Condisciples sur les bancs de l’Ecole
Normale Supérieure en 1924, Jean- Paul Sartre et Raymond Aron
furent des acteurs déterminants
de la vie intellectuelle française pendant quarante ans.
Sartre,
romancier (la Nausée, le Mur….), philosophe (L’Etre et le Néant….),
dramaturge ( Les Mouches,
Huis-clos….), directeur de la revue
« les Temps modernes », domine
la scène intellectuelle français et internationale après la guerre.
Compagnon de route du PCF en
52-56, il défend les positions de l’extrême gauche à partir
des années 60 : Soutien au FLN algérien, aux
étudiants de Mai 68, aux maoïstes français …..
Raymond Aron, professeur à la Sorbonne,
éditorialiste au Figaro, soutient le Général De Gaulle, défend le libéralisme politique et l’économie
de marché, critique le marxisme –léninisme comme « opium des intellectuels ».
A
partir de la fin des années quarante, leur amitié d’avant- guerre ne
survécut pas à leurs divergences politiques
Leur rencontre en 1979 sur le perron de
l’Elysée pour venir à l’aide des « boat-people» vietnamiens ne fut pas
une réconciliation.
Etudier leurs prises de position
politiques de 1930 à 1980, c’est retracer
les principaux enjeux politiques et diplomatiques de cette période pour
la France.
Sartre/Aron :
1930-1980 : 50 ans de vie intellectuelle en France
Intro
Nous allons commencer avec deux photos :
Photos 1924 1979
1924 : Sartre et Aron sont de « petits
camarades » à l’école normale Sup …
1979 : Ils sont ensemble à l’hôtel Lutétia à Paris, puis plus tard, à L’Elysée pour soutenir une
action en faveur des « boat-people » qui fuient le régime communiste
du Vietnam.
Les média présentèrent la rencontre de 79 comme une réconciliation et une victoire pour Aron, puisque Sartre,
défenseur du communisme, opposant à l’intervention américaine au Vietnam, vint au secours de populations qui fuyaient un
régime communiste.
Aron
écrit : « Je ne vais pas diminuer la signification pour moi et Sartre
de cette rencontre, mais la signification a été encore plus grande pour les journalistes qui nous ont
photographié ensemble. Je crois que
cette rencontre a été un moment de nos relations et non pas un épisode de
l’histoire universelle »
Beauvoir dira
« Sartre n’accorda aucune importance à cette rencontre »
Entre ces deux photos 55 ans …
Si j’étais romancier
édité dans la collection Arlequin et si je voulais faire
pleurer les chaumières, ces 55 ans se partageraient ainsi
1924-1940 L’amitié
1940-1944 La séparation
1944-1948 L’amitié retrouvée
Aron : « Après cette longue séparation, nous fûmes
immédiatement proches »
1948-1980 Des chemins différents
Sartre : « Il était impossible de sauvegarder les
amitiés lorsque les choix politiques et philosophiques ne coïncident pas »
Aron/Sartre
A partir de la fin de années 40, Aron prit un chemin, à
droite, à l’ouest, Sartre : un chemin, à gauche, à l’est. A quelques occasions, les chemins se
rencontrèrent.
Sartre décède en
1980, Aron en 1983.
Deux remarques
avant de commencer.
Première remarque
En ce qui concerne Sartre, j’ai lu des textes politiques, les mémoires de Simone
De Beauvoir, le réquisitoire de Michel Onfray (il traite Sartre et Beauvoir de ‘Thénardier’
de la philosophie), la défense de BHL
dans le « Le siècle de Sartre », la biographie de Anne Cohen-Solal, entre autres
Pour Aron, ses textes
(dont une grande partie pour des raisons professionnelles. Je fus professeur de sciences économiques et sociales
dans une vie antérieure) , ses mémoires, ses entretiens avec Missika et
Wolton édité sous le titre « le
spectateur engagé »
Mais, je n’ai
pas lu les 2299 chroniques d’Aron au Figaro, ni
l « ’Introduction à la philosophie de l’histoire ». …
Je n’ai pas lu l’ « Etre et le Néant »,
ni « la Critique de la raison
dialectique », ni les 10 volumes d’ « Actuelles ». ….
Si vous connaissez
des textes qui contredisent ce que je vous ai exposé, je suis évidemment prêt à
modifier mes points de vue.
Deuxième remarque : Pas d’illusion rétrospective
L’opinion n’attendait pas, chaque matin,
la réponse de Sartre à un article d’Aron ou la réponse d’Aron à un texte de
Sartre et ceci pour trois raisons
·
Il y avait d’abord d’autres conflits intellectuels plus
marquants pour l’opinion: Camus/Mauriac en 45 à propos de l’épuration, Sartre/Camus en 52 à propos du communisme
·
‘Ils ne jouaient pas dans la même catégorie’
Sartre : célébrité planétaire
-
romancier, dramaturge, philosophe, essayiste,
scénariste, critique, préfacier, directeur de revue, auteur de chansons, plus
tard Prix Nobel
-
Invité
par Krouchtchev, Mao, Castro, Tito….
-
Influent
sur les intellectuels du monde
-
De Gaulle disait « mon seul rival
international, c’est Tintin ». Non, de fait, à une époque, c’était Sartre
-
Jean
Yanne raconte qu’un de ses amis faisaient visiter Paris à des touristes
américains. Jean Yanne se mettait à la
terrasse d’un café avec une pipe et des lunettes rondses et écrivait. Les
touristes, après avoir photographié la tour Eiffel et l’Arc de triomphe,
repartaient avec la photo du grand philosophe au travail.
C’était le « Grand
contemporain », le « grand écrivain » que la France aime vénérer : Voltaire, Hugo, Barres, Gide.
Aron est connu
de ses élèves et de ses collègues. De toute façon, les philosophes sociaux, Comte,
Taine, Renan, Durkheim influençaient les
élites mais pas le peuple.
·
Il n’a pas existé de véritable dialogue
Aron
critiquait les positions de Sartre dans des livres, Opium des intellectuels,
Histoire et dialectique de la violence….
Sarre refusait de
discuter. Il dit à Beauvoir :
« Ah non, je
ne veux pas discuter avec Aron, ça ne servirait à rien !»
« Lorsqu’il
écrit sur moi, il expose sa pensée et ne m’apporte rien pour ce qui concerne la
mienne. Selon moi, il travestit ma pensée pour mieux la contester »
« Vous vous prêtez peu à la discussion d’idées ?
J’écris des livres, les idées s’y trouvent. Il n’y a qu’à y
répondre en écrivant d’autres livres »
« Et la simple conversation d’idées ?
Je déteste ça, les discussions d’idées entre intellectuels.
On est toujours en dessous de soi-même, on dit de grosses bêtises »
Pour
Sartre, Aron n’était pas un véritable
philosophe (comme Camus au demeurant-)
Question Wolton :
« Vous n’étiez pas assez obscur pour être un vrai philosophe ? »
Aron : « La pensée
française, après 45, était devenue très spécifiquement allemande (pour ne pas
dire Heidegerrienne) et obscure »
Pour Sartre, Aron était
suppôt de la bourgeoisie, un ennemi de classe. On ne discute pas avec un
ennemi.
Aron écrit :
« En dépit de son génie, Sartre avait une véritable
propension au monologue. A partir d’unecertaine date, il n’a jamais plus
discuté avec personne, sinon avec Simone de Beauvoir. Il ne s’est pas soumis au
dialogue et à la controverse. Il a parlé tout seul »
« Sartre n’était
violent que devant la page blanche. Il n’aimait pas le face à face. Il n’accepta
jamais, à la radio ou à la télévision, un dialogue public avec moi. C’était un dialecticien
du monologue »
Enfances
parallèles
Nés en 1905
Ils appartiennent à des familles « bourgeoises »
Sartre
Le père, Jean Baptiste, est
polytechnicien, officier de marine. Il décède lorsque Jean Paul à 15 mois.
Sa mère est une Schweizer d’une famille protestante, lorraine.
Elle est cousine d’Albert Schweizer (Il est minuit Docteur
Schweizer), médecin, fondateur de l’hôpital de Lambaréné, Prix Nobel de la paix,
Théologien protestant de haute volée.
Il
connaît le paradis de l’enfance (jusqu’à 5 ans, où il découvre qu’il est laid
comme un crapaud). Il est le « petit poulou ».
Il est élevé par sa mère, sa grand- mère et son grand-père.
Il dispose d’une bibliothèque avec Hugo, Voltaire, Corneille, Racine, La Fontaine…
(il lit Mme Bovary à 7 ans) Sa mère lui
achète des illustrés et des livres de Jules Verne, Paul d’Ivoi…
Il écrit
des romans dont « le
marchand de bananes. »
Il envoie une lettre à
Courteline signée « votre futur ami, Jean Paul Sartre, 6 ans
et demi »
·
A 12 -15 ans, « c’est l’enfer. »
Sa mère se remarie avec Joseph
Mancy. « Je l’ai éprouvé comme une
trahison mais je ne lui jamais dit »
« Je me suis retrouvé avec un monsieur qui jouait à
être mon père et qui m’était totalement étranger »
« J’étais en révolte profonde contre cet homme qui
était directeur de chantiers navals »
« Je suis antiautoritaire depuis que j’ai connu mon
beau père »
Au Lycée de La Rochelle, il est exclu, rejeté, souffre- douleur. Il est hargneux, coléreux,
querelleur, désagréable.
« A la Rochelle, je fis une découverte qui allait compter pour le
restant de ma vie : les rapports profonds entre les hommes sont fondées
sur la violence »
Aron
Il est d’une famille juive, intégrée, non croyante,
dreyfusarde.
Père : professeur de droit
2 frères
Enfance heureuse
Etudes parallèles
Doisneau
Sartre
Lycée Henri IV
Interne
Sartre ado
Nizan
Il sera romancier (Aden Arabie), philosophe (les chiens de
garde), membre du PCF, journaliste à
l’humanité, tué en 1940
Inséparables
« Nous
étions indiscernables » dit Sartre.
On les appelait Nitre et Sarzan
Ils sont affectés de strabismes mais différents (l’un divergent, l’autre
convergent)
Sartre est « Grand Satyre
officiel »,gaulois, ricaneur, ironique, spécialiste de facéties de blagues
et de gaudriole.
Khagne Louis le Grand
« Nous allons en hypokhagne
Travailler comme des cochons
Cependant que, sans pagnes,
Les copains vont au boxon »
Aron
Aron
Khagne 1922 Condorcet
Jeanson de Sally
Appréciation : « pas assez littéraire » :
faiblesse et la grandeur d’Aron
« J’ambitionnai
les prix d’excellence : je ne pus
le décrocher parce que, à Combat, il revenait à Camus et, au Figaro, à Mauriac,
l’un et l’autre doués d‘un talent littéraire que je ne possédais pas et qui, du
reste, s’accordait mal avec les rigueurs de l’analyse économique et diplomatique »
Génie des littéraires dans l’analyse de
la société : Balzac
Gide Congo URSS
Orwell …
1924-1928
Normale Sup : l’amitié
Normale sup
·
Ils sont « petits camarades » au sens
de, selon Mme Mancy, « va jouer
avec tes petits camarades ! »
Ce n’est pas l’amitié de Montaigne et de La Boétie.
·
Pas ‘tala’ ( ils ne font pas partie de ceux qui
vont TA LA messe »)
·
Elèves
brillants
Sartre est confiant en lui-même :
« Je veux faire une œuvre, être célèbre »
« Je veux être l’homme qui sait tout »
« Je veux m’élever au niveau de Hegel »
« Je serai Spinoza et Stendhal »
·
Sartre, Nizan, Aron et quelques autres forment un petit groupe
Aron : « Je
ne peux pas parler de Sartre sans parler de Nizan »
Sartre : « Nizan,
Aron et moi étions forts injustes pour les pauvres gens (c’est-à-dire les
profs) »
Sartre Nizan chahuteurs
antimiltaristes
Ils montent une revue(l désastre de Langson) , devant
Herriot et Painlevé, où il se moque de Gustave Lanson, pape de l’histoire littéraire
C’est une attitude constante de Sartre
vis-à-vis de la tradition littéraire :
SDB
raconte le pipi de Jean Paul sur la tombe de Chateaubriand à St Malo ce qui vaudra, plus tard, la remarque de Mauriac : « La
miction sartrienne est aussi importante dans l’histoire littéraire que pour
Goethe le canon de Valmy. Une ère commence là, celle du caca et du pipi sur les tombes illustres »
·
Aron : « j’étais son interlocuteur
préféré »
« Parfois, quand il se trouvait trop
coincé, il se mettait en colère »
De Beauvoir
« Sartre m’avoua qu’il n’avait jamais discuté de
philosophie qu’avec Aron qui, parfois, le coinçait »
« Sartre se débattait pour ne pas se laisser coincer,
mais comme sa pensée était plus inventive que logique, il avait fort à faire.
Je ne me rappelle pas qu’il ait jamais
convaincu Aron, ni que celui-ci ne l’ait jamais ébranlé »
« Aron cependant se complaisait dans des analyses
critiques et il s’appliquait à mettre en pièce les téméraires synthèses de
Sartre. Il avait l’art d’emprisonner son interlocuteur dans des dilemmes et
quand il le tenait, crac, il le pulvérisait. De deux choses l’une, disait-il avec
un pâle sourire dans ses yeux très bleus, très désabusés et très intelligents »
SDB « Sartre disait : on ne pense
rien quand on pense par problème. Il allait à hue et à dia, de certitude en
certitude. »
·
La vocation philosophique de Sartre naît à la suite à une conversation avec Aron
Devant
un cocktail à l’abricot ou une bière (les historiens s’interrogent
toujours)
Aron dit : « Ce verre, cette table, les
phénoménologues en parlent philosophiquement »
Ce fut une illumination pour Sartre qui se mit à lire Lévinas (théorie
de l’intuition dans la phénoménologie de Husserl) et Husserl.
·
1928 : Echec à l’agrégation de
Sartre
Aron premier
·
29 : Sartre
premier, deuxième Simone de Beauvoir (après discussion du jury)
·
Rencontre Simone pour la préparation de l’agrégation. Il la
trouve « sympathique, jolie, mais mal habillée »
Jean Paul/Simone
Couple mythique (Aragon/Elsa)
Simone est la Grande « sartreuse » qui raconte sa
vie avec Jean Paul dans :
Mémoire
d’une jeune fille rangée
La force
de l’âge
La force
des choses
Tout
compte fait
La
cérémonie des adieux
vie très « libre » avec des amours dites
« contingentes ».
Beauvoir : « Si
mon entente avec Sartre se maintint plus de trente ans, ce ne fut pas sans
quelques pertes et fracas dont les autres firent les frais »
cf Mémoires d’une jeune fille dérangée Bianca Lamblin
Les textes de
Beauvoir sont pour les sartriens une « Histoire sainte ».
Le témoignage de Beauvoir
est évidemment subjectif et déformé par
les liens affectifs qui fait qu’il y a une certaine distance entre ce qu’elle
dit, et la vérité.
Sartre/Aron
Aron
discrétion sur sa vie privée
Drame 1950 : mort d’une petite fille à 6 ans, naissance d’une fille trisomique (C’est à cette occasion qu’il eut, dit-il, la seule
conversation d’homme à homme avec De Gaulle qui était père d’Anne qui
était également trisomique)
·
Politique
Aron
22 conscience politique
Vaguement
socialiste, pacifiste passionnément
25 -26 SFIO
Il se considère comme « de gauche » :
« Je déteste par-
dessus tout ceux qui se croient d’une autre essence »
Sartre
« Je suis resté inactif jusqu’en 39 »
« Je ne faisais pas de politique »
«J’étais un intellectuel libéral, individualiste de cette république des professeurs »
Mais
« J’avais une obscure
répugnance pour le suffrage universel »
« J’avais le sentiment que la démocratie indirecte
était une duperie »
Aron dit : « Il méprisait les privilégiés »
Action commune :
mars 27 : pétition contre la loi Boncour qui préconisait une
orientation des ressources du pays dans le sens de la défense nationale
1980 (53 ans plus
tard !) pétition pour le boycott de jeux olympiques de Moscou
Une remarque pour terminer cette partie :
Sartre pratiquait la boxe en amateur (on assomme l’adversaire ),
Aron , le tennis (on échange des
balles ).
Camus lui était gardien de but, au football.
On pourrait étudier leurs philosophies à partir de ces trois
pratiques sportives !
Les années 30
Sartre
Service militaire météo avec Aron comme instructeur.
« J’appris à Sartre la forme des nuages » dit Aron
1931 Professeur au
Havre
Prof
non-conformiste : on fume en cours. On discute au café.
Aron
Remplace Sartre en 33 au
Havre.
L’expérience
allemande
Aron
31- 33 Allemagne :
Etude sur la
sociologie allemande, en particulier Max
Weber
Influence Weber : expérience
de l’histoire, compréhension de la politique, volonté de vérité, pluralité des
interprétations, absence de
déterminisme historique
Assiste
à un meeting nazi : Impressionné par Goebbels. Il trouve qu’Hitler parle
mal l’allemand mais il est frappé par l’ « aspect satanique » du
personnage.
Il prend conscience de deux choses : le
risque de Guerre
Hitler1
Caricature de Sennep
+ le
totalitarisme
Hitler 2
Il
tirera de cette expérience des réflexions qu’il n’abandonnera jamais.
« L’expérience
historique montre l’étroite marge de manœuvre de ceux qui gouvernent »
Il rencontre un fonctionnaire du ministère des affaires
étrangères. Il lui expose brillamment la
situation diplomatique européenne : à la question « Que feriez- vous à ma
place ? », Aron dit qu’il ne sut quoi répondre.
« L’ignorance et
la bêtise sont des facteurs considérables de l’histoire »
« Il y a un tragique de la politique, une fragilité de
la liberté »
« Une fois pour toute, j’ai cessé de croire que
l’histoire obéit d’elle- même aux
impératifs de la raison et aux désirs des hommes de bonne volonté. Le national-
socialisme m’avait enseigné la puissance des forces irrationnelles »
« J’avais
compris et accepté la politique en tant qu’irréductible à la morale »
« La
politique ce n’est pas la lutte entre le
bien et le mal mais entre le
préférable et le détestable »
« L’histoire est un tumulte insensé plein de bruit
et de fureur »
« Le mal par
excellence, c’est le régime totalitaire »
Il abandonne le pacifisme : « Les résultats de la
victoire de l’ennemi peuvent être pires que les malheurs de la guerre »
En 1938, il
publie « Introduction à la
philosophie de l’histoire ».
Sartre
Berlin 33
Il travaille sur sa thèse : Rapport du
psychique avec la physiologie en général
J’étais bien décidé à connaître l’amour des allemandes. Je dus me
rabattre sur une française.
« J’ai passé une année formidable. Je
n’ai pas compris la signification du défilé des nazis au pas de l’oie, mais, la
plupart des berlinois que je connaissais, les prenaient à la rigolade, comme
moi »
Front populaire
Front populaire
Sartre
De Beauvoir : « Les rassemblements,
les défilés les manifestations tout ça c’était des actions que nous approuvions,
mais ce n’était pas notre truc. Vous comprenez, le Front Populaire était un
soulèvement d’ouvriers et nous avions beau être totalement de leur côté, on
n’était pas des ouvriers, donc si nous prenions part à leur machin, c’était en
qualité d’étrangers »
On note cependant à l’époque, une sympathie certaine pour
l’URSS
Elle écrit à propos du livre de Gide « retour
d’URSS » :
« Gide avait été trop prompt à s’engouer, trop prompt à
se dédire, pour que nous prenions au sérieux le ‘retour d’URSS’ »
Aron
« J’étais socialiste, vaguement, mais
de moins en moins, au fur et à mesure que j’étudiais l’économie
politique »
Il est contre la loi des 40 heures, comme les économistes Sauvy et Marjolin.
Beauvoir à propos
d’Aron : « Il était inscrit au parti socialiste que nous
considérions avec dédain, d’abord, parce qu’il était embourgeoisé, et puis,
parce que le réformisme répugnait à nos tempéraments : la société ne
pouvait changer que, globalement, d’un seul coup, par une convulsion violente. »
Guerre
d’Espagne
Guerre d’Espagne (Capa)
70ans après : réalité ou
reconstitution ?
Sartre : à un ami qui
veut s’engager dans les brigades internationales, il lui dit « va voir
Nizan » qui est membre du PCF.
Beauvoir écrit :
« Les anarchistes refusaient de comprendre qu’avant de
faire la révolution, il fallait gagner la guerre »
« Les syndicats se préoccupaient d’établir des soviets,
alors qu’ils auraient dû se soucier de faire marcher les usines »
« Les colonnes anarchistes gênaient l’action
gouvernementale par des coups de mains
intempestifs »
« Au début de mai, l’insurrection anarcho-syndicaliste
qui avait ensanglanté Barcelone avait manqué de faire tomber Barcelone aux mains des
fascistes »
On voit qu’il s’agit de points de vue proches de ceux des communistes et de Moscou.
Elle s’interroge cependant :
« Les procès du POUM jetaient le trouble dans les coeurs :
les staliniens ont-ils assassinés la révolution ? les anars ont-ils fait
le jeu des rebelles ? »
Aron
« J’étais de
cœur avec les républicains espagnols mais
contre l’intervention en Espagne »
car la GB y était hostile et il
fallait maintenir l’alliance avec elle dans la perspective de la guerre avec
l’Allemagne.
Il adopte le point de vue de son ami Salvador de Madariaga : « Je ne pourrais vivre en Espagne, quel que fut le
camp victorieux, ni dans l’Espagne de Franco, ni dans celle des républicains,
gangrénée par les communistes »
Accords de Munich
Accords de Munich
Aron
« C’étaient des accords non honorables mais les
revendications allemandes sur les sudètes n’étaient pas complètement injustifiées. »
Pour vaincre Hitler, il aurait fallu faire la guerre en 1936, mais
l’opinion française ne le voulait pas.
Sartre
« Je soutenais les points de vue
munichois et antimunichois avec une égale sincérité : j’étais complètement
déchiré »
Selon Aron, il aurait été munichois.
De Beauvoir dit : « nous étions
contre mais soulagés »
Dans le roman de Sartre, « les Chemins de la liberté », les « munichois »
sont présentés comme des « salauds ».
·
La gloire littéraire sartrienne
38 la nausée
39 le
mur
« L’un de débuts littéraires les plus
éclatants de ces dernières années.
Un
écrivain dont on peut tout attendre ; un livre blessant et profond. Il
résume plusieurs tendances de la littérature contemporaine : Kafka, Joyce,
Rabelais, Dostoievski, Flaubert, Céline, Proust, Nietzsche »
La
guerre
De Gaulle Pétain
Aron
39 météorologie
Il connaît la débâcle.
Le 26 juin, il va à
Londres à partir d’Hendaye.
Jankélévitch juif=résistant par fatalité
Comptable dans un régiment de chars
rédacteur revue France Libre
culpabilisation/ Jules Roy / Romain Gary qui partent en
mission sur la France en risquant leur vie.
Il rencontre De Gaulle qui dira « Il n’est pas
gaulliste » ce qui n’est pas faux (on pourrait dire qu’il était
demi-gaulliste) pour deux raisons :
La première, une certaine réticence vis-à-vis du culte « gaullien »
Il écrit un article
(qu’il dit regretter plus tard)
intitulé « L’ombre de Bonaparte » en aout 43
Badingaulle
Moisan
« Le général avait avec Louis Napoléon des similitudes
évidentes. Tocqueville présente Louis Napoléon plus assuré de sa légitimité que
les descendants de rois de France. Le général s’était attribué lui- même une
inaliénable légitimité qu’il conserva soigneusement dans son exil et sa
solitude »
Si être gaulliste, c’est
être féal de de Gaulle ou croire en lui quelques fussent ses opinions, alors,
en effet, je ne l’étais pas.
La deuxième, c’est que ses analyses ne sont pas « gaulliennes »
Pétain Vichy
Il considère que l’armistice a été un «
soulagement ».
« Pétain me semblait l’expression des sentiments
dominants de la majorité des français »
« Les vichystes
n’étaient pas tous de traîtres »
« Vichy réservait la marine, ce qui restait de l’armée,
l’Afrique du nord »
« L’armistice a
contribué à rejeter les allemands vers l’est »
«La démographie a été
peu touchée. Il n’y pas eu pas d’hécatombe comme en 14 -18 »
« Il y a eu une
France profonde ou silencieuse qui a été à la fois gaulliste et pétainiste »
« Entre l’armistice et novembre 42, une politique
attentiste pouvait se justifier »
novembre 1942 : « Si à cet instant décisif, les
gouvernants de Vichy avaient eu la clairvoyance, le courage ou simplement, le bon
sens de faire leur choix, tout le passé aurait pris rétrospectivement une autre
signification. Pétain serait revenu triomphalement à Paris avec les américains »
A propos de l’antisémitisme de Vichy, il écrit dans ses mémoires :
« La propagande hitlérienne ne cessait de répéter que
c’était la guerre des juifs. De ce fait, il y avait une espèce de convention de
silence que j’ai consciemment ou inconsciemment respectée. C’est une attitude
qu’aujourd’hui je juge plutôt
sévèrement. Elle a conduit à traiter
moins du sort fait aux juifs qu’on aurait dû le faire »
Il dit aussi :
« Je n’ai jamais imaginé le génocide »
Il faut signaler enfin qu’il rencontrera régulièrement à
Londres des économistes libéraux, Robbins et Hayek mais se définit comme
keynésien dans la préface de l’opium des intellectuels.
Sartre
Etoile jaune
En 1940, il est prisonnier dans un stalag.
En 1941, il est à Paris
suite à une évasion selon Beauvoir.
Sartre dit : « je m’échappais en me
faisant passer pour un civil »
Selon le témoignage de Marius Perrin, prêtre au stalag, c’est à la suite
d’une falsification qu’il avait réalisé du livret militaire de Sartre indiquant que celui-ci souffrait
de « strabisme entrainant des troubles de l’orientation » qu’il
a pu quitter le camp, car il a été considéré comme « engagé
par erreur » et les allemands libéraient ceux qui étaient dans ce
cas.
Les mauvaises langues
(Onfray) ont parlé également d’une intervention de Drieu la
Rochelle demandant aux allemands la libération d’un certain nombre d’écrivains,
Sartre faisant partie du lot.
Michel Onfray fait aussi allusion à la pièce Bariona présentée le soir de Noël au stalag. Les
juifs sont représentés comme une troupe sale et dépenaillée.
Lélius fonctionnaire romain dit :
« Naturellement,
vous autres juifs vous êtes de vrais sauvages. Je ne vous froisse pas bien
entendu. Vous êtes un homme cultivé
quoique israélite. Nous voudrions, dans
son intérêt même, que le peuple juif se mette une bonne fois un peu de
plomb dans la tête »
Cohen- Solal,
biographe plutôt favorable à Sartre, se
demande : « ces paroles doivent être lues au second degré, mais, tout
de même, était –ce le bon endroit, la bonne époque, le bon public, pour laisser
filer de telles allégations ?
La résistance de Sartre
·
Une
réputation de résistant
-
La
société des Gens de Lettres le présente
en écrivant : « prends une part active à la résistance et aux
barricades de Paris »
-
Il
est présenté par la presse américaine, à son premier voyage aux EU, comme « un chef de la résistance
française »
·
Les
activités de résistant
-
Il
fonde un groupe « Socialisme et liberté » dont les objectifs
étaient : tracts, journal, renseignement, attentats, projet constitutionnel
-
Nathalie
Sarraute se souvient d’avoir participé à la rédaction d’une constitution française de 110 articles. Elle décrit Sartre comme phraseur, irresponsables, le
groupe comme des « pied nikelés » mais Nathalie Sarraute fut en conflit avec Sartre
à la libération.
-
Dans
« On a raison de se révolter », Sartre dit : « nous ne fîmes guère de
besognes : surtout des tracts »
-
Aout
41 avec De Beauvoir : randonnée à vélo :
Roanne Bourg Lyon St Etienne Le Puy
Montélimar Arles Marseille, Grasse Grenoble Auxerre
Ils rencontrent Gide, Malraux
pour leur demander de rentrer dans la résistance. Ils reçoivent des réponses
négatives (Malraux dit qu’il faut attendre les avions américains et les chars
russes)
-
Des
membres du groupe sont déportés : Yvonne Picart, Alfred Péeon
-
Le
groupe se dissout. De Beauvoir l’explique par l’hostilité des communistes et des
gaullistes
-
Début 42,
Decour refuse de faire rentrer Sartre dans la
résistance : il est qualifié d’espion allemand, de disciple d’Heidegger,
d’ami de Nizan.
-
1943 :
Entre au CNE
-
Avril
43, mars 44 : Publication d’articles dans les Lettres Françaises, journal de la résistance
-
Rencontre
Camus photosd 1
2 3 Conférence l’an prochain
-
-
Fin
43 Rencontre, Camus, Séligman de
Combat. Celle-ci demande à Camus :
qui c’est ce type ? Camus lui dit : « c’est un copain, on peut
avoir confiance » mais, dit Séligman , Sartre ne propose aucune aide (même
pas une planque)
-
-
Echappe
au mouvement d’épuration des enseignants ayant des sympathies pour la
résistance (Guehenno)
-
-
Aout
44 : occupation comédie française
-
-
Il publie six
articles dans Combat sur la libération de Paris
Voilà les
certificats de résistant. En même temps….
·
Des compromissions avec l’occupant ?
Cf Onfray
-
l’Etre
et le Néant publié à Paris
-
les Mouches,
Huis Clos, joués à Paris
-
Il
n’est pas le seul !
Camus, Mauriac, Aragon, Paulhan,
St Exupéry, Kessel, Druon, Mauriac, Leiris… ont publié eux aussi.
-
Articles
dans Coemedia
Revue culturelle
visant à démontrer que la situation en France est « normale »
1941 :
Article sur Herman Melville
février 44 :
promotion des Mouches
Avril 44 : hommage à Jean Giraudoux (dramaturge …et ancien ministre de
l’information de Pétain)
Beauvoir réalise en 1944 des émissions de contes à Radio Vichy. Les textes ne sont pas
compromettants mais Radio Vichy
retransmet les discours de Philippe
Henriot.
·
Conclusion sur la résistance de Sartre :
On peut dire que les actions concrètes de résistance ont été limitées et que les articles dans la presse
collaborationniste ne sont ni pétainistes ni collaborationnistes.
Il n’a pas été un héros comme Politzer, Cavailles, Bloch,Decour
On peut conclure avec ce qu’il a dit de lui-même : « J’étais un
écrivain qui résistait et non un résistant qui écrivait »
44-48 La fin de l’illusion lyrique
Yalta
De Gaulle Effel
Aron : « Après cette longue séparation, nous fûmes
immédiatement proches »
Beauvoir : « Bien qu’il ne fut guère enclin aux
effusions, quand il surgit un matin au café de Flore, nous tombâmes dans les
bras l’un de l’autre »
Sartre
Sartre est célèbre,
il atteint d’une certaine façon le rêve d’enfant
qu’il décrit dans « les Mots » : « j’avais ma tombe
au père Lachaise et peut être au Panthéon, mon avenue à Paris, mes squares et
mes places en province et à l’étranger. » Bénéficie de la disparition de
philosophes qui auraient lui porter ombrage : Nizan Politzer Cavaiiles…
Tableau (Binnet)
Prévert Vian Genet Greco
Vian 1 2
Boris Vian décrit
dans l’ « Ecume des jours »le déroulement de la conférence « L’existentialisme est un
humanisme » :
Le public qui se pressait là présentait
des aspects bien particuliers. Ce n’étaient que visages fuyants à lunettes,
cheveux hérissés, mégots jaunis, renvois de nougats et, pour les femmes,
petites nattes miteuses ficelées autour du crâne Une loge spéciale dans
laquelle trônaient la duchesse de Bovouard et sa suite attirait les regards
d’une foule exsangue .Nombreux étaient les cas d’évanouissement dus à
l’exaltation intra-utérine qui s’emparait particulièrement du public féminin. »
Certains arrivaient en
corbillard, d’autres en parachutes, d’autres encore par les égouts.
Jean Sol Partre fit une
entrée de monarque et présenta sous les acclamations du public « des
échantillons de vomi empaillé ».
Vian était
rédacteur aux Temps Modernes, revue créée par Sartre avec Ponge, Bekett, Carlo
Levy, Richard Wright, Queneau, Leiris,
Genet, Leduc, Sarraute ,Moravia…. et Aron
qui publie deux articles dans le premier
numéro d’octobre 45.
Vian, ses chansons et
sa trompinette, était regardé de façon condescendante par les autres
rédacteurs des Temps Modernes. On ne
sait pas (mieux vaut ne pas le savoir !) ce que pensait Vian de ses
collègues !
Sartre Aron
En étant directeur des Temps Modernes,
Sartre peut être considéré (mais cela se
discute) comme un peu « Chef de secte » comme l’ont été, ou le seront, Durkheim, Braudel, Bourdieu, c’est-à-dire de fortes personnalités entourés d’ « affidés ».
En même temps, il est décrit par ses amis comme drôle, séduisant,
gentil, désintéressé et généreux.
A la fin de sa
vie, il aide six personnes et se plaint
de ne plus avoir d’argent pour s’acheter des chaussures
Aron
Au contraire Aron dit « Je ne suis pas un chef de secte »
Bourdieu ( Il n’annonçait pas ce qu’il est devenu :
un chef de secte, sûr de soi et
dominateur, expert aux intrigues universitaires , impitoyable à ceux qui
pourraient lui faire ombrage . Humainement j’espérais autre chose de lui)
« J’ai des amis qui se réclament plus ou moins
vaguement de mon influence, mais, ce sont des amis pas des disciples »
Sartre se réclame de trois positions
·
L’engagement
La littérature doit être au
service de l’émancipation humaine .
Pour Jankelevitch, « la philosophie de l’engagement n’était qu’une
espèce de compensation maladive, un remords, une recherche du danger qu’il n’avait pas voulu courir pendant la guerre ».
« Alors que c’était le moment de faire son devoir, il n’a rien fait, et, à la Libération, il a fait du tourisme sur
les barricades »
·
Existentialisme
Un existentialiste est un homme qui a du Sartre sur les dents
Beauvoir dans les années 70 lui demandera :
« Vous acceptez l’étiquette
d’existentialiste ?
Le mot est idiot. On me l’a
collé et je l’ai accepté. Aujourd’hui,
je ne l’accepterai plus »
·
Humanisme révolutionnaire
« Au
nom des principes qu’elle m’avait inculqué, au nom de son humanisme et de ses
humanités, au nom de la liberté de l’égalité et de la fraternité, je vouai à la
bourgeoisie une haine qui ne finira qu’avec moi »
Il propose
une « Troisième voie philosophico
politique »
« Nous ne voyons l’espoir, ni dans le gaullisme, ni dans le
communisme »
Il se réclame du « socialisme libertaire. »
« Je suis toujours resté
anarchiste »
« L’anarchie cad une
société sans pouvoir doit être réalisée »
·
Voyages
1945 EU New
York Philadelphie San Francisco Detroit Quebec
Frappé par le racisme, la
ségrégation, la pauvreté.
·
Objet de haine
Claudel :
« scélérat, malfaiteur »
Brisson
directeur du Figaro : : « Il est temps de l’exorciser, de l’enduire
de soufre et de l’allumer sur le parvis de Notre Dame, ce qui serait la façon
la plus douce de sauver son âme. »
Gide :
Après 14-18, on a eu l’école Dada, après
39-45, on a l’école caca.
Mauriac :
« Sartre vit dans un paradis où il fait bon vivre, le museau à la hauteur
des étrons qui flottent »
Existentialisme = Excrementialisme
« Ses pensées sont des sentiers excrémentiels où mieux vaut
s’aventurer avec des échasses »
Céline :
agité du bocal, haineux, foireux, demi
sangsue, demi-ténia qui joue de la flute,
damné, pourri, faux têtard, méchant, sale, ingrat, haineux, bourrique
Journal « Samedi soir » publie un article où Sartre, afin d’initier les jeunes filles à
l’existentialisme, leur fait renifler dans sa chambre, des camemberts bien faits.
Aron
·
Novembre 45 : « le parti socialiste
porte les derniers espoirs d’une révolution pacifique et ordonnée dans le cadre
de la France et peut-être de l’Europe »
·
« L’unité de la résistance me paraissait
mensongère »
« Les divisions
réapparaitront »
·
1946 : 2 mois au cabinet de Malraux
Il devient « conseiller du Prince », fonction
qu’il refusera de tenir: « Le penchant aux scrupules, la détestation de la
violence, m’auraient desservi dans le poste qu’occupa un intellectuel d’exception
tel Kissinger »
·
octobre 44 - juin 47 Combat
« C’était une entreprise merveilleuse, typiquement
française, à peu près folle »
Nous verrons, si Trait d’Union le souhaite, les rapports
Camus/Aron, l’an prochain, dans le cadre
d’une conférence sur Camus.
·
Aron/Camus
(2016-2017)
-
Foot/tennis
‘salut Albert ! salut Raymond!)
-
Morale/politique
-
Presse
: argent
« J’ai écrit dans
des journaux vendus. ; Or la vie dans les journaux vendus est tranquille
et facile L’homme d’affaires qui donne de l’argent est sensible à 2 ou 3 questions
qui le touchent. On ne parle pas de ces deux questions. Pour le reste, on peut
dire ce que l’on veut »
-
Diplomatie
Aron : Camus grand romancier, piètre politique, idéaliste favorable à une Révolution qui n’existait pas = naïf
Aron politique et surtout
diplomatie = intérêts +rapports de force
Convergence : anticommunisme
·
Collaboration aux Temps Modernes
Beauvoir « il surveillait de près la marche des TM.
Il escomptait, je crois, que Sartre n’aurait pas assez de persévérance pour s’y
intéresser longtemps et qu’il en hériterait.
Il trouvait d’adroites raisons pour refuser les articles favorables au communisme. »
Octobre 48 : rupture publique : lettre au Temps Modernes
·
Rupture avec la gauche
« A n’en pas douter, les sociétés que nous avons
connues ont été injustes. Reste à savoir ce que serait une société juste, si
elle est définissable et réalisable »
« Je me débarrassai assez vite de la superstition que Sartre
défendit jusqu’à son dernier jour : la droite, ce sont des salauds, ou, en
langage plus académique, de la superstition que les partis diffèrent par la
qualité morale ou humaine de leurs militants ou de leurs chefs »
« Quand les révolutionnaires passent de l’autre côté de
la barrière, conservent-ils longtemps leur supériorité morale ? »
·
1947-1953
RPF
Il travaille sur
l’association travail -capital dont il dit que c’était une « idée généreuse et vague »
·
Printemps 47 : il entre au Figaro
qu’il quittera en en 1977 après 2299
chroniques. Il ira ensuite à l’Express.
Il écrit dans des revues :
Liberté de l’esprit, Preuves,
Contrepoint, Commentaire.
Choix du Figaro/Monde: Le
Monde était hostile à l’alliance atlantique, au réarmement de l’Allemagne,
mollement favorable à l’union européenne,
plus antiaméricain qu’antisoviétique.
La
guerre froide
Affiches plan
marshall
Berlin Prague
La fin d’une amitié
20 /10 / 48 émission radio des Temps Modernes
Un des participants (pas Sartre) dit :
« Quand on regarde les affiches du RPF qui gueulent sur
tous les murs de Paris, vous l’avez vu ce grand portrait du général, ça donne
un choc, je vous assure : cette petite moustache, et puis, ces lourdes
paupières, la mèche sur le front, tout y est, tout je vous dis tout, et tout le
monde se dit en passant mais c’est .. »
« Heureusement, que vous ne le dites pas » dit un
participant
Claudel : «
Sartre s’en prend au physique du général est-il satisfait du sien ? »
Un débat contradictoire est proposé entre Sartre et Guillain
de Bénouville, gaulliste.
Aron est proposé comme médiateur.
Aron dira : « Que pouvais-je faire ? Je ne pouvais soutenir Sartre : comparer
De Gaulle à Pétain, passe encore, mais à
Hitler ? je ne pouvais le défendre ». Il ajoutera « j’ai sauvé la mise à Sartre ».
Sartre
« Il n’ a rien
dit ce qui revenait à prendre partie
pour les deux autres »
Cela marque la fin de leur amitié.
Sartre : « Il était impossible de sauvegarder les
amitiés lorsque les choix politiques et philosophiques ne coïncident pas »
Aron : « Sartre avait raison. L’amitié
se mourrait d’elle-même, inexorablement «
·
1960 : Ils se rencontrent
« Bonjour,
mon petit camarade » dit Aron
« Nous devrions déjeuner ensemble
-
Oui, certainement
-
Qu’est –ce que nous n’avons pas dit comme
conneries, l’un et l’autre »
-
Le
déjeuner n’a jamais eu lieu
-
NB : Sartre aurait dit sans
doute : « qu’est-ce que TU n’as pas dit comme connerie ! »
Ils avaient passé à Normale Sup un Pacte: celui qui survivrait à l’autre
rédigerait sa notice nécrologique dans le journal de l’école.
Aron dit en avril 1980 : « l’engagement ne tient
plus »
C’était le constat du
fossé qui s’était créé entre les deux
amis.
Attitude d’Aron : Complexe, fascination et indulgence par
rapport à Sartre, mais dans la conclusion de ses mémoires, il est impitoyable pour
son ancien petit camarade
45-52 Sartre et le
communisme : je t’aime, moi non plus
Compétition USA URSS
Beauvoir 1946 repas
à Golfe-Juan : « Aron dit qu’il n’aimait ni les EU, ni l’URSS, mais
qu’en cas de guerre, il se rallierait à l’occident. Sartre répondit qu’il
n’avait le goût, ni pour le stalinisme, ni
pour les EU, mais qu’il se rangerait du côté des communistes. »
Aron : Sartre choisit l’Est à condition de vivre à
l’Ouest
Sartre
·
Il subit les critiques des intellectuels du PCF :
Kanapa (un ancien élève), Garaudy
piètre
artiste, piètre critique,
un
faux prophète, intellectuel somnambule
l’existentialisme=
philosophie des épaves, pathologie
métaphysique, fornication intellectuelle
: système
philosophique de la bourgeoisie décadente qui se refuse à rallier les positions
du prolétariat
Il s’agit d’une fièvrette ou d’un prurit
atteignant quelques intellectuels
Existentialistes : Clique de bourgeois
désemparés, l’œil amer, la plume abondante, les bras mous
Wroclaw 1948 Fadeiev,
écrivain soviétique, traite Sartre de « hyène dactylographe, de chacal
muni d’un stylo » ( ce qui n’est pas
« vipère lubrique » et « rat visqueux »)
·
Sartre contre le PCF
-
« La politique du communisme stalinien est
incompatible avec l’exercice honnête du
métier littéraire »
-
Affaire Nizan : Mort en 1940, il a été hostile au traité germano-soviétique
et a été accusé par le PCF d’être un espion au service de la police. Garaudy écrit « Nizan est un chien pourri émargeant au ministère de
l’intérieur »
Une pétition, « le cas Nizan »,
défendant Nizan, est signée par Sartre, Camus, Breton, Aron, Mauriac, Guehenno,
Benda.
-
1948 création
du Rassemblement démocratique révolutionnaire
13/12/48 meeting : Sartre,
Camus, Breton, Carlo Levi
Juin 49 : départ de Sartre
·
Sartre flirte avec le PCF
Hiver 49 : « Quelle que soit la nature de la
présente société soviétique, l’URSS se trouve, grosso-modo, située dans
l’équilibre des forces du côté de ceux qui luttent contre les formes
d’exploitation de nous connues »
« Mes querelles avec les communistes sont des querelles
de famille »
« Le PC me paraît représenter le prolétariat : je
choisis l’URSS »
« Le parti était la pensée, la mise en forme
du prolétariat »
52-
56 Sartre compagnon de route du PCF et de l’URSS
Affiche prolo
·
Le rapprochement avec le PCF
-
50 soutien à Henri Martin
-
52
Arrestation Duclos Complot des pigeons
-
« en langage d’église, se fut une
conversion »
52 meeting avec Duclos
-
1952 congrès de Vienne mvt mondial de la paix
Jorge Amado, Pablo Neruda, Erhenbourg, Fadeiev
-
1952 :
Procès Slanski (l’aveu)
SDB : « on ne
pouvait pas opter sans réserve pour l’URSS alors que tant de drames publics et
ténébreux se succédaient dans les pays staliniens : Mindzensky, Rajk,
Kostov »
-
Mauriac :
complot des blouses blanches ?
Antisémitisme ?
Sartre : « M Mauriac s’inquiète de mon silence ? Il peut
se rassurer, les revues ne paraissent silencieuses que parce que le quotidiens
sont trop bavards »
-
« Les mains sales »
Pièce
jouée si pas d’opposition des partis
communistes : Il accepte la censure
sur ses propres œuvres !
-
Décembre 54 : vice pt France URSS
-
Février 56 « porté par l’histoire, le PC manifeste
une extraordinaire intelligence objective, il est rare qu’il se trompe »
·
Sartre, critique des USA -
-
Contre le système politique et économique
américain au nom de la défense du peuple américain : prolétariat, indiens,
noirs, chicanos. …
-
Défense des Rosenberg
-
Contre
l”American way of death”
Contre la
culture de masse
Contre les interventions américaines Guatemala, Iran, Corée…..
USA=logique
impérialiste : accès aux mat
premières, marchés, investissements
“L’Amérique a la rage”
« Coupons les liens, sinon nous serons mordus et enragés »
Commentaire d’Aron : Ce texte appartient à la
littérature hyperstalinienne. Les américains tiennent dans la démonologie
sartrienne la place que tenaient les juifs dans la démonologie hitlérienne.
·
Sartre et le marxisme
Affiche prolétaire
Konk
Staline
Marxisme= seule anthropologie
possible,
La seule qui prenne l’homme
dans sa totalité
Critique de la raison dialectique :
« un ouvrage écrit contre les communistes, tout en étant marxiste »
Il veut « sauver le communisme de sa
perversion stalinienne, réconcilier le marxisme avec la liberté »
L’existentialisme est conçu comme un complément
au marxisme en traitant des questions négligées par les marxistes
Beauvoir :
« Sartre n’avait jamais cessé de réclamer un marxisme vivant »
-
Préface au « communisme
yougoslave » de Louis Dalmas
Objectivité du processus historique
Histoire faite par les masses révolutionnaires
Classes montantes, descendantes
Prolétariat sujet de l’histoire
La Grandeur de l’homme se connait en tant que membre de la classe en lutte et du parti qui
fait l’histoire
·
Camps et procès : « Prix à payer
pour l’avenir »
« Oui, Camus, je trouve comme
vous ces camps inadmissibles, mais inadmissible tout autant l’usage que la
presse bourgeoise en fait chaque jour »
·
La violence révolutionnaire
« Un socialiste ne peut être que violent »
« Nous ne sommes sûr
de rien, mais, que la révolution soit en cours, que soient posés à Moscou, bientôt à Cuba, les bases d’un régime qui
apporte à une immense masse d’hommes une amélioration de leur sort, voilà qui
n’est pas douteux, et, c’est en fonction de cette fin poursuivie, de ce sens,
de cette raison, qu’il convient de juger et d’accepter la part de violence
criminelle assumée par la politique stalinienne»
·
Restez-
vous un partisan de la peine de mort politique ?
« Oui,
dans un pays révolutionnaire où la bourgeoisie aurait été chassée du
pouvoir, les bourgeois qui fomenteraient une émeute ou un complot mériteraient
la peine de mort. Non que j’aurai la
moindre colère contre eux. Il est
naturel que les réactionnaires agissent dans leur propre intérêt, mais un
régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui
le menacent et je ne vois pas d’autre moyen que la mort. »
On peut toujours sortir d’une prison. Les
révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué. »
SDB :
« Camus, Breton réclamaient l’abolition de la peine de mort en
matière politique. Beaucoup d’entre nous
pensaient, au contraire, que c’est le seul domaine où elle se justifie »
Aron :
« on a le droit de commettre dans l’immédiat tous les crimes possibles
c’est la morale initiale de tous les mouvements révolutionnaires »
Camus « Sans doute,
la révolution est-elle possible. Peut- être une société sans classe, donc
heureuse, finira –t-elle un jour par apparaître, mais je n’en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr
du moment où cela adviendra, en sorte que, dans le doute, je me refuse à
accepter les gigantesques sacrifices que, au nom de cette simple perspective,
vous prétendez nous imposer »
Théorie de l’omelette
Sartre on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs
Camus : l’omelette est immangeable
·
Staline
Staline
Sartre
n’a jamais fait l’éloge de Staline contrairement à …Aragon, Eluard…
Mais, dans le « Le
fantôme de Staline », il écrit : « faut-il appeler socialisme, ce
monstre sanglant qui se déchire lui-même ?
Je réponds franchement, oui. Le socialisme russe a sur le rêve d’un
socialisme sans tache, l’avantage immense d’exister »
·
Sartre oppose la démocratie de masse à la
démocratie bourgeoise.
« Qu’est ce qui caractérise
la démocratie de masse ?
L’unanimité, la nécessaire unanimité,
qui se refait sans cesse par la liquidation des opposants. S’ils
résistent, on ira jusqu’à leur faire violence
car, aux yeux du groupe, le dissident est un criminel » écrit-il dans « les communistes et la
paix »
Beauvoir signale une conversation entre Sartre et
Camus :
Camus
« Avez-vous
réfléchi à ce qui vous arrivera quand les russes seront là ? demanda-t-il
à Sartre.
Il ajouta d’une voix
passionnée : ne restez pas
-
et vous,
vous comptez partir ? dit Sartre
-
moi, je
ferai ce que j’ai fait pendant l’occupation allemande.
Sartre objecta qu’il n’accepterait jamais de lutter contre le
prolétariat.
Il ne faut pas que ce soit une mystique,
dit vivement Camus, partez. Si vous restez, ils
ne vous prendront pas seulement la vie mais aussi l’honneur. Vous
mourrez en déportation. Ils vous feront prêcher la soumission, la trahison, et
on les croira.
(Camus connaissait le sort réservé
aux intellectuels non-communistes dans les pays de l’Est)
Simone de Beauvoir dit :
« Je fus secouée, et, les jours suivants, je repris à mon compte
les arguments de Camus »
·
Défense de l’URSS
Liberté de critique
-
« L’URSS veut la paix et le prouve tous les jours »
-
« J’ai beau chercher, je ne trouve au cours
de ces trois décennies aucune volonté d’agression chez les russes »
-
« Vers 1960, le niveau de vie moyen en
URSS sera de 30 à 40 % supérieur au nôtre »
-
Lait
-
Affiche communiste éco
-
Liberté d’aller à l’étranger ? les soviétiques n’ont pas envie
-
rapport Krouchtchev : « la
dénonciation publique et solennelle, l’exposition détaillée de tous les crimes
d’un personnage sacré est une folie quand une telle franchise n’est pas rendue
possible par une élévation du niveau de vie de la population »
-
URSS= progrès : propriété collective /
élimination de la bourgeoisie
-
Espoir d’une démocratisation du communisme
-
« Un anticommuniste est un chien, je ne
sors pas de là, je n’en sortirai jamais » octobre 1965
Aron Camus, Mauriac, Malraux…
1974 : « J’ai menti : j’ai dit des choses
aimables sur l’URSS que je ne pensais pas, enfin, mentir est peut être un
bien grand mot »
Beauvoir « vous avez fait un article très
élogieux »
« C’est Jean Cau qui l’avait écrit » p 462
« Les communistes et la
paix » : « Je pense que je les ai écrits plus par haine du comportement bourgeois que
par l’attirance qu’exerçait le parti sur moi et aussi parce que je ne savais pas ou en j’en
étais avec l’URSS »
« On ne peut pas verser de la merde sur eux à peine
rentré chez soi »
Cf Gide
Conclusion sur Sartre et le marxisme : « Le marxisme
est l’horizon indépassable de notre époque »
Aron critique du
marxisme et de l’URSS
Aron Marx ….
1955 : Professeur à la Sorbonne
De Gaulle : « Journaliste à la Sorbonne,
professeur au Figaro »
Témoignage personnel : cours sur Weber et Tocqueville à
faire
La lecture de « Les étapes de la pensée sociologique »
restera indispensable à tout sociologue
en herbe.
Aron antimarxiste
« L’anticommunisme
systématique que d’aucuns m’attribuent, je le professe sans mauvaise
conscience »
- Il connaît parfaitement l’œuvre
de Marx, probablement plus que Sartre et
Althusser.
Ses livres sont des réponses au
marxisme :
18 leçons sur les sociétés industrielles
La
lutte des classes
Démocratie et totalitarisme
Opium des intellectuels
Les marxismes imaginaires
D’une
sainte famille à l’autre
Toutes
ces publications tendent à montrer une certaine tendance chez lui à trouver de
bonnes raisons à l’adversaire !
- il n’y a pas de sens de l’histoire
prévisible :
« L’histoire est non
déterminée, ni orientée à l’avance par une finalité ou un sens »
« Je ne suis pas un confident de la
providence »
« Refus
du messianisme »
Quant aux dirigeants de l’URSS il écrit « La prétention de quelques oligarques de
savoir la vérité à la fois de l’histoire et de l’avenir et insupportable »
-
La force
du Marxisme réside dans la combinaison
d’un aspect pseudo-scientifique avec un prophétisme ce qui le fait ressembler à une religion annonçant des temps meilleurs pour les
pauvres de toute l’humanité.
·
Pro américain
-
« Je n’entends pas approuver tous les
traits de la civilisation américaine : institutions, mœurs, publicité,
rapports de races… », c’est une société imparfaite et vulgaire mais les EU continuent à s’appuyer sur les principes
du libéralisme politique et économique cad l’empirisme et le pluralisme des idées, la liberté étant la
garante de la vérité.
-
Il considère que le Mac Carthysme est une déviation de l’idéal américain.
·
antisoviétique
-
URSS : société cauchemardesque
-
économie
impossible
-
« Le communisme est par essence un
mouvement de guerre »
-
La colombe qui fait boum
-
Jojo la colombe
·
atlantiste
impuissance de l’Europe, Allemagne divisée, désarmée, la France
affaiblie exige que l’Europe se place
sous le parapluie américain.
Il
défend l’intervention américaine en
Corée :
« L’intervention
américaine était parfaitement justifiée pour donner confiance à
l’Europe. » ( spect 146)
Le neutralisme (défendu par le Monde, Esprit, le nouvel
observateur, Mounier…) est une « extravagance dangereuse »
Lette de
Koyré : « Quant à la neutralité désarmée, je pense que ces messieurs
du Monde savent ce que cela veut dire : occupation et russification »
56-68 Sartre compagnon en route vers le divorce
voyages
-
60 Brésil : « Je veux être l’ennemi de
Malraux »
Tokyo Rome Stockholm le Caire
-
Prague Belgrade
Pékin
-
Chine été 54 : tribune officielle
-
URSS 9 fois 62- 66
Il est toujours « compagnon de route » ( Les mauvaises langues disent que le montant
des droits d’auteur n’y est pas pour rien)
-
64 hommage à Thorez
Cuba
-
L’illumination cubaine
1960 Ouragan sur le sucre
Castro
Che1
Che 2
Che3
« Pas de vieux au pouvoir. J’ai rencontré, si j’ose
dire, mes fils »
« Fidel est à la fois l’ile, les hommes, le bétail, les plantes et la terre. Il est l’ile entière »
Aron : « Je n’ai pas été touché par la
grâce »
·
Compagnon en voie de séparation
Hongrie
1956 : Condamnation de l’intervention URSS en Hongrie
« La
rupture n’était pas totale mais la liaison était rompue » Beauvoir
-
mais on note un appui limité aux hongrois :
« Il y avait des
menaces de liquidation entière de ce que
l’on appelle les bases du socialisme »
« Les hongrois sont un peuple immature. »
Beauvoir : « Cependant, il réaffirmait son adhésion
au socialisme tel qu’il s’incarnait en URSS malgré les fautes de ses dirigeants »
-
63 Prague : aucune allusion à la situation
des intellectuels d’où la déception des étudiants
-
En URSS, il soutient les « dissidents » :
Brodsky, Ehrenbourg, TarkovskI, Siniavsk,i Daniel et « du bout des lèvres, Soljenitsyne »
(Soljenitsyne = réactionnaire). Celui-ci parlera de Camus dans son discours
pour le prix Nobel pas de Sartre.
·
la
rupture
-
68
-
tcheco
Intervention
en tchéco : crime de guerre
Il
rompt avec l’URSS
-
1971 : rupture avec Castro : honte et colère à propos du procès de Padilla
-
Critiques au PCF : « Les dirigeants du
PCF : chacune de leur phrase, chacun de leur geste est l’aboutissement de
30 ans de mensonges et de sclérose »
Conclusion partielle sur Sartre Aron et le communisme
Communisme et
totalitarisme
Aron
« L’idée socialiste poussée jusqu’au
bout, jusqu’à la négation de la forme marchandise, avec l’égalité pour
objectif, n’aboutit-elle pas nécessairement ou tout au moins logiquement à un
régime de type soviétique ? A Zinoviev plaide cette thèse et je la
défendrai aujourd’hui » 668
Le totalitarisme est
dans les gènes du communisme (cf Platon)
Dans les termes
du Vatican on dirait : « Il est intrinsèquement pervers »
L’avenir du communisme
Aron appelle « chercheurs de licorne »,
ceux qui pensent que le communisme et la démocratie peuvent être
compatibles : Trotsky après son éviction du pouvoir, Imre Nagy, Dubcek…
Sartre et plus tard Gorbatchev
« Je maintiens
la thèse d’une limite que la libéralisation du communisme ne pourrait franchir sans mettre en question
l’existence même du régime »
mémoires 404
« Une telle libéralisation entrainerait la chute,
pacifique ou non, du régime lui-même » 407 mémoires 1983
L’histoire a confirmé ce diagnostic !
C’est
bien le seul point d’accord qu’il a eu
avec les staliniens !
1958 : le retour de De Gaulle
affiche
De Gaulle Louis XIV
Aron
Il est réticent sur
la forme de la prise du pouvoir (un coup d’état), mais il croit en la nécessité
d’un « dictateur à la romaine ».
De toute façon, le
coup d’état a été légitimé par le suffrage universel dans des conditions
démocratiques indiscutables.
« De Gaulle
était le meilleur des monarques possibles, pour le moins mauvais des
régimes possibles »
Sartre
« Je n’ai jamais eu d’estime pour cet homme »
Il le traite de :
« Fasciste, maquereau, réac, merde, crétin pompeux,
monstre, foutu salaud, homme de Néanderthal, porc »
En 65, il soutient in
extremis la candidature de Mitterrand « voter Mitterrand ce n’est pas
voter pour lui, mais contre le pouvoir personnel »
1968 : « Je me reproche d’avoir été trop respectueux
à l’égard de De Gaulle »
Lorsque De Gaulle
lui écrit une lettre avec, comme en tête, « Cher maître », il répond:
« Je ne suis maître que pour les garçons de café qui savent ce que j’écris »
La
guerre d’Algérie
Guerre d’Algérie
Tous les deux sont pour l’indépendance de l’Algérie mais pour des
raisons différentes, pour ne pas dire, totalement
opposées.
·
Sartre :
-
libération des peuples colonisés qui sont un
substitut au prolétariat occidental défaillant
-
soutien au FLN
« La victoire du FLN sera
la victoire de la gauche »
-
soutien au manifeste des 121 qui appelait à la désertion
De Gaulle dit « On n’emprisonne pas Voltaire »,
Sartre n’est pas emprisonné ! ( ce qui montre l’indépendance de la justice
par rapport à l’exécutif !)
-
soutien aux porteurs de valises (réseau Jeanson)
-
Attentats de l’OAS contre son domicile : 19 juillet 61, 7
juin 62
-
La justification du terrorisme du FLN
« La révolution implique la violence. Conçoit-on
l’indépendance de l’Algérie sans l’élimination du MNA ( mouvement de Messali
Hadj) par le FLN (cf massacre de Mélouza) ? Et comment reprocher sa
violence au FLN, quotidiennement confronté pendant des années à la répression
de l’armée française, à ses tortures et à ses massacres. Il est inévitable que
le parti révolutionnaire en vienne à frapper aussi, également, certains de ses
membres. Je crois qu’il y a là une nécessité historique à laquelle nous ne
pouvons rien »
Beauvoir écrit à
propos de la proposition de Camus de trêve
civile : « Jamais Camus
ne prononça de paroles plus creuses que lorsqu’il demandait pitié pour les
civils. Nous refusions de nous indigner contre les méthodes de lutte du FLN. On
ne fait pas la guerre avec des enfants de chœur »
Sartre :
« Camus , vous vous prenez pour la morale ! »
morale c’est peau de
balle » Nizan
-
Sartre écrit la préface aux « Damnés de la
terre » de Franz Fanon :
« Car, dans le premier temps de la révolte, abattre un européen, c’est faire d’une pierre
deux coups : supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé :
restent, un homme mort et un homme libre »
-
BHL parle à propos de ce texte d’un Sartre
« possédé », « atteint de pure folie » (p452)
-
Aron : « Ce texte mériterait de
figurer dans une anthologie de la littérature fascisante »
Aron caricature
Aron :
Pour l’indépendance
Pendant la guerre de 39-45 , il avait préconisé l’abandon de l’Empire
Juin 1957 « la
tragédie algérienne »
-
La décolonisation
est un mouvement irrésistible
-
Mauvaise affaire économique pour la France
-
Impossibilité de l’intégration préconisée par Soustelle
« Le taux de croissance
démographique est trop différent pour que ces peuples de races et de religion
autres puisent être une fraction d’une même communauté »
De Gaulle
Colombey les deux
mosquées
Européen/arabes =huile
/vinaigre
« Ceux qui croient à
l’intégration ont des cervelles de colibri »
-
« Mieux vaudrait encore la solution
héroïque de l’abandon et du rapatriement qu’une guerre menée à contrecœur et
sans chance de succès »
-
Louis
Terrenoire juin 57 : « M Aron rappelle irrésistiblement l’homme
Pierre Laval qui pensait que les jeux étaient fait en juin 40 »
-
Nécessité d’un plan économique pour la
réinsertion des européens en France
·
Refus de signer le manifeste des 121 : responsabilité / jeunes : « je
déteste l’intellectuel en chaise longue »
refus de sortir de la légalité
« C’est une chose de critiquer le gouvernement, c’est
une autre de passer du côté de l’ennemi »
·
Torture :
« Je n’aurais rien appris à personne en proclamant que
j’étais contre la torture. Je n’ai
jamais rencontré quelqu’un qui fut pour la torture »
« Je pensais qu’il était inutile de réagir contre. J’en laissais la mission aux
belles âmes puisque, une fois pour toutes, il est entendu que je ne suis pas
une belle âme »
·
« Je n’ai pas été touché par la grâce
« tiers-mondiste»
« L’idée
que la transfiguration de la société puisse se faire à travers le tiers- monde
me paraissait complètement idiote »
Guerre
du Vietnam
Fille napalm Affiches
Sartre : Participe
au tribunal Russel qui vise à dénoncer
les crimes de guerre américain au Vietnam
Aron
Sympathies pour le Sud mais sans conviction
Critique la façon dont est menée
la guerre
1967 Israël
Moshe Dayan
Guerre des 6 jours
Sartre
Il défend à la fois le droit d’Israël à exister en tant que
nation et le droit des palestiniens à
rentrer dans leur pays.
« Je ne suis pas pour Israël sous
la forme où il est actuellement, mais je
n’admets pas l’idée de sa destruction »
Docteur honoris causa de l’université de Jérusalem
Admiration pour l’expérience des Kibboutz
-
Prise d’otages de Munich 1972
Munich
« Je trouve scandaleux que l’attentat de Munich soit jugé par la
presse française et une partie de l’opinion comme un scandale
intolérable »
« Ce peuple ne peut montrer son
courage et sa force qu’en organisant des attentats mortels »
« Le
terrorisme est un arme terrible, mais les opprimés n’en ont pas d’autres »
« Les
français qui ont appuyé le terrorisme du
FLN ne sauraient qu’appuyer à son
tour l’action terroriste des palestiniens »
NB il pensait
que le commando ne les prenait qu’en otages.
La mort des israéliens est due à l’intervention de la police
« Le
problème israélo -arabe c’est un problème qui n’a pas de solutions. Il ne peut
pas y en avoir, c’est en tout cas ce que je pense. Ceci dit, nous devons lutter pour que ces trois millions
d’individus ne soient pas foutus en l’air ou réduits en esclavage »
Aron
De Gaulle : « un peuple d’élite, sûr de lui et
dominateur »
Tim
67 De Gaulle,
Israël et les juifs
« Je suis français d’origine juive. J’assume une sorte
de solidarité avec les juifs de la diaspora et avec les israéliens mais, il y a
une limite à cette solidarité. Lorsque j’écris des articles sur la politique
étrangère, je les écris en tant que citoyen français et non en tant que
juif »
« Je
n’ai jamais été sioniste. J’ai toujours pensé que la création de l’état d’Israël
serait l’origine d’une suite de guerres »
Critique
des colonies en Cisjordanie
« Une bouffée de judéité fit irruption dans ma
conscience de français »
«Pour une fois, je fis de la morale avec passion »
Mai 68
Jouissez sans entrave
Cohn- Bendit- Malraux
Sartre
« Dans le fond, je ne comprenais pas. J’étais content
qu’on secoue le pouvoir de De Gaulle que je détestais autant que j’avais détesté
Pétain »
-
appel du 30 mai de De Gaulle = appel au meurtre
-
enthousiasme et soutien au mouvement étudiant
-
« Les
bastilles de Raymond Aron »
-
« l’universitaire
type est un monsieur qui fait une thèse et qui la récite le reste de sa vie »
-
« Quand Aron
vieillissant répète indéfiniment à ses
étudiants les idées de sa thèse écrite avant la guerre de 39, sans que ceux qu’ils
écoutent puissent exercer sur lui le moindre contrôle critique, il exerce un
pouvoir réel mais qui n’est pas fondé sur un savoir digne de ce nom. »
-
« Cela suppose
qu’on ne considère plus, comme Aron, que penser seul derrière son bureau et
penser la même chose depuis 30 ans, représente l’exercice de l’intelligence »
« Il faut maintenant que la France a vu De Gaulle tout nu que les
étudiants puissent regarder Aron tout nu. On ne lui rendra ses vêtements que
s’il accepte la contestation »
Aron
Caricature Aron
« La révolution introuvable »
« Les étudiant en bavardage, les fonctionnaire en
vacances »
« Je trouvais tout à fait indigne que des bandes de
gamins renversent le gouvernement, le régime et la France »
« Gigantesque monôme ridicule »
« Carnaval »
« Marathon
de palabres »
« Psychodrame »
« Sartre préférait
plutôt les communistes que le
général »
Quant à l’article de Sartre :
« Ecoutez, ce souvenir me fait rire, mais en même temps, je trouve que la qualité,
le ton de cette attaque étaient à ce point méprisables qu’il était au- dessous
de ma dignité de répondre »
« Pour essayer de comprendre, il faut recourir à
l’explication la moins satisfaisante, l’ignorance qui conduit à la sottise,
pure et simple ». « Quand il traite une question politique, il a la sensibilité juvénile »
Sartre
« Je l’ai un peu insulté dans ma vie. Je l’ai insulté, si l’on
veut en 68, parce que sa position, à ce moment- là, m’avait paru insupportable »
Ce n’est pas forcément une raison pour l’insulter ?
« Si, je l’ai fait volontairement. C’était une façon
pour moi de marquer qu’il se mettait, de lui- même, hors de la société que mai
68 annonçait »
-
Sartre compagnon de route des
maos
Cause du peuple
·
un nouveau type d’intellectuel
Février
69 « Sartre, soit bref »
« Cela a
été le point de départ de mon
évolution » = « naissance
d’un intellectuel de type nouveau qui doit se supprimer en tant qu’intellectuel
en se mettant directement au service des masses. »
-
1975 :
« j’ai une estime entière pour Mao au moins jusqu’il y a quelques années.
SDB « Alors ne craignez- vous
pas d’apprendre qu’il y a un goulag chinois ?
Mais on l’a déjà un peu appris : vous
avez le livre de Pasqualini. Mais je pense que la situation chinoise est
moindre que celle d’URSS, même s’il elle
est sans doute terrible.
Et vous ne pensez pas que l’on peut
avoir des surprises ?
Oh si, je le pense, c’est pourquoi
il ne faut pas mettre sa foi dans la révolution chinoise pas plus que dans
n’importe quelle révolution aujourd’hui »
-
Expérience de rajeunissement
Maos : communauté
chaleureuse
« Avec les maos, il y
avait un vrai rapport humain »
·
Accord avec les thèmes avancés par les maos
-
Démocratie directe
-
Création
d’institutions instables
-
Nécessité d’une Révolution idéologique
-
Valorisation de l’action
-
La mise
en avant de l’égalitarisme
-
Maos= violence + spontanéité + moralité ( cad la
lutte contre l’exploitation)
-
Il trouve
dans sa relation aux maos une Camaraderie
et une métaphysique en action.
·
critiques de la démocratie bourgeoise
73
« Elections piège à cons »
« L’isoloir
planté dans une salle d’école ou de mairie est le symbole de toutes les
trahisons que l’individu peut commettre envers les groupes dont il fait partie.
Il n’en faut pas plus pour transformer tous les électeurs qui entrent dans la
salle en traitres en puissance les uns pour les autres »
·
contre le « révisionnisme » du
PCF : la nécessité de la révolution
violente
« Les maos voulurent ressusciter la violence révolutionnaire par des
actions ponctuelles et efficaces »
« La violence révolutionnaire est immédiatement morale car les
travailleurs deviennent les sujets de leur propre histoire » SDB
titres articles CDP
« Un
patron, ça se séquestre »
« Les petits chefs,
ça se matte «
« Il
faut saigner les patrons, les
pendre par les couilles, les écorcher vifs »
« Un député, ça peut se
lyncher »
« Le jour approche
où toute ta race d’individus dont tu fais partie, on l’exterminera »
-
« Les articles de la CDP étaient brutaux, bruts, simplistes, mais vrais »
·
actions avec les maos
·
CDP 1
-
soutien aux
directeurs de la Cause du Peuple,
le Dantec, le Bris qui ont été emprisonnés en devenant directeur. Et il devrait donc
aller en prison.
Cf manifeste des 121
-
Il devient aussi directeur de Tout (VLR) et de J’accuse
-
CDP2
-
Vente dans la rue de la CDP interdite.
-
Juin 71 : création agence
de presse Libération
-
Mai 73 journal
« Libération »
Avec un Financement populaire pour donner la parole au peuple.
·
Pétitions et soutiens
-
tribunal populaire à Lens suite au décès de
mineurs
-
procès de
Bruay en Artois : exemple de justice populaire. Accusations contre le
notaire Leroy
« Qu’ils nous le
donnent, on le découpera en morceau. Je le lierai derrière la voiture et je roulerai
à 100 à l’heure » Sartre dit qu’il trouve ces attitudes un « peu cocasses »
-
soutien
aux prisonniers sur les conditions carcérales
-
Aux juifs d’URSS
-
Aux nationalistes
basques
-
Aux Instituteurs en grève de la faim
-
Aux Ouvriers
polonais
-
Aux démocrates
Portugais
-
A Soljenitsyne ( avec réticence )
-
A Sakharov
-
74 A la
bande à Baader sur les conditions de
détention
-
Il dit cependant : « Je pense que
c’est un groupe vraiment révolutionnaire mais je pense aussi qu’ils commencent
peut être un peu trop tôt »
-
« Le
terrorisme qui peut se justifier en Amérique latine n’est pas valable dans les
pays d’Europe occidentale »
-
1980 appelle au boycott des jeux olympiques à Moscou avec Aron
tonneau
-
21 10 1970 : tonneau intervention à Billancourt pour le procès Geismar
Plutôt
pathétique selon les journalistes (mais pas pour BHL) !
Aron
-
Soutien Pompidou, Giscard
-
contre
programme commun de la gauche
Mitterrand- Marchais
-
« Le programme était tout à fait
absurde »
-
échec prévisible de Mitterrand
·
La question de l’engagement
Aron
-
des attaques contre Sartre
« Je ne chercherais plus dans mes propos ou par des signatures à
donner la preuve de mes bons sentiments
« Je
n’aime pas jouer à la conscience universelle, je trouve ça indécent »
« Je trouve un peu prétentieux de
rappeler à chaque instant mon amour de l’humanité »
« Je n’aime pas les gens qui éructent
devant le papier blanc »
- « J’avais compris et accepté la politique en tant qu’irréductible
à la morale »
A propos du Chili voilà ce qu’il dit dans ses mémoires :
Allende/Pinochet
« Je pensais que l’intervention militaire serait de
brève durée. Les soldats rentreraient dans les casernes et les électeurs
retourneraient aux urnes. »
« Il fallait sauver ceux que
menaçaient la répression. Je m’adressai même à Kissinger qu’il fasse comprendre
à la junte que le rétablissement d’un
régime légal et non la répression
garantissait les faveurs de Washington. Cette conclusion prête à sourire, j’en
conviens »
Je ne connais pas de prises de positions publiques d’Aron sur les
atteintes à la démocratie et aux droits
de l’homme dans la sphère d’influence des EU : Mossadegh en Iran, Arbenz au Guatemala,
massacres en Indonésie, répression
franquiste en Espagne …etc..etc
Ne peut-on pas penser qu’il aurait été
d’accord avec la phrase de Roosevelt répondant à un interlocuteur qui lui
disait, à propos du dictateur Somoza, que c’était un salaud
« Ou , c’est un salaud, mais
c’est notre salaud ! »
Lorsqu’il était à Combat a-t-il
discuté avec Camus de la phrase : « J’avais compris et accepté
la politique en tant qu’irréductible à la morale » ?
Les accommodements avec le réel n’ont-ils pas été un accommodement avec
les interventions des EU dans le
monde ?
·
Sartre
Conscience universelle, porte-parole de tous les opprimés de la terre
Problème :
Quels sont les critères d’éligibilité à l’activisme sartrien ?
Il fallait des
certificats de « bonne conduite « d’extrême gauche », anticolonialistes, antibourgeois, antistaliniens
sinon… on n’ avait pas droit à l’activisme sartrien :
ex
Petkov (leader agrarien en Bulgarie), Cseslaw Milosz (poète polonais) , Midszenty
(prélat hongrois)… …. n’ont pas été
soutenus car ils n’étaient pas dans le sens de l’histoire tel que le voyait
Sartre.
Connaissance des faits
Démocratie ou dictature affaiblie mais pas dans les
dictatures parfaites, en l’occurrence staliniennes où les atteintes aux droits
de l’homme ne sont pas connues. Il peut
défendre des gens qui bénéficient de ce que le libéralisme politique qu’il
exècre a apporté.
Le
dernier Sartre
·
Santé dégradée
Il a travaillé dans les années
40-50-60 sous corydrane : aspirine +amphétamines interdit en 71
+ café , Cigarettes, whisky ..et
petites pépées
( AVC pour Aron en 1977 qui le laissera
affaibli)
·
Pierre Victor (Benny Levy) devient son
secrétaire
Benny Levy
Projet de livre « pouvoir et liberté »
Il dit a un de ses amis ,Sicard :
« Ce livre- là,
c’est pour moi la morale et la politique que je voudrais avoir terminé à
la fin de ma vie »
« J’écris un ouvrage qui transforme complètement ce que
j’ai pensé en philosophie et qui, si je l’achève, parviendra à ne plus rien
laisser debout de l’Etre et le Néant et de la Critique
de la raison dialectique » BHL 636
« Mes œuvres sont un échec. Je n’ai pas dit ce que je
voulais dire, ni de la manière dont je voulais le dire »
« Me plait la
vision juive de la résurrection des corps après la mort »
« Je ne pense pas être le
résultat d’un pur hasard, de simple poussière de l’univers, mais plutôt quelqu’un
qui a été attendu, préparé. En bref, un être que seulement un créateur aurait
pu créer; Et cette idée d’une main créatrice se réfère à Dieu »
Entretiens 20 pages transmis au NO
Hésitations de J Daniel
Réticences de l’équipe des Temps Modernes
Téléphone : demande de publications par Sartre
Sartre : « Les ‘Temps modernes’ me traitent comme un mort qui a l’inconvenance
de se manifester »
J Daniel publie
l’entretien
·
BHL : un renouveau de la pensée sartrienne
qui allait bouleverser l’histoire de la philosophie
« Il y a autant à
prendre pour le philosophe dans la Bible
que dans Platon »
·
Les Temps modernes
-
Olivier
Todd : « détournement de vieillard »
-
John
Gérassi « Sartre dérape, il
faut empêcher la dérive »
« Sartre ne saisissait pas le côté Vichinski de Levy »
« Benny Levy a enjuivé cet esprit libre, ce voltairien »
-
SDB : la cérémonie des adieux : «c’est un détournement
de pensée »
·
Aron
« Ce n’est pas
du Sartre, qui est victime de son interlocuteur plus jeune »
« Il n’était plus lui-même » (Emission Apostrophe)
Rencontre
79
Hotel Lutetia Elysée
26 juin Elysée «
spectaculaires et fictives retrouvailles »
Aron, pour se faire reconnaitre, lui glisse à l’oreille :
« bonjour, mon petit camarade »
« Si donc Sartre a entendu, ce qui n’est pas certain,
il a considéré que j’avais dit ce que je pouvais et ce que je devais lui dire »
« De toute évidence, la poignée de mains ne mettait pas
fin à trente années de séparation, pas plus à ses yeux qu’aux miens »
« Lorsque je l’ai vu aveugle et presque paralysé, j’ai
été tout simplement submergé par une immense sympathie et une immense pitié »
Disparitions
80 décès Sartre
83 décès Aron
Crise cardiaque au
tribunal de Paris
Défense de Bertrand de
Jouvenel accusé par Zev Sternhell de
complaisance avec le nazisme.
Hommage quasi-unanime
dans les media signe d’un changement
d’hégémonie culturelle (cf Gramsci, comparaison terrain de rugby)
50 60 communisme
70 socialisme
80 libéralisme
2010 national populisme
Conclusion
Aron Sartre
Aron par Aron
De ce que j’ai pu faire, une partie est tout de même condamnée à disparaitre très
vite.
Comme disait Maurois à propos d’un de mes livres : il
serait notre Montesquieu, s’il consentait à décoller de la réalité. De cette
formule, une moitié est vraie : je n’ai pas décollé assez de la
réalité »
Sartre par Sartre
« Y a- t-il une prise de position politique que vous
ayez regretté ?
aucune, aucune
J’ai naturellement commis dans ma vie une foule de fautes,
petites ou grandes, mais le fond de l’affaire, chaque fois que j’ai fait une
faute, c’est que je n’ai pas été assez radical.
Ce dont vous semblez, en effet, assez étonnamment dépourvu,
c’est de culpabilité ?
Je n’en ai pas, c’est vrai, d’aucune sorte. Je ne me sens
jamais coupable et je ne le suis pas »
« Je ne me sens lié par rien de ce que j’ai
écrit ; en revanche, je n’en renie pas un mot non plus »
Aron par Sartre
Sartre à Simone de Beauvoir : « Ah non, je ne veux pas
discuter avec Aron, ça ne servirait à rien !»
« Lorsqu’il écrit sur moi, il expose sa pensée et ne
m’apporte rien pour ce qui concerne la mienne. Selon moi, il travestit ma
pensée pour mieux la contester »
Sartre par Aron
« Qui, de Sartre ou d’Aron, aura au bout du
compte marqué davantage l’histoire de son temps ? je répondis : la question ne se pose
pas. Il l’a d’ores et déjà beaucoup plus marqué que moi. D’abord, parce qu’il a derrière lui une œuvre plus riche que la
mienne. Son clavier comporte des romans, du théâtre, de la
philosophie, de la politique.
« L’invective à
la bouche et la haine au cœur, il se réclame d’un idéal humanitaire pour
mépriser les hommes vivants et ne se sauve du nihilisme que par l’attachement à
un prolétariat mythique et à la foi dans une révolution irréalisable »
« J’ai conservé pour lui admiration et amitié en dépit
de tout « spect 100
« Valait-il mieux se tromper avec Sartre plutôt que
d’avoir raison avec Aron ?
« Je ne l’ai jamais pensé ni affirmé. Il
n’y pas lieu d’encenser ceux qui se trompaient avec Sartre. Ce que je crois
catastrophique, ce qui lui sera reproché un jour, c’est d’avoir utilisé sa
virtuosité dialectique et des sentiments généreux pour justifier
l’injustifiable. Pourquoi cet esprit supérieur se laissa-il aller à des
divagations ? Il a, surtout en politique, généreusement usé du droit à l’erreur. »
Aron réflexion Sartre
avance vers ce qui est un désert
Platon, Aristote, Tocqueville, Marx sont encore commentés (voire lus !)
plusieurs siècles après leur mort.
En sera-t-il de même pour Sartre et Aron ?
Rendez-vous dans quelques siècles dans cette salle pour
en discuter !
FIN
Bibliographie
Aron : Mémoires
Aron : Le spectateur engagé
Sirinelli : Deux intellectuels dans le siècle, Sartre
et Aron
Ariane Chebel
d’Appolonia : Histoire politique des intellectuels en France
Winock : Le siècle des intellectuels
Lévy : Le siècle de Sartre
Cohen-Solal : Sartre
Simone de Beauvoir :
Mémoire
d’une jeune fille rangée
La
force de l’âge
La force
des choses
Tout compte fait
La
cérémonie des adieux
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