dans les spectacles  et « chaque fois que le peuple le demandera »
Chant national en 1795

 Supprimée  en 1804 
1830 1848 1870
1879 officialisation
               Version officielle en 1887
1935 réhabilitée par Thorez pour le PCF
Interdite par les allemands en 1941
Hymne national en 1946 et  1958 (article 2)
Ralentissement sous VGE
 Version reggae avec  Gainsbourg

Je vous fais grâce des 7 couplets

   La référence au « sang impur » fait allusion à l’idée de la noblesse selon laquelle  le sang des nobles (sang bleu)  serait différent de celui du peuple. Le sang versé est  celui du peuple qui défend ses fils et ses compagnes. 


Des parodies de la Marseillaise  

Marseillaise monarchiste

Le jour de deuil pour ma patrie
Le jour de honte est arrivé
Du peuple aveugle en sa furie
Le poignard sanglant est levé

Factieux-eux citoyens
Rebelles bataillons
Tremblez tremblez
Un noble sang vengera les Bourbons


Marseillaise vendéenne

Allons armées-ées catholiques
Le jour de gloire est arrivé
Contre nous de la République
L’étendard sanglant est levé

Aux armes vendéens
Formez vos bataillons
Marchez marchez le sang des bleus
Rougira nos sillons

Marseillaise catholique
Arrière les lois sataniques
Les soutenir oh quelle horreur
Soyons toujours de bons catholiques
Et nous trouverons le bonheur

Aux armes  citoyens
Soyons de bons chrétiens
Courage et foi
soient dans nos cœurs
Nou-ous  serons vainqueurs

Que veut cette horde d’athées
Et de franc-maçons conjurés
Pour qui donc ces lois exécrés
Contre les droits les plus sacrés

Debout chrétiens debout
Armons nous de la foi
Luttons luttons jusqu’à la mort
Contre l’infâme loi

Marseillaise anticolonialiste
Fils d’africains tristes et victimes
Qu’un joug absurde abrutissait
Des monstres oubliant-ant leurs crimes
Pensons à Jésus qui disait

Debout l’heure est venue
A chaque travailleur
Le pain le pain qu’il a gagné
Qu’importe sa couleur


Marseillaise anticléricale

Allons fils de la république
Le jour du vote est arrivé
Conte nous de la  noire clique
L’oriflamme ignoble est levé (bis)

Entendez vous tous ces infâmes
Croassez leurs stupides chants
Ils voudraient  encore les brigands
Salir nos enfants et nos femmes

Aux urnes citoyens
Contre les cléricaux
Votons votons
Et que nos voix
dispersent les corbeaux

Marseillaise pacifiste

Pour tous les enfants de la terre
chantons amour et liberté
contre toutes les haine et les guerres
l’étendard d’espoir est levé

la flamme qui nous éclaire
traverse les frontières
partons partons
amis solidaires
marchons vers la lumière

Marseillaise nataliste

honneur aux foyers plein de vie
repoussant toute lacheté
portant leur vitale énergie
aux champs de la natalité

courage citoyens
formons des rejetons
croissons croissons
que nos enfants
ravivent nos sillons

Marseillaise féministe

tremblez tyrans portant culottes
femmes notre jour est venu
point de pitié mettons au vote
tous les sorts du sexe barbu

liberté sur nos fronts
verse tes chauds rayons
tremblez tremblez
 maris jaloux
respect au cotillon

Marseillaise bachique

allons enfants de la folie
le jour de boire est arrivé
du grand dieu de l’ivrognerie
l’étendard vermeil est levé

aux armes ribodeurs
saisissez vos flacons
versez versez
qu’un nectar pur
abreuve nos poumons



  le chant du départ
(sculpture de Rude)
chant « frère de la Marseillaise »
Joseph-Henri Chénier (frère d’André)  Méhul
14 juillet 1794 (sans référence à Chénier)
Robespierre : « poésie grandiose et républicaine qui dépasse tout ce qu’a fait ce girondin de Chénier »
Il rend hommage à Bara et Vialla  deux enfants républicains tués par les vendéens
Hymne national en 1804
 Jouée pendant la campagne de VGE en 1974
Interprétée par Philippe Gautier

Ah ça ira ( Si Versailles..)
Carillon national  chanté par les ouvriers à la fête de la fédération du 14 juillet 1790
Texte de Ladré  (chansonnier des sans-culottes) musique Bécourt
 Benjamin Franklin : ça ira


Le jour de la fête de la fête de la fédération  on a chanté :
« En dépit des aristocrates et de la pluie
Nous nous mouillerons mais ça finira »

                  On chantait
Ah ça ira …
Malgré les mutins tout réussira

Le despotisme expirera
La liberté triomphera
Ah ça ira
Nous n’avons plus ni nobles ni prêtres
Ah ça ira
L’égalité partout règnera
L’esclave autrichien le suivra
ah ça ira
Et leur infernale clique
Au diable s’envolera

Et on a chanté aussi

Les aristocrates à la lanterne 
Les aristocrates on les pendra

Preuve que la fête de la fédération ne fut pas totalement consensuelle. 

Chantée à Valmy
Retenue pour être jouée dans les théâtres par décret du 8 janvier 1796
Clandestine sous l’empire
Cent jours, 1830 1848
Pierre Dac
« Les collaborateurs on les pendra »

Edith Piaf dans « Si Versailles m’était conté » de Sacha Guitry


La carmagnole (illustration)
1792
12 septembre : chantée sous les fenêtres de la famille royale
Autour des arbres de la liberté
Scènes lyriques, marche militaire, exécutions capitales
                De multiples parodies ont été écrites
                       La carmagnole de Fouquier Tinville
                       Vive la guillotine
                      Pour ces bourreaux (bis)
                       Vive la guillotine
                     Pour ces bourreaux
                       Vil fléaux

La « ravachole » fin XIX
La « grapignole » (du nom du doyen Grapin) en 68

Parodie de il pleut bergère

Il pleut il pleut des têtes
Dans le panier de son
Allons vite à la fête
Que dirige Sanson

La belle fin lisette
Pour ceux qu’on raccourcit
Quand on n’a plus de têtes
On n’a plus de soucis

Les chansons royalistes :
Non rien ne peut se comparer
à la sombre conciergerie


Complainte de louis XVI aux français

Tout est lugubre dans l’histoire

Remettez vos culottes
                     Chansons de  de Ange Pitou (1767-1846)  déporté en Guyane(la guillotine douce)   pendant la révolution, héros d’un roman d’Alexandre Dumas et d’une opérette, Mm Angot fin XIX
Chanson de l’armée de Charrette  1853 de Paul Féval
                        Prend ton fusil Grégoire
 Après la révolution la chanson royaliste la plus connue était « Vive Henri IV »

Vive Henri IV (Henri IV) 
  
Premier   couplet contemporain d’Henri IV
Autres couplets  tirés d’une  comédie « la partie de chasse d’ Henri IV » de Charles Collé
Chanté par les royalistes sauf devant la famille royale à cause du couplet « j’aimons les filles et le bon vin »
Interprétée par   Jacky Bardot


    Le Premier Empire fut très répressif  ( Désogue fut envoyé  en hôpital psychiatrique  pour avoir chanté  « Napoléon est  un grand caméléon »)
Ici une  parodie du « Roi Dagobert »  faisant allusion à la campagne de Russie

  Le bon roi Dagobert (Napoléon Russie)
Le bon roi Dagobert
Voulait conquérir l’univers
Le grand st Eloi
Lui dit o mon roi
Voyager si loin donne du tintouin
C’est vrai lui dit le roi
Il vaudrait mieux rester chez soi

Le roi faisait la guerre
Mais il la faisait en hiver
Le grand St Eloi
Lui dit o mon roi
Votre majesté se fera geler
C’est vrai lui dit le roi
Je  m’en vais revenir chez moi

(Daumier)

Dans la première moitié du XIX  deux personnalités ont marqué la chanson.
(Pierre Jean de Béranger)  qui publie dès 1813  des textes qui sont chantés dans les « caveaux »  à partir de « timbres. 
Les caveaux sont des société chantantes existant depuis le XVIII siècle  où on se réunit pour chanter et qui publient des recueils.
C’est un  libéral, patriote, antibonapartiste à ces débuts (le roi d’Yvetot). Il est un peu la voix du peuple qu’il définit comme ceux  « ceux qui ne savent pas tous lire ».
En 1828, il écrit  « le souvenir du peuple » qui participe de la légende napoléonienne.
Parlez nous de lui
 grand-mère
Parlez nous de lui
Il   fait partie d’un répertoire qui crée la légende napoléonienne
Cf
Autrefois le royaume de France ..

 En 1857 des milliers de personnes assisteront à son enterrement.
Pierre Dupont (1821-1870) (Dupont)  est le premier auteur-compositeur –interprète célébré.
Il est goguetier cad qu’il participe aux « goguettes » qui sont des sociétés chantantes populaires, mixtes et plutôt à gauche contrairement aux caveaux.

Il est l’auteur de
J’ai deux grands bœufs dans mon étable
LES BOEUFS

J'ai deux grands boeufs dans mon étable, 
Deux grands boeufs blancs marqués de roux ; 
La charrue est en bois d'érable, 
L'aiguillon en branche de houx. 
C'est par leur soin qu'on voit la plaine 
Verte l'hiver, jaune l'été ; 
Ils gagnent dans une semaine 
Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté.

S'il me fallait les vendre, 
J'aimerais mieux me pendre ;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien ! j'aimerais mieux 
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Chant des ouvriers (1846)
    (Musique de « la semaine sanglante »)

Nous dont la lampe le matin,
Au clairon du coq se rallume,
Nous tous qu’un salaire incertain
Ramène avant l’aube à l’enclume
Nous qui des bras, des pieds, des mains,
De tout le corps luttons sans cesse,
Sans abriter nos lendemains
Contre le froid de la vieillesse.

Buvons buvons  buvons
à l’indépendance du monde

Nos bras sans relâche tendus,
Aux flots jaloux, au sol avare,
Ravissent leurs trésors perdus,
Ce qui nourrit et ce qui pare :
Perles, diamants et métaux,
Fruits du coteau, grains de la plaine ;
Pauvres moutons, quels bons manteaux
Il se tisse avec notre laine !

Quels fruits tirons-nous des labeurs
Qui courbent nos maigres échines?
Où vont les flots de nos sueurs?
Nous ne sommes que des machines.
Nos Babels montent jusqu’au ciel,
La terre nous doit ses merveilles
Dés qu’elles ont fini le miel,
Le maître chasse les abeilles.

Au fils chétif d'un étranger
Nos femmes tendent leurs mamelles,
Et lui plus tard croit déroger
En daignant s'asseoir auprès d'elles.
De nos jours, le droit du seigneur
Pèse sur nous plus despotique :
Nos filles vendent leur honneur
Aux derniers courtauds de boutique.

Mal vêtus, logés dans des trous,
Sous les combles, dans les décombres
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres;
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines
Nous nous plairions au grand soleil
Et sous les rameaux verts des chênes.

À chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde,
C’est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde;
Ménageons-le dorénavant
L’amour est plus fort que la guerre;
En attendant qu’un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre.

Chant des paysans (1849)
Le Chant des Paysans

Quand apparut la République
Dans les éclairs de Février,
Tenant en main sa longue pique,
La France fut comme un brasier :
Dans nos vallons et sur nos cimes
Verdit l’arbre de liberté ;
Mais les quarante-cinq centimes
Et Juin plus tard ont tout gâté.
Refrain :
Oh ! quand viendra la belle ?
Voilà des mille et des cents ans
Que Jean-Guêtré t’appelle,
République des paysans ! (bis)

Mais ce beau feu s’écroule en cendre ;
Le diable en passant l’a soufflé,
Le crédit n’a fait que descendre,
Et l’ouvrage est ensorcelé ;
La souffrance a fait prendre en grippe
La jeune Révolution
Comme le vieux Louis-Philippe,
Et nous nommons Napoléon.
Napoléon est sur son siège,
Non point l’ancien, mais un nouveau
Qui laisse les blés sous la neige
Et les loups manger son troupeau,
Quand l’aigle noir fond sur les plaines,
Terre d’Arcole et de Lodi,
Il se tient coi… dedans ses veines
Le sang du Corse est refroidi.
Que va donc devenir la France,
Si rien n’en sort à ce moment
Où le cri de l’indépendance
Nous appelle au grand armement ?
Soldats, citadins, faites place
Aux paysans sous vos drapeaux ;
Nous allons nous lever en masse
Avec les fourches et les faux.
Les noirs et les blancs sans vergogne
Voudraient nous mener sur Paris,
Pour en faire une autre Pologne,
Et nous atteler aux débris :
A bas les menteurs et les traîtres,
Les tyrans et les usuriers !
Les paysans seront les maîtres,
Unis avec les ouvriers.
La terre va briser ses chaînes,
La misère a fini son bail ;
Les monts, les vallons et les plaines
Vont engendrer par le travail.
Affamés, venez tous en foule
Comme les mouches sur le thym ;
Les blés sont mûrs, le pressoir coule :
Voilà du pain, voilà du vin !

Oh ! quand viendra la belle ?
Voilà des mille et des cents ans
Que Jean-Guêtré t’appelle,
République des paysans ! (bis]

Pour éviter le bagne, il se ralliera à Napoléon III.





Commune
Le drame de la Commune a laissé  dans le répertoire des chansons marquantes : 
Internationale
(internationale)
Eugène Pottier  1816- 1887
1870  écriture d’une première ébauche
1871 peut être sur l’air de la Marseillaise
Editée en 1887
Degeyter  la met en musique à  Lille  en 1888
Diffusé par les guesdistes
1896 : chantée  au congrès du POF
1901 : clôture les congrès ouvriers
1910 : Copenhague
Chantée en février 1917 à St Petersbourg
1918 : Hymne soviétique jusqu’en 1944

Couplet  « ni César, ni tribun »

La semaine sanglante (mur des fédérés)
 JB Clément 1871
Air : chant des paysans de Pierre Dupont
Michèle Bernard
Elle n’est pas morte (Louise Michel / Thiers)
Eugène Pottier 1885
Chantée aux  obsèques de Jules Valles
Catherine Perrier
Le temps des cerises ( JB Clément)
JB Clément 1836- 1903
Musique :  Antoine  Renard
 Ecrite en 1866
 Dédicacée  dans le recueil « Chansons choisies » de 1885, « A la vaillante citoyenne Louise, ambulancière de la rue Fontaine au roi, le dimanche 26 mai 1871 » 
Chantée par Yvan Dautin à la Bastille le 10 mai 1981
Serge Utgé-Royo
Fin XIX
·        Industrialisation du loisir
-         Caf conç  , Music Hall, Cabaret, chansonniers  
·         vedettariat :  Theresa (« olympiens » de Edgard Morin )
·        Enregistrement

La chanson d’extrême –gauche

Les canuts (Bruant)
Aristide Bruant
1894
(Montéhus) 1872-1952
Marc Robine
Gloire au XVII  (partition) 
 18 juin 1907 Narbonne
    Alain Charrié
A biribi
Tomio Gémème
La grève des mères (partition)

En tout cas en 1910, nous dit Montéhus, ironiquement,



La revanche

        Les loups (officiers allemands) 
Depuis 1870, la France prépare la revanche, dans la littérature, dans la presse, à l’école, et …..  en chansons :
                Chanté par Mercadier
      vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine 1871   (Alsace Lorraine)
Gaston Villemer  Henri Nazet  musique Ben Tayoux
    le régiment de Sambre et Meuse  1867 (partition)
                          Planquette
                           14 juillet 1919
                 Chanté par  Pierre d’Assy
En revenant de la revue(gardes républicains )
1886
Delormel  Garnier musique : Desormes  chanté par Paulus  « gambillard »

Alain Charrié

Le fils de l’allemand  (partition)
Villemer Delormel
Chantée par  Michèle Bernard  Patrick Mathis


Cocorico   (coq aigle)
 Jules Wolf

En avant les p’tits gars
        (Fragson )
        La chanson emblématique de 14-18  reste :
Quand Madelon(Madelon)
1914

Louis Bousquet  musique  Camille Robert

 Chantée par  Alain  Charrié

Sur  la guerre de 14-18 restent deux chansons  pacifistes inoubliables
                 
Chanson de Craonne (14- 18)

Le contexte

Le cimetière de Soupir, au pied du Chemin des Dames, témoigne de la violence des combats de 1917.
La Chanson de Craonne est connue pour avoir été entonnée par les soldats qui se sont mutinés (dans une cinquantaine de régiments de l'armée française) après l'offensive très meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des Dames. Au cours des combats, les soldats français, partant de la vallée de l'Aisne, devaient « monter sur le plateau » tenu par l'armée allemande. La « grève des attaques » commence le 2 mai. La répression touche quelque 30 000 mutins ou manifestants, d’où 3 427 condamnations, dont 554 à mort et 57 exécutions2.
Le général Nivelle est limogé le 15 mai. Le général Pétain, nommé le 17 mai 1917 au poste de général en chef des armées françaises parvient à rétablir la discipline au sein des régiments touchés par les mutineries, en alliant condamnations exemplaires et mesures d'amélioration des conditions de vie des soldats.
L'origine de la chanson[
Cette chanson anonyme a sûrement plusieurs auteurs. Elle est apprise par cœur et se diffuse oralement de manière clandestine. Selon une légende qu'aucune source n'atteste, le commandement militaire aurait promis un million de francs or et la démobilisation à quiconque dénoncerait l'auteur3. La chanson a continuellement évolué au cours de la guerre en fonction des lieux principaux de combat1. Elle apparaît sous le nom de La Chanson de Lorette, avec pour sous-titre « complainte de la passivité triste des combattants »4 évoquant la bataille de Notre-Dame de Lorette à Ablain-Saint-Nazaire, entre septembre 1914 et septembre 1915. Ensuite, la chanson est transformée pour évoquer le plateau de Champagne au cours de l'automne 1915. En 1916, elle devient une chanson sur Verdun, le refrain devient alors :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Verdun, au 
fort de Vaux
Qu'on a risqué sa peau
 [...]
La première version publiée est parue sous le titre « Une chanson de soldat » dans la Gazette des Ardennes du 24 juin 19175. Sous sa forme actuelle — c'est-à-dire mentionnant Craonne — la première version connue est antérieure à l'offensive du 16 avril 1917 : retrouvée dans le carnet du soldat François Court, elle y est suivie de la mention « chanson crée le 10 avril 1917 sur le plateau de Craonne »6. Cette version fait la transition avec celles de la Chanson de Lorette puisqu'elle comporte comme elles un couplet supplémentaire absent du texte classique de la Craonne6.
Le lieu évoqué dans la chanson
Les restes de l'ancien village dévasté de Craonne, aujourd'hui.
La chanson est associée aux mutineries de 1917 et le refrain subit une nouvelle transformation : « C'est à Craonne, sur le plateau ».
Pour l'occasion, le village de Craonne gagne une syllabe (Craonne se prononce habituellement krɑn, la chanson dit krɑɔn/ pour avoir le compte de syllabes). Le plateau dont il est question est le plateau de Californie qui surplombe le village. En effet l'endroit est le lieu de terribles combats à partir du 16 avril 1917 : la 1re division d'infanterie qui monte à l'assaut se trouve bloquée au niveau des caves de Craonne. Puis, le 4 mai, une seconde offensive est lancée par la 36e division d'infanterie qui aboutit à la reprise de Craonne et à la progression sur le plateau de Californie
Texte anonyme
Recueillie par Paul Vaillant Couturier
1917 musique   Adhémar  Sablon  (le papa de Jean)
Serge Utgé-Royo
La butte rouge (partition)
1922
Montéhus mus George Krier
                Yves Montand
   Et une troisième moins connue :
            Non  non  plus de combats(monument aux morts)
Chanson recueillie par un poilu Clément Robini
      Corou de Berra


L’entre- deux guerres
Chanson sismographe de la société et de ses évolutions

Années folles
Epanouissement artistique : dadaïsme, surréalisme

 Evolution technique
    Enregistrement + radio +micro (Jean Sablon)
    Chanteurs=  « olympiens » comme le dit Edgard Morin

Genres
Chanson fantaisiste
  Opérettes ( Comédies musicales) +revues +films

   Dranem
           Ah les p’tis pois
          Est-ce que je te demande si ta grand-mère fait du vélo ?
          Pétronille tu sens la menthe
           Le trou de mon quai

Mayol
          Viens poupoule
          Cousine

  Georgius 
          Le lycée papillon

Maurice Chevalier

Mistinguett



Chanteurs de charme
Henri Garat, Alibert, Jean Lumière,  Reda Caire, Jean Tranchant ,  Jean Sablon,  Tino Rossi

Chanson réaliste

 Sylva  Damia  Frehel

Des situations et des évolutions

L’esthétique : l’influence américaine
1920  Cake-walk
            Fox-trot
             Charleston
     Jazz ? =  batterie

Mireille , Trénet , Johnny Hess (cf conférence l’an prochain)

Chevalier  Y’a d’la joie
Trenet  Y’a d’ la joie


La France coloniale

 La cabane Bambou (affiche)
Félix Mayol

 Ma tonkinoise (affiche)
Polin
Vincent Scotto / George Villard  Christiné 1906

Mon légionnaire (affiche)
Raymond Asso /Marguerite Monnot
  Marie Dubas
  Piaf

L’émancipation de la femme
Elle s’était fait couper les cheveux Dréan ( garçonne)
            Polin
Pouet- pouet  George Milton  
(Maurice Yvain ) +  ouin ouin


Tout va très bien madame la marquise …

Raymond Ventura nait le 16 avril 1908

Influencé par les orchestres de Paul Whiteman aux États-Unis, des Comedian Harmonists en Allemagne ,Raymond Ventura fonde un des premiers orchestres à sketches de France, « Ray Ventura et ses Collégiens » avec quelques-uns de ses amis. Il réunit ainsi dans sa formation des musiciens de talent qui marqueront la chanson française : Paul Misraki (pianiste, compositeur, arrangeur), Loulou Gasté (guitariste, banjo, compositeur),

En 1929, le groupe se produit quelque temps au casino de Deauville, où il est remarqué par un des administrateurs de la Compagnie générale transatlantique qui propose aux jeunes gens de leur offrir une croisière aller-retour jusqu'à New York, pour prix de leur participation à l'animation du bord.


. Ils enregistrent leur premier disque cette année 1929, et enchaînent ensuite les concerts à partir de 1931 : salle Gaveau (1931), puis à partir de 1932 l'Empire, Bobino, l'Olympia, le Casino de Paris, et bientôt des tournées à travers toute la France, en attendant que Ray Ventura ouvre son propre cabaret sur les Champs-Élysées en 1936, alors que Tout va très bien madame la marquise est sur toutes les lèvres.


À la déclaration de guerre, en septembre 1939, il est incorporé au train des équipages, dans l'Est de la France. Après la défaite en juin 1940, il se réfugie en zone non occupée. En 1941, avec son orchestre il fait plusieurs tournées en Suisse où il enregistre quelques disques. D'ascendance juive séfarade, il subit les persécutions antisémites avec une partie des membres de son orchestre. Il quitte la France en novembre 1941 avec entre autres Henri Salvador, et part en tournée en Amérique du Sud notamment au Brésil et en Argentine où il enregistrera des disques.




 La drôle de guerre

Ça fait d’excellents français

Ça fait d'excellents Français est une chanson interprétée par Maurice Chevalier et enregistrée le 31 octobre 19391. Écrite par Jean Boyer et composée par Georges van Parys, elle connaît le succès pendant la Drôle de guerre.
Les paroles de cette chanson visent à renforcer le moral des Français mobilisés en septembre 1939, en leur faisant oublier leurs divergences politiques et leur vie douillette pour la défense de la République, car « c'est encore le meilleur régime ici-bas ».

Léo Marjane  Bonjour Tommy

Lucienne Boyer Mon p’tit kaki
Elle est mannequin, sa beauté lui fait rencontrer Foujita dont elle devient le modèle.
C’est en 1930 qu’elle créé Parlez-moi d'amour,
Lucienne Boyer rouvre son cabaret « Chez elle » dès septembre 1940 et y appose une pancarte « interdit aux juifs » (elle affirmera ensuite que c'était le seul moyen pour éviter la déportation de son compagnon Jacques Pills)2.

La « Dame en bleu » s’éteint le 6 décembre 1983.




À la déclaration de guerre, en septembre 1939, il est incorporé au train des équipages, dans l'Est de la France. Après la défaite en juin 1940, il se réfugie en zone non occupée. En 1941, avec son orchestre il fait plusieurs tournées en Suisse où il enregistre quelques disques. D'ascendance juive séfarade, il subit les persécutions antisémites avec une partie des membres de son orchestre. Il quitte la France en novembre 1941 avec entre autres Henri Salvador, et part en tournée en Amérique du Sud notamment au Brésil et en Argentine où il enregistrera des disques.

 Leur retour en France à la Libération sera triomphal.
Retiré à Palma de Majorque, Raymond Ventura s'y éteint en 1979, au moment où, avec la mode rétro des années 1970, Le grand orchestre du Splendid redonne en 1977 une seconde jeunesse au style et aux grands succès d'avant-guerre de Ray Ventura et réenregistre certains titres (Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?).

Son neveu Sacha Distel enregistre vers 1993 un nouveau disque reprenant les principaux succès de son oncle, avec la participation d'Henri Salvador, Paul Misraki, Stéphane Grapelli et de nombreuses vedettes10.

Ray Ventura est inhumé à Paris au cimetière des Batignolles (32e division).


(The washing on the Siegfried line) est une chanson emblématique du début de la Drôle de guerre, à la fin de 1939. Jimmy Kennedy et Michael Carr créèrent la mélodie et la chanson en imitant, par dérision, le rythme très scandé de la musique militaire allemande accompagnant les défilés des troupes marchant au pas de l'oie. Paul Misraki créa les paroles françaises et Ray Ventura et ses collégiens firent de cette chanson un arrangement très connu. Le succès fut immédiat et les soldats britanniques et français chantaient joyeusement cette chanson en montant au front.

L’occupation

Dépôts à la SACEM

Ah que la France est belle
La java du bonheur du monde
Bah ce n’est rien
Un rien me fait chanter
Il faut varier les plaisirs
La Tour Eiffel est toujours là
Ça va beaucoup mieux
Ça tourne rond
 Ça gaze, hein ? 



Maréchal nous voilà 
André Montagard    musique  signée  André Montagard Charles Courtioux
1941
C’est un plagiat (du moins le refrain)  de la margoton du bataillon
musique d’un film de Jacques Darmon 
 écrite en 1933 par  Casimir Oberfeld né en 1903 
La mélodie est utilisée en 1937 comme chanson officielle du tour de France   « la fleur au guidon »
 Oberfeld est déporté à Auschwitz  où il devient le pianiste du camp avant de disparaître.

Elle est  interprétée par Dassary

Le chant des partisans  1943
Maurice Druon  Joseph Kessel  musique  Anna Marly

 Adaptation d’un chant russe
Chantée par Germaine Sablon dans un  film de propagande
 diffusée sur Radio Londres de mai 43 à mai 44
Jacqueline Dulac 


J’attendrai Rina Ketty  1938
Née en 1911 en Italie
1938 Sombreros et mantilles
En 1938, elle interprète le fameux J'attendrai, autre adaptation (paroles françaises de Louis Poterat) d'une chanson italienne écrite par Nino Rastelli (musique de Dino Olivieri), Tornerai, elle-même inspirée du chœur à bouche fermée de Madame Butterfly, de Puccini.
Elle meurt le 23 décembre 1996 à l’hôpital des Broussailles à Cannes.

Tradition  de la chanteuse à accent étranger : Gloria Lasso, Dalida  Petula Clark,  Jane Birkin …
 Chanson qui n’a rien à voir avec la guerre mais qui prendra une autre signification pendant (= temps des cerises)
  
     
Je suis seule ce soir  Léo Marjanne  1941

Léo Marjane devient une des plus grandes vedettes de la France occupée.

Elle se produit au Concert Pacra en 1941. Elle dirige son propre cabaret, L’Écrin, près de l’Opéra, puis  Chez Léo Marjane, et se produit aussi dans d’autres salles à la mode, comme le Casino Montparnasse et les Folies-Belleville.

Douce France    Trenet  1941

                         Lily Marlène Suzy Solidor
Née en 1900
Elle se tourne vers la chanson en 1929, et prendra peu après le pseudonyme sous lequel elle est connue. Elle fait ses débuts à Deauville, au cabaret Le Brummel6. Sa voix grave, quasi masculine (« une voix qui part du sexe » selon Jean Cocteau7), son physique androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits.
Elle devient parallèlement l'égérie des photographes des magazines de mode et des peintres, sa silhouette sculpturale inspirant plus de 200 d'entre eux8, parmi lesquels Raoul DufyMaurice de VlaminckYves BrayerFrancis PicabiaMan Ray, , Kees van DongenArthur GreuellFoujitaMarie LaurencinFrancis Bacon et Jean Cocteau. Son portrait le plus célèbre est réalisé par Tamara de Lempicka en 1933. Celle qui fut la chanteuse la plus croquée du siècle disait d'elle-même avec humour : « Je suis plus à peindre qu'à blâmer » 9.
Durant l’OccupationLa Vie Parisienne, son cabaret rouvert en septembre 194010, est fréquenté par de nombreux officiers allemands.
selon André Halimi, « elle mériterait un brevet d'endurance pour l'inlassable activité qu'elle mena pendant l'Occupation, car elle passe d'un cabaret à l'autre, d'une radio à l'autre, d'un music-hall à l'autre »11)

Lily Marlène
Le romancier et jeune soldat allemand de la Garde impériale Hans Leip a écrit Lied eines jungen Wachtpostens (en français « Chanson d'une jeune sentinelle ») à Berlin dans la nuit du 3 au 4 avril 1915 pendant la Première Guerre mondiale, avant son départ pour le front russe1.
Leip était amoureux de deux jeunes filles : Lili2, nièce de sa logeuse, et Marleen, infirmière, qu'il a unies en une seule. Consigné à la caserne pour de nombreuses indisciplines, il déprime alors qu'il fait les cent pas en tant que sentinelle. Il écrit alors sur son lit de camp les trois premières strophes sur cet amour fugitif (il dessine en même temps une portée musicale sur son manuscrit) avant d'être envoyé sur le Front de l'Est3. Il publie en 1937 un recueil, Le petit accordéon du port, avec les 5 strophes.

Quand, en 1937, la chanteuse réaliste allemande Lale Andersen découvre le poème de Hans Leip qu'il vient de publier dans un recueil de poésie (l'ayant complété des deux strophes qui évoquent la mort du jeune soldat), elle demande à son ancien amant le compositeur Rudolf Zink  de le mettre en musique, une première version romantique, et interprète la chanson la même année dans des petits cabarets de Berlin et de Münich1.
En 1938, elle demande également au compositeur Norbert Schultze, (avec lequel elle avait eu une aventure sans lendemain en 1932), de mettre lui aussi ce poème en musique, ce qu'il fait en lui fredonnant une mélodie qu'il avait créée deux ans plus tôt pour une publicité radiophonique pour le dentifrice Chlorodont (de)6 une mélodie plus martiale.
Lale chante alternativement les deux versions dans les cabarets, elle préférait la première version plus douce mais testait les deux pour voir laquelle aurait plus les faveurs du public, mais c'est la deuxième, martiale, qui est enregistrée le 2 août 1939 pour le premier label allemand Electrola  et qui s'imposera pendant la Seconde Guerre mondiale7.
Cette chanson nostalgique, jugée par la critique « terne et sans rythme », est un échec commercial avant la guerre (seulement 700 exemplaires du disque vendus)3.
Un succès inespéré en Allemagne nazie[
En 1941, l'Allemagne est en pleine guerre sur plusieurs fronts et, changeant brusquement de statut, cette chanson d'amour va devenir une chanson de temps de guerre. Son succès commence le 18 août 1941 après que les bombardiers anglais ont détruit l'entrepôt de disques du lieutenant Heinz-Karl Reitgen, directeur de la radio militaire allemande de Belgrade. Celui-ci programme, faute de mieux, le disque alors au rebut. Radio Belgrade était entendue jusqu'aux fronts d'Afrique du Nord et de Norvège8. Les soldats de la Wehrmacht, éloignés de leur foyers et de leurs amies, envoient des dédicaces lues lors d'une émission populaire. La chanson en est l'indicatif qui clôt la fin du programme tous les soirs avant 22 heures. À son tour, elle devient très populaire.
Le succès est même tel que l'on s'y intéresse au Parti nazi8Joseph Goebbels semble être plutôt hostile à la chanson. Il dit, selon le compositeur Norbert Schultze, qu'elle « sent la danse macabre »9. Mais elle bénéficie aussi du soutien de puissants protecteurs : le maréchal Erwin Rommel qui incite les radios à la programmer, jusqu'à 35 fois par jour à Radio Berlin, radio qui imite même l'émission de dédicaces de Radio Belgrade ; Emma Göring qui est la seconde épouse d'Hermann Göring . Adolf Hitler aurait dit à son aide de camp que cette chanson pourrait même lui survivre7.
Lili devient un succès mondial
Grâce à la radio militaire allemande de Belgrade, cette chanson — ou du moins sa musique — franchit la Méditerranée. Elle est entendue et adoptée par les soldats alliés combattant en Tripolitaine.
En quelques mois, la chanson est traduite en 43 langues1. En 1942, on vend 160 000 exemplaires du disque L'amour et la nostalgie de la paix sont des sentiments mieux incarnés par les soldats des démocraties que par ceux qui servent la cause hitlérienne.
 Les paroles françaises, dues à Henri Lemarchand, sont écrites à la fin de 1941 à la demande de Suzy Solidor, qui crée la version française dans son cabaret « La Vie parisienne » en janvier 19427.
L'armée britannique se voit contrainte de faire produire une version anglaise en mai 1943 (après que Goebbels a fait enregistrer par Lale Andersen la chanson adaptée en anglais afin de démoraliser les Alliés), dont les interprétations par Anne Shelton  et Vera Lynn en 1943 ont connu un succès fulgurant. À la suite de l'immense succès de la version américaine interprétée en swing par les Andrew Sisters et le big band (grand orchestre) de Glenn Miller, les Américains profitent de la Libération pour récupérer les droits de la chanson.
L'actrice et chanteuse antinazie Marlène Dietrich finit ainsi, vers la fin de la guerre en 1944, par donner une version américaine, plus langoureuse, mais aussi plus énergique, puisque cette fois, dans la dernière strophe, le souvenir de la femme aimée redonne courage au soldat (qui meurt, enfoui dans sa tranchée, dans la dernière strophe du chant allemand!). Dietrich l'interprète dans plus de 60 concerts donnés au cours de la campagne d'Europe qui la voit accompagner la 3e armée américaine du général Patton7. Cette chanson devient dès lors attachée à sa personnalité, Marlène Dietrich se l'appropriant en modifiant les paroles, lui donne son nom, Lily Marlène, (et cette orthographe) en fait la chanson de la libération.
Elle en fait une chanson vedette de son récital lorsqu'elle s'investit dans sa carrière de chanteuse, en 1953. Elle l'abandonne parfois, notamment en France, jugeant qu’elle « peut réveiller un bruit de bottes pour certains spectateurs »10. Elle fut interdite dans beaucoup de dictatures car rappelant qu'elle était chantée des deux côtés
Chanson subversive de résistance, car, transcendant les clivages, la chanson est interdite dans plusieurs pays totalitaires (RDAYougoslavie de Josip Broz Tito)
Pastiche (cité par l'écrivain Guy Roves dans son conte philosophique Justin le Marin 
Devant la caserne,
Y a un Allemand
qui monte la garde
assis sur un pliant.
Je lui demande :
pourquoi pleures-tu ?
Il me répond :
nous sommes foutus !
Nous avons les Russes au cul.
Hitler sera pendu.
Pour l'écrivain John SteinbeckLili Marleen est « la seule chose que l'Allemagne nazie ait apportée au monde »11.



               L’après – guerre

Chansons d’après

Ferré l’affiche rouge 61
Ferrat nuit et brouillard 63
Fanon la petite juive 65
Goldman comme toi
Brassens les deux oncles

Serge Gainsbourg disait de la chanson que c’était un art mineur. En écoutant ces dernières chansons, je ne crois pas que l’on puisse le dire.

Mai 68
 Nougaro  Mai Paris Mai


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