Conférence Camus
A l’origine :
conférence sur Sartre, Camus, Aron
J’espère
que la conférence sera autre chose qu’un réservoir de citations pour les hommes
politiques puisque tous les candidats aux dernières élections présidentielles
n’ont pas manqué de le citer !
Intro
Camus Gallimard
Le 4 janvier 1960, Albert Camus est décédé dans un accident de voiture à Pont sur Yonne, commune
proche de Sens dans l’Yonne.
Michel Gallimard, conducteur de la voiture, décède 5 jours plus tard. Janine Gallimard, sa femme, et Anne Gallimard, sa fille, sont blessées.
Quelles ont été les causes de de l’accident ?
Vitesse
excessive ? Faute du conducteur ?
Route glissante ? Crevaison ? blocage
roue ( = Facel Véga=cercueil roulant ?), coup du
KGB ?
Dans la serviette de Camus, on trouve le
manuscrit du « Premier
homme », une édition scolaire d’« Othello »
de Shakespeare, « Le gai savoir »
de Nietzsche et le billet du train qu’il aurait dû prendre.
Camus était âgé de 47 ans. Il aurait eu 87 ans en l’an
2000.
A
cet âge, Montaigne n’avait pas écrit le livre III des Essais , Marc Aurèle, Les Pensées,
Hobbes, le Léviathan , Voltaire n’a
publié que les Lettres anglaises, Rousseau n’avait pas écrit le
Contrat Social ni les Confessions, Montesquieu, l’Esprit des lois, Marx, le Capital,
Levi-Strauss ,Tristes Tropiques….
Camus était :
Romancier( l’Etranger,
la Peste, la Chute , le Premier homme), essayiste (Mythe de Sisyphe, l’Homme révolté ),
prosateur (l’Envers et l’Endroit , Noces
, l’été ,carnets ), dramaturge, ( Etat de siège , Caligula, les Justes+ nombreuses adaptations )
Critique littéraire), éditorialiste, journaliste
( Alger républicain , Combat, l’ Express)
Metteur en
scène / orateur / conférencier / épistolier/préfacier/ directeur de
collection chez Gallimard
Militant (pétitions,
discours, interventions)
Prix Nobel de littérature
en 1957
Plan
1 formation
11 Famille
12 L’école
et le lycée
13 Jeunesse
131 Les amitiés
132 Les amours
133 Les études
134 La culture
135 L’écriture
136 Le théâtre
137 le journalisme
138
La politique
2 Guerre, occupation,
résistance
21
Occupation
22
Résistance
23
Libération : Combat
24
L’épuration
25 St
Germain des près
3
Le
communisme
31 Critique
du marxisme-léninisme
32 Critique
de l’URSS
33 L’homme
révolté
4 La guerre d’Algérie
41 L’appel à la
trêve civile
42 Contre l’indépendance
43 Le découragement
5 Le Prix Nobel
Conclusion : La
revanche
Camus
1 La formation
Elle est évidemment décisive pour expliquer
ces choix politiques arrivé à l’âge adulte.
11 la famille
Né en 1913 à Mondovi en Algérie
Famille paternelle en Algérie
depuis les années 1830
Il se sent algérien
« Etant
africain et non pas européen… »
« Méditerranéen »
Espagne est sa seconde patrie : soutien aux républicains et aux
anarchistes
Fascination la Grèce antique
«
Gréco-latin, rescapé du paganisme
antique »
« païen isolé dans le
christianisme »
« Je me sens plus près des valeurs du monde antique que des
chrétiennes »
« Si pour dépasser le nihilisme, il faut revenir au
christianisme, on peut bien suivre le mouvement et dépasser le christianisme dans
l’hellénisme »
Réticence /
Rome : « Du génie, les romains n’ont eu que ce que nous appelons
ainsi dans nos armées »
Fascination pour l’Italie de la Renaissance
Achètera un maison à Lourmarin dans le Vaucluse.
Méditerranée sans islam : religion normative, obscurantiste, réactionnaire ( ce que pensaient tous les intellectuels
français de l’époque.)
·
Père : Lucien, décédé à la guerre en septembre 1914
2 témoignages sur son père :
peine de mort : il avait assisté
à une exécution capitale et en revint bouleversé.
La lutte contre la peine de mort sera un engagement permanent de Camus : « Réflexions
sur la guillotine » avec Arthur Koestler
expérience zouave au Maroc 1905
camarades tués,
décapités, le sexe dans la bouche
« Un homme, ça s’empêche »
« La liberté sans limite, c’est le
contraire de la liberté. La liberté sans limites, seuls les tyrans peuvent
l’exercer. Une liberté qui ne comporterait que des droits ne serait pas
une liberté »
«
l’intransigeance exténuante de la mesure »
·
Mère : Catherine, d’origine espagnole, de Minorque
Sourde, silencieuse (méningite ?)
« Quand ma mère avait les yeux détournés de moi, je n’ai jamais pu
la regarder sans avoir les larmes aux yeux. »
dédicace du
« Premier homme » : « A toi, qui ne pourra jamais
lire ce livre »
Nobel
« Dans ce moment où l’excès d’honneur qu’on me faisait m’embarrassait,
je m’aidais d’une pensée qui a toujours été mon réconfort. Je me retournais
vers Alger. Là- bas se trouve ce que j’aime le plus au monde et j’ai attendu,
pour savoir ce que je devais penser de ce qui m’arrivait, de savoir que ma mère
en était heureuse »
Enfant
·
Grand-mère violente qui le bat à coups de nerfs
de bœuf
Pauvreté matérielle
Pauvreté culturelle
« personne autour de moi ne savait
lire »
pas
de livres
Du coté des dominés
Equipe
foot
Passionné de foot : « Le peu de morale que j’ai appris
c’est sur un terrain de foot et sur les planches »
« J’appris de suite qu’une balle ne vous
arrivait jamais du côté où l’on croyait. Ca m’a servi dans l’existence et
surtout dans la métropole où on n’est pas franc du collier »
17
ans Tuberculeux : impossibilité éducation
nationale / armée/condamné à la lecture/
·
Oncle Gustave Acault : boucher,
franc maçon, voltairien : Balzac, Zola, France, Gide,
Valéry Maurras
« C’était le seul homme qui m’ai fait
imaginer un peu ce que pouvait être un père »
12 Ecole et Lycée
·
M Germain
lecture Dorgelès
pousse à passer le concours des bourses
Dédicace du prix Nobel
« Ma
première pensée après ma mère a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse
que vous avez tendu au petit enfant que j’étais, rien de tout cela ne serait
arrivé »
1945 « Je voudrais que tu m’assures
que je ne me suis pas trompé en t’orientant vers le lycée. »
·
Jean
Grenier
Professeur de philosophie
« Essai sur l’esprit d’orthodoxie »
« Rencontrer cet homme aura été un grand bonheur. Le
suivre aurait été mauvais, ne jamais l’abandonner sera un bien »
Pétainiste,
antisémite, Algérie française
13 la jeunesse
131 Les amitiés
Importance de l’amitié
-
Amis d’enfance et d’adolescence
-
Louis Guilloux / Francis Ponge/ Roger Martin du Gard
-
Emmanuel
Roblès/ Jules Roy /Jean Daniel
Mouloud Ferraoun
-
Sartre /
Pascal Pia avec qui, il se fâchera
-
lien
d’amour : Jean Daniel Jules Roy
-
pas affidés (contrairement à Sartre)
« joyeux drille »
-
René
Char
132 Les amours d’Albert
1934
21 ans mariage Simone Hié enlevée à Max-Pol Fouchet
Morphinomane, infidèle
1936
découverte de son infidélité
1940 divorce/
l’aidera jusqu’à sa mort
Christiane, Yvonne, Lucette,
Francine mathématicienne et pianiste qu’il épouse en
1940
Francine : mère, deux sœurs « je ne savais pas que
j’avais épousé quatre femmes »
Pas séducteur mais séduisant
Fasciné par Don Juan
-
liaisons : Patricia Blake, Mamaine Koestler, Maria (Casares) , Catherine (Sellers) , Mi=Mette Ivers 1957
-
Problème pour sa
secrétaire de l’agenda pour que les femmes ne se rencontrent pas
-
A Maria Casares : « je t’ai trompé
mais jamais trahi »
-
Francine malade, dépressive, tentative de
suicide
-
belle
famille lui reproche son mode de vie
-
Culpabilité /Francine
-
Prix Nobel : « elle a été à la peine.
Il est normal qu’elle soit à l’honneur »
-
« On n’épouse pas sa sœur »
-
Père de Jean et Catherine nés en 1945
« Je ne suis pas fait pour le
mariage, mais je suis fait pour la paternité »
133 Etudes
Philosophie
Maitrise sur Plotin et St Augustin
Impossibilité de passer l’agrégation
Philosophe ?
« Je ne suis pas philosophe. Je ne crois pas assez à la raison pour
croire à un système. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment il faut se
conduire. Et plus précisément, comment il faut se conduire quand on ne croit ni
en Dieu ni à la raison »
« Je n’ai pas envie d’être un
génie philosophique »
Nietzche
·
Nietzchéen
« Je dois à Nietzche une
grande partie de ce que je suis »
« Nietzsche dénonce le
christianisme qui a commencé de substituer à la contemplation du monde la
tragédie de l’âme »
-
Attitude /christianisme
Pas anticlérical / « Vulgarité de l’irréligion »
Contre l’Eglise espagnole
A Grenier qui va se marier à l’église : « tant qu’à faire une
connerie, autant la faire en musique »
« Je suis de ceux que Pascal bouleverse
et ne convertit pas »
« Je lis souvent que
je suis athée, j’entends parler de mon athéisme. Or ces mots ne disent rien,
ils n’ont pas de sens pour moi. Je ne crois pas en dieu et je ne suis pas
athée. »
Sartre dit de lui qu’il
était « Anti-théiste »
-
Attitude / Jésus : vie humaine exemplaire,
ne croit pas à la résurrection
Brukberger : « il a
cherché toute sa vie un corps de rechange au christianisme »
Père Guissard à sa mort « Le chrétien ne se console
pas de l’incroyance de Camus »
·
Il ne croyait pas à la raison mais à la
lucidité
« La
lucidité est la raison qui constate ses limite »
Et surtout il reprenait la formule de Nietzche
« J’estime un philosophe dans
la mesure où il peut donner un exemple »
134
Culture
Université populaire
Maison de la culture
1937 Conférence sur
la nouvelle culture méditerranéenne
135 Ecriture
Découverte de « La douleur » d’André de
Richaud « ‘La douleur’ me fit
entrevoir le monde de la création où Gide devait me faire pénétrer ». Il lit également « Iles » de Jean
Grenier.
« J’ai eu envie d’être écrivain vers 17 ans et, en même
temps, j’ai su obscurément que je le serais »
1937 L’envers et l’endroit chez Edmond Charlot à Alger
1939 Noces
Ecriture « classique ».
Il disait que le classicisme
était un romantisme maîtrisé.
Ayant sans doute travaillé beaucoup pour
acquérir la langue ( à Belcourt, on parlait le patatouète) il n’aimait pas
« jouer » avec la langue comme
les surréalistes .
« oui, j’ai une
patrie : la langue française »
« Ceux qui écrivent obscurément ont bien de la chance:
ils auront des commentateurs. Les autres n’auront que des lecteurs. »
Est-ce une allusion à
l’Etre et le Néant ?
136 Théâtre
1935
Théâtre du travail puis Théâtre de l’équipe
Amour du théâtre
Passion/
morale /bonheur
« Paradis
des planches »
« Pourquoi je fais du théâtre ? Tout simplement
parce qu’une scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis le plus
heureux »
Ecriture
Révolte dans les Asturies 1936
Caligula 1944
Etat de siège 1948
Les
justes 1950
Adaptations
Temps du mépris Malraux 1936
Dévotion à la croix Calderon 1953
Requiem pour une nonne Faulkner 1956
Le chevalier d’Olmedo Lope de Vega 1957
Les Possédés 1959
Acteur :
Gringoire de Théodore de Banville (Olivier le Daim)
article 330 Courteline
Don Juan Pouchkine
Paquebot Tenacity Charles
Vildrac
Frères Karamazov
Sartre :
proposition du rôle de
Garcin dans Huis clos
Il se définissait
lui-même comme un acteur entre «
Humphrey Bogart et Fernandel »
2 jours après sa mort une lettre de Malraux lui annonce
qu’il va lui donner la direction d’un théâtre
137 Le
Journalisme
1938
rédacteur en chef Alger Républicain
1939
misère en Kabylie
138
Politique
-
1935 PCA
Conseillé par Jean Grenier qui en
même temps avait écrit « Essai sur
l’esprit de l’orthodoxie » ouvrage anti-marxiste.
« Je partais de cette maxime
générale que les hommes avaient droit au bonheur, pas forcément à la vérité »
Question ? :
« Pour un idéal de justice, faut-il souscrire à des bêtises ? »
1937
exclusion (abandon ligne anticolonialiste du PCF)
Connaissance concrète du stalinisme
-
Soutien au Front populaire /aux propositions
Violette en Algérie / à la République espagnole
-
Homme de gauche
« Les questions qui provoquent ma colère : le nationalisme, le
colonialisme, l’injustice sociale et l’absurdité de l’état moderne »
-
démocrate
Démocratie : régime
le moins mauvais
Délibération collective,
dynamique du dialogue, limitation du pouvoir étatique (presse syndicats), protection de la
minorité, institutionnalisation du
vivre ensemble
exercice social et politique de la modestie
« La
philosophie politique ne peut tout savoir et tout régler. Il n’y a pas de
vérité absolue et officielle »
-
internationaliste : « J’aime trop
mon pays pour être nationaliste »
« Oui j’ai une patrie : la langue française »
Gary Davis : élections
mondiales, parlement mondial, gouvernement mondial
-
Lutte contre toutes les oppressions d’où
qu’elles viennent.
Réponse à Gabriel Marcel
qui lui reprochait d’avoir situé « Etat de siège » (1948) en Espagne
et non dans les pays communistes : « vous acceptez de faire silence
sur une terreur (la franquiste) pour mieux en combattre une autre (la
communiste). Nous sommes quelques-uns qui ne voulons faire silence sur
rien »
-
Socialiste de gauche
sympathisant libertaire
Pour
le Communalisme libertaire en
Catalogne
Compagnonnage avec les anarchistes
qui le considèreront comme l’un des leurs
estime réciproque : Maurice Joyeux
Contre
Robespierre
St Just : «
le style guillotine »
Pour la Commune
« 1789, 1917 sont des dates, pas des exemples »
-
Camus
Réformiste
1951 soutien aux travaillistes anglais
et à la social-démocratie suédoise
= améliorations de la condition ouvrière
54 appel à voter Mendès-France
-
exigeant
vis à vis de la classe ouvrière
« Il ne faut pas
que les ouvriers de chez nous aspirent comme il arrive à la vie bourgeoise, vie
de banlieue meublée à bas prix dans des grands magasins et égayée par le cinéma
du dimanche après- midi ». Il exige
de la part de la classe ouvrière une certaine
« noblesse ». Il refuse le socialisme du ressentiment tel que le définissait Nietzche.
-
Anti-industrialiste
« La civilisation
industrielle en supprimant la beauté
naturelle, en la couvrant sur de longs espaces par le déchet industriel crée et
suscite les besoins artificiels. Elle fait que la pauvreté ne peut plus être
vécue et supportée »
-
Méfiant par rapport aux hommes politiques
« La politique et le sort des hommes sont
formés par des hommes sans idéal et sans grandeur. Ceux qui ont une grandeur en
eux ne font pas de politique »
« Chaque fois que j’entends
un discours politique, je suis effrayé de n’entendre rien qui rende un son
humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes
mensonges »
Propositions de participation à des cabinets ministériels : 1945 1958 : refus
-
Solitaire et solidaire
Sartre :
« Camus, là où vous seriez le mieux c’est aux îles Galapagos »
« Je
n’aime pas l’humanité en général. Je m’en sens solidaire d’abord, ce qui n’est
pas la même chose »
De
gauche « malgré moi et malgré
elle »
2 Guerre,
résistance et libération
21 l’occupation
Engagement dans l’armée impossible
1940
Paris secrétaire de rédaction à Paris Soir
Clermont- Ferrand Bordeaux Lyon
1941 Oran
Mai 42 : publication de « L’Etranger »
à Paris, chez Gallimard, grâce à Malraux.
Sartre : « un court roman de moraliste, très proche au fond
d’un conte de Voltaire »
Camus : « Je sais que la plupart de
ses critiques sont justes mais pourquoi ce ton acide ? »
octobre 42 : « Mythe de Sisyphe »
Gallimard
Passage
sur Kafka supprimé à la demande de la censure allemande.
Aout 42 Chambon sur Lignon
Juin
43 rencontre Sartre
Sartre/Camus 1 2
= Racine /Corneille = Voltaire/Rousseau = Beatles /Rolling
Stones
·
différences
Entre 43- 46 ils échangent la « rhubarbe et le séné »
mais rivaux
sur les mêmes plates- bandes : romans, théâtre, essais … femmes
Sartre /Camus
-
famille bourgeoise, nanti/pauvre ( château/chaumière)
cf Prix Nobel
- Livres
/ famille illettrée
- Héritier/assoifé
- études Normale sup, agreg/ autodidacte
-
macadam, bistrots /nature, « le ciel du Havre n’est pas celui
d’Alger »
- boxeur/gardien de but
-
caractère
Sartre sûr de lui : Spinoza et Stendhal
Camus : Peu de confiance en lui, travaillé par le
doute (« je suis sec »)
Pensée du suicide
(Carnets)
-
politisation années 30
Sartre : désengagé
Sartre : 1933 Allemagne « J’ai
passé une année formidable je n’ai pas
compris la signification du défilé des nazis au pas de l’oie mais la plupart
des berlinois que je connaissais les prenaient à la rigolade comme moi »
(Différence avec Aron)
1937 voyage en Italie à prix réduit
(mortadelle succulente)
Front populaire
De
Beauvoir
« Les rassemblements, les défilés les
manifestations tout ça c’était des actions que nous approuvions mais ce n’était
pas notre truc, vous comprenez, le Front Populaire était un soulèvement
d’ouvriers et nous avions beau être totalement de leur côté on n’était pas des
ouvriers donc si nous prenions part à leur machin c’était en qualité d’étrangers »
1938 munichois
1939 pro pacte germano-soviétique
Sartre
sur
Camus
« Sa jeunesse, son indépendance le
rapprochait de nous. Il laissait percer de temps en temps un petit côté
Rastignac, mais il semblait ne pas se prendre au sérieux. Il était simple et
gai. Sa bonne humeur ne dédaignait pas les plaisanteries faciles mais il
pouvait se le permettre : un charme dû à un heureux dosage de nonchalance
et d’ardeur l’assurait contre la vulgarité »
« Il y a maintenant deux grands
écrivains, de Beauvoir et Camus. Camus
c’est un écrivain d’Algérie, un pied noir. C’est tout le contraire de moi. Il
est beau, il est élégant et c’est un rationaliste » (BHL 308)
Sartre
1946 « C‘est un ami, un écrivain de talent, un bon
styliste mais pas vraiment un génie »
Discussion Partisan review
« Une sorte d’instituteur, nul en
philo mais étalant une morgue moralisatrice, une vedette (=star/petit
bateau) (Sartre= cuirassé) Todd
Sartre =mépris
22 la Résistance
·
Combat
Juillet 43
« Lettre à un ami allemand »
Revue Libre
Fin 43 entre à Combat
témoignage Seligman : un rayon de soleil
Risque : amis
déportés et tués ( René Leynaud)
·
La résistance de Sartre
1940 prisonnier
1941 Libération
Evasion selon Beauvoir/ faux
certificat médical ? /intervention de Drieu la Rochelle ?/ pièce
de théâtre à contenu anti-sémite appréciée par les allemands (Bariona) ?
-
Société des gens de lettre : « prends
une part active à la résistance et aux barricades de Paris »
-
Groupe « Socialisme et
liberté » : tracts, journal, renseignement, projet constitutionnel,
attentat( ?)
Sarraute : rédaction d’une constitution française
Seligman : Sartre présenté pas Camus : qui c’est ce
type ?
-
Articles dans les lettres françaises
avril 43 Mars 44
-
Appartenance au CNE
-
Aout 44 : occupation comédie française
En même temps :
-
Publications : l’Etre et le Néant
-
Théâtre : les Mouches Huis Clos
Idem Camus, Mauriac, Aragon…
-
Articles dans Coemedia
Revue culturelle
visant à démontrer que la situation en France est « normale »
Article 1941 sur Herman Melville
février 44 promotion des Mouches
Avril 44 : hommage
à Jean Giraudoux
Conclusion sur la résistance de
Sartre :
Activités peu importantes :
pas de recensement à la BN ni par Noguères
De Beauvoir : explication par l’hostilité
des communistes et des gaullistes
Aucun écrit pétainiste ou
collaborationniste mais une résistance en pointillés
Amateurs voire « pied
nickelés » ( ?)
Camus se définit comme un simple « seconde classe » de la
résistance.
23 la Libération : Combat
Rédacteur en chef de Combat
Camus Malraux
« Informer bien au lieu d’informer vite, préciser le
sens de chaque nouvelle par un commentaire approprié, instaurer un journalisme
critique et, en toute chose, ne pas admettre que la politique l’emporte sur la
morale ni que celle-ci tombe dans le moralisme »
« Je vous ferai dire des choses emmerdantes, mais
jamais dégueulasses »
·
Aron
octobre 44 - juin 47
Aron :
« C’était une entreprise merveilleuse, typiquement française, à peu près
folle »
De Gaulle à
Malraux « ce sont des énergumènes, mais ils sont honnêtes »
Camus/Aron
-
milieux très différents
-
goûts : fêtes/ Foot/tennis
-
pas d’atomes crochus
-
Aron pour Camus : bourgeois, de droite,
pro-capitaliste, gaulliste
-
Camus pour Aron
Admiration pour le romancier
Estime pour le journaliste
Divergence sur les rapports
presse/argent
« J’ai écrit dans des journaux vendus. Or la vie dans les
journaux vendus est tranquille et facile. L’homme d’affaires qui donne de
l’argent est sensible à 2 ou 3 questions qui le touchent. On ne parle pas de
ces deux questions. Pour le reste, on peut dire ce que l’on veut »
Critique à l’égard du philosophe
A
propos de l’Homme Révolté :
«
Les lignes maîtresses de l’argumentation se perdent dans une succession
d’études mal rattachées les unes aux autres. Le style de l’écriture et le ton
de moraliste ne permettent guère la rigueur philosophique. Il n’apporte rien
qu’on ne peut trouver aisément ailleurs.
Camus appartient à la gauche bien- pensante »
proposition de
retirer ces lignes dans la deuxième édition : réponse de Camus :
Non
sceptique à l’égard de l’idéologue politique
- Rapport
morale/politique : pour Aron on est condamné à séparer les deux.
-
Méconnaissance de l’économie (Aron rencontre
pendant la guerre Robbins et Hayek)
L’économie de conseils ouvriers lui paraît
utopique
-
Il le considère comme un gentil utopiste
naïf
« Il fait partie
des gens qui commencent les révolutions et qui les finissent sur l’échafaud »
Carlyle : « les révolutions commencent avec des idéalistes,
se font avec les fanatiques et se terminent avec les fripons »
-
Convergence : anticommunisme
« Le totalitarisme est inhérent au
communisme
-
« Il y a plus de choses qui nous
rapprochent que de choses qui nous éloignent. Nous avons plus de raison
de nous entendre que de nous quereller »
Aron
1 égalité 2 organisation 3 liberté
Sartre 2 1
Camus 3 1
Aron 3
·
Les difficultés
Marbre Combat
Conflits au sein de la rédaction sur le référendum de 1946
Baisse du tirage
Aron « tout le monde nous lit bien sûr, mais tout le
monde c’est 40 000 personnes »
« Les gens lisent des journaux pour se conforter dans
leur opinion, non pour réfléchir »
Pia : « Nous allons tenter de faire un journal
raisonnable et comme le monde est absurde, il va échouer »
48 abandon de Camus rachat par Smadja
54 Express
avec JJSS, Mendés-France, Mauriac
Recueil des articles dans Actuelles 1 2 3
·
Point de vue sur la presse
-
« Une
société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un
millier d’amuseurs cyniques court à l’esclavage malgré les protestations de
ceux -là mêmes qui contribuent à sa dégradation »
Lazareff :
« le Napoléon de la merde »
-
Camus : « Combat fait la mauvaise
conscience de quelques journalistes »
Combat continue à être la mauvaise
conscience de la presse contemporaine !
Qu’aurait dit Camus aujourd’hui ? Presse écrite aux mains des Bouygues, Lagardère, Dassault, Bolloré, Niel, Bergé, Drahi,
Arnault, Pigasse…
La télévision de « On n’est pas couché » et
« bonjour les terriens » !
24 L’épuration
·
Dès
Janvier 45 il pense que l’ épuration est manquée
Il se retire du retrait du CNE à cause des manœuvres et surenchères du PCF
Mauriac
·
Conflit avec Mauriac
Mauriac : « je tiens mon
partenaire »
Mauriac demande que l’épuration soit modérée par
charité.
Camus demande la justice.
« Il n’est pas question d’épurer beaucoup mais d’épurer bien »
Il veut un juste milieu entre le
pardon et la rigueur communiste
-
Mauriac/Camus :
« Jeune confrère qui a des clartés sur
tout, qui m’a attaqué du haut j’imagine
de son œuvre future »
1960 « Ce
Sisyphe ne roulait pas son rocher .Il grimpait dessus et de là piquait une
tête dans la mer »
-
Camus/ Mauriac
« L’idée que je me fais de la vulgarité, je la dois à
quelque grand bourgeois fiers de leur
culture et de leurs privilèges, comme Mauriac, dès l’instant où ils donnent le
spectacle de leur vanité blessée »
«Il n’est ni juste ni
charitable »
« Il a dans l’humeur une disposition
invincible à se servir de la croix comme d’une arme de jet »
« Il a le pardon à la bouche, la sentence au
cœur »
« C’est un journaliste de premier ordre et un écrivain du
second »
« un Dostoievski
de la Gironde »
Conclusion
Camus : « De part et d’autres des
bêtises ont été dites »
« J’en suis venu à reconnaître en
moi-même que M François Mauriac avait raison contre moi »
·
1945 L’affaire Brasillach
Camus signe la lettre de Marcel Aymé pour demander
la grâce de Brasillach au nom de son opposition à la peine de mort.
·
1946 même action en faveur de Rebatet qui écrira, en
1960, après le Prix Nobel :
« Camus,
c’est la résurgence du pompiérisme méditerranéen le plus stérile, le plus
caduc. Je transmets un salut au jeune
éditorialiste de Combat, partagé entre le désir de voir vivre ses confrères
enchainés, et la nostalgie de ne pas commander le peloton de leur exécution »
Camus : « Rebatet ose parler de ma
nostalgie de commander des pelotons d’exécution, alors qu’il est un de ceux
dont j’ai demandé la grâce. Il a été gracié mais ne m’a pas fait grâce »
25 St Germain des près
Greco
·
Lecteur chez Gallimard
-
Admirations : Chamfort, Proust,
Melville, De Foe, Tolstoi, Dostoievski Kafka
-
Admirations contemporains : Faulkner, Gide,
Malraux, Guehenno, Bernanos, Martin du
Gard,
·
Critique du surréalisme
Dans l’Homme Révolté, il critique
Sade, Lautréamont, Rimbaud, les idoles du surréalisme.
Pour lui, les Surréalistes
sont une secte qui refuse de débattre,
d’argumenter, qui pratique
l’insulte (Anatole France ), qui est fascinée par l’occultisme, la parapsychologie, l’écriture automatique, les jeux avec le langage (ce que Camus déteste
parce que, probablement la langue pour lui a été difficile à acquérir dans la
quartier de Belcourt où l’on parlait le « patatouète »)
Il
critique la phrase de Breton :
« l’acte surréaliste le plus simple consiste à descendre dans la rue
révolver au poing et tirer quand on peut »
Pour
lui, le surréalisme est une révolte de papier.
Sartre
·
l’existentialisme
Apparaît un monde réduit aux Deux magots, au Flore, à
Lipp, au Tabou : « l’existentialisme » se résume pour une certaine presse (Samedi
soir) aux fêtes, à l’ alcool et au
« libertinage » ce qui n’est pas
totalement faux (Cf quelques conflits d’ordre
« machiste » avec Sartre,
Koestler)
L’étiquette
« existentialiste » énervait Camus :
« Sartre
et moi nous étonnons toujours de voir nos noms associés Nous pensons même
publier un jour une petite annonce où les soussignés affirmeront n’avoir rien en commun et se refuseront à
répondre des dettes qu’ils pourraient contracter respectivement »
·
l’amitié avec Sartre
« On
se voyait beaucoup moins et les dernières années chaque fois qu’on se
rencontrait, il m’engueulait .Ce n’était pas encore la brouille mais c’était
devenu moins plaisant. Il avait beaucoup changé. Au début, il ne savait pas
qu’il était un grand écrivain, c’était un marrant et on s’amusait bien ensemble
il avait un langage très vert et moi aussi d’ailleurs, on racontait un tas de
cochonneries et sa femme et Simone feignaient d’être scandalisées Pendant deux
ou trois ans, j’ai eu vraiment de bons rapports avec lui. On ne pouvait pas
pousser très loin sur le plan intellectuel parce qu’il s’effrayait vite. En
fait, il avait un petit côté voyou d’Alger, très truand, très marrant. C’est
probablement le dernier qui ait été un bon ami » Sartre
·
Simone de Beauvoir et Albert : des rapports exécrables
Simone a-t-elle été sensible au charme
d’Albert ?
Elle le trouvait « Un peu canaille et fort
gaulois », manquant de savoir-vivre : « Aux portes, Il passait
devant les femmes »
L’attirance ne fut pas réciproque : Camus aurait dit à
un ami qu’il la tenait à distance « parce qu’il craignait qu’elle ne fut
trop bavarde au lit » (Lottman 593)
Simone fut ensuite
très méchante :
Elle
le qualifiait « d’idéaliste, de moraliste, d’anticommuniste »
« Il
feuilletait les livres au lieu de les lire »
Dans Les
Mandarins (Prix Goncourt 1954) un des personnages
est construit sur le modèle de Camus.
Perron = Camus
Dubreuilh= Sartre
Anne= Simone
Anne : « Ses livres sont
mortellement classiques », « son journal est digne d’une gazette
locale » Elle fait des allusions à
son infidélité et à la tentative de suicide de Francine.
Camus :
« Il parait que j’en suis le héros (directeur d’un journal issu de la
résistance) et tout le reste est faux, les pensées, les sentiments et les
actes. Mieux : les actes douteux de la vie de Sartre me sont généreusement
collés sur le dos » (Sartre demanda à une amie qui fréquentait beaucoup
les allemands de l’aider pour faire jouer une de ses pièces)
3 Le communisme
A la libération,
l’influence du PCF est énorme :
Eluard, Aragon, Ponge,
Merleau-Ponty, Garaudy, Kojève, Morin, Leiris, Duras, Sarraute, Lefebvre, Vernant, Desanti, Vercors,
Picasso, Léger,
Historiens : Besançon,
Agulhon, Bouvier, Furet,
Kriegel, Leroy-Ladurie ….
1947 La Peste est une
critique des totalitarismes de droite et de gauche
PCF : « l’écrivain est froid
ennuyeux » « les
personnages sans vie débitent des dissertations abstraites »
31 Camus critique
du marxisme-léninisme
La question de la
violence révolutionnaire
Sartre
justifie la peine de mort en période
révolutionnaire au nom de l’efficacité.
1972 interview dans Actuel
Restez-vous un partisan de la peine de mort
politique ?
« Oui, Dans un pays révolutionnaire où la
bourgeoisie aurait été chassée du pouvoir, les bourgeois qui fomenteraient un
émeute ou un complot mériteraient la peine de mort. Non que j’aurai la moindre colère contre eux. Il est naturel que les réactionnaires agissent dans
leur propre intérêt, mais un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un
certain nombre d’individus qui le menacent et je ne vois pas d’autre moyen que
la mort .On peut toujours sortir d’une prison.
Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas
assez tué. »
« Nous ne sommes sûr de rien, mais, que la révolution soit en
cours, que soient posés à Moscou,
bientôt à Cuba, les bases d’un régime qui apporte à une immense masse
d’hommes une amélioration de leur sort, voilà qui n’est pas douteux, et, c’est
en fonction de cette fin poursuivie, de ce sens, de cette raison, qu’il
convient de juger et d’accepter la part de violence criminelle assumée par la
politique stalinienne»
A propos de la guerre d’Algérie
« La révolution implique la violence.
Conçoit-on l’indépendance de l’Algérie sans l’élimination du MNA par le FLN ?
Et comment reprocher sa violence au FLN quotidiennement confronté pendant des
années à la répression de l’armée française à ses torture et à ses massacres Il
est inévitable que le parti révolutionnaire en vienne à frapper aussi également
certains de ses membres. »
A
propos de la décolonisation préface aux
damnés de la terre de Franz Fanon
« Dans
le premier temps de la révolte, abattre
un européen, c’est faire d’une pierre deux coups : supprimer en même temps un
oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre »
Camus
« Sans doute, la révolution est-elle possible. Peut- être une
société sans classe, donc heureuse, finira –t-elle un jour par apparaître, mais je n’en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr
du moment où cela adviendra, en sorte que, dans le doute, je me refuse à
accepter les gigantesques sacrifices que, au nom de cette simple perspective,
vous prétendez nous imposer »
« Il
me parait incontestable que nous vivons dans le mode de la terreur dans la
mesure où un homme croit au progrès inévitable, dans la mesure où un homme
croit à une logique historique inévitable. Nous nous basons sur le rationalisme,
nous admettons le principe que la fin justifie les moyens..»
32 Camus critique de l’URSS
Staline
·
Sartre
-
Sartre a été l’objet de critiques violentes du
PCF ( Kanapa,
Garaudy )
L’existentialisme a été qualifié de « système philosophique de la bourgeoisie
décadente qui se refuse à rallier les positions du prolétariat »
1948 :
Faiedeiev le traite de « Hyène dactylographe »
Et pourtant il
sera proche compagnon de route en 52-56
-
Le marxisme est l’horizon indépassable de notre
époque
-
En URSS,
la liberté des écrivains est totale
-
Il critique la publication du rapport Krouchtchev ( il ne
faut pas désespérer Billancourt !)
Pourquoi ?
-
URSS= progrès : propriété collective /
élimination de la bourgeoisie
-
Espoir
d’une démocratisation du communisme
-
Il
continuera son compagnonnage avec les partis communistes même s’il
soutient les insurgés hongrois
en 1956, des dissidents soviétiques ( Siniavski, Daniel , Soljénitsyne qui
refusera de le rencontrer) : visites fréquents dans les pays communistes
jusqu’au milieu des années 60.
·
Camus
Il considère que l’URSS est un
socialisme « césarien et
militaire »
Il ne supporte pas les « manifestations de patronage », « e
catéchisme de la propagande », la vie
grise
URSS : « Terre d’esclaves balisée de miradors »
Il soutiendra un des premiers dissidents
polonais, Milosz au début des années 50.
Il soutient
les révoltes des ouvriers dans
les pays communistes :
1953
Berlin
1956 Pologne Hongrie
Tous les dissidents lui rendront hommage : Pasternak, Soljenitsyne,
Havel, Michnik
Plioutch
« pour moi et pour beaucoup de dissidents, Camus a une pensée tragique
mais courageuse. Camus, c’est la vérité, Sartre, c’est la falsification »
Beauvoir signale une
conversation entre Sartre et Camus en 48
Camus
« Avez-vous réfléchi à ce qui vous arrivera quand les
russes seront là ? » demanda-t-il à Sartre.
Il ajouta d’une voix passionnée : « ne restez pas »
-
et vous, vous comptez partir ? dit Sartre
-
moi, je ferai ce que j’ai fait pendant
l’occupation allemande.
Sartre objecta qu’il
n’accepterait jamais de lutter contre le prolétariat.
Il ne faut pas que ce soit
une mystique, dit vivement Camus, partez. Si vous restez, ils ne vous prendront
pas seulement la vie mais aussi l’honneur. Vous mourrez en déportation. Ils
vous feront prêcher la soumission, la trahison, et on les croira.
(Camus connaissait le sort réservé aux intellectuels non-communistes dans
les pays de l’Est)
Simone de Beauvoir écrit :
« Je fus secouée, et, les jours
suivants, je repris à mon compte les arguments de Camus »
33 Parution de « L’homme révolté » 1951
Sartre
Camus
Sartre Camus : disputes, décembre 46, mars 47 à propos de Merleau –Ponty
·
Critiques de Francis Jeanson en « service commandé » (Comme
le maffioso = aucun contact préalable avec
la ‘cible’ du contrat !)
«C’est
un grand livre raté »
Sartre
« Mais, Camus je n’ai jamais
été contre lui. J’ai été contre le papier qu’il a envoyé aux Temps Modernes, en
m’appelant M Le Directeur, et en développant des idées
insensées. »
« Vous n’êtes
pas à droite, Camus, vous êtes en l’air »
« Arrêtez de monter sur votre « piédestal
portatif »
« Et si votre
livre témoignait simplement de votre incompétence philosophique ? S’il n’était
fait que de connaissances ramassées à la
hâte et de seconde main ? »
« Je n’ose vous proposer de vous reporter à l’Etre et le
Néant, la lecture vous en paraitra inutilement ardue »
« M Camus met quelque coquetteries à
citer des textes de Jasper, de Heidegger, de Kierkegaard qu’il ne semble pas
toujours bien comprendre »
« Hegel et moi, nous avons au moins quelque chose en commun,
c’est que vous ne nous avez pas lu »
Jeanson :
« Esthète, belle âme, amateur moraliste,
défenseur d’une vague morale de
Croix Rouge cf (La Peste)… qui reçoit,
en plus, les éloges de la droite »
Camus :
« Si la vérité me paraissait
à droite, j’y serais »
Camus exempt du
syndrome « D’où tu parles ? »
Un fait est rejeté par la gauche parce qu’il est affirmé par
la droite : ex Katyn
·
En 1970 paraît
le pamphlet de Jean-Jacques Brochier « Camus, philosophe pour classes
terminales » qui résume la critique sartrienne :
« Plagiaire… dissertations
d’un élève moyennement doué… auxiliaire des pouvoirs en place…pétainiste… homme
de droite… suppôt du colonialisme,…confond communisme et stalinisme… prophète…
moraliste… pas de sens politique…
soutien de l’Algérie française …antisémite …..Il ne s’est pas tu sur la
guerre d’Algérie il a pris parti pour la guerre….Relations avec la politique
longues et malheureuses…. position réactionnaire… non-violence masturbatoire …. Il ne gêne plus personne … sa
fonction est d’endormir …. on rira
de la Peste…. information hâtive ou inexistante… idéalisme au ventre mou… salade métaphysico-littéraire… il déteste
finalement la pensée comme lui reprochait Sartre… le vrai maître de Camus, c’est
Joseph de Maistre,
Moraliste qui ne brille pas par une intelligence radieuse …..
raconteur d’histoire et non penseur… révolte de bazar…. défroque ridicule du professeur de morale qui du haut de Sirius juge notre petit monde…
un petit bourgeois assez peu intelligent et assez peu cultivé… ce professeur de morale n’était qu’un
surveillant de la morale d’autrui,…vétilleux… tatillon, même pas un sémaphore… il faut le reléguer aux accessoires…. pantin moraliste ….. »
Maria Casares : « il se promène dans la maison comme un taureau
blessé »
« Je commence à
être fatigué de recevoir des leçons d’efficacité de la part de censeurs qui
n’ont jamais placé que leurs fauteuils dans le sens de l’histoire » (allusion
à l’occupation de la comédie français
par Sartre endormi dans un fauteuil)
« Quelque chose en eux aspire à la
servitude. Ils ont rêvé d’y aller par quelque noble chemin plein de pensées.
Mais il n’y pas de voie royale vers la servitude. Il y a la tricherie,
l’insulte, la dénonciation du frère. Après quoi, l’air des trente deniers. »
« La seule industrie qui ne
connaisse pas le sous-emploi est la méchanceté »
Il a le sentiment d’être seul (témoignage de sa fille)
Heureusement, les sartriens ne connaissaient pas l’« Impromptu des philosophes »,
texte publié à titre posthume, où
il se moque, en imitant Molière, de Monsieur « Néant »
1957
« Il y at-il dans votre œuvre un
thème selon vous important que vous estimez négligé par vos
commentateurs : l’humour »
« Toute
mon œuvre est ironique »
4
La
guerre d’Algérie
42 L’indépendance de l’Algérie
1939 misère de la Kabylie : chômage, faim, épidémies, analphabétisme
Incompétence autorités
Mesures sociales
Attitude / nationalistes :
« la seule façon d’enrayer le nationalisme algérien, c’est de supprimer
l’injustice dont il est né »
·
Sartre :
pour l’indépendance
-
libération des peuples colonisés
-
soutien au FLN
« La victoire du FLN
sera la victoire de la gauche »
-
Soutien
au manifeste des 121 (appel à la désertion)
-
soutien aux porteurs de valises (réseau Jeanson)
·
Aron :
pour l’indépendance
Juin 1957 la tragédie algérienne
« Mieux vaudrait encore la solution héroïque de
l’abandon et du rapatriement qu’une guerre menée à contre-cœur et sans chance
de succès »
-
Décolonisation=mouvement irrésistible
-
Mauvaise affaire pour la France
-
Nécessité d’un plan pour la réinsertion des
européens en France
-
Impossibilité de l’ intégration défendue par Soustelle
-
De Gaulle
« Le taux de croissance
démographique est trop différent pour que ces peuples de races et de religion
autres puisent être une fraction d’une même communauté »
Colombey les deux
mosquées
Européen/arabes =huile
/vinaigre
« Ceux qui croient à
l’intégration ont des cervelles de colibri »
Louis Terrenoire juin 57 :
« M Aron rappelle irrésistiblement l’homme Pierre Laval qui pensait que
les jeux étaient fait en juin 40 »
·
Camus :
contre l’indépendance
-
Pourquoi ?
« Le temps des colonialismes est fini » préface Actuelles 3
Il se sent algérien. Il se
considère comme « en exil » en France.
« 80 % des français d’Algérie ne sont
pas des colons, mais des salariés et des commerçants »
« Une grande réparation doit être
faite au peuple arabe. Mais par la France toute entière et non avec le sang des
français »
« Si bien disposé qu’on soit avec la
revendication arabe, on doit cependant reconnaitre qu’en ce qui concerne
l’Algérie, l’indépendance nationale est
une formule passionnelle. Il n’y a jamais eu encore de nation algérienne. Les
juifs, les turcs, les italiens, les berbères auraient autant de droit à la direction
de cette nation virtuelle. Actuellement, les arabes ne forment pas à eux seuls
toute l’Algérie. Les français d’Algérie sont eux aussi, au sens fort du terme,
des indigènes «
Il considère que les es chefs militaires du FLN sont fanatiques, extrémiste, rétrogrades. Le FLN est, pour lui, sur une ligne panislamiste manipulée par
l’Egypte et l’URSS.
Déclaration du FLN le 1 11 1954 : «Notre
lutte s’inscrit dans le cadre des
principes islamiques »
« L’indépendance
de l’Algérie dirigée par les chefs militaires les plus implacables de
l’insurrection entrainera l’éviction de
millions de français avec le risque que cette humiliation comporte »
-
propositions
« Une Algérie constituée par des
peuplements fédérés et reliée à la France me paraît préférable sans comparaison
possible au regard de la simple justice, à une Algérie reliée à un empire
d’islam qui ne réaliserait à l’intention des peuples arabes qu’une addition de
misères et de souffrance et qui arracherait le peuple français d’Algérie à sa
patrie naturelle » Actuelles
III
Fédéralisme
-
Assemblée fédérale
-
Deux sections : une métropolitaine (élus
métropolitains + outre-mer) /une autre avec des musulmans de statut
coranique qui débattrait des questions propres aux musulmans -Assemblée fédérale = pbs communs : défense diplomatie
-
Lois différentes avec deux catégories de citoyens égales mais
distinctes (Actuelles III)
-
Confédération laïque de populations multiples (à
la libanaise ?)
-
Critiques
Memmi : « Camus est un
colonisateur de bonne volonté »
Jean Sénac pro FLN assassiné après l’indépendance = « algérien de la côte »
Sous- évaluation des effets du
colonialisme sur les populations arabes
et des promesses non-tenues de la France
41 Appel à la trêve civile : la
question du terrorisme
• Réunion
le 22/ 01/ 56 Alger
Un
millier de personnes, un millier dehors : « Camus au poteau »
« Plus de doutes que de certitudes », «
préparer un climat plus favorable à une discussion enfin raisonnable »
A propos du
terrorisme :
Il critique les 2 terreurs : celle du tortionnaire et celle du poseur de bombe
FLN : « aucune cause ne justifie la mort de l’innocent »
Sartre
: « Camus , vous vous prenez pour la morale ! »
« morale c’est peau de
balle » Nizan
Beauvoir écrit à propos de la proposition de
Camus de trêve civile : « Jamais Camus
ne prononça de paroles plus creuses que lorsqu’il demandait pitié pour les
civils. Nous refusions de nous indigner contre les méthodes de lutte du FLN. On
ne fait pas la guerre avec des enfants de chœur »
« C’est une nécessité historique à laquelle nous ne pouvons rien »
Camus
Préoccupation permanente
Cf
Les justes
« Le terrorisme algérien est une
erreur sanglante, à la fois en lui-même et dans ses conséquences : il est
l’expression de la haine, il est porteur
de racisme, il a pour effet de mettre les libéraux dans une position intenable,
il affole les français et les pousse vers les ultras. Les attentats ont interdit toute possibilité
d’une Algérie plurielle, multiethnique.
Quelle que soit la cause que l'on défend, elle restera toujours
déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente où le tueur sait
d’avance qu’il atteindra le femme et l’enfant »
Discours Nobel 1957 :
«
J’ai été et je suis toujours partisan d’une Algérie juste où les deux
populations doivent vivre en paix et dans l’égalité. J’ai toujours condamné le
terreur. Je dois condamner aussi un
terrorisme , qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger, par exemple,
et qui peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice , mais je
défendrai ma mère avant la justice »
Beuve- Méry : « J’étais sûr qu’il allait
dire une connerie »
Interprétation : Si ma mère meurt dans un
attentat considéré comme un acte de justice
alors je préfère ma mère à ‘cette’ justice.
43 Découragement
Interventions sur 150 cas en faveur de condamnés du
FLN
1958 Il dénonce
« le terrorisme appliqué aux civils français comme d’ailleurs et dans une
proportion plus grande aux civils arabes »
« Vous me croirez sans peine que j’ai mal à l’Algérie
comme d’autres ont mal au poumon »
1955
« Dans
l’impossibilité de me joindre à aucun des camps extrêmes , devant la
disparition progressive de ce troisième camp où l’on pouvait garder la tête froide
doutant aussi de mes certitude et de mes connaissances, persuadé que la
véritable cause de nos folie réside dans les mœurs et le fonctionnement de notre
société intellectuelle et politique, j’ai décidé de ne plus participer aux
incessantes polémiques qui n’ont eu d’autre effet que de durcir en Algérie les
intransigeances aux prises et de diviser un peu plus un France déjà empoisonnés
par les haines et les sectes »
Lettre à Jean Grenier « je crois comme vous qu’il est trop tard
pour l’Algérie. Je ne l’écris pas dans mon livre parce qu’on n’écrit pas que tout
est fichu »
Débats
Edward Saïd : Albert Camus ou
l’inconscient colonial 2000
2010
caravane Camus en Algérie
texte « alerte aux consciences
anticolonialistes » Camus présenté comme militant de l’Algérie française et écrivain colonial
Défense Yasmina Khadra,
Kamel Daoud
2013
expo Camus Benjamin Stora Michel Onfray
démissionnaires
5
Prix Nobel 1957
Camus
Prudhomme, Rolland, France, Bergson, Martin du Gard, Gide,
Mauriac
Hommage
à Malraux
Kleber Haedens
«Le terme ‘Ecrivain
classique’ s’applique aux momies »
« Sa pensée met l’illusion de la profondeur à la portée
des intelligences les moins privilégiées »
Félicitations de : Faulkner Soljenitsyne Milosz, Paz,
Gordimer, Kertesz, Llosa, Styron, Arendt
Gendarme « roman à l’eau de rose ou roman policier ? »
Camus : « moitié-moitié »
Conclusion :
La revanche
Sartre : « Il représentait, en ce siècle et contre
l’histoire, l’héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les
œuvre constituent, peut- être, ce qu’il y a de plus original dans les lettres
françaises. Son humanisme têtu étroit pur
austère et sensuel livrait un combat douteux contre les évènements massifs et
difformes de ce temps Mais, inversement, par l’opiniâtreté de ses refus il
réaffirmait au coeur de notre époque contre les machiavéliens contre les veaux
d’or du réalisme l’existence du fait moral »
BHL Le siècle de Sartre p418 Nous sommes nombreux à entendre ce
message du dernier Sartre : « réparation à Camus. Il valait mieux
décidément avoir raison avec Camus que tort avec moi »
BHL ou Sartre ?
·
Funambule
Casares : maladie / écriture /
l’action
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée
à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa
tâche est plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »
« Mon rôle n’est pas de transformer le monde ni
l’homme mais il est peut- être de servir à ma place les quelques valeurs sans
lesquelles un monde même transformé ne vaut la peine d’être vécu »
On dit de quelqu’un
décédé jeune : c’est une perte irréparable. En ce qui concerne Camus la
formule n’est pas de la simple rhétorique
On
a lu Camus en son temps, on le lit aujourd’hui,
on le lira demain.
Bibliographie
Camus Herbert Lottman 2013
Camus Olivier Todd
L’ordre libertaire Michel Onfray 2011
Dictionnaire Camus Jeanyves Guérin 2010
Albert Camus soleil et ombre Roger Grenier
DVD
Albert Camus journaliste Joel Calmettes
Albert Camus Jean Daniel Joel Calmettes
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