dimanche 29 mars 2020

Chansons pour pleurer.


                   Chansons pour pleurer

La chanson « réaliste »
                Elle raconte une histoire triste.
    Les protagonistes : mauvais garçons, filles séduites et abandonnées, putain au grand cœur, soldats de la coloniale
Les thèmes : le bonheur fragile, la rupture, la nostalgie

Mes choix
J’ai laissé de côté Piaf.
    Je ne parlerai pas de ceux que l’on peut considérer comme des   « Héritiers » depuis les années 50
          Brel
        Mano Solo
        Dalida
      Les sous- produits de Piaf
                Mireille Mathieu
                Georgette Lemaire
Non plus que du rap   qui  peut être considéré comme un héritier  de la chanson réaliste (histoires de voyous racontées dans leur langue, milieu populaire, destin tragique, violence, etc)

La tradition
« Les complaintes »
Le roi Renaud
Le pont de Nantes
Brave marin
Trois petits frères en France

Fin de siècle
Aristide Bruant
Rue St Vincent
L’hirondelle du faubourg


Absinthe
Beau polichinelle
Fumeur d’opium

Sa robe blanche

Parodies :

         Y n’savait pas
        le fils père
        Les crayons Bourvil   

Lys Gauty  1908 1994
Alice Gauthier est née dans une famille modeste : son père est mécanicien et sa mère couturière. Après des cours de couture et de dactylographie, elle commence très jeune à travailler comme vendeuse dans un grand magasin puis chez une modiste. Avec ce que ses parents lui laissent de son salaire, elle prend des cours de chant. En effet, sa voix a été remarquée dès l'école. Dotée d'une formation classique, c'est pourtant chez Fyscher (de Nelson Fyscher) en 1924, rue d'Antin, qu'elle entame une carrière de chanteuse de music-hall avec Georges Van Parys pour pianiste. En 1925, elle chante à l'Olympia. Le Suisse Gaston Groëner, de douze ans son aîné, qui devient son mari en 1925, prend en charge la direction d'une carrière émaillée de nombreux succès et cosignera certaines de ses chansons. Il dirige le Théâtre de 10 Heures de Bruxelles et les premiers disques de Lys Gauty sortiront donc en Belgique chez Gramophone en 1928.
En 1930, elle débute au cinéma dans le film parlant de Maurice GleizeJour de noces. Cette expérience d'actrice se renouvellera en 1938 lorsqu'elle tiendra le rôle-titre du film La goualeuse de Fernand Rivers. En 1934, elle dénonce l'antisémitisme ambiant dans sa chanson Israël, va-t-en.
Cependant, son plus grand succès reste la valse Le chaland qui passe (1933), version française de la chanson italienne Parlami d'amore Mariu, chantée par Vittorio De Sica. En 1937, avec humour elle s'auto-parodiera avec Le chaland qui reste.
La nuit s'est faite, la berge
S'estompe et se perd...
Seule, au passage, une auberge
Cligne ses yeux pers.
Le chaland glisse, sans trêve
Sur l'eau de satin,
Où s'en va-t-il ?...Vers quel rêve ?
Vers quel incertain du destin ?

Refrain :
Ne pensons à rien... Le courant
Fait de nous toujours des errants ;
Sur mon chaland, sautant d'un quai,
L'amour peut être s'est embarqué...
Aimons-nous ce soir sans songer
A ce que demain peut changer,
Au fil de l'eau point de serments :
Ce n'est que sur terre qu'on ment !
Ta bouche est triste et j'évoque
Ces fruits mal mûris
Loin d'un soleil qui provoque
Leurs chauds coloris,
Mais sous ma lèvre enfiévrée
Par l'onde et le vent,
Je veux la voir empourprée
Comme au jour levant
Les auvents...
Refrain
Paroliers : Bixio / Andre De Badet / E. Neri

Elle triomphe dans les cabarets (La Boîte à Matelots, 1932 ; La Folie de Lys Gauty, 1933...) et les music-halls (Bobino, 1933 ; Alhambra, 1934 ; A.B.C., 1935, 1936...).
En 1933, elle reçoit le Grand Prix du disque pour son interprétation de deux airs de L'Opéra de Quat'sous : le Chant de Barbara et la Fiancée du Pirate de Kurt Weill. En 1934 elle est élue la reine des Six Jours au Vel' d'Hiv, dont elle est l'impératrice en 1935. Elle était connue pour les longues robes blanches qu'elle portait lors de ses concerts. Elle a comme particularité d'avoir été une des premières interprètes des chansons à texte[réf. nécessaire] tout en chantant aussi des mélodies populaires. 
Damia, lui reprochant de ne pas être assez mélodramatique, la surnommera « la sous-préfète ». Connue et appréciée en Angleterre et aux Pays-Bas, elle fait en 1939 une tournée en Amérique du Sud.
En 1946, elle est de retour, à l'Alhambra, avec Un petit bouquet de violettes et En écoutant mon cœur chanter. À la Libération on lui reproche ses interventions sur Radio Paris1 et une tournée avec Fréhel et Raymond Souplex organisée par l'association Kraft durch Freude (la Force par la Joie) en Allemagne pendant laquelle elle chante devant les ouvriers du S.T.O et les prisonniers des Stalags en 19422. Elle ne reviendra jamais sur le devant de la scène. Elle divorce en 1947Léo Ferré devient pour un temps son pianiste. En 1950, elle joue et chante dans l'opérette Ma Goualeuse au Casino-Montparnasse. Toujours en 1950, elle dirige le Casino de Luchon et y fonde le Festival de la Voix.
Elle abandonne la scène vers 1953 pour devenir directrice d'un cabaret dans la région de Nice, où elle fonde une école de chant. Elle se reconvertira plus tard en reprenant la direction d'une agence immobilière à Monte-Carlo.
Lys Gauty est décédée à Monte-Carlo en 1994. Elle est enterrée dans le cimetière de Saint-Gengoux-de-Scissé en Saône-et-Loire, elle y possédait une maison où elle séjournait régulièrement.
 Sérénade sans espoir



Marie José
Marie-José connait un certain succès pendant et après la Seconde Guerre mondiale. C'est ainsi que durant les années 1950, elle est, à plusieurs reprises, classée « numéro un » par les auditeurs de Radio-Monte-Carlo, par son émission diffusée le dimanche matin : le disque demandé par les auditeurs. Sa voix chaude et sa diction de « diseuse » au service de textes sentimentaux, la faisant reconnaître entre toutes.
Quelques-uns de ses succès d'alors : O luna rossa (adapté de l'italien), ou encore Lis-moi dans la main, tzigane. Dans le film Une nuit à Megève (1953) de Raoul André, elle chante la chanson du même titre durant le générique.
Elle a également interprété le Bar de l'escadrille (1942) et sa chanson la plus connue Chanson gitane (1942). Et également le succès de Georges Ulmer, " Pigalle ".
De grands garçons très francs
Amis du firmament
Les yeux pleins de lumière
Et sans nulle manière
Dans le matin serein
D'une journée sans fin
Calmement décollaient
C'était encore la paix

Au bar de l'Escadrille
Parmi les rires et les trilles
Ils fêtaient leurs champions
Au retour des missions
Tous les dangers du ciel
Leur semblaient irréels
Les filles bien plus belles
Et plus fortes leurs ailes !

Mais hélas un matin
La vraie guerre survint
Leurs rires se figèrent
Et leurs traits se crispèrent
Sous le ciel tout en feu
Quels combats valeureux !
Les avions qui flambaient
Les balles qui fauchaient

A bar de l'Escadrille
Finis les rires et les trilles
On comptait les absents
Tombés si crânement
Une immense douleur
Leur déchirait le cœur
Les filles étaient moins belles
Et moins fortes leurs ailes !

Ce fut le calme enfin
Et puis le grand chagrin
Les carlingues blessées
Les ailes transpercées
On pleure les amis
À tout jamais partis
En se disant déjà
Du grand jour qui viendra :

Au bar de l'Escadrille
Revivront les rires et les trilles
Quand dans le ciel plus beau
D'un monde enfin nouveau
Les avions de demain
Pour le bonheur humain
Dans la paix éternelle
Feront frémir leurs ailes.
Elle enregistre surtout chez Odéon. On trouve régulièrement sa photo sur des petits formats, partitions bon marché qui popularisaient les chansons.
Jusqu'au début des années 1960, elle alterne scènes et séances d'enregistrement, mais la mode musicale la pousse dans l'ombre, ainsi que pas mal d'autres, telles que Yvette GiraudLucienne Delyle ou Jacqueline François. À partir des années 1961-62, quand vient la mode des yéyés, elle est rangée dans un style révolu. Dès lors, elle ne fait plus que des apparitions chez Pascal Sevran et dans d'autres émissions consacrées au music-hall du passé.
Marie-José était une femme bonne vivante, blagueuse, adepte du Martini.


Lucienne Delyle
Orpheline très jeune, Lucienne Delache2 commence à travailler comme préparatrice en pharmacie. Passionnée par la chanson française des années 1930, elle pratique la chanson en amatrice sous le nom de Lucienne Delyle. En 1939Jacques Canetti la remarque lors d’un radio-crochet et l’engage aussitôt. En 1940, elle rencontre le trompettiste de jazz et arrangeur Aimé Barelli (1917-1995) qui deviendra son époux et son meilleur collaborateur. De leur union naîtra une fille qui tentera une carrière dans la chanson sous le nom de Minouche Barelli (1947-2004).

Sérénade sans espoir



En raison de son succès au radio-crochet, Léon Agel et Émile Carrara en 1942 proposent à Lucienne Delyle la chanson Mon amant de Saint-Jean.
Je ne sais pourquoi elle allait danser
À Saint Jean, aux musettes
Mais quand ce gars lui a pris un baiser
Elle frissonnait, était chipée
Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux?
Car l'on croit toujours aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Elle qui l'aimait tant
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean
Elle restait grisée
Sans volonté sous ses baisers
Sans plus réfléchir, elle lui donnait
Le meilleur de son être
Beau parleur chaque fois qu'il mentait
Elle le savait, mais elle l'aimait
Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux?
Car l'on croit toujours aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Elle qui l'aimait tant
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean
Elle restait…

 Elle en fait un immense succès. En 1943, elle se produit à Bobino accompagnée par l'orchestre de son amant Aimé Barelli : en quittant la salle ils prennent le métro (faute de taxis), des voyageurs les reconnaissent et leur chantent en cœur la chanson3.
Lucienne Delyle sera très populaire pendant les années 1950. En 1953Bruno Coquatrix fait appel à elle, ainsi qu'à son époux Aimé Barelli, pour la réouverture de l’Olympia, le jeune Gilbert Bécaud assurant la première partie.
Sa carrière décline à la fin des années 1950, en raison d'une leucémie. Lucienne Delyle donne une dernière série de concerts, en compagnie d'Aimé Barelli, sur la scène de Bobino en novembre 1960. Elle s’éteint en avril 1962 à Monte-Carlo, dans la principauté de Monaco. Elle est inhumée au cimetière de Caucade de Nice (Alpes-Maritimes).
Elle a abordé à peu près tous les genres et tous les styles, de la chanson réaliste à la valse musette, en passant par la chanson sentimentale, la chanson jazzy, parfois teintée d’influences exotiques.
Sa voix langoureuse, son timbre chaud et sa diction précise ont influencé de manière décisive la chanson française de variété.




Suzie Solidor

Suzy Solidor nait de père inconnu à Saint-Servan-sur-Mer (commune aujourd'hui rattachée à Saint-Malo) dans le quartier de la Pie. Sa mère, Louise Marie Adeline Marion, âgée de près de trente ans, est alors domestique de Robert Henri Surcouf, avocat, député de Saint-Malo et armateur, descendant de la famille du célèbre corsaire (selon Suzy Solidor, celui-ci serait son véritable père).
Pour échapper à sa condition de fille-mère, Louise Marion épouse le 10 septembre 1907 Eugène Prudent Rocher qui reconnaît la petite Suzanne, alors âgée de sept ans. Celle-ci prend dès lors le nom de Suzanne Rocher. La famille s'installe dans le quartier de Solidorà Saint-Servan, qui inspirera plus tard son nom de scène à Suzy. Elle est alors la voisine de Louis Duchesne, chemin de la Corderie, sur la cité d'Aleth.
Une « garçonne »
Elle apprend à conduire en 1916 et passe son permis l'année suivante, ce qui à l'époque était exceptionnel pour une femme. Peu avant l'armistice de 1918, promue chauffeur des états-majors, elle conduit des ambulances sur le front de l'Oise, puis de l'Aisne3,4.
Après la guerre, elle s'installe à Paris. C'est à cette époque qu'elle rencontre Yvonne de Bremond d'Ars, la célèbre et très mondaine antiquaire, qui sera sa compagne pendant onze ans. « Ce fut Bremond d'Ars qui la première lança Solidor en tant qu' œuvre d'art et qui la présenta au public comme image / icône (...) Elle m'a sculptée , déclara Solidor » 5. Après leur séparation en 1931, Suzy Solidor a plusieurs liaisons, dont une avec l'aviateur Jean Mermoz4.
Elle se tourne vers la chanson en 1929, et prendra peu après le pseudonyme sous lequel elle est connue. Elle fait ses débuts à Deauville, au cabaret Le Brummel6. Sa voix grave, quasi masculine (« une voix qui part du sexe » selon Jean Cocteau7), son physique androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits. Surnommée « l'Amiral », icône de la chanson maritime, elle se produit en 1933 avec succès à L'Européen puis ouvre rue Sainte-Anne « La Vie parisienne », un cabaret « chic et cher », lieu de rencontres homosexuelles, où chante entre autres le jeune Charles Trenet.
Sa réputation lui vaut d'apparaître en 1936 dans l'adaptation cinématographique du roman sulfureux de Victor MargueritteLa Garçonne. Elle devient parallèlement l'égérie des photographes des magazines de mode et des peintres, sa silhouette sculpturale inspirant plus de 200 d'entre eux8, parmi lesquels Raoul DufyMaurice de VlaminckYves BrayerFrancis PicabiaMan RayJean-Gabriel DomergueJean-Dominique Van CaulaertKees van DongenArthur GreuellFoujitaMarie LaurencinFrancis Bacon et Jean Cocteau. Son portrait le plus célèbre est réalisé par Tamara de Lempicka en 1933. Celle qui fut la chanteuse la plus croquée du siècle disait d'elle-même avec humour : « Je suis plus à peindre qu'à blâmer » 1.
L'Occupation
Article connexe : Paris sous l'Occupation allemande.
Durant l’OccupationLa Vie Parisienne, son cabaret rouvert en septembre 19409, est fréquenté par de nombreux officiers allemands. Suzy Solidor ajoute à son répertoire une adaptation française de Lili Marleen, une chanson allemande adoptée par les soldats de la Wehrmacht (avant de l'être par les armées alliées) qu'elle interprète de façon régulière à la radio. Ses activités (selon André Halimi, « elle mériterait un brevet d'endurance pour l'inlassable activité qu'elle mena pendant l'Occupation, car elle passe d'un cabaret à l'autre, d'une radio à l'autre, d'un music-hall à l'autre »10) lui valent d'être traduite à la Libération devant la commission d'épuration des milieux artistiques, qui lui inflige un simple blâme mais lui impose une interdiction provisoire d’exercer 11. Elle cède alors la direction du cabaret à la chanteuse Colette Mars, qui y avait fait ses débuts, et part pour les États-Unis.
L'Après-guerre
De retour à Paris, elle ouvre en février 1954 le cabaret « Chez Suzy Solidor », rue Balzac (près des Champs-Élysées) qu'elle dirige jusqu'au début 1960 avant de se retirer sur la Côte d'Azur. Elle s'installe à Cagnes-sur-Mer où elle inaugure la même année un nouveau cabaret, « Chez Suzy », décoré de 225 de ses portraits. Elle s'y produit jusqu’en 1966 avant de prendre la direction d'un magasin d'antiquités, place du château de Haut-de-Cagnes.


L’escale

Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.

Le flot qui roule à l'horizon
Me fait penser à un garçon
Qui ne croyait ni Dieu ni diable.
Je l'ai rencontré vers le nord
Un soir d'escale sur un port
Dans un bastringue abominable

L'air sentait la sueur et l'alcool
Il ne portait pas de faux-col
Mais un douteux foulard de soie
En entrant je n'ai vu que lui
Et mon cœur en fut ébloui
De joie.

Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.

Il me prit la main sans un mot
Et m'entraîna hors du bistrot
Tout simplement d'un geste tendre
Ce n'était pas un compliqué
Il demeurait le long du quai
Je n'ai pas cherché à comprendre

Sa chambre donnait sur le port
Des marins saouls chantaient dehors
Un bec de gaz d'un halo blême
Éclairait le triste réduit
Il m'écrasait tout contre lui
Je t'aime

Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.

Son baiser me brûle toujours
Est-ce là ce qu'on dit l'amour ?
Son bateau mouillait dans la rade
Chassant les rêves de la nuit
Au jour naissant il s'est enfui
pour rejoindre les camarades

Je l'ai vu monter sur le pont
Et si je ne sais pas son nom
Je connais celui du navire
Un navire qui s'est perdu
Quant aux marins nul n'en peut plus
Rien dire

Le ciel est bas, la mer est grise
Ferme la fenêtre à la 

Lily Marlene

   Marlene Dietrich


Marie Dubas

 À ses débuts, Marie Dubas se destinait à une carrière au théâtre lyrique et à l'opérette. Elle fait ses débuts en 1908 au théâtre de Grenelle, alors qu'elle est à peine âgée de 14 ans. Suivant en parallèle des cours de danse, de chant et de comédie (au Conservatoire d'art dramatique), elle connaît rapidement un succès croissant et se retrouve en tête de distribution de plusieurs opérettes en vogue. Mais en 1926 (elle a alors 32 ans), une défaillance des cordes vocales la prive d'une partie de ses moyens, réduisant irrémédiablement l'étendue de son registre2.
Se croyant alors perdue pour le chant, Marie Dubas traverse une période douloureuse, jusqu'à ce que Pierre Wolff, qui donne des conférences sur l'histoire de la chanson, lui propose d'illustrer celles-ci en interprétant des thèmes du folklore. Repartant ainsi sur de bases techniques différentes, elle s'oriente alors vers le tour de chant et entame officiellement sa nouvelle carrière le 23 septembre 1927 sur la scène de l'Olympia de Paul Franck. S'inspirant d'Yvette Guilbert, elle commence à chanter dans les petits cabarets de Montmartre dans un registre fantaisiste.
Dès lors tout se précipite, et en quelques mois la voilà reconnue comme l'une des reines du music-hall. Elle inaugure en 1932 la formule du « récital » (deux heures sur scène, sans micro). Enchaînant ses passages dans les plus grandes salles à un rythme jamais vu, elle établit une sorte de record en revenant cinq fois à l'affiche de l'A.B.C. au cours de la seule saison 1935-36. Elle est également en tête d'affiche du Casino de Pariset de Bobino.
Exploitant à fond les multiples facettes de son talent, et jouant sur plusieurs registres à la fois, pour mieux mélanger les genres établis, elle sait passer en un instant de la fantaisie à l'émotion et du drame à la futilité. Chantant, dansant, mimant ses textes, parfois jusqu'à la caricature, jouant des hanches, des yeux, de sa frange brune ou des intonations aiguës de sa voix, qu'elle fait mine de rattraper d'un geste de la main, lorsqu'elle se lance dans une parodie d'opérette, Marie Dubas occupe toute la scène avec une vitalité exceptionnelle et une sorte de jubilation on ne peut plus communicative. Ce qui fit écrire à Michel Georges-Michel : « Avec elle, le sujet ne compte plus. Le texte et la musique même s'effacent. C'est Marie Dubas que l'on regarde, que l'on écoute ; rien d'autre. »[réf. nécessaire]
Sa chanson la plus célèbre est Mon légionnaire (sur des paroles de Raymond Asso et une musique de Marguerite Monnot), qu'elle enregistre en 1936.
Version Piaf



Il avait de grands yeux très clairs
Où parfois passaient des éclairs
Comme au ciel passent des orages
Il était plein de tatouages
Que j'ai jamais très bien compris
Son cou portait "Pas vu, pas pris"
Sur son cœur on lisait "Personne"
Sur son bras droit un mot "Raisonne"
Je sais pas son nom, je ne sais rien de lui
Il m'a aimée toute la nuit
Mon légionnaire
Et me laissant à mon destin
Il est parti dans le matin
Plein de lumière
Il était mince, il était beau
Il sentait bon le sable chaud
Mon légionnaire!
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
Bonheur perdu, bonheur enfui
Toujours je pense à cette nuit
Et l'envie de sa peau me ronge
Parfois je pleure et puis je songe
Que lorsqu'il était sur mon cœur
J'aurais dû crier mon bonheur
Mais je n'ai rien osé lui dire
J'avais peur de le voir sourire
Je sais pas son nom, je ne sais rien de lui
Il m'a aimée toute la nuit
Mon légionnaire
Et me laissant à mon destin
Il est parti dans le matin
Plein de lumière
Il était mince, il était beau
Il sentait bon le sable chaud
Mon légionnaire
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
On l'a trouvé dans le désert
Il avait ses beaux yeux ouverts
Dans le ciel, passaient des nuages
Il a montré ses tatouages
En souriant et il a dit
Montrant son cou
"Pas vu, pas pris"
Montrant son cœur
"Ici, personne"
Il ne savait pas
Je lui pardonne
Je rêvais pourtant que le destin
Me ramènerait un beau matin
Mon légionnaire
Qu'on s'en irait seuls tous les deux
Dans quelque pays merveilleux
Plein de lumière
Il était mince, il était beau,
On l'a mis sous le sable chaud
Mon légionnaire
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
Paroliers : Marguerite Monnot / Raymond Asso

 Le Tango stupéfiant (« Je me pique à l'eau de Javel / Pour oublier celui que j'aime / Je prends ma seringue / Et j'en bois même »), et interprète en 1933 La Prière de la Charlotte de Jehan Rictus.
Sa popularité et sa renommée, qui lui valent d'être à l'affiche des plus prestigieux casinos et d'être reconnue dans tous les milieux comme une artiste d'exception, lui permettent également de faire une tournée aux États-Unis en 1939.
Fille d'un juif polonais, et bien que mariée à un noble ayant servi dans l'aviation, elle eût à souffrir de l'Occupation : elle doit s'exiler à Lausanne, où elle restera jusqu'à la fin de la guerre. À son retour elle apprend que sa sœur a été exécutée et son neveu envoyé en camp de concentration.
Elle remonte sur les planches en 1954, à la réouverture de l'Olympia. Mais, atteinte de la maladie de Parkinson, elle doit se retirer malgré sa volonté en 19583. Elle meurt à Paris en 1972 et est inhumée au Père Lachaise (36e division).
Marie Dubas, « cette grande comédienne de la chanson aujourd'hui tombée dans l'oubli  »4, fut la principale inspiration d'Édith Piaf (qui est de 21 ans sa cadette) : « Je dois beaucoup à Marie Dubas. Elle a été mon modèle, l'exemple que j'ai voulu suivre; et c'est elle qui m'a révélé ce qu'est une artiste de la chanson... » Elles avaient deux chansons en commun à leurs répertoires, Mon légionnaire et Le fanion de la légion5.

Elle crée également Le Doux Caboulot (sur le poème de Francis Carco),


Berthe Sylva
Les roses blanches
On n’a pas tous les jours vingt ans

C’est un mauvais garçon
Du gris

Ferme tes jolis yeux
Si on pouvait arrêter les aiguilles

Où est-il ?
 Sylva
Frehel

Fille de Joseph Faquet (1860-1946), un marin, et d'Anne Poher (1863-1923), une couturière, Berthe Faquet aurait passé son enfance à Brest avant de se faire employer comme femme de chambre. Lors de la naissance de son premier enfant, elle n'est encore que femme de chambre ; elle a 16 ans. Bien qu'elle ait reconnu son fils le 27 décembre 1901, elle ne s'en occupera jamais, laissant l'éducation de l'enfant à ses grands-parents. Il est donc élevé à Brest et ne vit sa mère que trois fois dans sa vie. Elle aura également une fille.
Elle se serait mise à la chanson vers 1908.
De ses débuts, on ne possède pas beaucoup de témoignages, excepté une interview où elle évoque des voyages en Amérique du Sud, en Russie, en Roumanie et en Égypte. Elle aurait débuté sur les planches du Casino Saint-Martin fin 19083, en reprenant La Marche Fière, de Karl Ditan. Elle restera pendant plusieurs années sur cette scène, puis sur celle du Casino Montparnasse. Elle interprète notamment Fioretta d'AmoreLes Braves gens de la nuitLes Grognards qui passent ou encore Eh ! Ha ! fin 19114,5,6, puis elle est embauchée au Casino de Montmartre. Mais la collaboration avec Bernard, le patron de cette salle, se termine mal. Alors qu'elle était en pleine représentation, deux de ses robes furent volées, pour une somme de 900 Francs de l'époque. Elle assigna le propriétaire en justice mais fut déboutée.7
Elle fait ensuite une carrière très remarquée fin 1912 à Alger où elle chante au Casino Music-Hall8. Elle y obtient un certain succès avec un Chant en L'honneur des Morts de l'Armée d'Afrique9. Rentrée à Paris en novembre 191210, elle se rend de nouveau à Alger début 1913 pour le Festival de la Presse, puis en décembre de la même année. Pendant la guerre, de retour en Métropole, elle s'engage auprès d'une troupe aux côtés d'Eugénie Buffet, du chansonnier aveugle René de Buxeuil (enterré au cimetière du Père-Lachaise), du parolier Jean Deyrmon et de l'acteur Édouard de Max. L'œuvre La Chanson aux Blessés, se produira notamment en octobre 1915 auprès des soldats au Cercle du Soldat à Paris11,12. Une photo prise pendant la Première Guerre mondiale en témoigne.
En 1928, Berthe Sylva se produit au caveau de la République. L'accordéoniste et compositeur Léon Raiter la remarque et lui propose de passer à l'antenne de Radio Tour Eiffel où elle se produira, occasionnelle au moins, jusqu'en 1937, si l'on s'en réfère aux programmes radio de l'époque13. C'est grâce à Léon Raiter, l'auteur des Roses blanches, qu'elle se met à enregistrer, tout d'abord chez Idéal puis chez Odéon, firme pour laquelle elle aura gravé en tout près de 250 titres pour de bien maigres profits…

C´était un gamin, un gosse de Paris,
Pour famille il n´avait qu´ sa mère
Une pauvre fille aux grands yeux rougis,
Par les chagrins et la misère
Elle aimait les fleurs, les roses surtout,
Et le cher bambin tous les dimanches
Lui apportait de belles roses blanches,
Au lieu de s'acheter des joujoux
La câlinant bien tendrement,
Il disait en les lui donnant
"C´est aujourd´hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
Va quand je serai grand, j´achèterai au marchand
Toutes ses roses blanches, pour toi jolie maman"
Au printemps dernier, le destin brutal,
Vint frapper la blonde ouvrière
Elle tomba malade et pour l´hôpital,
Le gamin vit partir sa mère
Un matin d´avril parmi les promeneurs
N´ayant plus un sous dans sa poche
Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,
Furtivement vola quelques fleurs
La marchande l´ayant surpris,
En baissant la tête, il lui dit
"C´est aujourd´hui dimanche et j´allais voir maman
J´ai pris ces roses blanches elle les aime tant
Sur son petit lit blanc, là-bas elle m´attend
J´ai pris ces roses blanches, pour ma jolie maman"
La marchande émue, doucement lui dit,
"Emporte-les je te les donne"
Elle l´embrassa et l´enfant partit,
Tout rayonnant qu´on le pardonne
Puis à l´hôpital il vint en courant,
Pour offrir les fleurs à sa mère
Mais en le voyant, une infirmière,
Tout bas lui dit "Tu n´as plus de maman"
Et le gamin s´agenouillant dit,
Devant le petit lit blanc
"C´est aujourd´hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
Et quand tu t´en iras, au grand jardin là-bas
Toutes ces roses blanches, tu les emporteras"
Paroliers : Charles-Louis Pothier / Leon Raiter

Le succès est foudroyant. Le Raccommodeur de faïence, enregistré en 1929, se serait vendu à 200 000 exemplaires en deux ans. Les tournées en province se multiplient. À Paris, on l'entend au concert Pacra, à l'Européen, au Bataclan, à la Gaîté-Montparnasse, mais les salles les plus prestigieuses la boudent. Elle partage un moment l'affiche avec Fred Gouin, chanteur très prolixe en enregistrements (450 faces de 78 tours pour Odéon entre 1927 et 1935), aujourd'hui tombé dans l'oubli. Elle grave avec lui des duos tels Ferme tes jolis yeux (1932) et Un soir à La Havane (1933). Leur relation est passionnelle. Fred Gouin fut très affecté par la perte de son amante et amie. Il prit le maquis durant les années de guerre, puis quitta le monde de la chanson pour se reconvertir dans le commerce des frites.
Quelques anecdotes d'une authenticité plus ou moins douteuse jalonnent le parcours flamboyant de Berthe Sylva. En 1935, ses admirateurs marseillais lacèrent les banquettes de l'Alcazar, où elle joue à guichets fermés au début de la guerre, et enfoncent la porte de sa loge. En 1936, à l'enquête « quelle est votre chanteuse préférée ? », une majorité de jeunes filles entre 13 et 15 ans répondent « Berthe Sylva ». Une autre source mentionne un passage sur Radio-Toulouse en 1925 qui lui aurait valu 16 000 lettres d'admirateurs.
L'une de ses dernières présentation sur les ondes date de mai 1940, avec un passage chanté sur Radio-Lyon.14 Sur scène, un dernier tour de piste lui est offert à Lyon en novembre de la même année, au Grand Palais.15
Berthe Sylva se fixe à Marseille au moment de l'Armistice de 1940. Le chanteur Darcelys y fut l'un de ses amis les plus fidèles. Elle meurt minée par la boisson et la pauvreté. Sa maison de disques finance des obsèques auxquelles seuls quelques amis assistent. Sa dépouille fut transférée à la fosse commune du cimetière Saint-Pierre de Marseille, lorsque, plusieurs années après, il ne se trouva personne pour renouveler la concession.
Les légendes entourant Berthe Sylva auraient été créées de toutes pièces ou à partir d'extrapolations journalistiques de faits réels après sa disparition. La diffusion de ces légendes fut facilitée par le fait qu'on ne possède quasiment aucun témoignage solide de nature biographique et par l'absence de documents cinématographiques. En outre, si l'on relativise l'importance de ses prestations sur scène, l'immense succès de Berthe Sylva est avant tout lié à ses nombreux enregistrements.
Sa voix précise qui se marie très bien avec la technologie en plein essor du microphone et de l'enregistrement électrique, son registre vocal étendu, la qualité de son interprétation, tantôt pathétique, tantôt enjouée, son physique ingrat de femme meurtrie par la vie furent les clefs du succès qu'elle connut de son vivant. Sa discographie puise à toutes les sources, sauf américaines : succès anciens des années 1900, succès d'opérette comme de cabaret, chanson réaliste, musette, musiques de films à grand succès. Berthe Sylva excelle dans la chanson narrative.
Après sa disparition, on retiendra d'elle, les chansons qui racontent non pas les bluettes et les joies du bal, mais celles qui dénoncent la misère, l'injustice, l'enfance blessée, la perte d'un être cher, la désillusion et l'échec sentimental.
Il faut noter que les « masters » d'un grand nombre de ses enregistrements des années 1930 ont été conservés et ont pu permettre des rééditions d'une très bonne qualité sonore. Encore aujourd'hui il se vend chaque année un nombre non négligeable de ses enregistrements.


Damia
Ses parents sont originaires des Vosges : son père Nicolas Damien est originaire de Nonville et sa mère, Marie Joséphine Louise Claude, est née le 28 avril 1858 à Darney. Son grand-père maternel, Louis Claude, était ouvrier en fer, et sa grand-mère maternelle, Marie-Catherine Larcher, était brodeuse (source : état-civil de la Ville de Paris, XIIIe arrondissement, et archives départementales des Vosges). Marie-Louise va souvent en vacances chez ses grands-parents maternels à Darney où ils possèdent une ferme, avant que ses parents ne s'installent à Paris où son père devient agent de police.
1889 Tour Eiffel
À l'âge de 15 ans, Damia fugue de la maison paternelle ( prostitution ? maison de redressement…)

« Tu t’expliques maintenent que j’peux être prise d’une envie de chialer comme une idiote quand un musicien vient me donner l’audition d’une de ces goualalntes un peu cul-cul qu’on fabrique à mon intention avec d zshistoires de bonnes prostituées, la saoulerie des larmes d’amour, tous les trucs , quoi…Il y quelquefis plus romance que romance, c’est la vie » *Déclaraion à Maurice Verne  les amuseurs de paris 1932


 et trouve un rôle de figuration au théâtre du Châtelet. Elle est remarquée par Roberty, le mari de la « grande » Fréhel qui lui donne des cours de chant et avec qui elle aura beaucoup plus tard une liaison. Dès 1908, elle se produit sur la scène de café-concerts tels que la Pépinière-Opéra, le Petit Casino et l'Alhambra. Elle est la vedette d’un spectacle du « caf' conc' » de Félix MayolSacha Guitry prétend qu'il lui a conseillé le fourreau noir, dessiné sa silhouette et imposé un style aux chanteuses réalistes qui lui succèderont, telles Édith Piaf et Juliette Gréco.

Pourquoi donc vous habillez vous en dompteuse de puces ? Sacha Guitry

 Mais dans une entrevue radio, elle dit que l'idée de la robe noire est venue de Max Dearly.
Elle fréquente très tôt le cercle littéraire féminin et lesbien autour de la poétesse et salonnière Natalie Barney. Elle y côtoie Romaine BrooksGabrielle BlochLoïe Fuller et, dans ce contexte, fait la rencontre de l'architecte, décoratrice et designer Eileen Gray, avec laquelle elle noue une relation amoureuse. Gray crée pour la chanteuse son premier fauteuil dit « à la sirène »2.
Parallèlement, elle tient quelques rôles marquants au cinéma.

Les goélands

1.
Les marins qui meurent en mer
Et que l'on jette au gouffre amer
Comme une pierre
Avec les Chrétiens refroidis
Ne s'en vont pas au Paradis
Trouver Saint-Pierre!
2
Ils roulent d'écueil en écueil
Dans l'épouvantable cercueil
Du sac de toile
Mais fidèle, après le trépas,
Leur âme ne s'envole pas
Dans une étoile
3
Désormais vouée aux sanglots
Par ce nouveau crime des flots
Qui tant le navre,
Entre la foudre et l'Océan
Elle appelle dans le néant
Le cher cadavre
4
Et nul n'a pitié de son sort
Que la mouette au large essor
Qui, d'un coup d'aile,
Contre son cœur tout frémissant
Attire et recueille en passant
L'âme fidèle
5
L'âme et l'oiseau ne font plus qu'un
Ils cherchent le corps du défunt
Loin du rivage,
Et c'est pourquoi, sous le ciel noir,
L'oiseau jette avec désespoir
Son cri sauvage
6
Ne tuez pas le Goëland
Qui plane sur le flot hurlant
Ou qui l'effleure,
Car c'est l'âme d'un matelot
Qui plane au dessus d'un tombeau
Et pleure… pleure!
Paroliers : Lucien Boyer


Damia  dira qu’elle a goélé toute sa vie !

Damia enregistre la chanson suicidogène Sombre Dimanche le 28 février 1936. Cette chanson Szomoru Vasarnap, signée Laszlo Javor et Rezső Seress, est interdite d'interprétation au public dès sa création3.
Sombre dimanche... Les bras tout chargés de fleurs
Je suis entré dans notre chambre le coeur las
Car je savais déjà que tu ne viendrais pas
Et j'ai chanté des mots d'amour et de douleur.
Je suis resté tout seul et j'ai pleuré tout bas
En écoutant hurler la plainte des frimas...
Sombre dimanche
Je mourrai un dimanche où j'aurai trop souffert
Alors tu reviendras, mais je serai parti...
Des cierges brûleront comme un ardent espoir
Et pour toi, sans effort, mes yeux seront ouverts
N'aie pas peur, mon amour, s'ils ne peuvent te voir
Ils te diront que je t'aimais plus que ma vie...
Sombre dimanche...

Georgius écrira triste lundi

La malédiction

Tous les poilus morts à la guerre
Ayant senti trembler la terre
Au plus profond des entonnoirs
Mornes squelettes sans entrailles
Et revêtus de leur ferraille
Crânes crevés de grands trous noirs
Se sont levés, fantômes blancs
De la sape ou du cimetière
En s'écriant d'un seul élan
"Debout, les morts de la dernière !"

Et de l'Yser aux Dardanelles
L'armée immense et fraternelle
Des enlisés, des engloutis
Dans un bruit de marche macabre
Bruits de tibias, bruits de sabres
D'un même pas sont tous partis
Et sont venus jusqu'à Paris
En scandant d'un rythme en folie
Leur même chant "On nous trahit !
On nous bafoue ! On nous oublie !"

Et s'avançant dans les ténèbres
L'étrange armée au pas funèbre
Vint au Soldat dit l'Inconnu
Arrêtant sa marche enragée
Elle se fit grave et rangée
Et les fantômes blancs et nus
Au cri du Ciel "Morts, en avant !"
Souffles unis, tuèrent la flamme
Et leurs voix clament aux survivants
"Que Dieu vous damne !"





La veuve

La Veuve, auprès d'une prison,
Dans un hangar sombre demeure.
Elle ne sort de sa maison
Que lorsqu'il faut qu'un bandit meure.
Dans sa voiture de gala
Qu'accompagne la populace
Elle se rend, non loin de là,
Et, triste, descend sur la place.

Avec des airs d'enterrement,
Qu'il gèle, qu'il vente ou qu'il pleuve,
Elle s'habille lentement,
La Veuve.

Les témoins, le prêtre et la loi
Voyez, tout est prêt pour la noce ;
Chaque objet trouve son emploi :
Ce fourgon noir, c'est le carrosse.
Tous les accessoires y sont :
Les deux chevaux pour le voyage
Et le grand panier plein de son :
La corbeille de mariage.
 
Alors, tendant ses longs bras roux,
Bichonnée, ayant fait peau neuve,
Elle attend son nouvel époux,
La Veuve.

Voici venir le prétendu
Sous le porche de la Roquette
2.
Appelant le mâle attendu,
La Veuve, à lui s'offre, coquette.
Tandis que la foule, autour d'eux,
Regarde frissonnante et pâle,
Dans un accouplement hideux,
L'homme cracher son dernier râle.

Car les amants, claquant du bec,
Tués dès la première épreuve,
Ne couchent qu'une fois avec
La Veuve.

Tranquille, sous l'œil du badaud,
Comme, en son boudoir, une fille
3,
La Veuve se lave à grande eau,
Se dévêt et se démaquille.
Impassible, au milieu des cris,
Elle retourne dans son bouge,
De ses innombrables maris
Elle porte le deuil en rouge.

Dans sa voiture se hissant,
Goule horrible que l'homme abreuve
4,
Elle rentre cuver son sang,
La Veuve.



Adulée par le public durant l'entre-deux-guerres, elle est occultée après l'Occupation par de plus jeunes idoles, notamment Édith Piaf4. Elle triomphe cependant dans un récital à Pleyel en 1949 et fait une tournée au Japon en 1953. Elle remonte sur les planches à Paris en 1954, à l’Olympia, avec en première partie Jacques Brel, alors débutant, et en 1955.
Baptisée « la tragédienne de la chanson », elle est aussi admirée par des écrivains de tous bords, de Jean Cocteau à Robert Desnos. Plus tard, des cinéastes comme Jean EustacheAki Kaurismäki ou Claude Chabrolrefont entendre ses chansons. Damia meurt le 30 janvier 1978 à La Celle-Saint-Cloud. Elle est inhumée au cimetière de Pantin.
  la guinguette

 j’suis dans la dèche
l’étranger
  tout fout le camp
 tout le jour, toute la nuit
 celui qui s’en va
 la rue de notre amour
 ou dormez vous ? 

Frehel

 Marguerite est la fille d'un couple de bretons originaire de Primel-Trégastel1, hameau de la commune de Plougasnou (Finistère). Son père Yves Marie Boulc'h est un ancien cheminot devenu invalide, ayant perdu un bras, happé par une locomotive, tandis que sa mère Marie-Jeanne Daniel, concierge, se livrait accessoirement à la prostitution. La jeune Marguerite grandit dans les quartiers les plus populaires de Paris. À quinze ans, elle est vendeuse de cosmétiques de porte à porte. Son travail lui permet de rencontrer la Belle Otero, artiste alors adulée, qui admire son audace et ses formes ainsi que sa voix particulière, lui propose de chanter sous le nom de « Pervenche ».
Son répertoire « réaliste » commence à la faire connaître entre 1908 et 1910.
Le 28 novembre 1907, elle épouse dans le 2e arrondissement de Paris Robert Hollard (alias Roberty), un jeune comédien amateur de music-hall qu'elle avait rencontré à la taverne de l'Olympia. Le couple donne naissance à un enfant qui meurt en bas âge, et la jeune mère est rapidement abandonnée par son séduisant compagnon qui lui préfère Damia. Leur divorce est prononcé le 13 juin 1910. Elle noue ensuite une relation de courte durée avec Maurice Chevalier, qui décide de la quitter pour Mistinguett.

Colette telle qu’elle est avec  sa robe achetée n’importe où, son épaule de biais qui a l’air de tirer encore la panier à linge, le public l’adore
Bien qu'auréolée de succès, Fréhel (ainsi surnommée désormais en référence au cap breton du même nom) fuit une vie sentimentale désastreuse et finit par plonger dans l'alcool et la drogue. Elle quitte la France pour l'Europe de l'Est et la Turquie, d'où l'ambassade de France la rapatrie dans un état lamentable en 1923.
En 1925, l'« inoubliable inoubliée » remonte sur les planches de l'Olympia pour le plus grand plaisir d'un public qui ne se lasse pas de ses couplets réalistes.

 La java bleue

 Où sont tous mes amants
Où sont tous mes amants 
Tous ceux qui m'aimaient tant 
Jadis quand j'étais belle ? 
Adieu les infidèles 
Ils sont je ne sais où 
A d'autres rendez-vous 
Moi mon cœur n'a pas vieilli pourtant 
Où sont tous mes amants 

Dans la tristesse et la nuit qui revient 
Je reste seule, isolée sans soutien 
Sans nulle entrave, mais sans amour 
Comme une épave mon cœur est lourd 
Moi qui jadis ai connu le bonheur 
Les soirs de fête et les adorateurs 
Je suis esclave des souvenirs 
Et cela me fait souffrir. 

Où sont tous mes amants 
Tous ceux qui m'aimaient tant 


Son physique méconnaissable – elle s'est considérablement empâtée – lui ouvre paradoxalement les portes du cinéma. Elle tourne notamment dans Cœur de lilas en 1931, Le Roman d'un tricheur en 1936, Pépé le Moko en 1936, où elle interprète la célèbre chanson 

Où est-il donc ?,
Y'en a qui vous parlent de l ' Amérique
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent: " Quel pays magnifique!
Notre Paris n'est rien auprès d'ça ".
Ces boniments-là rendent moins timide,
Bref, on y part, un jour de cafard...
Encore un de plus qui, le ventre vide
A New-York cherchera un dollar.
Parmi les gueux et les prostrés,
Les émigrants aux c urs meurtris.
Il dira, regrettant Paris:

Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour moi c'était dimanche!
Où sont-ils les amis, les copains?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?

Mais Montmartre semble disparaître
Car déjà de saison en saison
Des Abbesses à la Place du Tertre,
On démolit nos vieilles maisons.
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt,
Où ferez-vous alors vos culbutes,
Vous, les pauvres gosses à Poulbot?
En regrettant le temps jadis
Nous chanterons, pensant à Salis,
" Montmartre, ton De Profundis! "

Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour nous c'était dimanche!
Où sont-ils nos amis, nos copains?
Où sont-ils tous nos vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?

Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Quand je bouffais
Même sans avoir un rond.
Où sont-ils donc?

Le 30 avril 1935, elle épouse à Paris Georges Boettgen.
En 1950Robert Giraud et Pierre Mérindol inviteront Fréhel à se produire devant le public parisien dans une ancienne salle de bal, les Escarpes, située près de la place de la Contrescarpe. Ce seront les dernières apparitions publiques de la chanteuse.
Elle ne se relèvera jamais de ses drames passés. C'est dans une chambre sordide d'un hôtel de passe, au 45 de la rue Pigalle, qu'elle meurt seule le 3 février 1951. Une foule importante assistera à son enterrement. Elle est inhumée au cimetière de Pantin.
Depuis, nombre de chanteurs se réclament de son influence : Charles TrenetMano SoloJacques HigelinSerge Gainsbourg ou Renaud.






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