Chansons pour pleurer
La chanson « réaliste »
Elle
raconte une histoire triste.
Les protagonistes : mauvais garçons,
filles séduites et abandonnées, putain au grand cœur, soldats de la coloniale
Les thèmes : le bonheur fragile, la rupture, la
nostalgie
Mes choix
J’ai laissé de côté Piaf.
Je ne parlerai pas
de ceux que l’on peut considérer comme des
« Héritiers » depuis les années 50
Brel
Mano Solo
Dalida
Les sous-
produits de Piaf
Mireille Mathieu
Georgette Lemaire
Non plus que du rap qui
peut être considéré comme un héritier
de la chanson réaliste (histoires de voyous racontées dans leur langue,
milieu populaire, destin tragique, violence, etc)
La
tradition
« Les complaintes »
Le roi Renaud
Le pont de Nantes
Brave marin
Trois petits frères en France
Fin de
siècle
Aristide Bruant
Rue St Vincent
L’hirondelle du faubourg
Absinthe
Beau polichinelle
Fumeur d’opium
Sa robe blanche
Parodies :
Y n’savait pas
le fils père
Les crayons
Bourvil
Lys Gauty 1908 1994
Alice Gauthier est née dans une famille modeste : son père
est mécanicien et sa mère couturière. Après des cours de couture et de dactylographie, elle
commence très jeune à travailler comme vendeuse dans un grand magasin puis chez
une modiste. Avec ce que ses parents lui laissent de son salaire, elle prend
des cours de chant. En effet, sa voix a été remarquée dès l'école. Dotée d'une
formation classique, c'est pourtant chez Fyscher (de Nelson Fyscher) en
1924, rue
d'Antin, qu'elle entame une carrière de chanteuse de music-hall avec Georges
Van Parys pour pianiste. En 1925, elle chante à l'Olympia. Le
Suisse Gaston Groëner, de
douze ans son aîné, qui devient son mari en 1925, prend en charge la direction d'une carrière
émaillée de nombreux succès et cosignera certaines de ses chansons. Il dirige
le Théâtre de 10 Heures de Bruxelles et
les premiers disques de Lys Gauty sortiront donc en Belgique chez Gramophone en
1928.
En 1930, elle
débute au cinéma dans le film parlant de Maurice Gleize, Jour de noces. Cette
expérience d'actrice se renouvellera en 1938 lorsqu'elle tiendra le rôle-titre du
film La goualeuse de Fernand Rivers. En 1934, elle dénonce l'antisémitisme ambiant
dans sa chanson Israël, va-t-en.
Cependant, son plus grand succès reste la valse Le chaland qui passe (1933), version
française de la chanson italienne Parlami d'amore Mariu, chantée
par Vittorio
De Sica. En 1937, avec humour elle s'auto-parodiera avec Le
chaland qui reste.
La nuit
s'est faite, la berge
S'estompe et se perd...
Seule, au passage, une auberge
Cligne ses yeux pers.
Le chaland glisse, sans trêve
Sur l'eau de satin,
Où s'en va-t-il ?...Vers quel rêve ?
Vers quel incertain du destin ?
S'estompe et se perd...
Seule, au passage, une auberge
Cligne ses yeux pers.
Le chaland glisse, sans trêve
Sur l'eau de satin,
Où s'en va-t-il ?...Vers quel rêve ?
Vers quel incertain du destin ?
Refrain :
Ne pensons à rien... Le courant
Fait de nous toujours des errants ;
Sur mon chaland, sautant d'un quai,
L'amour peut être s'est embarqué...
Aimons-nous ce soir sans songer
A ce que demain peut changer,
Au fil de l'eau point de serments :
Ce n'est que sur terre qu'on ment !
Ne pensons à rien... Le courant
Fait de nous toujours des errants ;
Sur mon chaland, sautant d'un quai,
L'amour peut être s'est embarqué...
Aimons-nous ce soir sans songer
A ce que demain peut changer,
Au fil de l'eau point de serments :
Ce n'est que sur terre qu'on ment !
Ta bouche
est triste et j'évoque
Ces fruits mal mûris
Loin d'un soleil qui provoque
Leurs chauds coloris,
Mais sous ma lèvre enfiévrée
Par l'onde et le vent,
Je veux la voir empourprée
Comme au jour levant
Les auvents...
Ces fruits mal mûris
Loin d'un soleil qui provoque
Leurs chauds coloris,
Mais sous ma lèvre enfiévrée
Par l'onde et le vent,
Je veux la voir empourprée
Comme au jour levant
Les auvents...
Refrain
Paroliers :
Bixio / Andre De Badet / E. Neri
Elle triomphe dans les cabarets (La Boîte à Matelots, 1932 ; La Folie de Lys Gauty,
1933...) et les music-halls (Bobino, 1933 ; Alhambra,
1934 ; A.B.C., 1935,
1936...).
En 1933, elle
reçoit le Grand Prix du disque pour son interprétation de deux airs de L'Opéra de Quat'sous : le Chant de Barbara et
la Fiancée du Pirate de Kurt
Weill. En 1934 elle
est élue la reine des Six Jours au Vel' d'Hiv, dont elle est l'impératrice
en 1935. Elle
était connue pour les longues robes blanches qu'elle portait lors de ses
concerts. Elle a comme particularité d'avoir été une des premières interprètes
des chansons à texte[réf. nécessaire] tout
en chantant aussi des mélodies populaires.
Damia, lui
reprochant de ne pas être assez mélodramatique, la surnommera « la
sous-préfète ». Connue et appréciée en Angleterre et
aux Pays-Bas, elle
fait en 1939 une
tournée en Amérique du Sud.
En 1946, elle
est de retour, à l'Alhambra,
avec Un petit bouquet de violettes et En écoutant mon
cœur chanter. À la Libération on lui reproche ses
interventions sur Radio
Paris1 et
une tournée avec Fréhel et Raymond
Souplex organisée par l'association Kraft durch Freude (la Force par la Joie)
en Allemagne pendant
laquelle elle chante devant les ouvriers du S.T.O et
les prisonniers des Stalags en 19422. Elle ne
reviendra jamais sur le devant de la scène. Elle divorce en 1947. Léo Ferré devient
pour un temps son pianiste. En 1950, elle
joue et chante dans l'opérette Ma Goualeuse au Casino-Montparnasse.
Toujours en 1950, elle dirige le Casino de Luchon et y fonde le Festival de la Voix.
Elle abandonne la scène vers 1953 pour devenir directrice d'un cabaret
dans la région de Nice, où elle
fonde une école de chant. Elle se reconvertira plus tard en reprenant la
direction d'une agence immobilière à Monte-Carlo.
Lys Gauty est décédée à Monte-Carlo en 1994. Elle
est enterrée dans le cimetière de Saint-Gengoux-de-Scissé en Saône-et-Loire, elle y
possédait une maison où elle séjournait régulièrement.
Sérénade sans espoir
Marie José
Marie-José connait un certain succès pendant et après la Seconde Guerre mondiale. C'est ainsi que durant
les années 1950, elle est, à plusieurs reprises, classée « numéro
un » par les auditeurs de Radio-Monte-Carlo, par son
émission diffusée le dimanche matin : le disque demandé par les
auditeurs. Sa voix chaude et sa diction de « diseuse » au service
de textes sentimentaux, la faisant reconnaître entre toutes.
Quelques-uns de ses succès d'alors : O luna rossa (adapté
de l'italien), ou encore Lis-moi dans la main, tzigane. Dans le
film Une nuit à Megève (1953) de Raoul
André, elle chante la chanson du même titre durant le générique.
Elle a également interprété le Bar de l'escadrille (1942) et sa
chanson la plus connue Chanson gitane (1942). Et également le
succès de Georges Ulmer, " Pigalle ".
De grands garçons très francs
Amis du firmament
Les yeux pleins de lumière
Et sans nulle manière
Dans le matin serein
D'une journée sans fin
Calmement décollaient
C'était encore la paix
Au bar de l'Escadrille
Parmi les rires et les trilles
Ils fêtaient leurs champions
Au retour des missions
Tous les dangers du ciel
Leur semblaient irréels
Les filles bien plus belles
Et plus fortes leurs ailes !
Mais hélas un matin
La vraie guerre survint
Leurs rires se figèrent
Et leurs traits se crispèrent
Sous le ciel tout en feu
Quels combats valeureux !
Les avions qui flambaient
Les balles qui fauchaient
A bar de l'Escadrille
Finis les rires et les trilles
On comptait les absents
Tombés si crânement
Une immense douleur
Leur déchirait le cœur
Les filles étaient moins belles
Et moins fortes leurs ailes !
Ce fut le calme enfin
Et puis le grand chagrin
Les carlingues blessées
Les ailes transpercées
On pleure les amis
À tout jamais partis
En se disant déjà
Du grand jour qui viendra :
Au bar de l'Escadrille
Revivront les rires et les trilles
Quand dans le ciel plus beau
D'un monde enfin nouveau
Les avions de demain
Pour le bonheur humain
Dans la paix éternelle
Feront frémir leurs ailes.
Amis du firmament
Les yeux pleins de lumière
Et sans nulle manière
Dans le matin serein
D'une journée sans fin
Calmement décollaient
C'était encore la paix
Au bar de l'Escadrille
Parmi les rires et les trilles
Ils fêtaient leurs champions
Au retour des missions
Tous les dangers du ciel
Leur semblaient irréels
Les filles bien plus belles
Et plus fortes leurs ailes !
Mais hélas un matin
La vraie guerre survint
Leurs rires se figèrent
Et leurs traits se crispèrent
Sous le ciel tout en feu
Quels combats valeureux !
Les avions qui flambaient
Les balles qui fauchaient
A bar de l'Escadrille
Finis les rires et les trilles
On comptait les absents
Tombés si crânement
Une immense douleur
Leur déchirait le cœur
Les filles étaient moins belles
Et moins fortes leurs ailes !
Ce fut le calme enfin
Et puis le grand chagrin
Les carlingues blessées
Les ailes transpercées
On pleure les amis
À tout jamais partis
En se disant déjà
Du grand jour qui viendra :
Au bar de l'Escadrille
Revivront les rires et les trilles
Quand dans le ciel plus beau
D'un monde enfin nouveau
Les avions de demain
Pour le bonheur humain
Dans la paix éternelle
Feront frémir leurs ailes.
Elle enregistre surtout chez Odéon. On
trouve régulièrement sa photo sur des petits formats, partitions bon marché qui
popularisaient les chansons.
Jusqu'au début des années
1960, elle alterne scènes et séances d'enregistrement, mais la mode
musicale la pousse dans l'ombre, ainsi que pas mal d'autres, telles que Yvette
Giraud, Lucienne
Delyle ou Jacqueline François. À partir des années
1961-62, quand vient la mode des yéyés, elle est rangée dans un style révolu. Dès
lors, elle ne fait plus que des apparitions chez Pascal
Sevran et dans d'autres émissions consacrées au music-hall du
passé.
Lucienne Delyle
Orpheline très jeune, Lucienne Delache2 commence
à travailler comme préparatrice en pharmacie. Passionnée par la chanson
française des années
1930, elle pratique la chanson en amatrice sous le nom de Lucienne
Delyle. En 1939, Jacques
Canetti la remarque lors d’un radio-crochet et l’engage aussitôt.
En 1940, elle
rencontre le trompettiste de jazz et arrangeur Aimé
Barelli (1917-1995) qui
deviendra son époux et son meilleur collaborateur. De leur union naîtra une
fille qui tentera une carrière dans la chanson sous le nom de Minouche
Barelli (1947-2004).
Sérénade sans espoir
En raison de son succès au radio-crochet, Léon Agel et Émile
Carrara en 1942 proposent
à Lucienne Delyle la chanson Mon
amant de Saint-Jean.
Je ne sais pourquoi
elle allait danser
À Saint Jean, aux musettes
Mais quand ce gars lui a pris un baiser
Elle frissonnait, était chipée
À Saint Jean, aux musettes
Mais quand ce gars lui a pris un baiser
Elle frissonnait, était chipée
Comment ne pas perdre
la tête
Serrée par des bras audacieux?
Car l'on croit toujours aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Serrée par des bras audacieux?
Car l'on croit toujours aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Elle qui l'aimait
tant
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean
Elle restait grisée
Sans volonté sous ses baisers
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean
Elle restait grisée
Sans volonté sous ses baisers
Sans plus réfléchir,
elle lui donnait
Le meilleur de son être
Beau parleur chaque fois qu'il mentait
Elle le savait, mais elle l'aimait
Le meilleur de son être
Beau parleur chaque fois qu'il mentait
Elle le savait, mais elle l'aimait
Comment ne pas perdre
la tête
Serrée par des bras audacieux?
Car l'on croit toujours aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Serrée par des bras audacieux?
Car l'on croit toujours aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Elle qui l'aimait tant
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean
Elle restait…
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean
Elle restait…
Elle en fait un immense
succès. En 1943, elle se produit à Bobino accompagnée par l'orchestre de son
amant Aimé Barelli : en quittant la salle ils prennent le métro (faute de
taxis), des voyageurs les reconnaissent et leur chantent en cœur la chanson3.
Lucienne Delyle sera très populaire pendant les années 1950.
En 1953, Bruno
Coquatrix fait appel à elle, ainsi qu'à son époux Aimé
Barelli, pour la réouverture de l’Olympia, le
jeune Gilbert
Bécaud assurant la première partie.
Sa carrière décline à la fin des années 1950, en raison d'une
leucémie. Lucienne Delyle donne une dernière série de concerts, en compagnie d'Aimé
Barelli, sur la scène de Bobino en novembre 1960. Elle
s’éteint en avril 1962 à Monte-Carlo, dans
la principauté de Monaco. Elle est inhumée
au cimetière de Caucade de Nice (Alpes-Maritimes).
Elle a abordé à peu près tous les genres et tous les styles, de
la chanson réaliste à la valse musette, en passant par la chanson sentimentale,
la chanson jazzy, parfois teintée d’influences exotiques.
Sa voix langoureuse, son timbre chaud et sa diction précise ont
influencé de manière décisive la chanson française de variété.
Suzie Solidor
Suzy Solidor nait de père inconnu à
Saint-Servan-sur-Mer (commune aujourd'hui rattachée à Saint-Malo) dans le quartier de
la Pie. Sa mère, Louise Marie Adeline Marion, âgée de près de trente ans, est
alors domestique de Robert Henri Surcouf, avocat, député de Saint-Malo et
armateur, descendant de la famille du célèbre corsaire (selon Suzy Solidor,
celui-ci serait son véritable père).
Pour échapper à sa condition de
fille-mère, Louise Marion épouse le 10 septembre 1907 Eugène Prudent Rocher qui
reconnaît la petite Suzanne, alors âgée de sept ans. Celle-ci prend dès lors le
nom de Suzanne Rocher. La famille s'installe dans le quartier de Solidorà Saint-Servan, qui
inspirera plus tard son nom de scène à Suzy. Elle est alors la voisine de Louis Duchesne, chemin de la
Corderie, sur la cité d'Aleth.
Une « garçonne »
Elle apprend à conduire en 1916 et passe
son permis l'année suivante, ce qui à l'époque était exceptionnel pour une
femme. Peu avant l'armistice de 1918, promue chauffeur des
états-majors, elle conduit des ambulances sur le front de l'Oise, puis de
l'Aisne3,4.
Après la guerre, elle s'installe à
Paris. C'est à cette époque qu'elle rencontre Yvonne de Bremond d'Ars, la célèbre et très mondaine
antiquaire, qui sera sa compagne pendant onze ans. « Ce fut Bremond d'Ars
qui la première lança Solidor en tant qu' œuvre d'art et qui
la présenta au public comme image / icône (...) Elle
m'a sculptée , déclara Solidor » 5. Après leur
séparation en 1931, Suzy Solidor a plusieurs liaisons, dont une avec
l'aviateur Jean Mermoz4.
Elle se tourne vers la chanson en 1929,
et prendra peu après le pseudonyme sous lequel elle est connue. Elle fait ses
débuts à Deauville, au cabaret Le
Brummel6. Sa voix grave, quasi
masculine (« une voix qui part du sexe » selon Jean Cocteau7), son physique
androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits.
Surnommée « l'Amiral », icône de la chanson maritime, elle se produit
en 1933 avec succès à L'Européen puis ouvre rue Sainte-Anne « La Vie parisienne », un cabaret
« chic et cher », lieu de rencontres homosexuelles, où chante entre
autres le jeune Charles Trenet.
Sa réputation lui vaut d'apparaître en
1936 dans l'adaptation
cinématographique du roman sulfureux de Victor Margueritte, La Garçonne. Elle devient
parallèlement l'égérie des photographes des magazines de mode et des peintres,
sa silhouette sculpturale inspirant plus de 200 d'entre eux8, parmi lesquels Raoul Dufy, Maurice de Vlaminck, Yves Brayer, Francis Picabia, Man Ray, Jean-Gabriel Domergue, Jean-Dominique Van Caulaert, Kees van Dongen, Arthur Greuell, Foujita, Marie Laurencin, Francis Bacon et Jean Cocteau. Son portrait le plus célèbre est réalisé par Tamara de Lempicka en 1933. Celle qui fut la
chanteuse la plus croquée du siècle disait d'elle-même avec
humour : « Je suis plus à peindre qu'à blâmer » 1.
L'Occupation
Durant l’Occupation, La Vie
Parisienne, son cabaret rouvert en septembre 19409, est fréquenté par de
nombreux officiers allemands. Suzy Solidor ajoute à son répertoire une
adaptation française de Lili Marleen, une chanson allemande adoptée par les soldats de
la Wehrmacht (avant de l'être
par les armées alliées) qu'elle interprète
de façon régulière à la radio. Ses activités (selon André Halimi, « elle
mériterait un brevet d'endurance pour l'inlassable activité qu'elle mena
pendant l'Occupation, car elle passe d'un cabaret à l'autre, d'une radio à
l'autre, d'un music-hall à l'autre »10) lui valent d'être
traduite à la Libération devant la commission d'épuration des milieux
artistiques, qui lui inflige un simple blâme mais lui impose une interdiction
provisoire d’exercer 11. Elle cède alors la
direction du cabaret à la chanteuse Colette Mars, qui y avait fait ses débuts, et part pour les
États-Unis.
L'Après-guerre
De retour à Paris, elle ouvre en février
1954 le cabaret « Chez Suzy Solidor », rue Balzac (près des Champs-Élysées) qu'elle dirige
jusqu'au début 1960 avant de se retirer sur la Côte d'Azur. Elle s'installe
à Cagnes-sur-Mer où elle inaugure
la même année un nouveau cabaret, « Chez Suzy », décoré de 225 de ses
portraits. Elle s'y produit jusqu’en 1966 avant de prendre la direction d'un
magasin d'antiquités, place du château de Haut-de-Cagnes.
L’escale
Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.
Le flot qui roule à l'horizon
Me fait penser à un garçon
Qui ne croyait ni Dieu ni diable.
Je l'ai rencontré vers le nord
Un soir d'escale sur un port
Dans un bastringue abominable
L'air sentait la sueur et l'alcool
Il ne portait pas de faux-col
Mais un douteux foulard de soie
En entrant je n'ai vu que lui
Et mon cœur en fut ébloui
De joie.
Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.
Il me prit la main sans un mot
Et m'entraîna hors du bistrot
Tout simplement d'un geste tendre
Ce n'était pas un compliqué
Il demeurait le long du quai
Je n'ai pas cherché à comprendre
Sa chambre donnait sur le port
Des marins saouls chantaient dehors
Un bec de gaz d'un halo blême
Éclairait le triste réduit
Il m'écrasait tout contre lui
Je t'aime
Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.
Son baiser me brûle toujours
Est-ce là ce qu'on dit l'amour ?
Son bateau mouillait dans la rade
Chassant les rêves de la nuit
Au jour naissant il s'est enfui
pour rejoindre les camarades
Je l'ai vu monter sur le pont
Et si je ne sais pas son nom
Je connais celui du navire
Un navire qui s'est perdu
Quant aux marins nul n'en peut plus
Rien dire
Le ciel est bas, la mer est grise
Ferme la fenêtre à la
Laisse un peu la fenêtre ouverte.
Le flot qui roule à l'horizon
Me fait penser à un garçon
Qui ne croyait ni Dieu ni diable.
Je l'ai rencontré vers le nord
Un soir d'escale sur un port
Dans un bastringue abominable
L'air sentait la sueur et l'alcool
Il ne portait pas de faux-col
Mais un douteux foulard de soie
En entrant je n'ai vu que lui
Et mon cœur en fut ébloui
De joie.
Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.
Il me prit la main sans un mot
Et m'entraîna hors du bistrot
Tout simplement d'un geste tendre
Ce n'était pas un compliqué
Il demeurait le long du quai
Je n'ai pas cherché à comprendre
Sa chambre donnait sur le port
Des marins saouls chantaient dehors
Un bec de gaz d'un halo blême
Éclairait le triste réduit
Il m'écrasait tout contre lui
Je t'aime
Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.
Son baiser me brûle toujours
Est-ce là ce qu'on dit l'amour ?
Son bateau mouillait dans la rade
Chassant les rêves de la nuit
Au jour naissant il s'est enfui
pour rejoindre les camarades
Je l'ai vu monter sur le pont
Et si je ne sais pas son nom
Je connais celui du navire
Un navire qui s'est perdu
Quant aux marins nul n'en peut plus
Rien dire
Le ciel est bas, la mer est grise
Ferme la fenêtre à la
Lily Marlene
Marlene Dietrich
Marie Dubas
À ses débuts, Marie Dubas se
destinait à une carrière au théâtre lyrique et à l'opérette. Elle fait ses
débuts en 1908 au théâtre de Grenelle, alors qu'elle est à
peine âgée de 14 ans. Suivant en parallèle des cours de danse, de chant et de
comédie (au Conservatoire d'art dramatique), elle connaît rapidement un succès
croissant et se retrouve en tête de distribution de plusieurs opérettes en
vogue. Mais en 1926 (elle a alors 32 ans), une défaillance des cordes vocales
la prive d'une partie de ses moyens, réduisant irrémédiablement l'étendue de
son registre2.
Se croyant alors perdue pour le chant,
Marie Dubas traverse une période douloureuse, jusqu'à ce que Pierre Wolff, qui donne des
conférences sur l'histoire de la chanson, lui propose d'illustrer celles-ci en
interprétant des thèmes du folklore. Repartant ainsi sur de bases techniques
différentes, elle s'oriente alors vers le tour de chant et entame
officiellement sa nouvelle carrière le 23 septembre 1927 sur la scène de l'Olympia de Paul Franck. S'inspirant d'Yvette Guilbert, elle commence à
chanter dans les petits cabarets de Montmartre dans un registre fantaisiste.
Dès lors tout se précipite, et en
quelques mois la voilà reconnue comme l'une des reines du music-hall. Elle
inaugure en 1932 la formule du « récital » (deux heures sur scène,
sans micro). Enchaînant ses passages dans les plus grandes salles à un rythme
jamais vu, elle établit une sorte de record en revenant cinq fois à l'affiche
de l'A.B.C. au cours de la
seule saison 1935-36. Elle est également en tête d'affiche du Casino de Pariset de Bobino.
Exploitant à fond les multiples facettes
de son talent, et jouant sur plusieurs registres à la fois, pour mieux mélanger
les genres établis, elle sait passer en un instant de la fantaisie à l'émotion
et du drame à la futilité. Chantant, dansant, mimant ses textes, parfois
jusqu'à la caricature, jouant des hanches, des yeux, de sa frange brune ou des
intonations aiguës de sa voix, qu'elle fait mine de rattraper d'un geste de la
main, lorsqu'elle se lance dans une parodie d'opérette, Marie Dubas occupe toute
la scène avec une vitalité exceptionnelle et une sorte de jubilation on ne peut
plus communicative. Ce qui fit écrire à Michel Georges-Michel : « Avec elle, le sujet
ne compte plus. Le texte et la musique même s'effacent. C'est Marie Dubas que
l'on regarde, que l'on écoute ; rien d'autre. »[réf. nécessaire]
Sa chanson la plus célèbre est Mon légionnaire (sur des paroles
de Raymond Asso et une musique
de Marguerite Monnot), qu'elle enregistre
en 1936.
Version
Piaf
Il avait de
grands yeux très clairs
Où parfois passaient des éclairs
Comme au ciel passent des orages
Il était plein de tatouages
Que j'ai jamais très bien compris
Son cou portait "Pas vu, pas pris"
Sur son cœur on lisait "Personne"
Sur son bras droit un mot "Raisonne"
Où parfois passaient des éclairs
Comme au ciel passent des orages
Il était plein de tatouages
Que j'ai jamais très bien compris
Son cou portait "Pas vu, pas pris"
Sur son cœur on lisait "Personne"
Sur son bras droit un mot "Raisonne"
Je sais pas
son nom, je ne sais rien de lui
Il m'a aimée toute la nuit
Mon légionnaire
Et me laissant à mon destin
Il est parti dans le matin
Plein de lumière
Il était mince, il était beau
Il sentait bon le sable chaud
Mon légionnaire!
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
Il m'a aimée toute la nuit
Mon légionnaire
Et me laissant à mon destin
Il est parti dans le matin
Plein de lumière
Il était mince, il était beau
Il sentait bon le sable chaud
Mon légionnaire!
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
Bonheur
perdu, bonheur enfui
Toujours je pense à cette nuit
Et l'envie de sa peau me ronge
Parfois je pleure et puis je songe
Que lorsqu'il était sur mon cœur
J'aurais dû crier mon bonheur
Mais je n'ai rien osé lui dire
J'avais peur de le voir sourire
Toujours je pense à cette nuit
Et l'envie de sa peau me ronge
Parfois je pleure et puis je songe
Que lorsqu'il était sur mon cœur
J'aurais dû crier mon bonheur
Mais je n'ai rien osé lui dire
J'avais peur de le voir sourire
Je sais pas
son nom, je ne sais rien de lui
Il m'a aimée toute la nuit
Mon légionnaire
Et me laissant à mon destin
Il est parti dans le matin
Plein de lumière
Il était mince, il était beau
Il sentait bon le sable chaud
Mon légionnaire
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
Il m'a aimée toute la nuit
Mon légionnaire
Et me laissant à mon destin
Il est parti dans le matin
Plein de lumière
Il était mince, il était beau
Il sentait bon le sable chaud
Mon légionnaire
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
On l'a
trouvé dans le désert
Il avait ses beaux yeux ouverts
Dans le ciel, passaient des nuages
Il a montré ses tatouages
En souriant et il a dit
Montrant son cou
"Pas vu, pas pris"
Montrant son cœur
"Ici, personne"
Il ne savait pas
Je lui pardonne
Il avait ses beaux yeux ouverts
Dans le ciel, passaient des nuages
Il a montré ses tatouages
En souriant et il a dit
Montrant son cou
"Pas vu, pas pris"
Montrant son cœur
"Ici, personne"
Il ne savait pas
Je lui pardonne
Je rêvais
pourtant que le destin
Me ramènerait un beau matin
Mon légionnaire
Qu'on s'en irait seuls tous les deux
Dans quelque pays merveilleux
Plein de lumière
Il était mince, il était beau,
On l'a mis sous le sable chaud
Mon légionnaire
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
Me ramènerait un beau matin
Mon légionnaire
Qu'on s'en irait seuls tous les deux
Dans quelque pays merveilleux
Plein de lumière
Il était mince, il était beau,
On l'a mis sous le sable chaud
Mon légionnaire
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière
Paroliers :
Marguerite Monnot / Raymond Asso
Le Tango stupéfiant (« Je
me pique à l'eau de Javel / Pour oublier celui que j'aime / Je prends ma
seringue / Et j'en bois même »), et interprète en 1933 La Prière
de la Charlotte de Jehan Rictus.
Sa popularité et sa renommée, qui lui
valent d'être à l'affiche des plus prestigieux casinos et d'être reconnue dans
tous les milieux comme une artiste d'exception, lui permettent également de
faire une tournée aux États-Unis en 1939.
Fille d'un juif polonais, et
bien que mariée à un noble ayant servi dans l'aviation, elle eût à souffrir de
l'Occupation : elle doit
s'exiler à Lausanne, où elle restera
jusqu'à la fin de la guerre. À son retour elle apprend que sa sœur a été
exécutée et son neveu envoyé en camp de concentration.
Elle remonte sur les planches en 1954, à
la réouverture de l'Olympia. Mais, atteinte de la maladie de Parkinson, elle doit se retirer malgré sa volonté
en 19583. Elle meurt à Paris
en 1972 et est inhumée au Père Lachaise (36e division).
Marie Dubas, « cette grande
comédienne de la chanson aujourd'hui tombée dans l'oubli »4, fut la principale
inspiration d'Édith Piaf (qui est de 21
ans sa cadette) : « Je dois beaucoup à Marie Dubas. Elle a été mon
modèle, l'exemple que j'ai voulu suivre; et c'est elle qui m'a révélé ce qu'est
une artiste de la chanson... » Elles avaient deux chansons en commun à
leurs répertoires, Mon légionnaire et Le fanion de la
légion5.
Berthe Sylva
Les roses blanches
On n’a pas tous les jours vingt
ans
C’est un mauvais garçon
Du gris
Ferme tes jolis yeux
Si on pouvait arrêter les
aiguilles
Où est-il ?
Sylva
Frehel
Fille de Joseph Faquet (1860-1946), un marin, et d'Anne Poher
(1863-1923), une couturière, Berthe Faquet aurait passé son enfance à Brest
avant de se faire employer comme femme de chambre. Lors de la naissance de son
premier enfant, elle n'est encore que femme de chambre ; elle a 16 ans.
Bien qu'elle ait reconnu son fils le 27 décembre 1901, elle ne s'en occupera
jamais, laissant l'éducation de l'enfant à ses grands-parents. Il est donc élevé
à Brest et ne vit sa mère que trois fois dans sa vie. Elle aura également une
fille.
De ses débuts, on ne possède pas beaucoup de témoignages, excepté
une interview où elle évoque des voyages en Amérique du Sud, en Russie,
en Roumanie et
en Égypte. Elle
aurait débuté sur les planches du Casino Saint-Martin fin 19083, en
reprenant La Marche Fière, de Karl Ditan. Elle restera pendant plusieurs
années sur cette scène, puis sur celle du Casino Montparnasse. Elle interprète
notamment Fioretta d'Amore, Les Braves gens de la nuit, Les
Grognards qui passent ou encore Eh ! Ha ! fin
19114,5,6, puis
elle est embauchée au Casino de Montmartre. Mais la collaboration avec Bernard,
le patron de cette salle, se termine mal. Alors qu'elle était en pleine
représentation, deux de ses robes furent volées, pour une somme de 900 Francs
de l'époque. Elle assigna le propriétaire en justice mais fut déboutée.7
Elle fait ensuite une carrière très remarquée fin 1912 à Alger
où elle chante au Casino Music-Hall8. Elle y
obtient un certain succès avec un Chant en L'honneur des Morts de l'Armée
d'Afrique9. Rentrée
à Paris en novembre 191210, elle se
rend de nouveau à Alger début 1913 pour le Festival de la Presse, puis en
décembre de la même année. Pendant la guerre, de retour en Métropole, elle
s'engage auprès d'une troupe aux côtés d'Eugénie
Buffet, du chansonnier aveugle René de Buxeuil (enterré au cimetière du Père-Lachaise), du
parolier Jean Deyrmon et de l'acteur Édouard
de Max. L'œuvre La Chanson aux Blessés, se produira
notamment en octobre 1915 auprès des soldats au Cercle du Soldat à Paris11,12. Une
photo prise pendant la Première Guerre mondiale en
témoigne.
En 1928, Berthe
Sylva se produit au caveau de la République. L'accordéoniste et
compositeur Léon
Raiter la remarque et lui propose de passer à l'antenne de Radio
Tour Eiffel où elle se produira, occasionnelle au moins, jusqu'en
1937, si l'on s'en réfère aux programmes radio de l'époque13. C'est
grâce à Léon Raiter, l'auteur des Roses blanches, qu'elle
se met à enregistrer, tout d'abord chez Idéal puis chez Odéon, firme
pour laquelle elle aura gravé en tout près de 250 titres pour de bien maigres
profits…
C´était un
gamin, un gosse de Paris,
Pour famille il n´avait qu´ sa mère
Une pauvre fille aux grands yeux rougis,
Par les chagrins et la misère
Elle aimait les fleurs, les roses surtout,
Et le cher bambin tous les dimanches
Lui apportait de belles roses blanches,
Au lieu de s'acheter des joujoux
La câlinant bien tendrement,
Il disait en les lui donnant
Pour famille il n´avait qu´ sa mère
Une pauvre fille aux grands yeux rougis,
Par les chagrins et la misère
Elle aimait les fleurs, les roses surtout,
Et le cher bambin tous les dimanches
Lui apportait de belles roses blanches,
Au lieu de s'acheter des joujoux
La câlinant bien tendrement,
Il disait en les lui donnant
"C´est
aujourd´hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
Va quand je serai grand, j´achèterai au marchand
Toutes ses roses blanches, pour toi jolie maman"
Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
Va quand je serai grand, j´achèterai au marchand
Toutes ses roses blanches, pour toi jolie maman"
Au printemps
dernier, le destin brutal,
Vint frapper la blonde ouvrière
Elle tomba malade et pour l´hôpital,
Le gamin vit partir sa mère
Un matin d´avril parmi les promeneurs
N´ayant plus un sous dans sa poche
Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,
Furtivement vola quelques fleurs
La marchande l´ayant surpris,
En baissant la tête, il lui dit
Vint frapper la blonde ouvrière
Elle tomba malade et pour l´hôpital,
Le gamin vit partir sa mère
Un matin d´avril parmi les promeneurs
N´ayant plus un sous dans sa poche
Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,
Furtivement vola quelques fleurs
La marchande l´ayant surpris,
En baissant la tête, il lui dit
"C´est
aujourd´hui dimanche et j´allais voir maman
J´ai pris ces roses blanches elle les aime tant
Sur son petit lit blanc, là-bas elle m´attend
J´ai pris ces roses blanches, pour ma jolie maman"
J´ai pris ces roses blanches elle les aime tant
Sur son petit lit blanc, là-bas elle m´attend
J´ai pris ces roses blanches, pour ma jolie maman"
La marchande
émue, doucement lui dit,
"Emporte-les je te les donne"
Elle l´embrassa et l´enfant partit,
Tout rayonnant qu´on le pardonne
Puis à l´hôpital il vint en courant,
Pour offrir les fleurs à sa mère
Mais en le voyant, une infirmière,
Tout bas lui dit "Tu n´as plus de maman"
Et le gamin s´agenouillant dit,
Devant le petit lit blanc
"Emporte-les je te les donne"
Elle l´embrassa et l´enfant partit,
Tout rayonnant qu´on le pardonne
Puis à l´hôpital il vint en courant,
Pour offrir les fleurs à sa mère
Mais en le voyant, une infirmière,
Tout bas lui dit "Tu n´as plus de maman"
Et le gamin s´agenouillant dit,
Devant le petit lit blanc
"C´est
aujourd´hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
Et quand tu t´en iras, au grand jardin là-bas
Toutes ces roses blanches, tu les emporteras"
Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
Et quand tu t´en iras, au grand jardin là-bas
Toutes ces roses blanches, tu les emporteras"
Paroliers : Charles-Louis Pothier / Leon Raiter
Le succès est foudroyant. Le Raccommodeur de faïence,
enregistré en 1929, se
serait vendu à 200 000 exemplaires en deux ans. Les tournées en province
se multiplient. À Paris, on l'entend au concert Pacra, à l'Européen,
au Bataclan, à
la Gaîté-Montparnasse, mais
les salles les plus prestigieuses la boudent. Elle partage un moment l'affiche
avec Fred
Gouin, chanteur très prolixe en enregistrements (450 faces de 78
tours pour Odéon entre 1927 et 1935),
aujourd'hui tombé dans l'oubli. Elle grave avec lui des duos tels Ferme tes jolis yeux (1932)
et Un soir à La Havane (1933). Leur relation est passionnelle. Fred Gouin
fut très affecté par la perte de son amante et amie. Il prit le maquis durant
les années de guerre, puis quitta le monde de la chanson pour se reconvertir
dans le commerce des frites.
Quelques anecdotes d'une authenticité plus ou moins douteuse
jalonnent le parcours flamboyant de Berthe Sylva. En 1935, ses
admirateurs marseillais lacèrent les banquettes de l'Alcazar, où elle joue à guichets fermés
au début de la guerre, et enfoncent la porte de sa loge. En 1936, à
l'enquête « quelle est votre chanteuse préférée ? », une
majorité de jeunes filles entre 13 et 15 ans répondent « Berthe
Sylva ». Une autre source mentionne un passage sur Radio-Toulouse en 1925 qui
lui aurait valu 16 000 lettres d'admirateurs.
L'une de ses dernières présentation sur les ondes date de mai
1940, avec un passage chanté sur Radio-Lyon.14 Sur
scène, un dernier tour de piste lui est offert à Lyon en novembre de la même
année, au Grand Palais.15
Berthe Sylva se fixe à Marseille au moment de l'Armistice
de 1940. Le chanteur Darcelys y
fut l'un de ses amis les plus fidèles. Elle meurt minée par la boisson et la
pauvreté. Sa maison de disques finance des obsèques auxquelles seuls quelques
amis assistent. Sa dépouille fut transférée à la fosse commune du cimetière Saint-Pierre de Marseille,
lorsque, plusieurs années après, il ne se trouva personne pour renouveler la
concession.
Les légendes entourant Berthe Sylva auraient été créées de
toutes pièces ou à partir d'extrapolations journalistiques de faits réels après
sa disparition. La diffusion de ces légendes fut facilitée par le fait qu'on ne
possède quasiment aucun témoignage solide de nature biographique et par
l'absence de documents cinématographiques. En outre, si l'on relativise
l'importance de ses prestations sur scène, l'immense succès de Berthe Sylva est
avant tout lié à ses nombreux enregistrements.
Sa voix précise qui se marie très bien avec la technologie en
plein essor du microphone et de l'enregistrement électrique, son registre vocal
étendu, la qualité de son interprétation, tantôt pathétique, tantôt enjouée,
son physique ingrat de femme meurtrie par la vie furent les clefs du succès
qu'elle connut de son vivant. Sa discographie puise à toutes les sources, sauf
américaines : succès anciens des années 1900, succès
d'opérette comme
de cabaret, chanson réaliste, musette,
musiques de films à grand succès. Berthe Sylva excelle dans la chanson
narrative.
Après sa disparition, on retiendra d'elle, les chansons qui
racontent non pas les bluettes et les joies du bal, mais celles qui dénoncent
la misère, l'injustice, l'enfance blessée, la perte d'un être cher, la
désillusion et l'échec sentimental.
Il faut noter que les « masters » d'un grand nombre de
ses enregistrements des années 1930 ont été conservés et ont pu permettre des
rééditions d'une très bonne qualité sonore. Encore aujourd'hui il se vend
chaque année un nombre non négligeable de ses enregistrements.
Damia
Ses parents sont originaires des Vosges : son père Nicolas Damien
est originaire de Nonville et
sa mère, Marie Joséphine Louise Claude, est née le 28 avril 1858 à Darney. Son
grand-père maternel, Louis Claude, était ouvrier en fer, et sa grand-mère
maternelle, Marie-Catherine Larcher, était brodeuse (source : état-civil
de la Ville de Paris, XIIIe arrondissement, et archives départementales des
Vosges). Marie-Louise va souvent en vacances chez ses grands-parents maternels
à Darney où
ils possèdent une ferme, avant que ses parents ne s'installent à Paris où son
père devient agent de police.
1889 Tour Eiffel
À l'âge de 15 ans, Damia fugue de la maison paternelle (
prostitution ? maison de redressement…)
« Tu t’expliques maintenent que j’peux être prise d’une
envie de chialer comme une idiote quand un musicien vient me donner l’audition
d’une de ces goualalntes un peu cul-cul qu’on fabrique à mon intention avec d
zshistoires de bonnes prostituées, la saoulerie des larmes d’amour, tous les
trucs , quoi…Il y quelquefis plus romance que romance, c’est la vie »
*Déclaraion à Maurice Verne les amuseurs
de paris 1932
et trouve un rôle de
figuration au théâtre du Châtelet. Elle est remarquée par
Roberty, le mari de la « grande » Fréhel qui lui donne des cours de
chant et avec qui elle aura beaucoup plus tard une liaison. Dès 1908, elle se
produit sur la scène de café-concerts tels que la Pépinière-Opéra, le Petit Casino et
l'Alhambra. Elle
est la vedette d’un spectacle du « caf' conc' » de Félix
Mayol. Sacha
Guitry prétend qu'il lui a conseillé le fourreau noir, dessiné sa
silhouette et imposé un style aux chanteuses réalistes qui lui succèderont,
telles Édith
Piaf et Juliette Gréco.
Pourquoi donc vous habillez vous en dompteuse de puces ?
Sacha Guitry
Mais dans une entrevue
radio, elle dit que l'idée de la robe noire est venue de Max Dearly.
Elle fréquente très tôt le cercle littéraire féminin et lesbien
autour de la poétesse et salonnière Natalie Barney. Elle y côtoie Romaine
Brooks, Gabrielle Bloch, Loïe
Fuller et, dans ce contexte, fait la rencontre de l'architecte,
décoratrice et designer Eileen Gray, avec laquelle elle noue une
relation amoureuse. Gray crée pour la chanteuse son premier fauteuil dit
« à la sirène »2.
Parallèlement, elle tient quelques rôles marquants au cinéma.
Les goélands
1.
Les marins qui meurent en mer
Et que l'on jette au gouffre amer
Comme une pierre
Avec les Chrétiens refroidis
Ne s'en vont pas au Paradis
Trouver Saint-Pierre!
Les marins qui meurent en mer
Et que l'on jette au gouffre amer
Comme une pierre
Avec les Chrétiens refroidis
Ne s'en vont pas au Paradis
Trouver Saint-Pierre!
2
Ils roulent d'écueil en écueil
Dans l'épouvantable cercueil
Du sac de toile
Mais fidèle, après le trépas,
Leur âme ne s'envole pas
Dans une étoile
Ils roulent d'écueil en écueil
Dans l'épouvantable cercueil
Du sac de toile
Mais fidèle, après le trépas,
Leur âme ne s'envole pas
Dans une étoile
3
Désormais vouée aux sanglots
Par ce nouveau crime des flots
Qui tant le navre,
Entre la foudre et l'Océan
Elle appelle dans le néant
Le cher cadavre
Désormais vouée aux sanglots
Par ce nouveau crime des flots
Qui tant le navre,
Entre la foudre et l'Océan
Elle appelle dans le néant
Le cher cadavre
4
Et nul n'a pitié de son sort
Que la mouette au large essor
Qui, d'un coup d'aile,
Contre son cœur tout frémissant
Attire et recueille en passant
L'âme fidèle
Et nul n'a pitié de son sort
Que la mouette au large essor
Qui, d'un coup d'aile,
Contre son cœur tout frémissant
Attire et recueille en passant
L'âme fidèle
5
L'âme et l'oiseau ne font plus qu'un
Ils cherchent le corps du défunt
Loin du rivage,
Et c'est pourquoi, sous le ciel noir,
L'oiseau jette avec désespoir
Son cri sauvage
L'âme et l'oiseau ne font plus qu'un
Ils cherchent le corps du défunt
Loin du rivage,
Et c'est pourquoi, sous le ciel noir,
L'oiseau jette avec désespoir
Son cri sauvage
6
Ne tuez pas le Goëland
Qui plane sur le flot hurlant
Ou qui l'effleure,
Car c'est l'âme d'un matelot
Qui plane au dessus d'un tombeau
Et pleure… pleure!
Ne tuez pas le Goëland
Qui plane sur le flot hurlant
Ou qui l'effleure,
Car c'est l'âme d'un matelot
Qui plane au dessus d'un tombeau
Et pleure… pleure!
Paroliers :
Lucien Boyer
Damia dira qu’elle a goélé toute sa vie !
Damia enregistre la chanson suicidogène Sombre
Dimanche le 28 février 1936. Cette chanson Szomoru Vasarnap,
signée Laszlo Javor et Rezső
Seress, est interdite d'interprétation au public dès sa création3.
Sombre dimanche... Les bras tout chargés de fleurs
Je suis entré dans notre chambre le coeur las
Car je savais déjà que tu ne viendrais pas
Et j'ai chanté des mots d'amour et de douleur.
Je suis resté tout seul et j'ai pleuré tout bas
En écoutant hurler la plainte des frimas...
Sombre dimanche
Je suis entré dans notre chambre le coeur las
Car je savais déjà que tu ne viendrais pas
Et j'ai chanté des mots d'amour et de douleur.
Je suis resté tout seul et j'ai pleuré tout bas
En écoutant hurler la plainte des frimas...
Sombre dimanche
Je mourrai un dimanche où j'aurai trop souffert
Alors tu reviendras, mais je serai parti...
Des cierges brûleront comme un ardent espoir
Et pour toi, sans effort, mes yeux seront ouverts
N'aie pas peur, mon amour, s'ils ne peuvent te voir
Ils te diront que je t'aimais plus que ma vie...
Sombre dimanche...
Alors tu reviendras, mais je serai parti...
Des cierges brûleront comme un ardent espoir
Et pour toi, sans effort, mes yeux seront ouverts
N'aie pas peur, mon amour, s'ils ne peuvent te voir
Ils te diront que je t'aimais plus que ma vie...
Sombre dimanche...
Georgius écrira triste lundi
La malédiction
Tous les poilus morts à la guerre
Ayant senti trembler la terre
Au plus profond des entonnoirs
Mornes squelettes sans entrailles
Et revêtus de leur ferraille
Crânes crevés de grands trous noirs
Se sont levés, fantômes blancs
De la sape ou du cimetière
En s'écriant d'un seul élan
"Debout, les morts de la dernière !"
Et de l'Yser aux Dardanelles
L'armée immense et fraternelle
Des enlisés, des engloutis
Dans un bruit de marche macabre
Bruits de tibias, bruits de sabres
D'un même pas sont tous partis
Et sont venus jusqu'à Paris
En scandant d'un rythme en folie
Leur même chant "On nous trahit !
On nous bafoue ! On nous oublie !"
Et s'avançant dans les ténèbres
L'étrange armée au pas funèbre
Vint au Soldat dit l'Inconnu
Arrêtant sa marche enragée
Elle se fit grave et rangée
Et les fantômes blancs et nus
Au cri du Ciel "Morts, en avant !"
Souffles unis, tuèrent la flamme
Et leurs voix clament aux survivants
"Que Dieu vous damne !"
Ayant senti trembler la terre
Au plus profond des entonnoirs
Mornes squelettes sans entrailles
Et revêtus de leur ferraille
Crânes crevés de grands trous noirs
Se sont levés, fantômes blancs
De la sape ou du cimetière
En s'écriant d'un seul élan
"Debout, les morts de la dernière !"
Et de l'Yser aux Dardanelles
L'armée immense et fraternelle
Des enlisés, des engloutis
Dans un bruit de marche macabre
Bruits de tibias, bruits de sabres
D'un même pas sont tous partis
Et sont venus jusqu'à Paris
En scandant d'un rythme en folie
Leur même chant "On nous trahit !
On nous bafoue ! On nous oublie !"
Et s'avançant dans les ténèbres
L'étrange armée au pas funèbre
Vint au Soldat dit l'Inconnu
Arrêtant sa marche enragée
Elle se fit grave et rangée
Et les fantômes blancs et nus
Au cri du Ciel "Morts, en avant !"
Souffles unis, tuèrent la flamme
Et leurs voix clament aux survivants
"Que Dieu vous damne !"
La
veuve
La Veuve, auprès d'une prison,
Dans un hangar sombre demeure.
Elle ne sort de sa maison
Que lorsqu'il faut qu'un bandit meure.
Dans sa voiture de gala
Qu'accompagne la populace
Elle se rend, non loin de là,
Et, triste, descend sur la place.
Avec des airs d'enterrement,
Qu'il gèle, qu'il vente ou qu'il pleuve,
Elle s'habille lentement,
La Veuve.
Les témoins, le prêtre et la loi
Voyez, tout est prêt pour la noce ;
Chaque objet trouve son emploi :
Ce fourgon noir, c'est le carrosse.
Tous les accessoires y sont :
Les deux chevaux pour le voyage
Et le grand panier plein de son :
La corbeille de mariage.
Alors, tendant ses longs bras roux,
Bichonnée, ayant fait peau neuve,
Elle attend son nouvel époux,
La Veuve.
Voici venir le prétendu
Sous le porche de la Roquette2.
Appelant le mâle attendu,
La Veuve, à lui s'offre, coquette.
Tandis que la foule, autour d'eux,
Regarde frissonnante et pâle,
Dans un accouplement hideux,
L'homme cracher son dernier râle.
Car les amants, claquant du bec,
Tués dès la première épreuve,
Ne couchent qu'une fois avec
La Veuve.
Tranquille, sous l'œil du badaud,
Comme, en son boudoir, une fille3,
La Veuve se lave à grande eau,
Se dévêt et se démaquille.
Impassible, au milieu des cris,
Elle retourne dans son bouge,
De ses innombrables maris
Elle porte le deuil en rouge.
Dans sa voiture se hissant,
Goule horrible que l'homme abreuve4,
Elle rentre cuver son sang,
La Veuve.
Dans un hangar sombre demeure.
Elle ne sort de sa maison
Que lorsqu'il faut qu'un bandit meure.
Dans sa voiture de gala
Qu'accompagne la populace
Elle se rend, non loin de là,
Et, triste, descend sur la place.
Avec des airs d'enterrement,
Qu'il gèle, qu'il vente ou qu'il pleuve,
Elle s'habille lentement,
La Veuve.
Les témoins, le prêtre et la loi
Voyez, tout est prêt pour la noce ;
Chaque objet trouve son emploi :
Ce fourgon noir, c'est le carrosse.
Tous les accessoires y sont :
Les deux chevaux pour le voyage
Et le grand panier plein de son :
La corbeille de mariage.
Alors, tendant ses longs bras roux,
Bichonnée, ayant fait peau neuve,
Elle attend son nouvel époux,
La Veuve.
Voici venir le prétendu
Sous le porche de la Roquette2.
Appelant le mâle attendu,
La Veuve, à lui s'offre, coquette.
Tandis que la foule, autour d'eux,
Regarde frissonnante et pâle,
Dans un accouplement hideux,
L'homme cracher son dernier râle.
Car les amants, claquant du bec,
Tués dès la première épreuve,
Ne couchent qu'une fois avec
La Veuve.
Tranquille, sous l'œil du badaud,
Comme, en son boudoir, une fille3,
La Veuve se lave à grande eau,
Se dévêt et se démaquille.
Impassible, au milieu des cris,
Elle retourne dans son bouge,
De ses innombrables maris
Elle porte le deuil en rouge.
Dans sa voiture se hissant,
Goule horrible que l'homme abreuve4,
Elle rentre cuver son sang,
La Veuve.
Adulée par le public durant l'entre-deux-guerres, elle est occultée après l'Occupation par de plus jeunes idoles,
notamment Édith
Piaf4. Elle
triomphe cependant dans un récital à Pleyel en 1949 et
fait une tournée au Japon en 1953. Elle
remonte sur les planches à Paris en 1954, à l’Olympia, avec en
première partie Jacques
Brel, alors débutant, et en 1955.
Baptisée « la tragédienne de la chanson », elle est
aussi admirée par des écrivains de tous bords, de Jean
Cocteau à Robert
Desnos. Plus tard, des cinéastes comme Jean
Eustache, Aki
Kaurismäki ou Claude Chabrolrefont entendre ses chansons. Damia
meurt le 30 janvier 1978 à La Celle-Saint-Cloud. Elle est inhumée
au cimetière de Pantin.
la guinguette
j’suis dans la dèche
l’étranger
tout fout le camp
tout le jour, toute la nuit
celui qui s’en va
la rue de notre amour
ou dormez vous ?
Frehel
Marguerite est la fille d'un
couple de bretons originaire
de Primel-Trégastel1, hameau
de la commune de Plougasnou (Finistère). Son
père Yves Marie Boulc'h est un ancien cheminot devenu invalide, ayant
perdu un bras, happé par une locomotive, tandis que sa mère Marie-Jeanne
Daniel, concierge, se
livrait accessoirement à la prostitution. La jeune Marguerite grandit
dans les quartiers les plus populaires de Paris. À quinze ans, elle est
vendeuse de cosmétiques de porte à porte. Son travail lui permet de rencontrer
la Belle
Otero, artiste alors adulée, qui admire son audace et ses formes
ainsi que sa voix particulière, lui propose de chanter sous le nom de
« Pervenche ».
Le 28 novembre 1907, elle
épouse dans le 2e arrondissement de Paris Robert
Hollard (alias Roberty), un
jeune comédien amateur de music-hall qu'elle avait rencontré à
la taverne de l'Olympia. Le
couple donne naissance à un enfant qui meurt en bas âge, et la jeune mère est
rapidement abandonnée par son séduisant compagnon qui lui préfère Damia. Leur divorce est prononcé le 13 juin 1910. Elle
noue ensuite une relation de courte durée avec Maurice Chevalier, qui
décide de la quitter pour Mistinguett.
Colette telle qu’elle est avec
sa robe achetée n’importe où, son épaule de biais qui a l’air de tirer
encore la panier à linge, le public l’adore
Bien qu'auréolée de succès, Fréhel (ainsi surnommée désormais en
référence au cap breton du même nom) fuit une vie sentimentale
désastreuse et finit par plonger dans l'alcool et la drogue. Elle
quitte la France pour l'Europe de l'Est et la Turquie, d'où
l'ambassade de France la rapatrie dans un état lamentable en 1923.
En 1925,
l'« inoubliable inoubliée » remonte sur les planches de l'Olympia pour
le plus grand plaisir d'un public qui ne se lasse pas de ses couplets
réalistes.
La java bleue
Où sont tous mes amants
Où sont tous mes amants
Tous ceux qui m'aimaient tant
Jadis quand j'étais belle ?
Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où
A d'autres rendez-vous
Moi mon cœur n'a pas vieilli pourtant
Où sont tous mes amants
Dans la tristesse et la nuit qui revient
Je reste seule, isolée sans soutien
Sans nulle entrave, mais sans amour
Comme une épave mon cœur est lourd
Moi qui jadis ai connu le bonheur
Les soirs de fête et les adorateurs
Je suis esclave des souvenirs
Et cela me fait souffrir.
Où sont tous mes amants
Tous ceux qui m'aimaient tant
Tous ceux qui m'aimaient tant
Jadis quand j'étais belle ?
Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où
A d'autres rendez-vous
Moi mon cœur n'a pas vieilli pourtant
Où sont tous mes amants
Dans la tristesse et la nuit qui revient
Je reste seule, isolée sans soutien
Sans nulle entrave, mais sans amour
Comme une épave mon cœur est lourd
Moi qui jadis ai connu le bonheur
Les soirs de fête et les adorateurs
Je suis esclave des souvenirs
Et cela me fait souffrir.
Où sont tous mes amants
Tous ceux qui m'aimaient tant
Son physique méconnaissable – elle s'est considérablement
empâtée – lui ouvre paradoxalement les portes du cinéma. Elle tourne notamment
dans Cœur de
lilas en 1931, Le Roman d'un tricheur en
1936, Pépé le
Moko en 1936, où elle interprète la célèbre chanson
Où est-il donc ?,
Y'en a qui vous parlent
de l ' Amérique
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent: " Quel pays magnifique!
Notre Paris n'est rien auprès d'ça ".
Ces boniments-là rendent moins timide,
Bref, on y part, un jour de cafard...
Encore un de plus qui, le ventre vide
A New-York cherchera un dollar.
Parmi les gueux et les prostrés,
Les émigrants aux c urs meurtris.
Il dira, regrettant Paris:
Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour moi c'était dimanche!
Où sont-ils les amis, les copains?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?
Mais Montmartre semble disparaître
Car déjà de saison en saison
Des Abbesses à la Place du Tertre,
On démolit nos vieilles maisons.
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt,
Où ferez-vous alors vos culbutes,
Vous, les pauvres gosses à Poulbot?
En regrettant le temps jadis
Nous chanterons, pensant à Salis,
" Montmartre, ton De Profundis! "
Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour nous c'était dimanche!
Où sont-ils nos amis, nos copains?
Où sont-ils tous nos vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Quand je bouffais
Même sans avoir un rond.
Où sont-ils donc?
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent: " Quel pays magnifique!
Notre Paris n'est rien auprès d'ça ".
Ces boniments-là rendent moins timide,
Bref, on y part, un jour de cafard...
Encore un de plus qui, le ventre vide
A New-York cherchera un dollar.
Parmi les gueux et les prostrés,
Les émigrants aux c urs meurtris.
Il dira, regrettant Paris:
Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour moi c'était dimanche!
Où sont-ils les amis, les copains?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?
Mais Montmartre semble disparaître
Car déjà de saison en saison
Des Abbesses à la Place du Tertre,
On démolit nos vieilles maisons.
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt,
Où ferez-vous alors vos culbutes,
Vous, les pauvres gosses à Poulbot?
En regrettant le temps jadis
Nous chanterons, pensant à Salis,
" Montmartre, ton De Profundis! "
Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour nous c'était dimanche!
Où sont-ils nos amis, nos copains?
Où sont-ils tous nos vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l'accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Quand je bouffais
Même sans avoir un rond.
Où sont-ils donc?
En 1950, Robert
Giraud et Pierre Mérindol inviteront Fréhel à se
produire devant le public parisien dans une ancienne salle de bal, les
Escarpes, située près de la place de la Contrescarpe. Ce
seront les dernières apparitions publiques de la chanteuse.
Elle ne se relèvera jamais de ses drames passés. C'est dans une
chambre sordide d'un hôtel de passe, au 45 de la rue Pigalle, qu'elle
meurt seule le 3 février 1951. Une
foule importante assistera à son enterrement. Elle est inhumée au cimetière de Pantin.
Depuis, nombre de chanteurs se réclament de son
influence : Charles
Trenet, Mano Solo, Jacques
Higelin, Serge
Gainsbourg ou Renaud.
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